9 20
Vous l'aurez compris, il n'y a pas grand-chose à sauver dans ce Still Life 2, qui déshonore assez violemment la licence. Que tous ceux qui avaient craqué pour l'ambiance macabre et romantique du premier épisode se préparent à une forte désillusion ! La pauvreté technique de ce nouvel épisode et ses mauvaises idées de gameplay gâchent complètement le plaisir des retrouvailles avec Victoria McPherson. A vrai dire, les seuls moments où l'on prend un peu de plaisir sont ceux qui font directement ou indirectement référence à Still Life premier du nom. Autant dire que les joueurs qui ne connaitraient pas déjà la série peuvent passer leur chemin sans aucun regret. Les autres aussi d'ailleurs...
- Le vrai dénouement du premier Still Life
- Deux persos à contrôler tour à tour
- Bonnes musiques
- La voix française de Vic
- Vendu moins de 30€
- Graphismes souvent hideux
- Bugs et imperfections techniques
- Peu de lieux différents
- Inventaire limité
Sorti en 2005 et pensé dès le départ comme un diptyque (voire une trilogie si l'on en prend compte l'ancêtre Post Mortem, qui se situe dans le même univers), Still Life a su séduire les amateurs de jeux d'aventure grâce à une ambiance de polar délicieusement malsaine. Toutefois, la fin du jeu laissait planer le doute sur le devenir et l'identité du tueur en série masqué. Quatre ans plus tard, ces éléments nous sont enfin clairement dévoilés. C'est certainement le principal mérite de ce Still Life 2. Hélas, c'est aussi quasiment le seul...
Fort logiquement, l'introduction du jeu retrace en vidéo quelques-uns des éléments marquants de Still Life, et rappelle à nos mémoires l'image du tueur blessé tombant à l'eau et laissant échapper son masque vénitien. Vient alors le moment d'incarner la profileuse Victoria McPherson et de se voir confirmer ce qu'on savait déjà depuis quatre ans : le corps du désaxé n'a jamais été retrouvé et son identité reste officiellement un mystère. En vérité, quiconque a terminé le premier épisode et possède un minimum de jugeote aura pu deviner depuis longtemps le nom du meurtrier. Mais il est toujours agréable que les choses soient dites clairement et que les derniers évènements de 2005 soient proprement explicités et mis en scène. La grande révélation ne nous est toutefois pas livrée d'emblée puisque l'histoire de Still Life 2 nous est contée à coups de courts flashbacks (janvier 2005) et longs flashforwards (octobre 2008). C'est donc une toute nouvelle affaire, a priori déconnectée de la première, qui constitue le cœur de ce nouveau jeu. Cette fois, nous voilà partis sur les traces du "Bourreau de la côte Est" qui a pris pour habitude d'enlever, séquestrer, torturer et assassiner de jolies jeunes femmes. Un passe-temps qui l'amènera à s'en prendre directement à Paloma Hernandez, une journaliste de télévision affectée au traitement médiatique de cette série de crimes. Cet ultime kidnapping nous permet de profiter de deux types de séquences de jeu. Celles où on incarne Paloma, qui cherche à s'échapper du repaire du pervers, et celles où on enquête dans la peau de Victoria. Dans les deux cas, le gameplay est celui d'un jeu d'aventures classique, mais seule l'agent du FBI possède le kit CSIA (Crime Scene Investigation and Analysis) constitué de multiples outils d'investigation dignes des Experts. Microscope numérique, spray révélateur, poudre à empreintes, scanner 3D, pince et tampons de prélèvements, nez électronique, clé USB de décryptage... rien ne manque pour analyser finement les indices récoltés au fil de l'aventure. Incarner deux héroïnes dont le comportement diffère sensiblement est un plus indéniable, mais nous préférions tout de même la dualité façon Still Life, qui nous donnait à la fois les commandes de Victoria dans le Chicago de 2005 et celles de son grand-père à Prague en 1929. Le décalage géographique et temporel était source d'un sympathique dépaysement, totalement absent de ce nouvel épisode. Dorénavant, les deux personnages évoluent non seulement à la même époque mais également, pour l'essentiel, au même endroit ! On passe donc quasiment tout son temps dans la maison du tueur, ce qui limite fortement l'aspect "grande aventure."
"Oh mon dieu, ils ont tué Still Life !"
Ce défaut inaugure une liste de doléances longue comme le bras puisque le développement du jeu a manifestement été réalisé à la légère. Si l'on peut saluer le travail de certains membres de l'équipe (les musiques, notamment le thème principal, sont très plaisantes, l'ambiance oppressante est parfois bien rendue et la voix française de Victoria est un véritable délice), on se retient de crier au scandale. C'est bien simple, Still Life 2 est techniquement à la ramasse. Les graphismes accomplissent carrément l'exploit d'être plus disgracieux que ceux du premier épisode, sorti il y a quatre ans ! Il faut dire que les jolis décors fixes ont laissé la place à une 3D temps réel faite de textures baveuses et modélisations angulaires. Un état de fait manifestement imputable à la désinvolture des développeurs plutôt qu'à de quelconques limitations du moteur 3D, puisque même lorsqu'il s'agit d'afficher une vue fixe centrée sur deux pauvres sièges ou un simple coffre de voiture, le manque de polygones saute aux yeux alors qu'il ne peut être justifié techniquement. Dans ces conditions, on ne s'étonne même pas d'avoir affaire à des animations déplorables, liées par des transitions également mal réalisées. Résultat : les personnages se téléportent parfois à quelques centimètres de leur position initiale ou se permettent d'irréalistes pas de côté ou arrières. Encore plus gênant, les commandes répondent sacrément mal et il faut parfois cliquer plusieurs fois de suite pour qu'une action soit prise en compte. La liste de bugs et d'imperfections semble décidément sans fin puisque nous avons également eu droit à un personnage qui reste coincé dans le décor (avec obligation de reprendre une sauvegarde précédente) ou encore une porte décadenassée à un certain moment du jeu et qui, un flashback plus tard, se retrouve à nouveau condamnée et, cette fois, incrochetable ! Bref, la finition du jeu est exécrable et le code final aurait mérité quelques semaines voire quelques mois de développement supplémentaires. De toutes manières, le studio semblait bien décidé à ruiner la licence Still Life puisque même le gameplay souffre de défauts difficilement pardonnables. Ainsi, l'inventaire se voit limité à un nombre très restreint de cases. Un système certes plus réaliste qu'une poche sans fond, mais qui s'avère d'un usage très pénible et n'est qu'un prétexte à des allers-retours inutiles qui rallongent artificiellement la durée de vie... ainsi que le niveau d'agacement du joueur par la même occasion. Dans le même ordre d'idées, on peut également citer les quelques comptes à rebours mortels infligés à plusieurs reprises par le serial-killer. Combiner des objets, chercher des zones interactives, réfléchir à l'action la plus logique pour se tirer d'affaire, autrement dit participer à un jeu d'aventure, n'est guère compatible avec une situation d'urgence. Concrètement, on se retrouve donc à recharger sans cesse la partie pour trouver la bonne solution, et donc à visualiser en boucle la même séquence de mise en danger suivie une minute plus tard par l'inévitable animation de décès... Quel fun !