Test également disponible sur : PC

Test Tyranny : parce que le Mal, c'est bien !

Test Tyranny sur PC
La Note
note Tyranny 16 20

Clairement destiné aux nostalgiques des jeux de rôle à l'ancienne, Tyranny ne manque pas de qualités, notamment en ce qui concerne la richesse de l'écriture et l'originalité de l'univers. Le fait d'incarner une force d'invasion est également intéressant, même si cela pourra gêner certains joueurs plus enclins à faire le bien que le mal. Et si les premiers pas dans l'aventure seront difficile pour les joueurs novices ou les vieux de la vieille rouillés par des années de "casualisation" des jeux vidéo, l'investissement sera finalement payant, car l'aventure tient compte en permanence de chacun de nos choix, et nous marque donc bien plus que la moyenne. Situé à l'opposé des productions standardisées à l'extrême, Tyranny mérite clairement le détour.


Les plus
  • On joue les méchants
  • Un univers original
  • Dialogues très riches
  • La création de perso avec mode conquête
  • Nombreuses fins et conséquences
Les moins
  • On joue forcément les méchants
  • Pas de friendly fire
  • Combats à micro-gérer
  • Ennemis quasiment tous humains
  • Peut effrayer les débutants


Le Test

Sorti quasiment par surprise, Tyranny aurait pu facilement passer inaperçu s'il n'était développé par Obsidian Entertainment, déjà à l'origine, entre autres, des excellents Pillars of Eternity et Fallout : New Vegas. Mais sachant que le studio a été fondé par d'anciens développeurs de Black Isle, on peut quasiment rajouter à leur palmarès les premiers Fallout, ainsi que les Baldur's Gate et autres Icewind Dale. De quoi susciter immédiatement l'intérêt de tout amateur de jeu de rôles occidental !


TyrannyComme souvent dans les histoires, il y a un grand méchant. Ici il se nomme Kyros et a décidé d'envahir l'ensemble du monde connu. Comme souvent dans les histoires, le grand méchant a une armée à ses ordres. Ici il en a même d'eux : les Disgraciés, une armée aussi ramassée que disciplinée, et le Chœur écarlate, une horde sauvage sans cesse grandissante puisqu'elle enrôle de force celles de ses victimes qui arrivent à survivre. Et comme souvent dans les histoires, il y a ceux qui résistent à l'envahisseur, ceux qui revêtent habituellement l'étoffe des héros. Sauf que dans Tyranny, vous n'incarnez pas du tout l'une de ces nobles âmes ! En tant que Scelleur du destin, vous travaillez directement sous les ordres de Tunon, Archonte de la justice et doyen des sbires de Kyros chargé de la surveillance des deux généraux à la tête des Disgraciés et du Chœur écarlate. Votre rôle consiste notamment à proclamer des Décrets, qui tiennent lieu à la fois d'ultimatums et de sorts terrifiants. Bref, vous êtes plus ou moins une ordure.


UN JEU QUI FAIT MÂLE !


TyrannyCe contexte a le mérite d'être dépaysant, d'autant plus que l'univers nous épargne les poncifs habituels du médiéval fantastique (pas d'orcs, d'elfes ou de nains à l'horizon). Devoir régulièrement arbitrer entre les deux armées de Kyros, aux dépends des pauvres habitants envahis qui ne cherchent qu'à se défendre, mène à des dilemmes moraux intéressants. En contrepartie, certains joueurs peu enclins à incarner la brutalité décomplexée risquent d'avoir du mal à rentrer dans leur personnage. Si vous êtes habitués à jouer traditionnellement "neutre bon", "loyal bon" ou "chaotique bon", il va falloir vous faire violence… N'allez pas croire pour autant que Tyranny nous enferme dans un carcan. Rien que la phase de création de personnage offre de nombreux degrés de liberté. Au-delà du choix du sexe, de l'apparence, des origines, expertises, attributs et autres compétences, le jeu nous propose même un segment de personnalisation jouable, appelé Conquête. Essentiellement textuelle, cette petite aventure nous demande de faire des choix face à des situations particulièrement épineuses ayant eu lieu durant l'invasion de Kyros. Et tout le monde se souviendra de vos décisions...
 

