Test également disponible sur : PlayStation 2

Test Yakuza 2

La Note
note Yakuza 2 16 20

Le poids de l’âge n’a en rien altéré l’essence de Yakuza 2. Formidable expérience immersive et ludique, le titre de Nagoshi est à vivre pour toutes personnes curieuses du Japon, désireuses de découvrir ou de redécouvrir son ambiance citadine caractéristique. Certainement noir et impitoyable d’un point de vue scénaristique, le titre de Sega ne se repose pourtant pas sur le background méconnu de la mafia japonaise pour tirer sa force et imposer son identité. Non, un Yakuza est beaucoup plus subtil que ça, dans le sens où il parvient à nous aspirer et à nous garder prisonnier dans son tourbillon de banalités et d’absurdités toutes nippones. Une sacrée performance de fond qui parvient à nous faire oublier totalement les insuffisances de la forme. Oui, Yakuza 2 est un grand, n’en déplaise aux esprits fermés.


Les plus
  • L'ambiance Yakuza, unique
  • Toujours aussi rythmé
  • Système de combat toujours plus jouissif
  • De nombreuses mini-quêtes
  • Possibilité d'être gérant d'un bar à hôtesses
Les moins
  • Aucune vraie surprise
  • Toujours pas de vrai système de lock
  • Aucune optimisation sur les temps de chargement
  • Aire de jeu à peine plus grande que dans le premier opus


Le Test

Depuis toujours, Yakuza est caractérisé par une métaphore inexacte qui voudrait qu’il soit le bâtard né de l’union d’un Grand Theft Auto et de Shenmue. Victime de cette tenace étiquette qui lui colle parfois encore à la peau, le bébé de Toshihiro Nagoshi est susceptible d’avoir doublement déçu les joueurs qui croyaient dur comme fer en cette description erronée. Aucunement permissif pour les uns, et encore moins contemplatif pour les autres, Yakuza présentait tous les traits d’un usurpateur aux références à peine racoleuses. Heureusement pour Sega, ceux qui ont pris le temps de faire la connaissance de cette œuvre autonome, mature et pleinement émancipée l’ont bien vite référencé dans le répertoire “culte” de leur ludothèque. Et bien qu’elle soit sans véritable surprise, cette suite emprunte cette même voie désormais toute tracée.


En effet, si le cheminement de Yakuza 2 jusqu’en Occident aura été long et semé d’embûches, il faut se souvenir que cette suite – probablement programmée dès la naissance de la licence – est sortie un an quasi jour pour jour après le premier opus au Japon. Avec cette période de production réduite, Sega s’est logiquement appuyé sur ses acquis techniques, afin de se focaliser sur le contenu, le rythme et toute la partie narrative du titre. Il n’est donc pas étonnant qu’en 2008, Yakuza 2 s’affiche avec un moteur 3D un peu limite, mais qui était déjà caduque à l‘époque, reconnaissons-le. Concrètement, tous les reproches formulés il y a deux ans sont encore d’actualité ici, à savoir que la réalisation baigne dans une inconstance poussive, où le sublime Kiryû côtoie une pléthore de personnages à la modélisation bancale, mais qui ont, pour la grande majorité, le mérite d’éviter les feux des projecteurs. Comme toujours, ce sont les rôles-clés qui ont concentré toute l’attention des développeurs, ce qui n’est pas plus mal tant les 16 chapitres qui composent l’aventure sont parsemés de scènes cinématiques qui les mettent en scène. Pour clore le chapitre des limitations techniques, précisons que l’autre grand défaut de la série que sont les nombreux temps de transitions d’une à deux secondes qui marquent chaque changement de plan lors des déplacements en ville sont toujours présents ici ; heureusement, Sega nous promet des changements sur ce domaine dans le troisième opus fraîchement dévoilé. Il est donc certain que si tous ces petits soucis vous avaient laissé hermétiques au charme de Yakuza premier du nom, il est préférable pour vous de faire l’impasse sur ce prolongement direct.

 

Sexe, pouvoir et biftons

 

En soi, il est clair que Yakuza 2 n’a pas l’ambition de révolutionner son concept. Les mauvaises langues iront même jusqu’à dire que seul le scénario est inédit, puisqu’il s’agit encore essentiellement de se rendre d’un point A à un point B – indiqué sur la carte la plupart du temps – avec toutes les péripéties ou les conditions liées au trajet, afin de déclencher une baston ou une cinématique qui fera avancer le scénario. Situé un an après le combat fratricide qui opposa les différentes familles du clan Tôjo, le titre de Sega va beaucoup plus loin dans son intrigue. Désormais, la guerre des gangs ne s’arrêtent plus au seul quartier de Kamurochô, et revêt une ampleur nationale qu’il est préférable de vous laisser découvrir, et qu’il serait bien trop fastidieux à vous résumer tant le nombre d’intervenants et la bonne connaissance des événements passés est primordiale ici. D’ailleurs, Sega a plutôt bien fait les choses, puisqu’il est possible de s’injecter une petite piqûre de rappel en début d’aventure, pour partir avec les idées bien en place. Plus rythmé que son prédécesseur, pourtant bien loti sur ce point-là, Yakuza 2 ne tarde pas à brouiller les cartes avec son lot de complots, de trahisons, d’alliances, de secrets et de mensonges, en nous laissant face à une seule certitude : l’Alliance Omi, qui réunit plus de 120 familles et 35 000 hommes à travers le Kansai (région située à l’ouest de l’île principale de l’archipel japonais), que l’on pense responsable de tous les maux, est elle-même pourrie de l’intérieur. Le principal responsable de cet énorme bordel qui nous amène à découvrir deux quartiers d'Osaka est un certain Ryûji Goda, pas encore chef de famille, mais charismatique leader naturel qui déteste se faire appeler le Dragon du Kansai. Son ambition démesurée voudrait qu’il soit l’unique Dragon de sa terre natale.

