Test Star Wars Outlaws : Ubisoft a-t-il réussi à nous envoyer en orbite ? sur PC
16 20
- Visuellement ça tabasse !
- Des décors assez époustouflants
- Immersion totale dans l'univers Star Wars (Akiva, Tatooine OMG)
- Changer de planètes à sa guise
- Un jeu qui invite à l'exploration, au voyage
- Des détails dans tous les sens
- Les combats dans l'espace : une réussite totale !
- Le dernier tiers du jeu où ça se réveille enfin
- Grosse durée de vie (36h pour finir l'aventure principale)
- La B.O. est impeccable
- Un certain caméo particulièrement jouissif
- Une VF de haute volée
- I.A. à l'ouest et très mal équilibrée
- Beaucoup trop d'infiltration (parfois imposée)
- Le magnétisme dans les animations de Kay
- Gunplay pâteux au début (surtout les 10 premières heures)
- Système de progression qui ne récompense pas assez
- Difficile de repérer les points d'intérêt (comme dans Avatar)
- Les 2 mêmes puzzles en boucle
- Histoire pas super emballante
36h, c'est donc le temps qu'il m'a fallu pour arriver au bout de l'aventure proposée par Ubisoft et le studio Massive Entertainment. D'ailleurs, petit aparté, Massive était peut-être le studio lead dans le développement de Star Wars Outlaws, il n'était pas tout seul pour le faire. Comme beaucoup d'autres productions en interne, Ubisoft a mandaté plein d'autres studios pour épauler Massive Entertainment. Ubisoft Shanghai, Ubisoft Bucarest, Ubisoft Milan, Ubisoft Montpellier et j'en passe, ils ont été des dizaines à prêter main forte aux Suédois de Massive pour donner vie à ce Star Wars ambitieux. En effet, dès le départ, l'idée était de faire une grande aventure, une belle épopée comme on n'en pas jamais vu dans l'univers Star Wars en jeu vidéo, et vous allez le voir, sur cet aspect, c'est une très belle réussite. L'univers imaginé par George Lucas est d'une richesse infinie, avec un lore qu'on peut étendre à loisir. Pour cette version made in Ubisoft, le parti-pris a été d'opter pour le point de vue des hors-la-loi, les fameux Outlaws, et donc de proposer une rupture avec les sempiternels Jedi, leur sabre-laser et la Force qui régissent leur existence. Je sais que pour beaucoup, c'est rédhibitoire, pour d'autres comme moi, c'est une véritable bouffée d'air frais. Donc, je vous le confirme après avoir fini entièrement le jeu, vous ne verrez aucun sabre-laser durant l'aventure, et c'est tant mieux.
Dans Star Wars Outlaws, on va donc suivre les pérégrinations de Kay Vess, une hors-la-loi qui est bel et bien une version féminine de Han Solo, aussi bien dans sa représentation que son caractère bien trempé, sans oublier ses armes et le vaisseau qu'elle pilote, ou bien encore son style vestimentaire. Ubisoft n'a d'ailleurs pas manqué de faire quelques références au personnage joué par Harrison Ford, notamment dans sa tenue et dans certaines situations qui l'attendent. Oui, vous apercevrez Han Solo quand vous arriverez chez Jabba, mais il est encore dans son cercueil de carbonite. Je profite de ce moment pour vous confirmer que vous apercevrez d'autres personnages phares du monde de Star Wars en tant que caméo, mais ça n'ira jamais plus loin. C'en est d'ailleurs assez frustrant, surtout un personnage précisément, dont la représentation dans ce Star Wars Outlaws est peut-être l'une des meilleures de la saga, avec une superbe cinématique que j'ai encore en tête. J'en dis pas plus, juste qu'il va falloir vous approchez de la fin du jeu pour savoir de quoi je parle...
A BETTER TOMORROW
Mais revenons à Kay Vess, notre personnage central. Au départ de l'aventure, elle vaque de petits boulots en petits boulots pour gagner sa croûte, jusqu'au jour où l'on va lui proposer de faire le casse du siècle. Pas moins de 157 millions de crédits à récupérer dans un coffre-fort, évidemment qu'elle ne peut passer à côté d'une telle opportunité. En acceptant de participer à ce braquage de l'espace, Kay va aussi croiser la route de nombreuses personnes, plus ou moins importantes, et surtout de faire connaissance avec des factions, appelées "Syndycats du crime" dans le jeu, et qui vont d'ailleurs être au coeur de l'histoire. Rien à voir avec les films de John Woo je vous rassure, ces syndicats criminels sont répartis en quatre factions donc : le Syndicat Pyke, l'Aube écarlate, le Cartel Hutt et enfin le Clan Ashiga.
