Test également disponible sur : PC

Test Unreal Tournament III

Test Unreal Tournament III
La Note
note Unreal Tournament III 16 20

Repoussé, retardé, menacé par une belle série de titres orientés multijoueurs, on ne donnait plus bien cher de la peau du vétéran Unreal Tournament. C'était enterrer un peu trop rapidement une série à la brutalité et à la vélocité unique. Magnifié par l'Unreal Engine 3, cet épisode III à la nervosité intacte ne fait pas dans la finesse, mais se renouvelle suffisamment pour s'imposer comme l'un des nouveaux maîtres du jeu en ligne. Massacres en série, frags à gogo, moments de bravoure à la pelle, dans des intérieurs oppressants ou sur de vastes cartes peuplées de véhicules surpuissants, vous suerez l'adrénaline au bout de quelques secondes mais sortirez de chaque partie aussi épuisé que réjoui. Le FPS en ligne le plus furieux depuis longtemps !


Les plus
  • Brutal et ultra-nerveux
  • Arsenal impeccable
  • Véhicules en pagaille
  • Maps réussies
  • Hyper accessible
  • Beau et bien optimisé
Les moins
  • VF médiocre
  • Serveurs encore peu peuplés
  • Physique de certains véhicules
  • Solo inutile
  • Des modes supplémentaires auraient été bienvenus
  • Seulement 32 joueurs !


Le Test

Entre Unreal et Unreal Tournament, Epic Games a toujours opéré une distinction. Un même univers, un équipement peu ou proue identique mais d'un côté, un FPS très orienté solo, et de l'autre, un jeu de guerre dont le seul intérêt réside dans les modes en ligne. La sortie du très moyen Unreal II a toutefois fait bien du mal à une licence à laquelle les développeurs américains tiennent énormément. Pour redorer le blason de la saga, quelques petits génies du marketing ont eu l'idée brillante de de fusionner les deux séries et d'affubler ce qui aurait dû être Unreal Tournament 2008 du doux sobriquet d'Unreal Tournament III. Ne vous égarez donc pas dans ce labyrinthe terminologique: ici, vous jouerez en ligne, uniquement en ligne, et si vous cherchez une campagne solo, il vous faudra trouver le salut ailleurs.


Qu'il est difficile de passer après un Gears of War d'anthologie ! Sacrée mission que celle de cet Unreal Tournament III, qui débarque quelques jours à peine après la sortie de la version PC du monumental TPS d'Epic Games. Loin de chercher à se faire eux-même concurrence, les  Texans ont toutefois habilement manoeuvré et proposent avec leurs deux titres deux produits très différents.

 

Cardiaquicide

 

Gears of War s'est pourtant énormément inspiré la licence-phare de l'équipe de Mark Rein. Univers et bestiaire assez proches, même esprit "maximum biscotos – zéro ciboulot", les joueurs d'Unreal n'ont pas été particulièrement dépaysés par la super-production qui a fait exploser la Xbox 360. Mais là où Gears of War tire sa force d'une campagne menée tambour battant, Unreal Tournament III est tout entier construit sur des modes de jeu communautaires. S'il offre tout de même quelques séquences à destination des sociopathes, le solo n'est absolument pas scénarisé et se résume à une succession de cartes dont la seule finalité est de vous faire découvrir les différents modes de jeu et de vous habituer au rythme frénétique des parties.  Fidèle à sa propre tradition, le Tournament est en effet une compétition d'une férocité et d'une vélocité hors-norme. Loin de la vivacité arthritique de nombreux concurrents, l'action affiche ici une vigueur surnaturelle, voire tétanisante. Vitesse de déplacement élevée, cadence des flingues rapide, cartes organisées de façon à favoriser les grands moments de stress et les rencontres impromptues au détour d'un corridor, tout semble avoir été pensé pour diminuer drastiquement la part de cardiaques dans la caste des gamers. Le nombre de modes disponibles a même été considérablement réduit depuis UT 2004, afin d'éviter aux utilisateurs de trop se disperser, mais également en vue de garantir un équilibre de jeu parfait. Deathmatch et  deathmatch par équipe, Capture de drapeau et CDP avec véhicules, Guerre et Duel, les tueurs forcenés ne risquent pas de se perdre dans les règles. Cette relative austérité est bel et bien compensée par un level design imparable, un arsenal idéal et une efficacité remarquable.

