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Comme on pouvait s’y attendre, les Pendulos Studios signent un joli jeu d’aventure dans un univers qui manque toutefois d’originalité. On y retrouve un nouveau duo que tout oppose, Liz et Dan, qui comme Brian et Gina, leurs jumeaux de Runaway, n’ont guère de points communs, et c’est en s’appuyant sur leurs différences que ces nouveaux adeptes de l’amour vache vont progresser. Sans surprise, les auteurs de Runaway lorgnent encore un peu plus du côté du dessin animé interactif et privilégient la fluidité de l’aventure, la qualité des dialogues au détriment de la dimension ludique qui aurait pu être plus poussée. Le résultat est très agréable à regarder, facile à prendre en main, mais pas aussi fou que son drôle de background le laissait espérer.
- Univers franchement original
- Un nouveau binôme charismatique
- Quelques dialogues vraiment drôles
- Très joli
- Facile d'accès
- Le manque de challenge
- PNJ sous-exploités
- Intrigue plate
- Décors trop vides
Un duo d’aventuriers sexys, des personnages secondaires délicieusement loufoques, un déroulement sans accro, Pendulo semble à première vue réutiliser la même recette qui a fait le succès de la saga Runaway. Peut-on reprocher au studio espagnol de ne s’intéresser qu’à un genre qu’il maîtrise parfaitement ? Après tout, l’originalité paie… mais pas toujours ! Puisque les Madrilènes ont aménagé leur petit espace personnel dans le cœur des passionnés d’aventure, autant qu’ils ne l’abandonnent pas au premier développeur venu. Voici donc notre test !
Ils se sont cachés sous votre lit d’enfance et ont campé dans vos placards à l’insu de vos parents ! Ils ont hanté vos pires cauchemars pendant des années et s’y invitent encore parfois ! Qui ? Les monstres, bien sûr, ces créatures vraiment pas comme nous mais suffisamment humaines, dans leurs formes ou dans leurs attitudes, pour être réellement effrayantes. Des êtres répugnants qui, non contents de semer la terreur, répandent également le sang par litres, les tripes par mètres et qui n’oublient jamais de lacérer, déchiqueter, broyer voire dévorer les si fragiles éléments anatomiques des innocents qui ont le tort de croiser leur route. Barbares, les monstres ? Mal élevés, plutôt. Incomprises et donc mises au ban de la société, ces abominations n’avaient guère l’occasion d’aller à l’école jusqu’à 16 ans et d’y apprendre les rudiments de la vie en société. Heureusement, la nature est bien faite, même pour ceux qu’elle n’a pas gâtés ! C’est la mondanité à laquelle il faut impérativement assister, l’événement annuel de la décennie, l’ultime raout. Les incontournables Prix de l’HorrHorreur drainent tout ce que le gratin compte de starlettes au sang frais et de célébrités du cinéma au physique peu avantageux. Dans le Hollywood des 50’s imaginé par Pendulo, les monstres se sont en effet fait une belle place dans la société en interprétant leur propre rôle sur grand écran, dans des œuvres produites par le tout-puissant William A. FitzRandolph. La cérémonie se termine justement toujours chez le charismatique magnat, lui-même fruit des amours d’un humain bien sous tout rapport et d’une femme à la peau dure, qui ne lésine pas sur le champagne et les divertissements exotiques forcément réservés à des hôtes triés sur le volet. Liz, l’une des triplettes de la très influente famille Allaire, et Dan, grand pote de FitzRandolph ont justement reçu leur carton d’invitation. Mais les deux jeunots sont davantage là pour affaires, ou plutôt pour couvrir l’événement au nom du quotidien The Quill, que pour s’encanailler. La tâche n’enchante guère que la première, qui va tout faire pour lever l’énorme info capable de lancer sa carrière balbutiante. Un scoop grand comme Big Albert par exemple, le célébrissime acteur super-intelligent que Liz surprend alors qu’il s’introduit dans le bureau du milliardaire endurci. Pour quelle raison ce Frankenstein version beau gosse est-il allé farfouiller dans les affaires du roi de la pellicule ? C’est ce que la donzelle va chercher à déterminer, contraignant au passage son très récalcitrant compagnon à la suivre dans une aventure plutôt académique.
