Test également disponible sur : PC - X360 - PS3

Test Silent Hill : Homecoming sur X360

Test Silent Hill : Homecoming
La Note
note Silent Hill : Homecoming 14 20

Placée dans les mains du studio américain Double Helix, la saga Silent Hill trouve une nouvelle direction, de nouvelles idées et un nouveau rythme qui ne vont pas plaire à tout le monde. Mais en tentant cette ouverture, Silent Hill : Homecoming montre que la saga peut évoluer sans trahir sa base. Nécessitant encore quelques réglages, première tentative oblige, ce changement de cap n'a pas à rougir de son passif, loin s'en faut. Proposant un scénario de qualité, une ambiance fabuleuse et une bande-son prenante, il ne restait plus à Silent Hill : Homecoming qu'à trouver une vraie identité et un équilibre. Surement lors de la prochaine visite à Silent Hill.


Les plus
  • Une direction artistique de haut niveau
  • Une bande-son fantastique
  • L'ambiance toujours aussi éprouvante
  • Un scénario prenant et malin
  • La galerie de personnages
  • Le système de combat plus souple...
Les moins
  • ...mais déséquilibré
  • Un réglage général perfectible
  • Assez faible graphiquement
  • Une première partie souvent terne


Le Test

Tombé en disgrâce avant même sa sortie à cause de son transfert de développement (privilégiant le studio américain Double Helix à l'habituelle fabrication interne dans les locaux de Konami Japon),  Silent Hill : Homecoming vit des jours difficiles outre-Atlantique. C'est donc dans cette ambiance de doute et d'effroi que nous arrive le cinquième opus (sans compter le spin-off Origins) de la saga, titillant le malsain avec maestria. Mais cette atmosphère d'inquiétude, ces questions sans réponse, ce chaos généralisé, ne sont-ils pas les meilleurs émissaires d'un titre qui manie la peur comme une arme de poing ?


Se déroulant en 1991, soit quelques années avant les événements de Silent Hill 2, Silent Hill : Homecoming met en place un nouveau personnage répondant au nom d'Alex Sheperd, militaire retiré du champ de bataille après avoir été blessé au combat. Revenant rendre visite à sa famille après plusieurs années d'absence, il découvre son village natal, Sheperd's Glen, en proie à de troublantes métamorphoses. Les rues sont désertes, un épais brouillard masque les moindres recoins de la ville et les avis de disparitions se multiplient. Pensant trouver du réconfort dans la maison familiale, Alex retrouve une mère catatonique, un père absent et un frère disparu. C'est d'ailleurs cette disparition, ressenti dans un cauchemar terrifiant qui le pousse inconsciemment à revenir dans ces lieux qui lui sont chers. Bien entendu, ce n'est que le début d'une descente aux enfers qui l'amènera dans les griffes mornes et décrépies de Silent Hill.

 

Violent Hill

 

En quatre ans, Silent Hill a bien changé. Reprenant en effet les bases du gameplay de la saga, notamment au niveau des déplacements ou de l'obligation de maintenir une touche de "mise en combat" avant de pouvoir attaquer un opposant, Silent Hill : Homecoming se veut nettement plus souple dans les phases d'action. Sans lorgner du côté d'une renaissance, à l'image d'un Resident Evil 4 abandonnant de manière quasi totale ses origines de survival-horror, le titre de Konami tente de rajeunir un tantinet ses mécanismes, en accord avec son propos. Appartenant au corps des Marines, Alex Sherped est donc beaucoup plus à l'aise dans le maniement des armes et surtout de l'esquive. Car là est la véritable évolution de ce Silent Hill. Basé sur un système de combinaisons d'attaques fortes et faibles, aboutissant avec un peu de maîtrise à des exécutions spéciales permettant de mettre rapidement un ennemi hors d'état de nuire, le gameplay nécessite une attention assez inédite dans la saga. Effectivement, le timing doit être précis sous peine de subir des contre-attaques on ne peut plus violentes des créatures belliqueuses et vives des rues de Sheperd's Glen. Dans le même ordre d'idées, vous devez également apprendre à jouer des hanches avec un système d'esquive peu permissif, vous obligeant à anticiper les coups de vos adversaires. L'apprentissage des routines de ces derniers peut prendre un temps non négligeable et demande une concentration intense durant les premières rixes avec chaque nouveau type de monstre. D'autant que si les premiers n'opposent qu'une résistance relative, vous serez vite confronté à des antagonistes bien plus coriaces qui vous obligeront à revenir aux fondamentaux, c'est-à-dire la fuite.

 

Car malgré ses faux-airs de Silent Hill sauce Resident Evil 4, Silent Hill : Homecoming repose avant tout sur la recherche et l'investigation."

