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Retrouvez plus bas la suite de notre test de The Last of Us
- La qualité du scénario
- Beau à mourir
- Des personnages attachants
- Une B.O. de dingue
- Les doublages en V.O.
- La durée de vie
- Les codes du survival horror redéfinis
- Les Infectés qui mettent la pression
- Le savoir-faire Naughty Dog
- Un univers vaste
- Un gameplay aux petits oignons
- Des vrais moments émouvants
- Une I.A. qui donne du fil à retordre...
- ...mais qui connaît quelques ratés
- L'économie des balles pas suffisamment exigente
- La progression par l'échec
Pour être tout à fait honnête avec vous, on avait peur que Naughty Dog conserve le gameplay d'Uncharted 3 et se contente de l'intégrer dans un univers horrifique. Car aussi huilées soient-elles, les mécaniques conçues en 2011 n'auraient pas collé avec la terreur et l'effroi. La première démo à laquelle nous avions assisté lors de la conférence E3 2012 de Sony Computer Entertainment, s'était chargée de balayer ces craintes et démontrait que le studio de Santa Monica avait décidé de partir d'une feuille blanche pour The Last of Us. Résultat : on est à des années-lumière des productions auxquelles Naughty Dog nous avait habitués jusqu'à présent. Même si nous ne dévoilerons rien du scénario pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, on tient néanmoins à souligner que le jeu dispose d'une qualité d'écriture tout simplement démentielle. Si les trente premières minutes mettent une droite dans la gueule, le reste de l'aventure continue sur le même rythme. The Last of Us est chargé en émotions, les vraies, celles que l'on n'aimerait pas contenir mais que l'on retient quand même, car c'est gênant de verser une larme devant un jeu vidéo. Quel régal, en tout cas, de suivre les pérégrinations de Joel et Ellie qui ont survécu au Cordyceps, un terrible virus ayant quasiment rayé l'humanité de la planète. Il existe un véritable lien entre les deux personnages, et celui-ci évolue tout au long des vingt heures que nous avons passées en compagnie du jeu. Méfiant au départ, Joel va progressivement faire confiance à sa jeune partenaire qui n'a pas connu le monde avant qu'il soit plongé dans le chaos ; ce qui donne lieu par moments à une certaine incompréhension entre les deux protagonistes. Bref, vous l'aurez capté : on finit par s'attacher à eux ainsi qu'aux personnages secondaires qu'ils croisent sur leur chemin. Pas de charisme démesurée ici, juste des survivants auxquels chacun peut s'identifier. Une tuerie.
The Last of Us est chargé en émotions, les vraies, celles que l'on n'aimerait pas contenir mais que l'on retient quand même, car c'est gênant de verser une larme devant un jeu vidéo."
Ce qui retourne le cerveau lorsque l'on pose les yeux pour la toute première fois sur The Last of Us, c'est la qualité des graphismes qui sont d'une beauté incroyable. Uncharted 3 est sorti il y a un peu moins de deux ans, et on a déjà l'impression qu'il a pris un coup de vieux. Bon, on exagère un peu, c'est vrai, mais jamais Naughty Dog n'a fait preuve d'une telle maîtrise artistique dans un univers aussi vaste. Chaque zone explorée est l'occasion d'admirer ce souci du détail digne des équipes de Rockstar Games. Les villes pourries par le Cordyceps affichent des bâtiments délabrés, des voitures rongées par la rouille, des maisons à moitié détruites, des rues où règne le désespoir, comme si l'homme s'était fait une raison face à ce fléau incurable. Les intérieurs sont tout aussi soignés : papiers peints arrachés, chaises et tables retournées, quelques vêtements qui pendouillent dans l'armoire de la chambre, Naughty Dog connaît son sujet sur le bout des doigts.
Schizophrène, The Last of Us offre aussi l'occasion de prend l'air dans les montagnes, là où la nature reste luxuriante et donne encore envie de croire à une issue heureuse. Superbe. Grisante, aussi, cette facilité avec laquelle le jeu passe d'une saison à l'autre ; l'hiver est sans doute celle qui nous a le plus éblouis, même si les autres périodes de l'année allument les yeux. Avec un niveau visuel aussi proche de la perfection, on regrette l'animation un poil rigide du personnage lorsqu'on le contrôle. On constate également un léger aliasing qui se fait plus présent dès que l'on se balade dans la forêt, ce qui rappelle toute la complexité de proposer un terrain de jeu aussi ouvert que magnifique. Rien de bien frustrant en tout cas, surtout lorsque l'on jète un oeil à la modélisation des personnages qui est tout bonnement exemplaire. Joel a vraiment la classe quand il bande son bras pour panser ses plaies, et son air grave tranche avec la fraîcheur et la naïveté d'Ellie.
AU CORDYCEPS !
