11 20
Si The Franz Kafka Videogame ne manque peut-être pas de charme dans l'absolu, ses lacunes en termes de contenu et de durée de vie lui mettent au final une bonne dose de plomb dans l'aile. Trop court, trop simple, trop léger, ce titre rappelle par moments certaines productions pour enfants ou encore les petits jeux destinés aux plate-formes mobiles. Oubliez tout espoir de grande aventure et d'énigmes captivantes. L'absurdité de certaines d'entre elles est réellement plaisante, mais lorsqu'on se rend compte qu'il faut moins de deux heures pour faire le tour du jeu, il est impossible de ne pas rester sur sa faim. Un titre à acheter en promo ou dans un bundle, lorsqu'il sera à 2 ou 3€ maximum.
- Quelques énigmes agréablement absurdes
- Système d'aide bien fichu
- Ambiance kafkaïenne
- Textes disponibles en français
- Beaucoup trop court
- Certaines énigmes trop basiques
- Pas d'inventaire ni autre élément "complexe"
- La direction artistique peut déplaire
The Franz Kafka Videogame a remporté plusieurs prix, et non des moindres, lors de l'édition 2015 du concours de développeurs Intel Level Up. Il a en effet été sacré "Jeu de l'année" et "Meilleur jeu d'aventure/ de rôle" par un jury composé entre autres de Chris Avellone, Chris Taylor et Tim Schafer. Difficile de naître sous de meilleures auspices ! Et pourtant, à l'heure de juger le produit final, on se demande bien quelle mouche a pu piquer les auteurs de Planescape Torment, Total Annihilation et Psychonauts.
En effet, n'espérez surtout pas avoir affaire à un jeu de rôle lorsque vous mettrez les mains sur The Franz Kafka Videogame. Même le qualificatif de jeu d'aventure est discutable puisqu'il n'y a ni dialogues à choix multiples, ni inventaire à gérer, ni déplacements du personnage à effectuer. La seule ossature qui empêche ce titre d'être une simple succession d'énigmes provient de la présence d'un scénario, plus ou moins en rapport avec Kafka bien sûr. L'histoire est celle d'un psychothérapeute nommé K., trop pauvre pour pouvoir se marier avec la douce Felice. Son cabinet récemment ouvert, il accueille sa première patiente et se sert de l'hypnose pour plonger dans ses souvenirs. Voilà le prétexte parfait pour résoudre une première énigme. A vrai dire, le scénario ne décolle jamais vraiment et n'a guère d'importance. On sent bien qu'il est uniquement là pour justifier la présence des puzzles à résoudre, et même l'ambiance kafkaïenne ne suffit pas à le rendre véritablement intéressant. En revanche, les énigmes sont délicieusement absurdes et il faut souvent penser en dehors des clous ("out of the box" diraient les anglo-saxons) pour en venir à bout.
PRISE DE TÊTE OU PRISE DE BEC ?
Jouer avec les mots, les éléments du décor ou même parfois l'interface s'avère conseillé. Nous ne vous donnerons pas plus de détails car cela ruinerait le seul intérêt du jeu, qui se pare d'ailleurs d'un système d'aide particulièrement bien fichu. Tout d'abord, il est impossible d'afficher le premier indice avant un certain temps, ce qui oblige même les plus impulsifs à réfléchir par eux-mêmes. Ensuite, les deux indices disponibles pour chaque énigme révèlent la solution progressivement et toujours visuellement. Même lorsqu'on y a recours, on a donc tout de même l'impression d'avoir un peu de mérite, car une certaine dose de décodage reste nécessaire. Mais mieux vaut éviter au maximum d'utiliser toute aide, car le jeu est tout de façon très court. C'est bien simple, il nous a fallu moins de deux heures pour en voir le bout, en utilisant très peu d'indices. De mémoire, il ne doit pas y avoir plus d'une dizaines d'énigmes à résoudre et, à vue de nez, un second parcours de l'aventure doit pouvoir se faire en trente minutes grand maximum. The Franz Kafka Videogame manque donc cruellement de consistance, et c'est bien dommage car le principe d'énigmes relativement loufoques fonctionne bien, même si certains puzzles restent malgré tout un peu trop classiques et basiques. De plus, le manque d'envergure du jeu se marie assez mal (ou trop bien...) avec la direction artistique naïve voire enfantine. De tels graphismes auraient pu faire mouche dans un contexte plus étoffé, mais associés au manque d'épaisseur de l'aventure, ils ne font que renforcer le côté "petit jeu". L'éditeur semble avoir conscience du problème puisque le prix de vente est inférieur à 10€. Mais il faudrait qu'il soit encore deux à trois fois moins élevé pour que The Franz Kafka Videogame bénéficie d'un rapport qualité-prix honorable...