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Amis rôlistes, si jamais l'envie vous prend de toucher à Skyrim, dites adieu à toute vie sociale pour les semaines à venir ! Car essayer le nouveau The Elder Scrolls c'est l'adopter pour un bon bout de temps. Riche de dizaines de moments épiques, de centaines de quêtes et de milles petites choses à faire, le jeu de Bethesda ne fait pas vraiment dans la demi-mesure. Mais cela, on s'y attendait. En revanche, on ne peut qu'être agréablement surpris par la force de l'univers représenté et l'envoûtement qu'il engendre. Les superbes paysages enneigés et les somptueuses musiques ne sont pas pour rien dans cette réussite que l'on pourrait qualifier de quasi totale. Car évidemment, un monde aussi complet et ouvert ne va pas sans son lot de petites incohérences, voire de bugs. Sans oublier l'interface, perfectible sur consoles et totalement inadaptée au PC. De sérieux défauts dans l'absolu... qui se révèlent finalement négligeables par rapport à l'immense pouvoir de séduction du jeu. Incontournable !
Retrouvez plus bas la suite de notre test de The Elder Scrolls V : Skyrim
- Artistiquement très réussi
- Un monde riche et crédible
- Des quêtes par centaines
- Des musiques superbes
- Interface largement perfectible
- Animations encore raides
- Les bugs et incohérences
- Voix françaises moyennes
Attendu comme le messie par certains, et au tournant par d'autres, Skyrim porte une sacrée responsabilité en tant que nouveau représentant de la mythique série des Elder Scrolls. Les vieillards qui ont découvert les deux premiers épisodes au siècle dernier ne s'en sont toujours pas remis. Les petits jeunes qui ont parcouru Morrowind et Oblivion dans les années 2000 ont trop kiffé leur race. Et tous se retrouvent aujourd'hui réunis pour accueillir ce cinquième volet. Bonne nouvelle : c'est un très, très grand cru !
Mais si Skyrim est un véritable rêve de joueur, il s'agit également d'un cauchemar pour les testeurs. Il est en effet totalement impossible de résumer l'ensemble du scénario ou des fonctionnalités du jeu dans un texte de taille raisonnable. Il serait d'ailleurs assez malvenu de le faire car une grande partie du plaisir que l'on ressent provient de l'effet de surprise et de découverte. On se contentera donc du pitch de base : vous incarnez un "enfant de dragon", capable d'absorber l'âme de ces mythiques créatures afin d'obtenir des pouvoirs qui se matérialisent sous forme de cris. Au début de l'aventure, vous n'avez toutefois pas conscience de cela et n'êtes qu'un pauvre prisonnier, sur le point d'être décapité par les soldats de l'Empire. Avant qu'un événement inattendu ne vienne à votre secours, il vous faut choisir votre apparence physique et votre race. On en dénombre dix, allant des reptiliens Argoniens aux robustes Rougegardes, en passant plus particulièrement par les Nordiques. Car l'action, qui prend place 200 ans après les évènements décrits dans Oblivion, se déroule dans la province de Skyrim (Bordeciel en français), située au nord de Tamriel. Ce positionnement géographique constitue d'ailleurs l'un des points forts du jeu. L'ambiance viking ne peut que séduire le joueur en mal de dépaysement, tandis que les montagnes enneigées constituent des décors plutôt impressionnants. De plus, la direction artistique se montre toujours de haute volée. On est bien loin de la génération aléatoire de terrains, façon Arena ou Daggerfall. Oubliez toute sensation de monotonie et faites place à des paysages superbes, des environnements crédibles, des villes animées et un souci du détail permanent (saumons qui remontent les cours d'eau, papillons qui volètent et qu'on peut attraper, livres qui donnent des indices sur l'univers que l'on parcourt...). Tous les lieux ont une âme et forment au final un monde vivant et cohérent, dans lequel on plonge avec délice. Il faut dire que nous avons affaire à un véritable jeu de rôles, qui ne lorgne pas de manière excessive vers l'action immédiate. Ici, aucun point d'exclamation improbable ne flotte au dessus des donneurs de quêtes, qui peuvent d'ailleurs se dissimuler parmi la plèbe. Discuter sans raison particulière avec un quidam est parfois récompensé par une quête, pas toujours anecdotique qui plus est. Quant à celui qui voudrait s'éloigner de la quête principale et partir à l'aventure en suivant simplement son instinct, il multipliera les rencontres aussi impromptues qu'intéressantes, et la découverte de donjons généralement bien ficelés.
