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En tirant un peu quelques cheveux par-ci par-là, on pourrait presque dire que Wasteland 2 est le vrai Fallout 3. En tout cas, il s'agit incontestablement d'un excellent RPG à l'ancienne, capable de séduire aussi bien les joueurs trentenaires nostalgiques des Baldur's Gate et autres Planescape Torment, que ceux issus de la nouvelle génération. Les premiers retrouveront leurs marques avec grand plaisir, tandis que les seconds découvriront avec stupeur toute la richesse que peut receler un jeu de rôle réalisé avec passion. Et tous profiteront d'une écriture riche, de qualité, et non dénuée d'humour. Comme qui dirait : c'est dans les vieux post-apo qu'on fait les meilleures soupes !
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Wasteland 2
- Qualité d'écriture élevée
- Ambiance post-apo réussie
- Beaucoup d'humour
- Des choix avec de vraies conséquences
- Grande durée de vie
- Très bonne rejouabilité
- Assez quelconque graphiquement
- Rencontres aléatoires répétitives
- Pas d'infiltration
- Quelques bugs
Rares sont les joueurs à avoir pratiqué le premier Wasteland, sorti il y a plus de vingt-cinq ans sur PC. Mais cette licence a su conserver au fil des années une aura mythique, car elle a fortement influencé l'incontournable saga Fallout. Et alors que les derniers épisodes du RPG post-apo de référence sont définitivement passés du côté moderne de la force (vue subjective, contenus téléchargeables…), Wasteland 2 nous replonge avec délice dans l'âge d'or du jeu de rôle informatisé. Sans concessions et proche de la perfection !
Avec ce second épisode, financé via Kickstarter et sortant plus de 25 ans après le premier, la franchise Wasteland revient quasiment d'entre les morts. Pour autant, nous n'avons pas affaire une énième histoire de zombies, mais à un univers post-apocalyptique des plus canoniques. Suite à un conflit nucléaire (dont les survivants, et donc le joueur, ignorent d'ailleurs les origines), la planète s'est recouverte de terres désolées. C'est du moins le cas de l'Arizona, où débute notre aventure. Mais avant de faire ses premiers pas parmi les valeureux rangers, qui défendent les civils vicitmes des pillards et autres bandes mal intentionnées, le joueur doit constituer sa fine équipe. Le jeu nous propose en effet de contrôler quatre personnages simultanément, sans compter les différents compagnons de route qui viendront se joindre pour un temps ou pour toujours à notre périple. S'il est possible de choisir nos quatre héros parmi neuf profils préétablis, il est bien plus intéressant et passionnant de façonner des rangers personnalisés. Pour cela, on peut compter sur une étape de création de personnages extrêmement riche et enthousiasmante. Avant même de pouvoir visualiser la cinématique d'introduction, il y a déjà de quoi s'amuser plusieurs dizaines de minutes, voire quelques heures pour les plus minutieux ! Les sept caractéristiques principales (Coordination, Chance, Perception, Force, Rapidité, Intelligence, Charisme) influent sur une dizaine de statistiques (Points d'action, Initiative, Chance d'esquive, Charge maximum…) et sont complétées par une trentaine de compétences, réparties en trois catégories (Compétences générales, Compétences d'arme, Compétences de connaissances) et comportant des aptitudes aussi variées que Survie, Armes de poing, Fusils à pompe, Ami des animaux, Mécano, Informatique, Chirurgie, Forçage de coffres ou même… Réparateur de grillepain ! Evidémment, il est conseillé de créer des personnages hyper-spécialisés et complémentaires. Mais même ainsi, on ne fera pas le tour de toutes les possibilités en une seule partie.
LE MJ EST DANS LA PLACE !
