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Nul besoin de chercher ni même de tergiverser, la série The Last Blade n'a pas pris l'once d'une ride et fait figure de monument historique dans le paysage de la baston 2D. Développée par l’équipe d’origine SNK, elle témoigne des moments de génie de la firme au point que SNK Playmore a décidé de ne pas retoucher les deux jeux et d’en faire un portage PS2 certes bête et méchant mais réalisé avec soin et fidélité, le mode online en supplément comme ce fut le cas de Garou : Mark of The Wolves en juin dernier. Pour ce deuxième volume de la série NeoGeo Online Collection, on ne pouvait pas mieux tomber, d’autant plus que de proposer les deux jeux sur un même disque à un petit prix (3 990 yens au lieu des 7 140 yens habituels) est une véritable aubaine pour tous ceux qui ont toujours rêvé d’avoir ces anciens hits de la Neo Geo à moindre frais. Toujours aussi beau à contempler, The Last Blade 1.2 n’a également pas perdu de sa redoutable précision en matière de gameplay - à condition de se munir du NeoGeo Stick 2 - et reste intouchable à bien des égards, tout simplement.
- Toujours aussi beau
- Gameplay d'une efficacité monstrueuse
- L'équilibre respecté
- Des furies qui en jettent
- Technique et spectaculaire
- Ce côté gore
- Charismatique
- Loadings nickels
- Seulement 3 990 yens (28 €) pour deux jeux
- Le mode online
- On aurait aimé un peu plus de persos
Second volume de la série NeoGeo Online Collection, la compilation The Last Blade 1.2 vient tout juste de percuter la PlayStation 2 de plein fouet, plusieurs années après les défuntes Neo Geo et Dreamcast. Seule différence, il est désormais possible de s’affronter en ligne et ça, ce n’est pas rien.
Test import japonais
Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2004 pour être précis, SNK Playmore annonçait la mise en place d’un mode de jeu en ligne pour ses prochains titres, remakes y compris. L'éditeur japonais s'est en effet engagé avec la société japonaise KDDI, qui s'occupe déjà des jeux en réseau Capcom, pour inclure des modes en ligne haut-débit pour plusieurs titres PS2 à venir au Japon. Ainsi, depuis la date anniversaire de la saga The King of Fighters et plus particulièrement la sortie de KOF '94 Re-Bout, les amateurs de bonne baston 2D peuvent désormais défier n’importe quel autre joueur du monde entier pour tester ses techniques de combat. Un bonus qui peut paraître anodin aux yeux de certains mais qui se révèle être un argument de poids pour attirer le chaland qui a toujours rêver d’affronter les joueurs japonais sans passer par la case voyage à prix excessif. La compilation The Last Blade 1.2 est donc le second remake, après Garou : Mark of The Wolves à proposer ce genre de services. Et a l’instar de ce dernier, SNK Playmore s’est juste contenté d’adapter de la manière la plus simple qui soit les deux jeux sur une seule et même galette. Point de décors retravaillés avec la présence d’éléments en 3D (Dieu soit loué) ni même de changement dans le contenu, The Last Blade 1.2 se présente tel quel sans aucun artifice superflu. Certains crieront au scandale pendant que d’autres se frotteront les mains, ravis de retrouver cette légende de la baston en 2D.
Juste une question de Megs
L’arrivée de The Last Blade en 1997 sur Neo Geo fut une surprise de taille que personne n’attendait vraiment. A cette période, les amateurs de combat à l’arme blanche n’avaient en effet que d’yeux pour la série Samurai Spirits qui avait déjà imposé son style brut de décoffrage sur la scène de la baston 2D. Malheureusement après Samurai Spirits IV : Amakusa's Revenge, SNK avait d’autres projets pour Haohmaru et ses acolytes puisque la firme d’Osaka tenta l’aventure de la 3D avec eux sur Hyper Neo Geo 64, histoire de faire un peu comme tout le monde. Afin de ne pas trop décevoir ses fans, SNK avait d’ores et déjà en tête l’idée de proposer un nouveau jeu qui se jouerait également avec des katanas. Plus fin graphiquement grâce à l’élaboration d’un nouveau moteur (repris par ailleurs pour Garou : Mark of The Wolves), des animations plus fluides, un gameplay plus technique que celui de la saga Samurai Spirits bien que similaire dans son approche, il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que The Last Blade remplace de manière légitime la série des Samurai Shodown dans le cœur des gamers. Et comme un paquet de joueurs fadas du quart de cercle, la série The Last Blade reste encore à l’heure actuelle l’une des meilleures en matière de jeux de baston à l’ancienne, comme diraient l’autre.