Donjons et dragons
L'exploration est donc toujours récompensée, y compris visuellement. Même si le moteur graphique n'est pas toujours à la pointe de la technologie (certaines textures sont assez disgracieuses de près), il reste suffisant pour afficher de très belles choses la plupart du temps. Se balader au clair de lune, subir une tempête de neige, admirer les aurores boréales sont des "activités" qui se suffisent parfois à elles-mêmes tellement le charme agit. Le capital séduction du jeu tient également à ce qu'il nous murmure à l'oreille. Nous ne parlons pas des voix françaises qui, ô surprise, sont d'une qualité médiocre, mais bel et bien de la musique, absolument somptueuse. Les envolées lyriques soulignent parfaitement les moments les plus épiques, qui sont d'ailleurs relativement nombreux puisque les quêtes se comptent par centaines, voire milliers, assurant une durée de vie énorme. Il suffit d'ailleurs de jeter un œil aux compétences accessibles au héros pour être aussitôt convaincu de la très grande richesse du jeu. Il n'y a pas moins de 18 écoles différentes, qui dissimulent chacune un arbre de talents particulier, certains de ces talents étant même améliorables sur plusieurs niveaux. Aucun doute possible : il va falloir faire des choix et se spécialiser ! Pour cela, The Elder Scrolls V : Skyrim reste fidèle à la tradition des Elder Scrolls en proposant un système de progression naturel, basé sur l'utilisation réelles des compétences. Plus vous utilisez une arme à deux mains, plus votre expérience dans ce domaine augmente. Plus vous crochetez de serrures, moins vous briserez d'outils. Plus vous créerez de potions, plus vous pourrez dépenser de points en alchimie. Bref, au propre comme au figuré, c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Bon point également pour la gestion de l'ambidextrie, qui autorise les combinaisons les plus jouissives (le classique duo hache et bouclier, un sort de soin dans une main et une épée dans une autre, ou bien encore une combinaison de deux sorts offensifs pour une efficacité maximale).
Tous les lieux ont une âme et forment au final un monde vivant et cohérent, dans lequel on plonge avec délice. Il faut dire que nous avons affaire à un véritable jeu de rôles, qui ne lorgne pas de manière excessive vers l'action immédiate."
On pourrait passer des heures à louer les qualités de Skyrim, mais il ne faudrait tout de même pas oublier de pointer du doigt ses quelques défauts. La plupart sont d'ailleurs typiques des jeux de rôle signés Bethesda Softworks. A commencer par des animations de personnages un peu trop raides. Des progrès ont été faits par rapport aux volets précédents, mais on reste tout de même en-deçà des standards actuels. En associant un monde ouvert et une grande liberté d'action laissée au joueur, il est également difficile d'échapper à quelques bugs et incohérences. Evitez par exemple de blesser un poulet, ou c'est tout un village qui vous courra après pour vous faire la peau. A contrario, on peut parfois se rendre chez les habitants pour les dépouiller de leurs biens sans qu'ils ne bronchent. Et parfois non, rien n'est jamais constant quand on aborde le chapitre des réactions de l'IA. Heureusement, il n'y a rien de catastrophique dans tout ça et on peut même considérer Skyrim comme étant le moins buggué des Elder Scrolls à ce jour. En revanche, impossible de rester clément face aux lacunes de l'interface. Sur consoles, ça passe encore, malgré quelques raccourcis manquants. Mais sur PC, c'est une véritable honte. Rien n'a été vraiment adapté pour le couple clavier/souris, les commandes sont parfois incohérentes, tout n'est pas parfaitement documenté, et même le simple fait de placer un sort, une potion ou une arme sur un raccourci clavier s'avère inutilement compliqué. On finit par s'y faire (ou par brancher une manette puisque l'interface a été très clairement pensée dans cette optique) mais cela reste bien triste pour une série qui a vu le jour et connu le succès sur PC. Pourtant, au final on n'en tient pas vraiment rigueur au jeu, tant l'aventure se montre captivante. A tel point qu'on ne voit pas les heures passer, et qu'on y pense dès qu'on est obligé de faire autre chose. Et ça, c'est le signe des grands jeux !
TEST VIDÉO THE ELDER SCROLLS : SKYRIM