Kay Vess va donc entrer en contact avec chacun de ces syndicats au cours de son épopée et ce qui est intéressant, c'est qu'elle va pouvoir choisir de préférer protéger les intérêts de l'un ou de l'autre. A plusieurs reprises dans le jeu, vous aurez des décisions à prendre qui vont influer que la suite des événements. On ne sait pas trop si les cinématiques changent véritablement en fonction du clan qu'on favorise (je me suis pas amusé à finir le jeu 2 fois hein), mais in-game, il y a un véritable impact. En fait, chaque planète qu'on va parcourir dispose de territoires et de districts qui sont occupés par ces fameux syndicats. Selon les affinités que vous allez tisser avec telle ou telle faction, vous pourrez circuler ou pas librement dans ces zones surveillées. L'amitié que Kay tisse avec ces réseaux criminels sont répartis en plusieurs niveaux de relation : de Atroce, Mauvais, Médiocre, Bonne ou Excellente. C'est en se chargeant de travailler avec tel ou tel syndicat qui va améliorer ou non vos relations. Tout le contenu annexe et secondaire de l'open world est d'ailleurs centré autour de ces jobs de syndicats du crime. Ça va non seulement permettre de récupérer des objets cosmétiques pour changer le look de Kay, de Nix, de ses véhicules, mais aussi l'ensemble des équipements, sans oublier les améliorations majeures qui vont améliorer le gameplay.
GRAVITÉ ANORMALE
Le gameplay parlons-en, il fait partie des éléments qui donnaient quelques inquiétudes lors des previews, notamment le surplus d'infiltration, un peu daté en plus, le gunplay un peu mollasson et l'inertie de Kay qui donnait l'impression de flotter dans chacun de ses mouvements. Concernant l'infiltration, Julien Gerighty avait promis que les mécaniques de stealth dans Star Wars Outlaws n'était qu'une petite partie du jeu et qu'elle ne constituait en rien le coeur du gameplay. Et bien après avoir fini le jeu, je vous assurer que tout tourne autour de l'infiltration, au point que ça en devient indigeste. Non pas que je déteste le stealth, mais ce n'est pas forcément ce à quoi je m'attendais en lançant ce Star Wars Outlaws. Et c'est d'autant plus vrai dans les 10/15 premières heures de jeu, où l'on assiste à un énorme tuto qui n'en finit pas, avec des missions où l'infiltration est même obligatoire, sous peine de finir en game over, vous poussant du coup à refaire entièrement la séquence. D'ailleurs, les points de sauvegarde automatiques sont à revoir totalement dans le jeu. Elles sont mal placées et surtout en totale inadéquation avec le jeu mainstream, grand public que veut être Star Wars Outlaws. Alors pourquoi ces sursauts de difficulté qui pousse le joueur, même expérimenté à rager devant son téléviseur ? Tout simplement parce qu'on est dans le même cas de figure que Avatar Frontiers of Pandora il y a 8 mois. D'ailleurs, Star Wars Outlaws partage énormément de choses avec Avatar qui est le précédent jeu du même studio.
En fait, l'intelligence artificielle des ennemis dans Star Wars Outlaws est tellement à côté de ses pompes et surtout inefficace au possible que les développeurs ont poussé la difficulté au maximum pour compenser son laxisme total. Il n'est pas rare d'assommer un soldat à même pas 1 mètre de son coéquipier, de faire sauter des barils d'explosif sans que les ennemis situés dans la zone à 20 mètres n'entendent strictement rien. C'est là qu'on voit les limites dans leur zones d'alerte et si vous voules un tuyau pour réussir vos attaques sournoises à tous les coups, sachez que les ennemis sont aveugles et sourds sur chacun de leur côté. C'est absurde et ça donne des situations souvent ubuesques, pour ne pas dire ridicules... L'IA est donc pas au point, mais dès lors que l'alerte est donnée, les ennemis deviennent non seulement des snipers one-shot qui vous canardent sans relâche, mais en plus vous n'êtes pas aidé par la mollesse du gunplay, le système de gunfight. Et d'ailleurs, il va vous paraître désuet au début de l'aventure, avec ce feeling un peu pâteux qui faît tache pour un jeu qui se focalise sur les gunfights avec blaster, mais qui s'améliore au fur et à mesure qu'on avance dans l'aventure, ou alors c'est parce qu'on s'y est habitué, allez savoir... C'est tellement mou et frustrant que parfois c'est bien plus efficace d'aller se fight au corps-à-corps car en 3 patates dans la gueule, les ennemis plient généralement, enfin sauf les plus costauds ou les robots qui sont invulnérables aux coups de poings.