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître pour un jeu aussi scénarisé et scripté, Yakuza 2 ne s’appuie pas sur son histoire pour nous hypnotiser, mais sur son atmosphère typiquement nippone."

 

L’approche très cinématographique qui donnait le tempo et qui était incontestablement l'une des grandes qualités de Yakuza a été conservée ici, voire même renforcée. Sans être magistrale, la mise en scène parvient à renforcer l’atmosphère mafieuse dans laquelle se déroule le titre. Posé et nuancé quand il le faut, ou bien nerveuse lorsque nécessaire, celle-ci fourmille de clins d’œil – ou de repompe, c’est selon –, que les cinéphiles s’amuseront à débusquer. Elle est en plus complétée par un doublage original qui dispose de cette authenticité qui n’a pas de prix, et que les gangstas américains n’ont jamais réussi à retranscrire. Tout juste l’on regrettera l’absence de sous-titres français. Mais aussi rythmé soit-il, le scénario Yakuza 2 impose presque naturellement ses à-côtés, qui nous écartent irrémédiablement de notre objectif principal ; un véritable passage obligé pour être saisi par son ambiance unique. Dans ce sens, il est impératif de savourer et de déguster lentement le titre, sous peine de passer à côté de l’essentiel, de tout ce qui fait son charme aussi. Aussi étonnant que cela puisse paraître pour un jeu aussi scénarisé et scripté, Yakuza 2 ne s’appuie pas sur son histoire pour nous hypnotiser, mais sur son atmosphère typiquement nippone. Déambuler dans des rues grouillantes de monde, être plongé dans ce brouhaha ambiant est un trip qui n’a aucun équivalent à l’heure actuelle. Même passée la surprise du premier opus, Toshihiro Nagoshi et son équipe parviennent à nous immerger littéralement dans ce Japon virtuel, où un éventail conséquent de clichés sur cette société nous assaille de toute part. Aussi bien en ville – Club SEGA, casiers, conbini, distributeurs de mouchoirs marqués de pub… –, qu’au détour d’une conversation ou d’une de nombreuses mini-quêtes, Yakuza 2 nous fait un peu voyager par procuration, avec un humour japonais et une auto-dérision véritablement exquise. A ce titre, le massage au soapland qui permet de glaner une jauge de Heat supplémentaire, la rencontre avec le geek dans le Club SEGA tout près de la salle de bowling, ou encore celle avec Granny White resteront certainement dans les annales. Malheureusement, on regrette que malgré de nombreux ajouts (bowling, golf, shôgi – les échecs japonais –, mahjong, YF-6 – le jeu de sabres lasers en vue subjective –, possibilité de gérer un bar à hôtesses, ou d’être soit même l’objet de toutes les convoitises…), l’impression de tourner en rond et de jouer au premier volet se fasse autant ressentir. Un sentiment que l’on doit grandement aux deux quartiers d’Osaka pas bien étendus, et au fait que Kamurochô ait encore cette place centrale dans l’intrigue.

 

Racailles Canada Dry

 

Même tenu à l’écart de toutes bagarres de rue pendant une année, Kiryû n’a rien perdu de sa superbe. Il est toujours impressionnant de constater l’extrême inventivité du garçon au moment d’exécuter les lascars. Le travail effectué sur l’interaction avec les décors frise le jubilatoire, avec une grande diversité que l’on se plaît à découvrir, à expérimenter. Exécuter un finish move au sol, contre un mur, une rambarde, ou un poteau donnera lieu à une technique différente, toujours brutale, et parfois même agrémentée de QTE. Etre équipé d’un tesson de bouteille, d’une batte de base-ball, d’un vélo ou d’un panneau électrique, ouvre également la porte à de nouvelles animations. Toujours plus fou et jouissif, Yakuza 2 élargi un peu plus les perspectives d’un tabassage effectué dans les règles de l’art, en faisant intervenir en fonction du lieu où se déroule le combat un complice extérieur avec lequel on s’est lié d’amitié, ou en nous offrant la possibilité d’effectué les furies en duo lorsque l’on est accompagné. Toujours aussi simple d’accès, le système de combat est une fois encore complété par un système d'expérience à redistribuer, et a même été amélioré, puisqu’il est désormais plus aisé de changer l’orientation de son enchaînement, ce qui nous évite de terminer bien moins souvent nos combos dans le vide, et d’éviter les attaques dans le dos qui suivaient dans le premier opus. Malheureusement, cet épisode ne propose pas encore de système de lock fiable, ce qui peut poser problème lorsque les ennemis attaquent en nombre. Avec ces quelques imperfections résiduels qui restent à effacer, on espère vivement que Yakuza 3 saura se montrer à la hauteur, même si la logique voudrait que l’on passe d’abord par le spin-off Kenzan, où les défauts devraient persister en partie. Heureusement, la découverte du monde des samurais devrait renouveller l'expérience. Il ne reste plus qu'à la firme de Haneda de confirmer la sortie du titre chez nous.





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Hung Nguyen

le jeudi 18 septembre 2008, 19:15




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