Parmi les compétences les plus révélatrices de la richesse de ce jeu de rôles (un genre qui, on le rappelle, ne se limite pas à des combats et des gains de points d'expérience), on trouve Gros dur, Lèche-cul et Petit malin. Grâce à ces trois aptitudes dédiées à l'art de la conversation, on débloque des choix supplémentaires lors des dialogues, et l'on peut alors résoudre certains problèmes uniquement par la parole. Ou, au contraire, envenimer volontairement ou maladroitement une situation pourtant pacifique à la base. Il faut dire que le jeu n'hésite pas à jouer la carte du bavardage littéraire. Nombreux, longs et bien écrits, les dialogues prennent le contrepied de la tendance actuelle, qui sacrifie généralement la richesse textuelle sur l'autel du doublage audio. Wasteland 2 pousse même le vice jusqu'à proposer des options dignes d'un jeu de rôle papier. Ainsi, il est possible d'ajouter des notes personnelles dans le journal de quêtes, et même de rédiger la biographie des personnages que l'on a créés. Pour l'anecdote, on peut également taper des mots-clés lors des dialogues, plutôt que de sélectionner les sujets de conversation à la souris. Une fonctionnalité gadget qui ouvre tout de même la porte à quelques dialogues secrets et bien cachés. Enfin, le jeu double les informations visuelles apportées par les graphismes par de nombreuses descriptions dignes du verbiage d'un bon Maître de Jeu. Ainsi, lorsque vous arrivez dans une zone désertique maculée de tâches de sang, une zone de l'interface affiche discrètement : "En regardant le sol sablonneux autour de vous, vous apercevez des tâches croûteuses rouges de sang séché". Ou encore, en observant un soldat en train d'effacer un graffiti, vous pourrez lire : "Ce Ranger est couvert de piercings, de tatouages et de cicatrices, mais paraît à peine plus âgé qu'un enfant. Il est en train de frotter un graffiti sur le mur". Très bon pour l'ambiance, ce procédé reste facultatif pour les fainéants et les illetrés qui ne jurent que par l'action. Par ailleurs, il permet de pallier à la relative faiblesse des graphismes, qui s'affichent au travers d'une vue en hauteur peu propice à l'affichage de détails et de petits éléments. En revanche, aucun problème à signaler du côté de l'interface, qui affiche toutes les informations nécessaires sans jamais se montrer envahissante ni se défaire de son aspect militaro-post-apo.
DES SOURIRES ET DES HOMMES
Que ce soit à travers les dialogues, les descriptions ou les situations rencontrées, le jeu ne manque jamais de faire preuve d'humour. Une caractéristique bienvenue dans un univers par ailleurs cynique, violent et sans pitié pour ses habitants. Pour alléger l'atmosphère on trouve donc de nombreuses références à la pop culture disséminées un peu partout, références qui concernent pour certaines les jeux vidéo. Ainsi, au premier lancement du jeu, le menu principal affiche un encadré cliquable "DLC Red Boots, seulement 50 $". Mais ce vrai-faux attrape-nigauds n'est en réalité qu'une petite blague destinée à se moquer de l'actuelle et désastreuse tendance des contenus téléchargeables. Wasteland 2 ne propose en réalité aucun DLC. Bien au contraire, l'aventure bénéficie d'une très grande durée de vie (comptez entre cinquante et cent heures pour votre première partie) ainsi que d'une forte rejouabilité. Cette dernière caractéristique provient non seulement du nombre de compétences disponibles mais aussi de la présence de nombreux choix qu'il nous est donné de faire. Certains d'entre eux sont explicites, d'autres plus transparents, mais tous ont de véritables conséquences, parfois très importantes. Pas de doute, nous avons affaire à un vrai jeu de rôles !
Que les amateurs d'action se rassurent, l'aventure met également l'accent sur les combats. Ces derniers se déroulent au tour par tour et demandent au joueur de faire preuve de tactique. Placement des personnages, gestion des points d'action et choix des armes sont autant de paramètres à prendre en compte pour maximiser les chances de toucher et espérer sortir vainqueur des différents affrontements. Sans pitié, le jeu n'hésitera pas à faire mourir définitivement n'importe lequel de vos personnages. A l'inverse, vous pourrez occire à peu près n'importe quel habitant des terres désolées. On regrettera tout de même l'absence d'infiltration, qui nuit un peu à la diversité des combats. On aurait franchement aimé pouvoir faire preuve de furtivité de temps à autre. Au chapitre des reproches on pourra également citer les phases de voyage dans le désert, qui ne sont guère intéressantes et, surtout, sont l'occasion de rencontres aléatoires guères inspirées. Ces affrontements impromptus ont tendance à tous se ressembler et la gestion de l'eau, seule ressource nécessaire au voyage, n'offre pas un challenge très intéressant. Enfin, on n'échappera pas à quelques bugs ici ou là. Mais tout cela ne pèse rien face aux grandes qualités de ce Wasteland 2, qui a su garder l'esprit des jeux de rôle d'antan. Il ne reste maintenant plus qu'à espérer que d'autres titres prendront le relais !