 

War without a breath

 

La plus grande innovation réside finalement ici dans l'importance accordée aux véhicules. Apparus dans UT 2004, ceux-ci reviennent en force, et en nombre. Neuf chez les Axons, le camp "humain", six chez les Necris, civilisation aussi hideuse que haineuse, les engins roulants et volants modifient considérablement les schémas stratégiques à élaborer pour triompher. Réservés aux cartes les plus vastes et aux seuls modes CDP avec véhicules et Guerre, les montures se manient vraiment différemment les unes des autres, et se complètent intelligemment. A la toute-puissance de chars de divers gabarits, dont le maître est indéniablement le Leviathan, monstruosité métallique dotée de tourelles multiples, répond la vivacité de petites et fragiles cylindrées. Face aux uns comme aux autres, les chances de survie du piéton violent s'amenuisent mais ne disparaissent pas totalement, d'autant que sur les grandes cartes, vous disposez d'un hoverboard, sorte de planche de surf à moteur qui rappellera quelques souvenirs aux joueurs de Tribes et vous permettra de vous éloigner du feu. Même sans faire appel à ce compagnon motorisé, si vous possédez quelques armes puissantes et faites preuve d'une réactivité sans limite, vous parviendrez à limiter la casse, au moins le temps de vous mettre à l'abri.

De la réactivité, il vous faudra en faire preuve à chaque instant de cet Unreal Tournament III, et tout particulièrement dans les affrontements furieux du bien-nommé mode Guerre. Dans celui-ci, deux équipes s'affrontent et doivent détruire le générateur de la base adverse en l'arrosant copieusement de balles. Pour pouvoir y parvenir, vous devez préalablement prendre le contrôle – et le garder – d'un certain nombre de générateurs alternatifs (les nods) dispersés sur la carte. Pour vous imposer à chaque checkpoint, vous devez détruire le noyau énergétique de votre ennemi si celui-ci occupe déjà les lieux, tâche longue donc dangereuse, ou le convertir en apportant sur place une sphère d'énergie produite dans votre base. Le porteur de la sphère, qui peut faire basculer le cours de la bataille, devient alors une cible et la destruction de votre précieuse baballe constitue l'un des principaux objectifs de vos opposants. C'est stressant et ludique, mais la tâche est malaisée si les deux équipes en présence sont d'un niveau équivalent, chaque nod passant alternativement d'un bord à l'autre sans qu'aucun camp ne parvienne à prendre l'ascendant. L'extrême hétérogénéité des participants en ligne (pourvu que ça dure !) limite pour le moment ce genre d'incidents, mais d'ici quelques mois, lorsque la communauté se sera stabilisée, les parties risquent de se jouer sur le fil.

 

Back to Unreality

 

Malgré son extrême nervosité, Unreal Tournament III a en effet l'énorme avantage d'être aussi accessible aux novices qu'aux débutants. Pas de spécialisation à développer, pas de rôle à s'approprier : ici, il n'y a ni ingénieurs ni médics, juste des grosses brutes qui utilisent le même équipement et s'en servent de manière identique dans le seul but de tuer tous ceux qui ne portent pas leurs couleurs. Un concept simple servi par une prise en main impeccable. La maîtrise de certaines finesses (sauts d'esquive, progression bondissante chère au genre) nécessite un peu d'entraînement, et la physique de quelques véhicules ne manque pas de surprendre, mais dans l'ensemble, Epic s'y connaît en FPS et le démontre une nouvelle fois. Un autre domaine dans lequel les développeurs  excellent, c'est la technique, la démonstration de pure puissance graphique, le défonçage rétinien. Gears of War avait donné un avant-goût de la puissance de la troisième monture du Unreal Engine, le si prisé moteur-maison, et Unreal Tournament III enfonce le clou. Comme d'habitude, il vous faudra une machine de la mort pour tout faire tourner à fond, mais les machines plus modestes bénéficieront du gros travail d'optimisation réalisé par les Texans. Même sans 8800 GT, c'est joli à regarder, avec une belle profondeur de champ, des maps détaillées, et l'action reste d'une fluidité exemplaire. Belle boucherie multi, cette nouvelle itération du Tournament ne souffre finalement d'aucun défaut majeur. C'est très propre, monstrueusement nerveux et donc totalement jouissif, hyper rythmé, particulièrement ludique et totalement sans intérêt en solo. Certains regretteront le caractère trop rentre-dedans et l'absence de toute subtilité dans le gameplay, mais c'est là ignorer la marque de fabrique d'une série dont l'efficacité réside justement dans cette violence brute. En mettant au goût graphique du jour son légendaire festival de frags, Epic rappelle, s'il était nécessaire, que l'histoire du FPS PC ne peut s'écrire sans Unreal.




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