On vous l'a dit, le jeu donne envie de chialer, et cela est en partie dû aux expressions faciales des personnages archi bien fichues. Un travail de malade mental. On ne qualifierait pas The Last of Us de survival horror sans les Infectés, des êtres humains qui ont été contaminés par le virus à différents degrés. Il y a tout d'abord les Runners qui se déplacent à la vitesse de la lumière, mais que l'on peut combattre à mains nues. Bien qu'ils soient atteints d'une cécité partielle, ils sont capables de repérer leurs proies à l'autre bout de la zone, surtout si l'on s'amuse à les éclairer avec une lampe-torche. En revanche, les Clickers sont totalement aveugles et s'en remettent donc à l'écholocation grâce à laquelle ils peuvent mieux situer leurs ennemis dans l'espace. Le moindre son émis les rend fous et leur morsure est fatale ; game over immédiat, quoi. Enfin, il y a les Colosses que les développeurs nous avaient cachés jusque là. Particulièrement robustes, ils obligent à vider son chargeur pour s'en débarrasser. Les spores qu'ils crachent font aussi mal qu'une grenade, et leur étreinte est là aussi mortelle. Lorsque ces trois races se retrouvent réunies dans la même zone - obscure, tant qu'à faire -, on claque sévère des fesses puisque chacune d'elles nécessite une approche différente. Prendre un Clicker en traître est la solution la plus probante, sachant qu'il est nécessaire d'avoir un surin en sa possession pour l'abattre. Mais pour s'en approcher, il est vital de ne pas se faire griller par les Runners qui veillent au grain, d'autant qu'ils attaquent systématiquement en groupe. Il faut donc accepter d'essuyer quelques morts, le temps de repérer les rondes qui nous ont semblé par moments alétoires. En effet, il nous est déjà arrivé de se faire bouffer la jugulaire par un Clicker qui était censé prendre une direction, et qui a finalement opté pour une autre au dernier moment. Traumatisant, mais délicieux.
Ce qui retourne le cerveau lorsque l'on pose les yeux pour la toute première fois sur The Last of Us, c'est la qualité des graphismes qui sont d'une beauté incroyable. Uncharted 3 est sorti il y a un peu moins de deux ans, et on a déjà l'impression qu'il a pris un coup de vieux."
Afin de faciliter la tâche et ne pas rebuter les néophytes, Naughty Dog a intégré un système d'écoute avec lequel il est possible de repérer les ennemis, même à travers les murs. Une béquille pour les faibles ? Du tout ! On a essayé de jouer aux héros, genre le survival horror n'a plus aucun secret pour nous ; on a rapidement compris notre douleur, les créatures étant planquées avec un vice sans nom. Et puis, l'ouïe du personnage ne permet pas non plus d'entendre tout ce qu'il se passe à l'autre bout de la planète, n'abusons pas. Avec des environnements nettement plus vastes que ceux d'Uncharted 3, il est conseillé de tendre l'oreille aussi souvent que possible pour étudier le comportement de chaque ennemi. Autre coup de main donné par les développeurs : la possibilité d'utiliser le surin quand on est sur le point de se faire mordre par un Clicker. Cette option n'est disponible qu'en s'exerçant au crafting qui sublime l'exploration dans The Last of Us. Une paire de ciseaux, des clous, du sucre, des bandelettes, tout est bon pour parfaire son équipement. En associant les différents ingrédients, il est possible de se fabriquer des bombes fumigènes, des grenades chargées de clous, des kits de premiers soins ou encore des cocktails molotov, le tout sans interrompre la partie. Une façon astucieuse de maintenir la pression sur le joueur, d'autant que l'usure des objets est prise en compte dans The Last of Us, et que la fabrication d'items ne se fait pas en un claquement de doigts. D'où l'importance des compétences que l'on peut gonfler en ramassant des pilules, pour accroître le rayon d'écoute du personnage par exemple, étendre sa jauge de vie, ou encore raccourcir le temps qu'il met pour se confectionner un objet.
LAST MAN STANDING
Du côté des armes à feu, The Last of Us assure l'essentiel : sniper, fusil à pompe, revolver, fusil d'assaut, lance-flammes, il y a de quoi se faire plaisir. Puisque la discrétion est de mise avec les Infectés, on peut même se saisir d'un arc pour perforer le crâne des créatures sans faire de bruit. Là encore, l'arsenal est entièrement customisable pour obtenir plus de confort au niveau de la cadence de tir, de la taille du chargeur, de la puissance de l'arme ou alors du recul. Avec autant de joujoux à disposition, le chef-d'oeuvre de Naughty Dog réserve son lot de scènes d'action, ce qui prouve que le jeu ne vise pas forcément les puristes du survival horror, mais avant tout le grand public à l'instar de Dead Space 3. D'ailleurs, Ellie et Joel ne sont pas uniquement confrontés à des monstres au cours de leur périple, mais aussi à d'autres êtres humains qui tentent de survivre. Avec eux, il est autorisé d'adopter une stratégie beaucoup plus directe, plus conventionnelle, même si l'I.A. est d'une fourberie redoutable dans ces moments-là. En effet, elle n'hésite pas à faire diversion pour mieux nous prendre à revers, et avec un level design aussi abouti, on vous garantit qu'il y a de quoi devenir parano.
Par contre, on regrette que notre partenaire ne soit pas aussi intelligente. Ce n'est pas une abrutie non plus puisqu'elle est capable de balancer des briques ou de tirer des coups de feu lorsque la situation l'exige, mais il arrive parfois qu'elle fonce dans le tas alors que l'on tente une approche discrète. De quoi ruiner une partie. On aurait également souhaité que l'économie des balles soit plus intransigeante, alors que les développeurs de Naughty Dog nous avaient promis l'enfer. Pire, en crochetant certaines serrures à l'aide du surin, il est possible d'accéder à des salles blindées de fournitures. Ah oui, on a failli oublier de parler du cover system qui se veut scripté, puisqu'il n'est pas nécessaire de presser une quelconque touche pour se mettre à couvert. Il suffit juste de s'accroupir pour voir Ellie et Joel ajuster leur position, ce qui laisse au joueur l'occasion de focaliser toute son attention sur les ennemis qui l'entourent. Une méthode qui évite de se tordre les doigts dans tous les sens, et permet de gagner en immersion ainsi qu'en fluidité. Il y a encore tant de choses à dire sur The Last of Us, que l'on pourrait passer des journées entières à partager les émotions que l'on a ressenties en suivant les aventures de Joel et Ellie. Peut-être à l'occasion d'une éventuelle suite.