Test Steelrising : le Souls-like français est-il vraiment révolutionnaire ? sur PC
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Les bandes-annonces présageaient un grand Souls-like, tiré vers le haut par son univers à la fois révolutionnaire, fantastique, historique et original. Mais Steelrising loupe le coche de peu. Quelques bugs plus ou moins gênants, l'incompréhensible absence de voix françaises, et le fait de sortir après Elden Ring font du tort à un jeu qui aurait mérité d'être un peu plus soigné et ambitieux. L'expérience est loin d'être désagréable pour autant, car elle est portée par une application classique mais efficace des codes fondamentaux du genre. La présence d'un mode assistance optionnel constitue par ailleurs un véritable plus, capable d'attirer de nouveaux joueurs sans rien enlever aux adeptes de difficulté corsée. Bref, même si on aurait pu rêver mieux, le contrat promettant un émule de Dark Souls se déroulant durant la Révolution Française est rempli !
- Un univers fantastico-historique original et plaisant
- Des lieux iconiques agréables à parcourir et reconnaître
- Un gameplay qui tient globalement la route et respecte les codes du genre
- Un défi suffisamment relevé en mode standard
- Un mode assistance bienvenu pour les débutants
- Des boss moins impressionnants que ceux de FromSoftware
- Quelques petits bugs graphiques
- D'autres bugs, bien plus gênants
- Pas de voix françaises : un comble pour un jeu français
- Elden ring est passé par là, la recette du Souls classique a vieilli
S'il fut un temps où From Software avait quasiment l'exclusivité du genre Souls-like, les émules de Dark Souls et compagnie sont depuis devenus monnaie courante. Et vu le succès rencontré récemment par Elden Ring, cette tendance risque de durer encore quelques années. Aujourd'hui, ce sont les Parisiens de Spiders qui tentent leur chance avec Steelrising. L'atout principal du jeu réside incontestablement dans son univers, qui nous présente une Révolution Française uchronique faisant la part belle aux soldats-automates.
Le jeu s'ouvre sur une discussion entre Marie-Antoinette et Gabrielle de Polignac, quasiment retenues prisonnières dans le château de Saint-Cloud. Le roi a en effet déployé dans les rues une armée d'automates créés par l'inventeur et mécanicien Eugène de Vaucanson, afin de mater toute tentative de révolte… ou de révolution ! Mais Aegis, la garde du corps mécanique de la reine, diffère de ses semblables en cela qu'elle est douée de parole, voire de sensibilité. Il appartient donc au joueur d'en prendre le contrôle, afin d'aller convaincre le roi de revenir à la raison et, chemin faisant, de vaincre une multitude de robots antiques. Un petit outil de personnalisation permet de choisir entre plusieurs propositions de coiffures, visages et couleurs métalliques, tandis que la sélection de classe nous présente quatre archétypes différents. Aegis peut donc être une Garde du corps robuste et apte à encaisser les coups, une Soldate adepte des armes lourdes et des puissantes attaques physiques, une Danseuse portée sur les attaques rapides et les coups critiques, ou une Alchimiste spécialisée dans les armes élémentaires capables d'enflammer, geler et foudroyer les ennemis. Ce choix initial influe sur certaines caractéristiques de base (que nous ne détaillerons pas ici car il y en a tout de même une vingtaine) ainsi que sur l'équipement fourni d'office. Mais par la suite, il est possible d'équiper et de faire évoluer notre personnage comme on l'entend. En cela, comme en bien d'autres points, Steelrising respecte parfaitement les codes du Souls-like. Les combats s'articulent ainsi autour des incontournables mécaniques de verrouillage de cible, d'esquive, d'attaque rapide, d'attaque puissante, d'attaque chargée et de gestion de l'endurance. Une fois cette dernière épuisée, notre automate surchauffe et ne peut plus attaquer, esquiver, sauter ou courir. Autant dire que la vulnérabilité devient alors maximale, et qu'il faut tout faire pour éviter cela. Heureusement, il est possible de déclencher un refroidissement instantané en appuyant sur la bonne touche au bon moment.