GEARS OF REDEMPTION : VESS FORTUNE
Toujours est-il qu'au début, le blaster de Kay est archi basique avec un seul tir qui est ni puissant ni précis. Mais tout cela, il va falloir l'améliorer, en trouvant des capacités dans l'open world pour monter en gamme. Entre le second tir ionique, le tir puissant chargé, et les autres options comme les fumigènes qui permettent de brouiller la vue des ennemis, les choses s'améliorent, mais toujours de manière un peu poussive et surtout, ça met trop de temps à arriver. C'est d'ailleurs l'un des gros reproches qu'on puisse faire à Star Wars Outlaws, c'est sa progression assez frustrante. Je l'avais déjà évoqué dans ma preview, mais les développeurs de Massive ont opté pour un système différent dans la progression de Kay. Que ce soit ses tenues, les améliorations de son blaster, de sa moto ou de son vaisseau, il n'y a pas d'arbre de compétences avec des points d'XP à cumuler puis échanger en faisant évoluer ses capacités. Là, il va falloir rendre service à des personnes dans l'open world qui vont vous permettre de trouver des éléments qu'on va ensuite pouvoir greffer aux armes et véhicules pour les faire évoluer. Sur le papier, c'est fort intéressant, en pratique, ça l'est beaucoup moins, surtout qu'une bonne partie de ces updates se trouvent dans les missions annexes. Alors bien sûr, les améliorations obligatoires nécessaires au bon avancement de l'histoire se débloquent dans les missions principales, mais si on veut faire de Kay un personnage plus performant, même dans ses déplacements, va falloir chercher dans les quêtes secondaires. Oui, c'est bien quelque part, car ça pousse le joueur à faire le jeu de la meilleure des façons, c'est-à-dire de la quête principale et des missions secondaires, mais je trouve que l'équilibre n'y est pas.
La transition est toute trouvée, puisqu'en parlant d'équilibre, Kay Vess vacille souvent dans ses mouvements et ses animations. On a parlé de gameplay flottant, avec cette inertie et ce magnétisme qui caractérise le personnage de Star Wars Outlaws, et c'est vrai qu'il y a un souci dans la gestion des sauts, de l'escalade et même de l'interaction entre Kay et les environnements. Les sauts de Kay sont super bizarres, donnent le sentiment qu'elle plane légèrement, comme si elle se déplaçait sur la Lune avec une gravité plus légère. De même, lors des nombreuses séquences d'escalade, vous allez vous retrouver avec un personnage qui a du mal à répondre, qui manque de réactivité, qui va trop au bout de ses animations. Par exemple, quand Kay Vess, il faut attendre la fin de sa glissage pour se relever ou se cacher. Même la recharge à la Gears of War, qui permet de faire refroidir son blaster pour rapidement, et le fameux Dead Eye repiqué de Red Dead Redemption manquent eux aussi de réactivité et de dynamisme, et autant vous dire que lors de certaines batailles, ça devient problématique.
Autre point qui m'a bien énervé aussi dans le jeu, ce sont les puzzles. Il n'y en a littéralement que deux dans toute l'aventure. Il y a ce système de crochetage qui est pas mal et qui se base sur un tempo qu'il faut reproduire à l'identique pour déverrouiller une porte ou un coffre, et ces ordinateurs à pirater. En gros, il faut placer des symboles dans le bon ordre, sachant que c'est toujours au petit bonheur la chance. Il n'y a pas de sens logique, ou alors j'ai rien compris, mais je peux vous garantir que se taper ces 2 seuls puzzles pendant 36h, y a de quoi devenir chèvre. Enfin, concernant l'histoire, rien de bien passionnant. Massive a repris un peu les poncifs des scénarii habituels de Star Wars, avec des factions bien distinctes qui se font la guerre et qui n'arrêtent pas de se prendre en traite. Il y a bien une tentative d'essayer d'aller plus en profondeur dans le passé de Kay, mais c'est survolé en fait. Il manque de moments forts dans cette histoire de Kay Vess, tout comme l'absence de boss. Y en a qu'un seul dans le jeu et franchement, y avait matière à en faire davantage.
