Test The Swords of Ditto : enfin un digne héritier pour Zelda A Link to The Past ?
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A mi-chemin entre un Zelda et un Rogue-like, The Swords of Ditto ne se contente pas de rester dans l'ombre de ses modèles. Il développe et impose une véritable personnalité, grâce à sa direction artistique, son univers, son humour et quelques mécaniques de jeu assez particulières. La singularité de ces dernières ne conviendra d'ailleurs pas à tous les joueurs, mais mieux vaut un parti pris potentiellement clivant qu'une soupe tiédasse. Quelques problèmes techniques viennent ternir le tableau de manière plus objective, mais rien de vraiment catastrophique, et pas grand-chose qui ne saurait être résolu par un ou deux patchs salvateurs. Si la perspective d'un "Zelda compact en boucle" vous tente, n'hésitez surtout pas !
- Direction artistique cartoon
- Niveaux générés aléatoirement
- Le concept des cycles de cent ans
- Combats simples mais intéressants
- Coop en local
- Sorties d'écran automatiques
- Difficulté également aléatoire
- Un peu trop répétitif
- Quelques bugs, notamment de sauvegarde
- Pas de coop en ligne
Premier projet du studio londonien onebitbeyond, The Swords of Ditto a été repéré par le "petit" éditeur qui ne cesse de monter : Devolver Digital. Dans ces conditions, on se dit que le jeu n'est sûrement pas un RPG tout à fait comme les autres, et que son design tout mignon doit cacher quelque chose. Et effectivement, nous avons affaire à un titre à la forte personnalité, qui emprunte autant aux Zelda qu'aux Rogue-like, et qui n'hésite pas exiger de la patience et de la curiosité de la part de ses joueurs.
Le scénario de The Swords of Ditto est extrêmement classique, voire cliché, et les développeurs le savent. L'introduction de l'aventure joue là dessus et, non sans humour, vous place en moins de cinq minutes dans la peau du héros chargé de sauver le monde. Un bousier (oui, oui, un bousier…) vous accueille et vous explique que la sorcière Mormo tente de corrompre l'île paisible sur laquelle vous vous trouvez. Quelques instants plus tard, vous vous retrouvez avec une épée dans les mains et partez affrontez Mormo. Et là, c'est le drame… Absolument pas prêt pour une mission de cette envergure, vous succombez immédiatement sous les coups de la sorcière et c'est donc le game over. Mais voilà, The Swords of Ditto n'est pas un action RPG comme les autres. Il emprunte énormément au genre du Rogue-Like et le décès de votre personnage n'est donc qu'un petit problème passager. Les concepts de mort permanente et de résurrection systématique sont même totalement intégrés au scénario et à l'univers du jeu. En effet, Mormo débarque tous les cent ans sur l'île et, par conséquent, un nouveau héros (qu'on appelle systématiquement "L'épée de Ditto") se dresse contre elle tous les cent ans. Voilà qui justifie à la fois le fait de pouvoir incarner différents personnages successivement, mais également la génération aléatoire des niveaux. Avec un siècle virtuel d'écart entre chaque tentative, le jouer peut facilement accepter que les environnements ne soient plus exactement les mêmes qu'auparavant. D'ailleurs, le fait de ne pas réussir à tuer Mormo influe directement sur l'aspect des décors, et notamment de la ville principale. Teintes ternes, bâtiments délabrés et habitants déprimés vous accueilleront après chaque échec. A l'inverse, si vous battez la sorcière, le monde retrouvera des couleurs vives, des constructions rutilantes et des personnages gaillards… du moins pour cent ans. Car oui, le simple fait de vaincre Mormo ne suffit pas pour mettre fin à la malédiction.