UN SOULS POUR TOUS
La recette classique des Souls est déroulée tout au long du jeu. Des vestales mécaniques font office de feux de camp. Des mânes remplacent les âmes. Et le level design souvent "circulaire" offre de nombreux raccourcis à débloquer. Le rythme des combats est assez lent, et une attention de tous les instants est nécessaire pour ne pas succomber bêtement. Il est indispensable de bien étudier le comportement et les différents mouvements de chaque ennemi, de bloquer et esquiver dès que possible, et de ne surtout pas se montrer trop gourmand. Essayez de placer trois coups au lieu de deux au mauvais moment, et vous serez aussitôt mis à terre. Il faut également tout faire pour isoler les ennemis et se battre à un contre un, que ce soit en attirant leur attention à l'aide d'un pavé ou en éclaircissant la zone grâce à la petite mécanique d'infiltration (qui permet de frapper dans le dos un adversaire pas encore conscient de notre présence). Des ennemis planqués dans les coins et des faux cadavres viennent également nous surprendre de temps en temps, tandis que de bons gros boss ponctuent l'aventure.
Le design métallique de ces derniers n'a pas tout à fait la classe des créatures improbables de From Software, mais la plupart de ces rencontres marquent tout de même durablement, surtout lorsqu'on se retrouve à mourir en boucle plus d'une dizaine de fois avant de sortir victorieux. Bref, nous avons affaire à un Souls-like digne de ce nom qui, à défaut de les surprendre, saura plaire aux amateurs du genre et aux adeptes de difficulté corsée. Mais le jeu s'ouvre également à un public plus novice, grâce à la présence d'un mode assistance. A la fameuse question "faut-il intégrer un mode facile aux Souls-like ?", les développeurs de Spiders ont répondu par l'affirmative et sont même allés un peu plus loin en proposant une difficulté modulable. Il est ainsi possible de régler finement la réduction des dégâts reçus et la vitesse de recharge de l'endurance, tandis que deux options à bascule permettent d'activer ou non un refroidissement facile et la possibilité de garder ses mânes après la mort. La seule contrepartie de l'utilisation de ce système provient du blocage de certains succès liés à la difficulté. Alors évidemment, on perd en intensité avec ce mode qui ne nous oblige plus à "git gud". Mais sa présence reste bienvenue, car elle peut permettre à de nouveaux joueurs de franchir le pas, et n'enlève rien au plaisir des habitués, qui sauront résister à la tentation.
RÉVOLUTIONNAIRE OU RÉVOLTANT ?
Steelrising se démarque également des autres Souls sur un point particulier : son univers. En choisissant la Révolution Française comme période et Paris comme décor, le jeu marque incontestablement des points, surtout pour nous autres français. Le scénario n'a de cesse de nous emmener d'un lieu iconique à un autre (château de Saint-Cloud, les Invalides, les Tuileries, le Luxembourg…), ce qui amène à quelques moments forts. Se battre contre des automates dans les allées du musée du Louvre s'avère par exemple assez enthousiasmant. Certes, après Elden Ring l'absence de monde ouvert se ressent tout de même. Mais au moins a-t-on le plaisir de voyager d'une zone à l'autre dans un carrosse mécanique plutôt élégant. Et puis rencontrer La Fayette, Louis XVI, Mirabeau, Lavoisier, Bailly ou encore Robespierre, ça n'a pas de prix ! A ceci près que le jeu commet une faute de goût quasiment impardonnable en faisant l'impasse sur les voix françaises. L'éditeur est français, le studio de développement est français, le jeu se déroule durant la Révolution Française, les cinématiques et phases de dialogues mettent en lumière des personnages historiques français... et pourtant Marie-Antoinette s'exprime en anglais ! Ce n'est pas là le seul point noir au tableau général, car nous avons rencontré plusieurs bugs notables. Certains sont seulement esthétiques et donc pas bien gênants (lumière d'arrière plan trop vive durant les cinématiques, étranges points lumineux qui apparaissent à certains endroits durant l'exploration…), mais d'autres passent plus difficilement. Perdre ses mânes parce que le verrouillage de cible refuse de s'enclencher, qu'un changement d'armes n'est pas validé, ou que l'infiltration foire sans raison, ça pique un peu ! A l'inverse, il peut arriver qu'un ennemi reste bloqué dans l'encadrure d'une porte et nous facilite un peu trop le travail. Ces problèmes restent relativement ponctuels et nous ne pouvons pas vraiment parler de festival de bugs comme parfois (coucou Saints Row…), mais ils participent à écorner l'expérience globale et à faire de Steelrising un simple Souls-like sympa, plutôt qu'un grand titre incontournable.