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Comme souvent avec les Total War, le fond est excellent, la forme très plaisante, mais l'emballage laisse à désirer. Les divers problèmes de finitions (bugs, localisation bâclée, gourmandise matérielle...) semblent d'autant moins pardonnables qu'ils touchent presque systématiquement chaque nouvel épisode de la série. Mais heureusement, Total War : Rome II arrive à nous les faire oublier grâce à sa richesse stratégique, son accessibilité revue à la hausse, et un ensemble de petites nouveautés franchement bienvenues. Autrement dit : que vous soyez un vétéran de la saga ou un petit nouveau désireux de goûter au grand frisson de la stratégie totale, vous ne serez pas déçus !
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Total War : Rome 2
- Complet et riche
- Le système de provinces
- Batailles terrestres et navales combinées
- Plus accessible qu'auparavant
- Système de politique perfectible
- Localisation pleine de gaffes
- Voix françaises bien plates
- Demande un gros PC
Le principe général du jeu reste toutefois inchangé, et il s'agit donc toujours de partir à la conquête d'un maximum de territoires à travers deux phases de gameplay distinctes. La première se déroule au tour par tour et nous demande de constituer des armées, planifier leurs déplacements, renforcer des villes, développer des technologies, régler des problèmes diplomatiques, ajuster les impôts, etc. La seconde se déroule en temps réel et nous plonge dans des batailles dantesques où des milliers d'unités s'affrontent sur des terrains ouverts ou plus urbains. Le tout prend place autour de la Rome Antique et fleure bon le contexte historique crédible. Mais tout cela, vous allez me dire qu'on en profitait déjà dans le premier Rome : Total War. Vous n'aurez pas tort, mais le jeu évite pourtant toute impression de redite. Tout d'abord, depuis 2004 le moteur graphique a eu le temps de faire de sérieux progrès. Peut-être pas autant qu'on le souhaiterait (on écarquille finalement rarement les yeux d'admiration devant notre écran) mais il faut garder à l'esprit qu'avec des milliers d'unités à gérer simultanément, le processeur et la carte graphique du PC sont mis à rude contribution.
Que les petites configurations s'abstiennent, et que les grosses soient prévenues : même sur votre machine de bourgeois Total War : Rome 2 ramera immanquablement si vous poussez tous les paramètres à fond ! C'est regrettable, mais pas vraiment gênant puisque nous avons affaire à de la stratégie et non de l'action pure. Pensez également à vous armer de patience, car les tours des adversaires contrôlés par l'IA prennent parfois beaucoup de temps pour être calculés. Par ailleurs, et ça c'est une bonne nouvelle, le jeu se montre plus accessible que les précédents Total War. Notamment grâce à la campagne prologue, qui sert de didacticiel, aborde tous les aspects importants du jeu, et demande bien deux heures pour être complétée. La véritable campagne, elle, a de quoi vous tenir en haleine des dizaines d'heures car la carte est très vaste. Il semblerait également que dans le niveau de difficulté par défaut, la complexité des batailles a été revue à la baisse par rapport aux précédents épisodes. De plus, les conditions de victoire n'ont plus forcément à être atteintes en un nombre de tour donné. Tant mieux, car la richesse générale du jeu a déjà de quoi impressionner les novices (avant de les enthousiasmer).
Rome ne s'est pas faite en un jour
L'une des plus importantes nouveautés concerne le système de découpage de la carte. Les territoires sont plus nombreux, mais leur gestion est simplifiée grâce au concept des provinces. Ces dernières regroupent jusqu'à quatre régions, qui peuvent être contrôlées par différents factions. En sécurisant une province dans son ensemble, on obtient quelques bonus et il devient plus simple de répartir entre les quelques régions les différents bâtiments nécessaires au bonheur des habitants et à la bonne gestion des troupes. En contrepartie, perdre une seule région peut mettre à mal l'équilibre de toute une province. Par ailleurs, la manière dont fonctionnent les batailles navales a été revue et corrigée puisque régions terrestres et maritimes ne sont plus séparées d'aucune manière. Dorénavant, il suffit d'ordonner à une troupe au sol de passer par la mer pour qu'elle embarque sur un bateau. On peut ensuite la contrôler individuellement ou lui ordonner de rejoindre un gros vaisseau qui saura la protéger. Mieux encore, les navires d'artillerie sont capables de bombarder une ville depuis la mer. Le gameplay paraît du coup plus naturel, plus fluide, plus réaliste. Et cela concerne également les batailles au sol, puisque le jeu gère désormais finement le champ de vision de chaque soldat. Dès lors, il devient possible, et même conseillé, de jouer les fourbes en cachant des troupes dans les forêts. Profiter de la couverture d'une colline pour contourner l'adversaire et mieux le surprendre est également une tactique payante.
Le gameplay paraît du coup plus naturel, plus fluide, plus réaliste. Et cela concerne également les batailles au sol, puisque le jeu gère désormais finement le champ de vision de chaque soldat."
En vérité, Total War Rome 2 se dote d'une multitude d'ajustements et de petites nouveautés salutaires. Les armées doivent impérativement être accompagnées d'un général, elles peuvent évoluer selon différents modes qui apportent des bonus et des malus, le volet diplomatique dispose de nouvelles options, le dézoom maximal fait apparaître une carte tactique où les forces en présence sont schématisées mais restent déplaçables... Parmi toutes ces innovations ou améliorations, c'est finalement le nouveau système de politique intérieure qui déçoit le plus. On en attendait beaucoup, peut-être trop, mais finalement il se révèle un peu trop anecdotique tout en étant relativement confus. Gageons qu'il s'agit d'un premier jet, qui sera repris et amélioré dans les futurs Total War. Espérons par ailleurs que ceux-ci sauront enfin s'affranchir des problèmes de finition caractéristiques de la série. Au delà des quelques problèmes d'IA, qui sont presque légitimes au regard de la complexité stratégique, on ne peut que pester devant la localisation manifestement bâclée. Les voix françaises sont totalement insipides, les textes sont parfois mal traduits ou ponctués de fautes (le mot "battaile" par exemple), et ce qui est affiché à l'écran diffère assez régulièrement de ce qui est dit, à tel point qu'on nous annonce parfois oralement une victoire alors que c'est le mot défaite qui vient s'afficher devant nos yeux. Et pour couronner le tout, la cinématique d'intro est assez laide, alors qu'elle est censée ouvrir magistralement le jeu. N'est pas Blizzard qui veut, manifestement. Heureusement ces considérations sont totalement futiles par rapport au cœur du gameplay qui, lui, reste particulièrement solide, riche et intéressant !