8 20
- Quelques affrontements dynamiques
- Graphiquement dépassé
- Aucune immersion
- Extraits de vidéos de mauvaise qualité
- Bugs à foison
- Un mode multijoueur difficilement accessible
- Des personnages clonés à la chaîne
- I.A. inexistante
- Mauvaise optimisation du jeu
- On continue ?
Sorti il y a maintenant huit ans, le film Starship Troopers se voit finalement décliné en jeu vidéo. Critique du patriotisme exacerbé des Américains, le long-métrage de Paul Verhoeven s’est directement classé, à raison, dans la catégorie des films cultes. Le FPS de Strangelite Studios et d’Empire Interactive lui rend-il hommage ? Pas si sûr…
Se déroulant près de cinq ans après les événements du film, on incarne un maraudeur – autrement dit une unité d'élite habillée d'une combinaison exosquelette extrêmement résistante – chargé de soutenir les troupes au sol de la planète Esperus, en cassant de l'arachnide par paquet de douze. Chaque mission est entrecoupée d'une cinématique extraite du film mais dans ce contexte, leur présence n'est clairement pas justifiée et c'est d'autant plus vrai qu'elles sont d'une qualité assez médiocre.
Everybody quits, no one fights !
Sur le papier, l'idée d'adapter Starship Troopers sur nos écrans de moniteur semblait bonne mais on pourrait malheureusement résumer le jeu en quelques mots : le tir à vue. Starship Troopers privilégie donc l'action pure et dure, illustrée par les flots continus de ces satanées bestioles qui nous obligent à maintenir constamment le doigt sur la gâchette. Amusant au départ, c'est tout de même un peu plat comme concept et surtout cela devient rapidement ennuyeux ! Conscient du problème, les développeurs ont tenté de briser un peu cette monotonie en nous garnissant de quelques objectifs à accomplir lors du briefing ou au cours de la mission. Il faudra notamment protéger une unité en particulier (troupe du génie ou officier gradé), escorter une escouade d'un point à autre ou encore tenir une position. C'est toutefois peine perdue et on pourrait se demander comment il pourrait en être autrement quand l'écran de statistiques oscille entre 1000 et 2000 insectes liquidés par mission. Un élément on ne peut plus négligé qui devient même une source d'ennuis lorsque l'on se fait littéralement submerger par un ennemi présent en surnombre. Tout devient alors terriblement confus – agrémentés parfois de problèmes d'affichage – et on ne comprend plus rien à la situation. Les bords de l'écran clignotent en bleu pour signaler que vos ennemis à huit pattes transpercent peu à peu votre armure et généralement, il faudra blaster dans tous les sens en espérant nettoyer la zone et y voir plus clair. Frustrant.
Basic Instinct
Heureusement, la résistance de votre armure n'a plus rien à prouver et cette dernière peut même se régénérer automatiquement (un système repompé sur Halo et qui commence à devenir le standard dans tous les FPS) pour peu que l'on reste tranquille durant quelques instants. On dispose également d'une palette d'armes appréciable et chaque bug s'élimine plus ou moins facilement selon l'équipement adopté. De même, les arachnides possèdent chacun leur talon d'Achille et il faudra par exemple viser la partie nerveuse (au centre) pour se défaire des insectes classiques alors qu'il n'y aura pas d'autres alternatives possibles que de tirer sur la tête d'un char pour s'en débarrasser. Dans le même ordre d'idées, le fusil d'assaut M4 s'annonce comme l'arme idéale contre les "Guerriers", le Mortia MK2 se destine davantage contre les arachnides blindés et le LRM (Lance-Roquettes Multiples) fera fureur sur les imposants bugs plasmas dont la portée de tir n'atteint pas moins les méandres de l'espace. Tout cet arsenal dispose généralement d'une fonction secondaire – il s'agit la plupart du temps d'un lance-grenades – et parfois enclins à la surchauffe. Une jauge permet de mesurer l'évolution de la température et il vaudra mieux tirer par petites saccades contrôlées que faire feu continuellement pour ne pas se trouver dans une situation délicate.
A good bug is a dead bug !
Le lieu de chaque objectif est soigneusement signalé par un indicateur avec une précision au mètre près. Si cet élément est très louable pour se repérer rapidement, il constitue peut-être un des facteurs (avec entres autres une bande sonore assez calamiteuse) qui pénalisent grandement l'immersion du joueur. C'est bien simple, on ne ressent presque rien lors de nos pérégrinations, même pas une once de l'horreur de la guerre. A aucun moment, l'impact des coups portés ne restituent la puissance qui devrait se dégager des armes. On a comme le sentiment de tirer sur des arachnides en caoutchouc. Il y avait pourtant de quoi faire à ce niveau-là, puisque le film de Verhoeven est une pure boucherie en images. Jamais le joueur est mis sous pression et ce, malgré les vagues parfois interminables d'insectes en tout genre. A croire que Strangelite Studios n'a jamais regardé le long-métrage ou même joué à un FPS d'un studio concurrent. Il suffisait tout simplement de détourner le regard vers un Call of Duty par exemple avec ses scènes d'apocalypse, scriptées mais tellement bien mises en scène. Sans non plus être vraiment désagréable dans le fond, Starship Troopers cumule toutefois les défauts. Si techniquement le titre réussit sans peine à faire afficher plusieurs centaines de bestioles à l'écran, on a vite fait de relativiser cette prouesse en voyant la pauvreté des graphismes, le manque de détails des textures, les tronches toutes identiques des personnages, le character design plutôt mal choisi et le nombre de bugs (pas les insectes hein !) à l'écran. Comble de la farce, Starship Troopers se paye même le luxe de ramer sur une machine digne de la NASA et sortie tout droit des magasins de la rue Montgallet. C'est franchement regrettable car le titre disposait d'un bon potentiel et on ressent tout de même une volonté de bien faire. Ainsi, si le doublage manque un peu de conviction, les phrases que s'échangent les soldats sur plusieurs parties ne sont jamais les mêmes. Mais à trop confondre vitesse et précipitation, les développeurs ont inventé un nouveau concept : le patch qui empêche de jouer ! Un conseil : ne pas installer le premier patch si vous souhaitez lancer le jeu ne serait-ce qu'une fois. Heureusement très réactifs, un second patch fraîchement mis en ligne, a permis de recadrer le tir et de corriger les nombreuses imperfections du mode multijoueur, un service auquel il est impossible d'accéder en LAN comme pour les parties en ligne…
Plutôt médiocre, Starship Troopers possède néanmoins quelques atouts que les fans du film pourraient lui pardonner, pour peu qu'ils ne soient pas trop regardants sur la qualité du titre. Ceux-là s'amuseront à dégommer de l'arachnide par centaines, sans jamais réfléchir en se contentant de leurs plus bas instincts. Malheureusement, la sortie de Starship Troopers concorde avec celles de mastodontes tels que FEAR, Call of Duty 2 ou bien encore QUAKE 4 qui ne feront qu'une bouchée de lui. A réserver aux fans purs et durs du long-métrage et aux joueurs tolérants donc, et encore...