Mieux vaut aimer la lecture si l'on souhaite jouer à Tyranny qui, heureusement, fait ce qu'il faut pour qu'on ne se sente pas trop noyé sous la masse d'informations. Le jeu utilise notamment un système de liens hypertexte colorés et d'infobulles, grâce auquel on peut facilement se remémorer qui est tel ou tel personnage... 


TyrannySi vous jouez par exemple une femme et que, lors de la phase de conquête, vous avez fait brûler la Citadelle de Vellum, certains personnages vous appelleront la Pyromane et vous craindront d'emblée. Mais ce principe réjouissant ne s'arrête pas à la phase de conquête. Chaque option de dialogue, de même que chaque prise de décision lors des différentes quêtes, est susceptible d'influer sur votre réputation auprès de telle ou telle faction, et même de tel ou tel membre de votre groupe. Chaque choix que vous ferez aura des conséquences sensibles, allant même parfois jusqu'à vous ouvrir ou fermer l'accès à certaines quêtes et régions du monde. Cette personnalisation permanente de l'expérience de jeu va de pair avec une très grande richesse d'écriture, les dialogues étant aussi fournis que bien écrits. Mieux vaut aimer la lecture si l'on souhaite jouer à Tyranny qui, heureusement, fait ce qu'il faut pour qu'on ne se sente pas trop noyé sous la masse d'informations. Le jeu utilise notamment un système de liens hypertexte colorés et d'infobulles, grâce auquel on peut facilement se remémorer qui est tel ou tel personnage, à quoi fait référence tel ou tel terme propre à l'univers de Tyranny, ou encore ce qu'il s'est passé durant tel ou tel événement. Dans tous les cas n'ayez crainte, les efforts nécessaires pour rentrer dans une partie du fait de la singularité de l'univers proposé et du côté old-school, voire hardcore, du jeu, seront récompensés par la suite.

EFFET PAPILLON


TyrannyLa grande étendue des possibilités, en matière d'action comme de dialogues, la prise en compte réelle de chacune de nos décisions, la personnalité forte de nos compagnons de route (on dirige jusqu'à quatre personnages simultanément) ou encore l'humour distillé dans certaines discussions sont la garantie d'excellents moments. Pour autant, le jeu n'est pas exempt de défauts. On pourra par exemple lui reprocher une certaine monotonie dans le "bestiaire", qui porte ici particulièrement mal son nom puisqu'on affronte essentiellement des humains. C'est cohérent avec l'univers proposé, mais après avoir tué quelques centaines de soldats, on se dit qu'un peu plus de fantaisie ne ferait pas de mal. On peut également s'étonner que les sorts offensifs à effets de zone ne blessent pas nos compagnons. Habituellement dévolue aux titres orientés vers le grand public, cette absence de "friendly fire" dénote un peu dans un jeu aussi rigoureux que Tyranny. De la rigueur, il vous en faudra d'ailleurs une bonne dose pour gérer au mieux les combats. Basés sur un système classique de temps réel avec pause active, ils demandent une micro-gestion permanente, ce qui pourra éventuellement réjouir certains joueurs mais en frustrer d'autres. Car même si le jeu propose différents comportements d'attaque automatique pour nos compagnons, l'intelligence artificielle ne se révèle tout de même pas assez fiable pour qu'on puisse lui laisser l'entière direction des combats. Terminons enfin par quelques mots sur l'aspect technique, pas forcément primordial pour ce type de jeu, mais toujours bon à prendre s'il est réussi. C'est bel et bien le cas ici, le mélange entre 3D et vue isométrique réussissant à évoquer les grandes figures du passé tout en sachant rester à la page. Nostalgiques de Baldur's Gate ou jeunes joueurs désireux de goûter dans de bonnes conditions aux saveurs d'antan, Tyranny n'attend plus que vous !


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