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Three Kingdoms est incontestablement un très bon épisode de la saga Total War, qui réussit à intégrer les évolutions des opus précédents, y compris les plus fantaisistes. Le jeu arrive d'ailleurs à trouver le juste milieu entre conte romancé et réalisme historique, la période des Trois Royaumes se montrant idéale pour cela. La Chine ancienne nous offre également de très beaux tableaux, que ce soit sur la carte stratégique ou en matière d'interface (un peu moins lors des batailles). La multiplication des mécaniques de jeu rend cet épisode extrêmement riche et intéressant mais, en contrepartie, cette profusion de paramètres risque d'effrayer les joueurs novices. En revanche, si vous êtes déjà un habitué des Total War, Three Kingdoms devrait vous convaincre tout particulièrement.
- Le jeu est plus riche que jamais…
- Période historique dépaysante…
- Beau jusque dans l'interface
- Plus fluide et moins buggé que d'habitude
- ...quitte à désorienter pas mal de joueurs
- ...quitte à ce qu'on s'y perde un peu
- Le moteur des batailles n'impressionne plus vraiment
- DLC payant dès la sortie
Après de nombreux épisodes occidentaux (Rome, Empire, Thrones of Britannia… ) ou consacrés à l'univers fantaisiste de Warhammer, Total War retourne à ses origines asiatiques. Mais si le Japon était à l'honneur en l'an 2000 avec Shogun : Total War, tout premier épisode de la saga, c'est aujourd'hui la Chine qui se retrouve sous le feu des projecteurs. En choisissant la période des Trois Royaumes, Creative Assembly et Sega tentent de mêler romance et réalisme historique. Un pari qu'on aurait pu juger risqué, mais dont nous allons voir qu'il s'avère au final très payant.
Commençons par un petit propos liminaire à destination des quelques joueurs qui ne connaîtraient pas encore le principe des Total War : ce nouvel épisode reprend le principe général de la série, à savoir un mix entre une conquête de territoire au tour par tour et des batailles en temps réel réunissant des milliers d'hommes. Mais cette fois, il s'agit de conquérir la Chine durant la période des Trois Royaumes, située autour de l'an 200, alors que différents empereurs autoproclamés cherchent à dominer et à réunir par la force un territoire divisé. Ce contexte historique inédit pour un Total War apporte naturellement un vent de fraîcheur à la série. Il s'avère même particulièrement dépaysant pour nous autres occidentaux, comme peuvent l'illustrer les batailles historiques disponibles en parallèle de la campagne. La bataille de Xingyang, la conquête de Jiangdong, le siège de Xiapi, la bataille de la falaise rouge, la bataille de Changban et l'invasion de la province Jing nous sont forcément moins familiers que les exploits d'un Napoléon par exemple. On y gagne donc en surprise et et en découverte mais, en contrepartie, on peut rapidement se sentir perdus au milieu de multiples noms de personnages et lieux qu'on a du mal à identifier. Heureusement, le contexte chinois permet également aux développeurs de nous offrir une expérience esthétique très satisfaisante. Les bâtiments chinois ont la classe, les couleurs de la carte stratégique sont chaudes et agréables et, surtout, l'interface s'habille élégamment à la mode chinoise. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer l'écran des réformes, qui prend la forme d'un véritable arbre tracé à l'encre de Chine et orné de nouvelles fleurs aux couleurs vives à chaque fois qu'on débloque une option supplémentaire. Seul bémol d'un point de vue graphique : le moteur utilisé pour afficher les batailles en temps réel n'impressionne plus vraiment. Il reste globalement de très bonne facture et les soldats sont toujours extrêmement nombreux, mais les environnements et les textures manquent un peu de détails pour un jeu de 2019.
LES TROUPES ARRIVENT À PIED PAR LA CHINE
A vrai dire, les soldats sont même plus nombreux que jamais, puisque certaines unités peuvent regrouper jusqu'à deux cent quarante hommes. Avec trois généraux par armée et la possibilité pour chacun d'entre eux de chapeauter six unités, ça commence à faire vraiment pas mal de monde sur le terrain. Ce n'est pas là la seule nouveauté apportée par Three Kingdoms, qui enrichit sensiblement ses volets diplomatie et espionnage. Mariage politiques, échanges de territoires, traités diplomatiques, échanges commerciaux et vassalité figurent ainsi parmi les accords diplomatiques possibles. Et on peut rajouter à cela la spécificité de la faction dirigée par Cao Cao, ce dernier pouvant grâce à une ressource appelée Crédibilité influencer positivement ou négativement les relations entre différentes factions. Ce qui permet par exemple de déclencher une guerre entre deux factions, afin d'affaiblir les deux parties et de s'imposer plus facilement au final. Par ailleurs, il faut également tenir compte en permanence de l'amitié ou de l'inimitié des différents généraux entre eux. Privilégier ceux qui s'entendent bien peut avoir son importance sur le champ de bataille. Quant à l'espionnage, il permet désormais de s'infiltrer réellement dans une faction adverse, en se faisant passer pour un noble local. Three Kingdoms profite également de l'héritage RPG des opus dédiés à Warhammer, avec la présence de points de compétences à distribuer et d'accessoires à équiper (armes, armures, montures, partisans...). Il est également possible de capturer les héros ennemis de plusieurs manières : durant une bataille, en fédérant la faction grâce à la diplomatie, ou en capturant leurs meilleurs amis, qu'ils auront tendance à suivre.
Mais le changement de cap le plus important concerne la possibilité (activée par défaut) de lancer les batailles en mode Romance. Dans ce cas, l'accent est mis sur les héros, dont la puissance est tellement élevée qu'ils peuvent venir à bout de plusieurs groupes de soldats à eux seuls. La fatigue a alors moins d'importance que dans le mode classique (ici appelé mode Historique) et les généraux majeurs peuvent survivre à des blessures qui auraient dû normalement les tuer. Enfin, ce mode Romance permet également à ces mêmes généraux d'engager un duel en pleine bataille. Les soldats de base continuent alors de se battre entre eux mais n'interviennent pas dans ce combat singulier. On le voit, les développeurs ont cherché le juste milieu entre fantaisie et réalisme historique. Et ils ont fait mouche ! Associé aux mécaniques légèrement "jeux de rôle" précédemment évoquées, ce mode Romance renforce le sentiment de puissance et l'attachement qu'on porte aux héros. Et vu qu'il reste possible de privilégier des batailles plus classiques, tout le monde sera content. Le jeu semble tout de même plus destiné aux habitués des Total War qu'aux nouveaux venus, car son extrême richesse peut se montrer intimidante. Nous n'avons fait qu'effleurer la surface des nombreuses mécaniques de jeu dans ce test, et il y a fort à faire pour tout intégrer et digérer. Le joueur novice risque donc rapidement de se sentir perdu. En revanche, il faut noter que la série a beaucoup progressé sur le plan technique. Le jeu est plus fluide que jamais et, surtout, il sort dans un très bon état de finition. L'époque où chaque Total War était perclus de bugs semble révolue. Three Kingdoms conserve tout de même quelques mauvaises habitudes en matière de contenus téléchargeables, puisqu'un DLC payant est disponible dès la sortie du jeu. En bien comme en mal, Sega c'est décidément plus fort que toi...