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Mélange improbable de GTA, Burnout et Pursuit Force, Wheelman ne fait que reprendre les grandes lignes de ces trois licences sans jamais apporter une touche personnelle. Amusant les deux premières heures grâce notamment à des courses-poursuites nerveuses et expéditives, le titre de Midway et d’Ubisoft se plante complètement dès lors que Vin Diesel sort de son véhicule. Graphismes très inégaux, animations archaïques, système de tir foireux, à cette réalisation bâclée s’ajoutent des problèmes de rythme (trop d’action tue l’action), une histoire décousue et inintéressante, et une répétitivité assommante. Preuve comme quoi le Diesel n’est plus aussi rentable qu’à ses débuts…
- De l'action à revendre
- Le Air Jacking : assez sympa
- Courses-poursuites nerveuses
- Une ville assez imposante
- Voitures officielles
- Les changements de fringues imposées au cours de l'aventure
- Réalisation bâclée
- Animations archaïques
- Séquences à pied complètement ratées
- Système de tir foireux
- Histoire décousue et inintéressante
- Missions répétitives
- Une ville sans vie
- Doublage français caricatural
Annoncé comme un véritable blockbuster de notre industrie avec ses 15 millions de dollars de production, Wheelman sera finalement passé par toutes les étapes qu’un développement chaotique puisse connaître. Abandon d’une sortie ciné, temps de gestation plus long que prévu, retards de calendrier et changement de propriétaire, Wheelman arrive en ce début de printemps 2009 non sans quelques dommages collatéraux. Ubisoft a-t-il eu raison de récupérer le projet ? Vin Diesel est-il si balèze que ça ? Réponse dans les paragraphes qui suivent.
Amoureux des sports mécaniques à l’écran comme à la vie, Vin Diesel l’est aussi virtuellement. Dans Wheelman, un jeu mis en œuvre par son propre studio de développement, le héros de Pitch Black incarne Milo Burik, un flic aux méthodes expéditives qui débarque à Barcelone pour infiltrer des gangs de mafieux qui n’ont de cesse de se faire la guerre. Pour gagner leur confiance, il décide de s’improviser chauffeur et de faire le larbin pour ces sales voyous. Le scénario, convenu et déjà-vu, n’est qu’un prétexte pour que le joueur puisse enchaîner des missions qui le mèneront aux quatre coins de la ville ibérique, où il y règne un soleil de plomb. Reprenant le concept de GTA, le titre de Midway / Ubisoft s’inscrit donc comme un jeu openworld, capable de nous offrir un terrain de jeu gigantesque, où toutes les actions sont – plus ou moins – possibles. Toutefois, si l’ossature de Wheelman ressemble à s’y méprendre à n’importe quel épisode de GTA, son déroulement a été réduit à l’essentiel. Ici, nul besoin d’engloutir des kilomètres de bitume pour se rendre à une mission (aussi bien principale que secondaire), il suffit de sélectionner le défi en question sur la carte pour se retrouver aussitôt sur la ligne de départ. Car si le titre de Midway / Ubisoft propose également quelques missions à pied, c’est principalement au volant de bolides que le joueur va parcourir les rues de Barcelone.
Wheel Hunting
A ce sujet, sachez que la conduite – très arcade – fait immédiatement penser à Burnout. Les courses-poursuites se montrent en effet bien plus musclées et spectaculaires que n’importe quelle autre production du même genre. Cette réussite est en partie due à la possibilité de faire du rentre-dedans aux adversaires d’un simple coup de volant sur les côtés. D’un petit coup de pouce vers la droite ou vers la gauche sur le stick analogique droit, il est alors possible d’envoyer valdinguer l’ennemi contre un mur. A cela s’ajoute une mise en scène dynamique, dans le sens où chaque explosion ou n’importe quelle cascade un brin spectaculaire est mise en avant par le biais d’un changement de caméra. Les ressemblances avec la série de Criterion Games ne s’arrêtent pas en si bon chemin, puisqu’une jauge – située en bas à gauche de l’écran – permet d’enclencher un turbo lorsqu’elle atteint son paroxysme. Pour ce faire, il suffit de braver le danger et s’autoriser une conduite dangereuse en conduisant en sens inverse, heurtant un maximum de véhicules ou faisant voler en éclat n’importe quel élément du décor. Plus original, il est possible de réaliser deux autres acrobaties au volant de son engin motorisé en appuyant sur les touches "Haut" ou "Bas" de la croix directionnelle. Le premier mouvement permet de mieux cibler un adversaire situé devant soi, grâce à un effet Bullet Time, tandis que la seconde manœuvre offre la possibilité de se retourner en pleine conduite pour allumer un voyou qui a tendance à nous coller les basques. En dehors de cette maîtrise de l’asphalte et du volant surtout, Milo – alias Vin Diesel – est capable d’acrobaties à faire pâlir le Prince de Perse. En effet, en s’approchant suffisamment d’un véhicule (ennemi comme civil, quatre-roues et deux-roues), notre héros chauve peut bondir dans les airs pour s’emparer dudit engin, sans avoir à sortir de son véhicule. Une technique assez efficace, surtout dans les moments où il est impératif de changer de bolide lors d’une course-poursuite un peu délicate. Pas foncièrement original et dénué de véritable personnalité, Wheelman dispose toutefois de bonnes idées, malheureusement entachées par une réalisation assez inégale, voire lamentable pour certains aspects.