L'HISTOIRE SANS FIN
Que l'on soit vainqueur ou vaincu, l'aventure semble donc se parcourir en boucle (dans un premier temps, tout du moins). Entre chaque parcours, seule l'épée est transmise d'un héros à l'autre. Selon la réussite ou l'échec du run précédent, le nouveau héros ira la charger sur une glorieuse statue ou dans un sinistre cimetière. Dans tous les cas, les points d'expérience sont rattachés à cette épée, ce qui permet de conserver le niveau acquis auparavant. Mais étant donné que les monstres montent pareillement de niveau, ne comptez pas trop là dessus pour obtenir la victoire. L'argent fait également partie de l'héritage, mais pas les armes et autres objets. Au bout de quelques heures, si vous faites preuve de curiosité dans l'exploration vous dénicherez tout de même un moyen de transférer certaines pièces d'équipement d'un parcours à l'autre, ce qui vous simplifiera drôlement la tâche. Mais ne comptez pas sur le jeu pour vous expliquer cela en détails. De nombreux secrets et mécaniques de gameplay restent volontairement cachés, l'aventure n'hésitant pas à proposer un niveau de difficulté général assez élevé. D'ailleurs, vous ne disposerez que d'un temps limité (quatre jours dans l'univers du jeu) pour vous préparer à l'affrontement avec Mormo. Mais là encore, il existe un moyen de faire reculer cet ultimatum. On vous conseille d'ailleurs de ne pas laisser cette possibilité de côté, car il y a pas mal de choses à faire avant d'aller affronter Mormo, même si vous avez la liberté de vous jeter dans la gueule du loup à tout moment.
On prendra notamment soin de parcourir quelques donjons, afin de récupérer des pièces d'équipement et d'affaiblir la sorcière en détruisant des Ancres qui la rattachent au monde. Très inspiré par Zelda (on peut même couper les herbes pour obtenir des pièces et des potions…), The Swords of Ditto propose des donjons qui font la part belle aux petites énigmes à base d'interrupteurs et autres pièges. Mais, tout comme les décors extérieurs, ces niveaux sont générés aléatoirement à chaque partie. Ils disposent même de modificateurs de règles choisis au hasard (par exemple : "la vie se régénère au fil du temps mais il est impossible de boire des potions"). Tout cet aspect aléatoire fait que la difficulté varie grandement d'une partie à l'autre, ce qui peut s'avérer frustrant par moments, notamment lorsqu'on joue de malchance plusieurs parcours de suite. Heureusement, la direction artistique très sympathique et agréable aide à rester serein.
RETOUR EN ENFANCE
Les graphismes s'inspirent ouvertement des dessins animés de la chaîne Cartoon Network, Adventure Time en tête. Mieux encore, tout l'univers utilise des codes reliés à l'enfance. Ainsi, on regagne de la vie en ingérant des cookies, des carrés de chocolat ou des verres de lait, tandis que les pièces d'équipement prennent tout simplement la forme d'autocollants, qui octroient différents bonus pouvant aller de la vie supplémentaire à la résistance au poison, en passant par la disponibilité de nouvelles attaques. Quant aux armes, elles sont carrément appelées "jouets" et peuvent prendre la forme d'un disque vinyle, d'un club de golf, d'un yo-yo à pointes, d'un arc, d'une bague laser ou encore d'un pied de monstre géant ! Mais même lorsque vous ne disposez que de votre épée, les combats restent intéressants. Les coups et mouvements sont simples et limités, mais il faut faire un usage fréquent et opportun de la roulade pour ne pas perdre trop de vie. Il est également conseillé d'étudier scrupuleusement les attaques et défenses spécifiques à chaque type d'ennemi. Si vous avez du mal à vous en sortir, n'hésitez pas à faire appel à un ami pour vous aider. Il n'est hélas pas possible de jouer en ligne, mais la coopération en local est pleinement supportée. Bourré de bonnes idées, The Swords of Ditto n'en est pas pour autant parfait.
On a déjà vu que l'aspect aléatoire induisait des variations de difficulté trop importantes, mais le fait de devoir répéter sans cesse la même petite aventure pourra également paraître trop répétitif à certains joueurs. Le jeu fait également preuve de quelques maladresses, comme le fait de passer automatiquement d'un écran à l'autre dès qu'on se rapproche de la sortie. Du coup, on se retrouve parfois à changer de zone en plein combat, ou alors qu'on voulait juste ramasser un bonus situé près du bord de l'écran. Et ne comptez pas revenir sur vos pas pour persévérer, car d'autres monstres auront "repopé" et les bonus auront disparu. De plus, nous avons eu affaire à quelques bugs gênants. Notamment une configuration de donjon apparemment impossible à terminer (les joies de la génération aléatoire…) et, encore pire, un plantage qui s'est accompagné d'une corruption totale de la sauvegarde. Obligation de tout recommencer à zéro ! Un bousier vous accueille et vous explique que la sorcière Mormo tente de corrompre l'île paisible sur laquelle vous vous trouvez...