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S'il est un peu difficile de conseiller l'achat de Call of Pripyat à ceux qui ne connaîtraient pas encore la série S.T.A.L.K.E.R, les fans peuvent en revanche se ruer dessus dès sa sortie. L'ambiance est toujours aussi captivante et, contrairement à ses prédécesseurs, le titre ne soufre d'aucun bug majeur. Pour une fois, il ne sera pas nécessaire d'attendre plusieurs semaines la sortie d'un patch salvateur avant de pouvoir profiter pleinement de l'aventure ! Un peu plus axé sur l'exploration et un peu moins focalisé sur les échanges de coups de feu, le jeu creuse la voie de ce que pourrait être un futur S.T.A.L.K.E.R. 2, et surpasse d'ores et déjà Fallout 3 sur le terrain du FPS/RPG post-apocalyptique.
- Quêtes scénarisées
- Interface escamotable
- Beaucoup moins buggué que ses prédécesseurs
- Cinématique d'intro ratée
- Pas fait pour les nouveaux venus
- Le moteur graphique commence à dater
Même si certains grincheux restent désespérément insensibles aux charmes de la survie en milieu hostile et radioactif, il faudrait être de mauvaise foi pour nier les innombrables qualités du S.T.A.L.K.E.R original. Après une première extension en forme de préquelle, la série se dote d'un dernier volet, qui apporte quelques éclaircissements supplémentaires sur l'univers du jeu, prolonge efficacement l'aventure et se débarrasse des problèmes techniques qui ternissaient jusqu'ici la renommée de la licence.
Puisque Call of Pripyat est une extension qui a le bon goût d'être autonome et de ne pas nécessiter l'achat préalable de S.T.A.L.K.E.R., rappelons brièvement les grands principes de la série. L'action se déroule en 2012, aux abords de Chernobyl. Depuis la catastrophe du 26 avril 1986, les lieux ont été investis par de nombreux chasseurs de trésors, à la recherche d'artefacts aux mystérieux pouvoirs. Une vie loin d'être reposante puisque ces stalkers doivent sans cesse lutter contre les bandits, les animaux mutants et même certains de leur collègues. Pour le joueur, l'action prend la forme d'un FPS mâtiné de nombreuses caractéristiques héritées des RPG. Il faut résoudre des dizaines de quêtes, dialoguer avec un maximum de personnages, gérer finement un inventaire très détaillé et opérer par moments des choix draconiens, qui influent directement sur la suite des évènements et peuvent même décider de quelle manière le jeu se terminera. Call of Pripyat prend d'ailleurs comme point de départ l'une des sept fins de S.T.A.L.K.E.R. et en prolonge tout naturellement le scénario. La nouvelle histoire tourne autour de la disparition brutale de cinq hélicoptères, précédemment envoyés par le gouvernement jusqu'à la centrale maudite. Vous incarnez l'agent militaire Alexander Degtyarev, infiltré parmi les stalkers pour enquêter directement sur le terrain. La cinématique d'intro qui nous précise cela ne constitue pas vraiment une bonne entrée en matière, car elle se contente de faire défiler quelques images fixes sous-titrées. On aurait apprécié une mise en bouche plus dynamique et plus engageante.
Vous avez la carte du club ?
Heureusement, l'immersion reprend très rapidement ses droits puisqu'on se retrouve débarqué en pleine nature, un fusil et deux semaines de provisions pour seuls compagnons. Il n'y a plus qu'à tenter d'approcher le groupe de stalkers le plus proche ! Les habitués de la série apprécieront de se retrouver instantanément plongés dans le grand bain, mais les novices risquent de peiner un peu. Pas de didacticiel pour vous expliquer clairement à quoi servent les boulons ou comment utiliser le détecteur d'anomalies par exemple. Des efforts d'accessibilité ont pourtant été faits puisque le jeu se dote d'une nouvelle interface qui offre quelques raccourcis vers les medikits et autres soins d'urgence. Il faut bien cela pour survivre aux blessures, radiations et autres plaisirs de la vie quotidienne à Chernobyl ! Cependant, les puristes aux tendances masochistes pourront désactiver cet affichage, afin de mieux respecter l'isolement et l'oppression du survivant. Quant aux nouveaux venus, ils feraient tout de même bien de terminer STALKER, et éventuellement Clear Sky, avant d'aller plus loin. Bien que vendue à prix modique, la nouvelle extension reste plus chère que les deux titres qui l'ont précédée, aujourd'hui disponibles en gamme budget. Et les bugs qui les affectaient à leur sortie ont été corrigés par de nombreux patchs. A ce propos, signalons une nouvelle importante, capable d'arracher un sourire aux plus grincheux d'entre nous : Call of Pripyat fonctionne parfaitement bien "out of the box" et peut se terminer d'une traite sans que l'on rencontre de problème majeur.
Le jeu fait d'ailleurs la part belle à l'aventure et à l'exploration, quitte à reléguer au second plan les tout de même incontournables séquences de combat. Cette orientation un peu plus rôliste se voit confirmée par la présence d'une fonction de sommeil [...] et de nombreuses quêtes habilement scénarisées."
Cette quasi-absence de bugs (il en reste forcément quelques-uns, production d'Europe de l'est oblige) permet d'apprécier plus sereinement la fabuleuse ambiance du jeu et l'architecture des niveaux, aussi séduisantes et crédibles l'une que l'autre. Déambuler dans des plaines désertées, se frayer un chemin dans des ruines battues par la pluie et le vent, visiter des usines abandonnées ou des bateaux échoués et transformés en repaires, admirer la luminosité du crépuscule ou l'orage en cours avant de courir se réfugier vers l'abri le plus proche car une émission cataclysmique se prépare, ça n'a pas de prix ! Le jeu fait d'ailleurs la part belle à l'aventure et à l'exploration, quitte à reléguer au second plan les tout de même incontournables séquences de combat. Cette orientation un peu plus rôliste se voit confirmée par la présence d'une fonction de sommeil (attention à la fringale au réveil) et de nombreuses quêtes habilement scénarisées. Ici, les "rapporte-moi dix peaux de loups et va tuer douze bandits et demi" sont l'exception et non la règle. Nous ne sommes pas dans un vulgaire MMORPG. Digne de louanges à bien des égards, le jeu accuse tout de même son âge d'un point de vue purement graphique. Le moteur 3D a pourtant été remis au goût du jour puisqu'il est l'un des premiers à être compatibles avec les nouvelles cartes graphiques DirectX 11. Mais la différence ne saute pas aux yeux et certains choix techniques opérés lors du développement de l'arlésienne STALKER (sorti en 2007 et annoncé en 2001 !) font aujourd'hui un peu tache. On pense notamment à certains éléments de végétation un peu trop manifestement composés de sprites 2D. Rien de rédhibitoire heureusement car, en pratique, l'ambiance générale est suffisamment prenante pour qu'on oublie totalement ce genre de détails.