BEAUTÉ & IMMERSION TOTALE
Bref, vous l'avez compris, beaucoup de frustration se dégage de ce Star Wars Outlaws, mais ce serait malhonnête de ne pas lui louer ses qualités, celles qui font que in fine, on a quand même bien aimé cette aventure inédite. A commencer par son immersion qui est absolument totale. Entre la richesse de ses décors, la variété des biomes qu'il propose et cette possibilité folle de voyager de planète en planète, jamais l'univers de Star Wars n'aura été aussi dépaysante. Si on démarre sur Toshara qui est déjà une planète suffisamment grande pour y passer de nombreuses heures, au bout d'une dizaine d'heures de jeu, le reste des autres planètes s'ouvrent à vous. Akiva par exemple qui est l'une des mes endroits préférés dans le jeu et qui donne l'impression de se retrouver sur Pandora à certains moments. La flore est dense, colorée, on navigue entre jungle épaisse, marécages boueux et grand lac qui donnent droit à des paysages saisissants, surtout quand on parcourt ses espaces avec son speeder à qui on a octroyé l'hydrorépulseur. Une planète très humide où il pleut souvent et qui permet de changer d'atmosphère en un rien de temps. De toutes les façons, avec le changement météo et le cycle jour/nuit en temps réel, c'est un vrai régal.
Et que dire de Tatooine... Quand on atterrit pour la première fois sur la planète la plus célèbre de l'univers Star Wars, difficile de ne pas avoir quelques frissons. Alors il est vrai que sur Tatooine, c'est beaucoup plus vide, mais c'est le lieu qui veut ça, mais l'immersion est aussi palpable. Parcourir son désert, les deux soleils à l'horizon, ça m'a rappeler un peu les bons moments passés sur le jeu Mad Max d'Avalanche Studios. Il n'y a finalement que Kijimi qui est assez décevante, parce qu'il ne s'agit pas d'une véritable planète, mais d'une ville simplement. C'est dommage, car avec un environnement neigeux, ça aurait été un bon moyen de se refaire des séquences façon l'Empire contre-attaque. Je vous avoue que j'ai été un peu frustré. Il n'y a donc que 3 planètes et demi donc, vu que Kijimi n'est qu'une ville et non 5 comme on a pu l'entendre lors des previews, mais le jeu ne néglige pas pour autant les espaces intérieurs. Il y en a énormément et ça permet de compenser, en attendant peut-être des mises à jours scénaristiques qui donneront lieu à d'autres planètes, qui sait ?
SPACE COW BOY
Et comme vous le savez, pour changer de planète, il faut se rendre dans l'espace, qui est une zone que Massive n'a pas négligé. On peut non seulement s'y balader, dénicher des trésors perdus, mais aussi participer à des affrontements souvent épiques. Non seulement dans l'espace c'est beau à regarder, mais c'est souvent épique, avec un système de shoot super bien troussé, qui prouve que Massive n'a pas pris que de mauvaises décisions. Cerise sur le gateau, mis à part quelques séquences obligatoires, les combats spatiaux sont jamais obligatoires, et il est possible de les esquiver pour se rendre directement sur la planète souhaitée. Dans tous les cas, le test confirme la beauté de ce Star Wars Outlaws, riche dans sans environnements, dans ses détails, dans ses couleurs, vous allez en prendre plein les yeux, même sur consoles, même s'il faut bien admettre qu'il y a une différence entre la version PC qui est absolument dingo et plus fine que le jeu sur PS5 qui est certes très beau aussi, mais moins que sur PC. Mais ça, on a l'habitude. Un petit mot aussi sur la musique du jeu, parfaitement composée par Wilbert Roget II qui a fait un excellent travail. Non seulement il est resté dans les thèmes de Star Wars, mais en plus il a su accompagner chaque moment avec la bonne tonalité.