Las des as
Si la modélisation des personnages est réussie avec notamment un Vin Diesel dont le rendu 3D a fait l’objet d’un soin tout particulier (l’inverse nous aurait étonnés), ce n'est vraiment le cas pour le reste du jeu. En effet, en regardant le jeu dans son ensemble, Wheelman paraît suffisamment propre pour tenter de concurrencer les cadors du genre. Seulement voilà, une fois que l’on prête attention aux détails, on se rend compte à quel point les graphismes datent d’un certain âge. A commencer par les textures, à la fois simplistes, baveuses et grossières, et qui se mettent à disparaître lorsqu’on s’y approche. Si Rockstar Games a su – quasiment – faire disparaître le clipping de GTA IV, Tigon Studios n’a aucun scrupule pour afficher des pans entiers de décor à la dernière minute. Evidemment, tous ces défauts nous empêchent de nous morfondre complètement dans l’ambiance locale, gâchée qui plus est par un scénario rocambolesque (l’histoire est bancale) et un doublage français qui frise le ridicule. Non seulement, Milo ne cause uniquement lors des cinématiques (dans le jeu, il devient muet ou autiste, c’est selon), mais en prime, les acteurs qui se sont occupés du doublage ne sont pas crédibles un seul instant. La palme d’or peut d’ailleurs être remise à tous ceux qui ont du jouer les rôles des mafieux espagnols à l’accent caricatural.
Impossibilité de sauter, de se baisser et encore moins de se couvrir, les duels aux armes à feu tournent rapidement à la boucherie de polygones. La visée, imprécise au possible, nous oblige à utiliser le lock automatique en appuyant et relâchant de façon régulièrement le bouton prévu à cet effet."
Si le gros du sujet dans Wheelman réside dans les courses automobiles, il n’en demeure pas moins qu’il est possible de descendre de son véhicule à tout moment pour se balader, mais surtout profiter de quelques séquences de gunfights que nous propose le jeu. C’est dans ces moments que l’on se rend compte à quel point les concepteurs se sont plantés techniquement, aussi bien au niveau de l’animation des personnages (Vin Diesel marche comme un robot et court comme un dératé), que dans le système de tir. Impossibilité de sauter, de se baisser et encore moins de se couvrir, les duels aux armes à feu tournent rapidement à la boucherie de polygones. La visée, imprécise au possible, nous oblige à utiliser le lock automatique en appuyant et relâchant de façon régulière le bouton prévu à cet effet. On perd évidemment en subtilité mais compte-tenu de la débilité profonde des ennemis, on fermera les yeux. Il émane alors un sentiment de bâclage permanent en jouant à Wheelman, dont le leitmotiv est l’action à outrance. Si les phases de conduite nerveuse se montrent agréables, voire jouissives les premières heures, elles deviennent assez indigestes au bout d’une grosse après-midi. On se revoit alors en train de réaliser, peu ou prou, les mêmes missions, souvent longues et fastidieuses et qui n’apportent pas l’once d’une originalité. Certes, il reste les défis annexes, accessibles d’un simple clic sur la carte, mais hormis les courses-poursuites, le jeu du taxi, le ramassage d’objets quelconques ou bien encore le massacre du décor, pas grand-chose de bien excitant à se mettre sous la dent.