The Last Ronin
L’histoire des deux épisodes de The Last Blade prend place dans le Japon féodal, période durant laquelle l’archipel nippon habite un nombre important de samouraïs prêts à donner leur vie pour la cause de leur maître. Entre Kaede, Moriya et Yuki, les trois disciples de Gaisei, rien ne va plus. Depuis la mort de leur sensei, une rivalité sans borne est née au sein du groupe lorsque Yuki accusa ouvertement Moriya d’être l’auteur présumé de l’assassinat de Gaisei. S’engage alors une lutte entre ces trois ronins qui vont tenter entre deux combats fratricides de retrouver le véritable meurtrier. Une longue quête qui amènera nos guerriers à affronter d’autres mercenaires du pays possédant chacun une technique de combats bien particulière. Ce qui choque dans un premier temps en jouant pour la première fois à The Last Blade 1.2 est le faible nombre de personnages jouables dans le jeu. Sans comptabiliser les persos cachés, le choix s’élève à 12 pour The Last Blade et 16 pour le second épisode. On est effectivement bien loin de la quarantaine de personnages de KOF 2001 ou bien de NeoGeo Battle Coliseum. Toutefois et en remettant les choses dans leur contexte, à savoir lors de la sortie des deux titres sur Neo Geo, SNK avait dans un premier temps le souhait de proposer un jeu d’une qualité irréprochable, toujours en augmentant le nombre de Megs dans une seule et même cartouche. Ce que l’on perd en nombre de personnages, on le gagne en qualité globale et nul besoin de jouer des heures durant pour constater à quel point les développeurs ont abattu un travail d’orfèvre.
Chacun des personnages de The Last Blade 1.2 ont été étudiés avec soin afin qu’aucun ne soit en décalage avec les autres. Bien évidemment, certains d’entre eux obtiendront davantage la sympathie des joueurs mais dans l’ensemble, tous donnent vraiment envie de s’attarder et découvrir toutes les subtilités de combat qu’ils proposent. Kaede (capable de se transformer en super sayajin, ce qui lui permet d’accéder à des attaques et des furies différentes de sa première forme qui fut mise de côté dans The Last Blade 2) et Minataka Moriya sont un peu les Kyo Kusanagi et Iori Yagami de KOF avec des attaques à peu près similaires mais habillés à la sauce katana. Les amateurs de grosse frappes se tourneront du côté de Shigen et Juzoh avec des attaques qui réduisent considérablement la barre de vie de l’adversaire. En contre partie, il faudra prendre en compte leur vitesse de déplacement qui se révèle être moindre. Quant à ceux qui ont un penchant pour les combos, leur choix se portera naturellement sur Lee Rekka, personnage créé en hommage au Dr. Wang Fei Hong (incarné à l’écran par Jet Li) et Zantetsu, aisément reconnaissable par son couvre-chef et sa cape. L’un se bat à mains nues tandis que le second a opté pour l’utilisation de kurenaïs. Bref, vous l’avez compris, comme dans tout bon jeu de baston qui se respecte, chaque personnage possède un style bien particulier qui s’adaptera aux préférences des joueurs.
