Test Sly 3

Comme tous les grands voleurs de ce monde, Sly Cooper aiment parfois prendre du bon temps, se la couler douce les doigts de pied en éventail sur une plage au sable chaud, sirotant une noix de coco bien fraîche si possible. Hormis l’appât du gain, le "métier" de voleur professionnel a généralement pour finalité de mener une vie de rêve sous les Tropiques. Toutefois, leur passé les rattrape toujours et cette fois encore nos trois voleurs vont devoir s’unir à nouveau pour récupérer un bien estimable, il y va de l’honneur de la famille Cooper, voleur de génération en génération. Tout commence sur les chapeaux de roue d’ailleurs. Les présentations avec les personnages étant acquises, on prend en main notre ragondin bleu sans aucun accroc. Petite nouveauté qui saute aux yeux : l’attaque chargée avec le bouton Triangle a quelque peu changé mais reste dans le fond le même. Après avoir joué les funambules sur les toits d’une forteresse hautement surveillée, voilà notre raton laveur en face d’un Boss d’une envergure impressionnante et surtout jamais vue dans un jeu Sly ! Très vite, on se rend compte que notre Arsène Lupin du jeu vidéo ne peut rien face aux attaques dévastatrices de cette créature sur deux pattes. Et pour cause, c’est ainsi que l’histoire de Sly 3 est faite et la défaite annoncée face à ce géant enclenche un flashback historique inattendu.

Chroniques d'un voleur

La mise en scène et le déroulement de l’histoire dans les jeux Sly ont toujours bénéficié d’un soin tout particulier. Il faut dire que le doublage, qu’il soit en anglais ou en français, fait partie des meilleurs entendus dans un jeu vidéo. La narration est ainsi merveilleusement portée à l’écran, comme toutes ces images sorties tout droit d’une bande dessinée. De ce point de vue-là, Sly 3 ne fait à aucun moment faux bond à la réputation de maître de la série qui signe-là une œuvre presque maîtresse. C’est donc avec un certain plaisir que l’on découvre comment Bentley se retrouve en fauteuil roulant ou bien encore pourquoi l’ami Murray vénère au plus haut point un gourou qui lui a ouvert la voie de l’esprit. Tout ceci n’a pas été écrit pour les pigeons puisqu’il a l’intelligence de servir le gameplay du jeu. C’est ainsi que les deux compagnons de Sly disposent de mouvements inédits, bien souvent utiles pour passer certaines épreuves. Toujours dans le même esprit que les précédents épisodes, Sly 3 enchaîne les variétés de jeu. Tantôt action, tantôt plate-forme, d’autres phases permettent de jouer les Sam Fisher, l’infiltration étant moins poussée à l’extrême. Toujours est-il qu’il faudra rester en alerte pour ne pas éveiller les soupçons des ennemis.

Ca tourne en rond

Seulement voilà, au bout de quelques heures de jeu, il se dégage comme un effluve de senteurs communes, un air de déjà-vu qui pourrait bien interloquer le Neo de Matrix. Des environnements ouverts certes mais qui restent finalement très limitées en nous demandant pour la plupart du temps de se rendre d’un point à un autre, parfois sans trop de cohérence. En effet, Sly 3 se contente uniquement de reprendre des passages qui étaient à cette époque inédits dans Sly 2 : Association de Voleurs, sans y apporter une quelconque retouche ou amélioration. Les phases de chant avec Bentley par exemple, nous demandent de répéter les notes émises par Octavio, ce génie incompris, pour l’égaler dans son concerto en mi majeur. Une séquence reprise de la scène de danse où Sly devait impressionner Carmelita en enchaînant les pas de danse. Bien évidemment, on prend toujours un certain plaisir à jouer ces épreuves amusantes mais elles ont tendance à s’éterniser, d’autant plus que la difficulté de l’exercice est plus qu’enfantine puisqu’il suffit d’appuyer sur le bouton X les trois-quarts du temps sans se soucier du tempo.

Heureusement, Sly 3 apporte sa part (minime) de nouveautés comme ces niveaux spécialement conçus pour jouer en 3D (en enfilant des lunettes prévues à cet effet) mais ces derniers font davantage figure de gadget tant le résultat est peu convaincant. On pourra alors se tourner vers les phases aux commandes de véhicules (bateaux, tank et avion) qui permettent de varier les plaisirs ou bien encore la possibilité d’incarner des personnages tiers, autres que Bentley et Murray. Là encore, l’intérêt de jouer ces protagonistes est faible et se limite à deux ou trois mouvements sur une période bien trop courte. Reste alors le mode deux joueurs qui propose divers mini-jeux en écran splitté comme des combats aériens ou bien encore des courses-poursuites dans la ville. Une fois de plus, l’intérêt a bien du mal à s’envoler car pour ce type d’épreuves, d’autres jeux le font de manière bien plus satisfaisante. Cela est une preuve flagrante que le rythme effréné imposé par Sony Computer Entertainment (à raison d’un épisode par an) empêche Sucker Punch à proposer de véritables nouveautés. C’est dommage car dans le fond, Sly 3 reste un jeu fort sympathique.