Les freaks, c’est chic
En moins d’une décennie, les Pendulo Studios ont su se faire un nom dans le domaine de l’aventure à l’ancienne, installant leur série Runaway dans le siège laissé vacant par les Lucas Arts et autres Chevaliers de Baphomet. Débarqués après la bataille, les Espagnols, déjà auteurs de deux titres du même genre avant la parution de Runaway : A Road Adventure en 2003, n’ont évidemment rien inventé. Ils sont toutefois parvenus à s’approprier les caractéristiques du genre et ont su mettre leur talent au service d’aventures amusantes et bien conçues. The Next Big Thing le démontre une nouvelle fois, en offrant aux cliqueurs frénétiques une expérience agréable. Basé sur le même moteur graphique que la troisième épopée de Brian et de Gina, les mésaventures de Liz, Dan et de leurs amis se déroulent dans des décors ultra-léchés peuplés de PNJ rigolos à la langue bien pendue. Homme-mouche en blouse blanche, momie sculpturale dont la soif d’amour est aussi inextinguible que son goût pour la torture, Oracle qui s’exprime en ombres chinoises, vous ne croiserez ici que des dingues, certains moins doux que d’autres ! L’heure n’est toutefois pas à la baston : pour progresser, il vous suffit, comme toujours, de farfouiller à l’aide de la souris à la recherche d’objets éparpillé dans les différentes scènes du jeu. Vous utiliserez parfois ces trouvailles directement sur un autre élément du décor (des griffes feront merveille sur un tableau noir), ou les combinerez entre elles afin d’obtenir un bidule improbable mais forcément utile (un parachute et une table pliante s’accommoderont idéalement). Les innombrables dialogues vous donneront quelques indications sur la marche à suivre, mais si vous avez déjà goûté au genre, vous ne vous retrouverez jamais bloqué tant The Next Big Thing est facile d’accès… et facile tout court. Unique difficulté, inhérente au genre : il n’est pas rare de rater le micro-détail interactif dans ces vastes tableaux colorés. Mais pour peu que vous possédiez de bons yeux, vous bouclerez l’aventure en une journée.
The same old thing
Une grosse demi-douzaine d’heures pour un titre du genre, c’est bien léger. Pendulo semble s’être attaché à rendre son produit le plus simple possible et à évacuer toutes les perversités habituelles aux point’n’clicks. Les vraies énigmes – pas les simples amalgames de bricoles ramassées à droite et à gauche – se comptent ici sur les doigts de la main et la difficulté n’est jamais au rendez-vous. Reproduire un air de tango de quatre notes sur six fleurs musicales, se livrer à un peu de grammaire égyptienne, les quelques puzzles ne satisferont guère que les moins de quinze ans. Les Espagnols peinent aussi à convaincre côté narration. Nous ne nierons évidemment nullement la folle originalité de l’univers de The Next Big Thing : à l’exception de certains tableaux trop communs (le sous-sol de FitzRandolph, des bureaux tout ce qu’il y a de plus normaux), le Hollywood monstrueux de Dan et Liz a une sacrée gueule et y déambuler est un plaisir. Le studio madrilène peine toutefois à exploiter ce décor de rêve à sa juste valeur et y installe une intrigue cousue de fil blanc. Malgré le caractère joliment déglingué de son héroïque binôme –notamment de Liz, dont les troubles comportementaux ponctuent joyeusement conversations et péripéties – et quelques tirades assez ultimes prononcées par les uns comme les autres, le jeu peine parfois à distraire et manque cruellement de profondeur. L’intrigue est ainsi quasi-dépourvue de tension et les PNJ ne brillent pas par leur relief. Big Albert incarne sans doute le mieux ce défaut : alors même qu’il est à l’origine de toute l’aventure, vous n’apprendrez pas grand-chose sur son compte, n’échangerez que quelques phrases avec lui et terminerez le titre sans faire grand cas de sa présence. A l’inverse, vous rencontrerez en début de partie un robot jardinier bavard, totalement dépressif et donc très drôle, que Pendulo juge bon d’évacuer complètement après quelques minutes. Problème d’écriture ou de construction, les faits sont là : The Next Big Thing ne va pas au bout de sa folie et s’abandonne un peu trop à la facilité. L’aventure reste tout de même très jolie, accessible à tous et prête souvent à sourire. Certains n’en demanderont pas plus et ouvriront leur cœur à ce drôle de projet pour le moins attachant.