How to play
Comme dans tout titre Neo Geo, The Last Blade 1.2 se joue à l’aide de quatre boutons essentiellement. Sur PS2, certaines actions et attaques qui nécessitent d’appuyer sur deux touches simultanément ont été programmées sur les boutons de tranche. Carré et Croix (l’équivalent de A et B sur Neo Geo) sont utilisés pour le slash, soit en d’autres termes pour faire appel à son arme blanche. La touche Triangle (ou C sur Neo Geo) est destinée à donner des coups de latte qui, associée avec une direction peut faire balayer ou repousser fortement son adversaire. Certains personnages peuvent profiter de ce moment de faiblesse pour frapper l’ennemi au sol en lui sautant dessus par exemple, un peu à la manière d’un Virtua Fighter. Le dernier bouton, le Rond (ou D sur Neo Geo) permet de repousser ou plutôt contrer les attaques de l’adversaire. En anticipant les coups et appuyant sur la touche au bon moment, notre avatar est capable de stopper nette une attaque, déstabilisant son antagoniste le temps d’une petite seconde. Puisque la série The Last Blade s’est vu attribuée le doux sobriquet de suite spirituelle de la saga Samurai Spirits, SNK a décidé d’en reprendre certains ingrédients pour les adapter sur sa nouvelle franchise. On le remarque juste après le choix des pugilistes par le choix de sa technique de combat : force ou vitesse. Deux approches différentes qui permettent d’anticiper la façon dont on va aborder son match. En mode "Force", le joueur se voit retiré la possibilité de faire appel aux chain combos, ces enchaînements de coups qui, bien réalisés, ne permettent pas à son opposant de souffler une seule seconde. A l’inverse, on gagne en force de frappe et les coups donnés infligent nettement plus de dégâts quand bien même son adversaire sera en garde. Si le mode "Force" ne permet pas d’accéder au Special Combo, il a en revanche le mérite d’offrir au joueur la possibilité de déclencher la seconde furie, nettement plus spectaculaire visuellement et qui videra les trois-quarts d’une jauge de vie, en sachant que chaque personnage en compte deux. Pour ce faire, il faudra attendre au préalable d’avoir sa jauge de pouvoir au maximum et sa barre de vie atteindre son seuil critique.
Le mode Speed quant à lui permet d’avoir en mains un personnage un peu plus souple en matière de combos. Un peu à la manière d’un Tekken, il est possible d’enchaîner les attaques en appuyant sur une série de boutons dans un ordre bien précis. A noter tout de même que ces combos peuvent à tout moment être interrompus afin de placer une attaque spéciale pour infliger davantage de dommages. A l’inverse du mode "Force", les coups portés à l’adversaire génèrent beaucoup de dégâts. De même, il n’est pas possible d’exécuter la seconde furie remplacée par le Special Combo pas toujours facile à placer dans un match et qui rebutera les joueurs les plus novices. En effet, pour accéder à cette attaque particulière, il faudra dans un premier temps passer en mode Special Combo en appuyant deux fois sur bas suivi de l’un des deux boutons de slash. L’apparition du étincelle et l’écran devenu noir pendant un instant nous signalera que la manipulation a été effectuée avec succès. Reste maintenant à placer la séquence Carré, Croix, Triangle, Carré, Croix, Triangle, Carré, Croix et quart de cercle avant + Triangle (A, B, C, A, B, C, A, B et quart de cercle avant + C sur Neo Geo) qui paraît impossible et interminable aux yeux du premier newbie venu mais finalement pas si irréalisable que ça, après des heures, voire des jours d’entraînement. Il existe néanmoins des combines communes à ces deux types de technique comme les fameux Guards Cancels, accessible une fois que la jauge de pouvoir à moitié pleine. Plus performant que le Repel (touche Rond), le Guard Cancel permet dans un laps de temps très court de placer un combo ravageur pour peu qu’on maîtrise son personnage mais surtout la situation. On n'y pense pas toujours mais The Last Blade 1.2 dispose de finish moves à l'instar de Samurai Spirits IV : Amakusa's Revenge pour terminer un match en beauté. Vider son ennemi de son sang, le découper en deux ou bien encore lui infliger une entaille profonde, l'hémoglobine coule à flots pour le plaisir des yeux.
Around the world
Fidèle à sa politique de revival doté d’un mode de jeu online, SNK Playmore propose donc avec The Last Blade 1.2 la possibilité d’accéder à des serveurs dédiés pour affronter les joueurs du monde entier. A l’heure actuelle, le jeu étant sorti qu’au Japon, la plupart des pugilistes sont issus de l’archipel nippon et autant vous dire que le niveau atteint des sommets. A l’instar de Garou : Mark of The Wolves, l’accès au service se fait relativement bien. Quelques lags subsistent encore et toujours mais ce n’est pas leur présence qui est le plus gênant. Rien de bien catastrophique donc. En jouant en ligne, on se rend rapidement compte qu’il existe des véritables joueurs chevronnés au pays du Soleil-Levant, pour ne pas dire de simples tueurs. Certains ne vous laisseront guère le temps de lever votre pouce pour demander un temps d’arrêt. Ici l’enjeu est colossal et seule la victoire compte. Bref, vous l’avez capté, pouvoir jouer à The Last Blade 1.2 en ligne est tout bonnement ce qu’on peut appeler une belle cerise en haut d’un gros gâteau bien crémeux. C’est gratiné tout ça.
Disponible chez Tokyo Eyes