 

Une activité qui sera bien souvent salutaire tant les munitions et trousses de soin se font rares, notamment dans la première partie du soft. Car malgré ses faux-airs de Silent Hill sauce Resident Evil 4, Silent Hill : Homecoming repose avant tout sur la recherche et l'investigation. Doté d'une difficulté parfois acide, le titre de Konami n'est pas de ceux que l'on peut espérer parcourir en alignant les confrontations et en se laissant guider par la main. Ici, l'âpreté de l'aventure dépend dans une grande mesure de votre implication. Malgré son envergure réduite, la ville de Sheperd's Glen devient vite labyrinthique, même plan en main et il est réellement complexe d'y dénicher de précieuses balles de pistolet ou autres objets propices à la survie. Une survie au cœur du gameplay qui, même plus axé "action", ne se substituera jamais à la crainte ni même à l'angoisse de voir surgir un Schism au détour d'une ruelle, lors de ces nombreuses périodes de pénurie de munitions. Silent Hill : Homecoming n'est pas un third person shooter, loin s'en faut. Car ici, la peur ne vient pas du surnombre, mais du manque, de la notion d'impuissance face à un univers hostile. Certes, le tout est enrobé dans des mécaniques moins contraignantes, mais qui amènent un plaisir de jeu plus accessible sans tomber dans la facilité outrancière. Une ouverture dans un monde ténébreux. Malheureusement, première oblige, cette bonne intention souffre de quelques défauts de réglages, comme la lenteur dommageable des déplacements d'Alex, qui ne serait pas un mal en soi si les ennemis n'étaient pas réglés pour agir comme face à un homme surarmé. Il n'est pas rare de se retrouver pris au dépourvu par cet étonnant manque de vivacité, reliquat un peu forcé des épisodes antérieurs. De même et sans doute pour contrebalancer l'accessibilité inédite du gameplay, les ennemis ont la mauvaise habitude de revenir sans cesse si une condition n'a pas été remplie. Une manière archaïque de procéder qui peut poser de réels problèmes lors de certains passages. C'est pourtant dans cette ambiance d'indécision un peu dérangeante que Silent Hill : Homecoming se révèle.

 

La Grande Muette

 

Graphiquement plutôt faible, effets de lumière mis à part, ce qui en soit n'arrange pas vraiment son profil pour faire les yeux doux au public, Silent Hill : Homecoming balaie ce défaut d'un revers de la main en mettant en place une atmosphère et des trouvailles visuelles extrêmement immersives. Reprenant la modification de l'environnement en temps réel lors du passage de la "réalité" à Silent Hill, initié dans le film de Christophe Gans, le soft de Konami parvient à sublimer son manque de moyens évident par ce genre de pirouettes graphiques très réussies. De même, la direction artistique est d'une grande qualité, infligeant au joueur des tableaux morbides à l'inquiétante beauté, parfois mélanges improbables d'organique et de métal rouillé, souvent des relectures anxiogènes de lieux habituels. Mention spéciale à la classique Descente aux Enfers, sorte de plongée dans les boyaux métalliques de la ville maudite où seuls l'ocre et le souffre colorent l'écran. La force de ce  Silent Hill : Homecoming réside ici, tout comme c'était le cas pour ses prédécesseurs. La mise en scène dans le même temps fait preuve d'une finesse étonnante, réservant vingt premières minutes absolument fantastiques, avant de se déployer sur l'ensemble du jeu, avec une force moins marquée mais sachant habilement surprendre et favoriser le non-dit. Un enrobage artistique exaltant, fortement inspiré du film L'Echelle de Jacob, venant soutenir une trame qui met énormément de temps à démarrer mais qui se montre particulièrement convaincante une fois la première moitié du jeu écoulée.

 

Graphiquement plutôt faible, [...] Silent Hill : Homecoming balaie ce défaut d'un revers de la main en mettant en place une atmosphère et des trouvailles visuelles extrêmement immersives."

 

Plus "extérieure" que les histoires des autres opus, davantage psychologiques, la trame de Silent Hill : Homecoming n'en reste pas moins d'une intelligence rare, s'octroyant simplement la liberté de faire intervenir des éléments autres que la simple plongée dans les travers d'un drame. Un ajout bienvenu qui offre une isolation moindre mais permet au jeu de perdre en intimisme ce qu'il gagne en narration pure. De nombreux thèmes sont d'ailleurs abordés, en sus du propos principal centré sur les secrets que peuvent cacher une simple bourgade, comme la très intéressante réflexion sur la perte de repères. En effet par le biais de son sous-titre Homecoming, ce Silent Hill traite l'expérience douloureuse du retour chez lui d'un soldat qui n'a vécu que par et pour la guerre pendant de longs mois. Tout ce qui lui paraissant acquis et habituel est maintenant différent, Alex doit se réapproprier une maison, des amis, des parents qui lui sont légitimement un peu étrangers désormais. Une thématique rarement traitée dans le domaine vidéoludique et qui fait écho à une période actuelle éminemment centrée sur la gestion des conflits et de leur retombées globales comme particulières. Sans aller plus loin, Silent Hill : Homecoming réserve donc tout de même son lot de questionnements psychologiques déroutants, tout en tentant parfois de prendre un peu ses marques en piochant des idées dans les épisodes majeurs de la saga. Un sentiment de léger chancèlement se dégage de fait de l'ensemble du titre, et ce même si Akira Yamaoka souligne le tout par une bande-son formidable, jouant sur les sonorités pour faire de chaque piste plus que de simples accompagnements. Il donne corps à chaque décor par ses plages dérangeantes et viscérales, gardant dans un recoin sombre quatre thèmes majeurs toujours interprétés par Mary Elizabeth McGlynn. Au final donc Silent Hill : Homecoming n'est pas la trahison annoncée par le changement de développeur, mais un épisode a l'honnêteté affichée, disposant de qualités indiscutables et pouvant sans honte aucune trôner aux côtés de ses aînés. Perfectible sur bien des points, notamment sur son équilibre ludique, l'aventure qu'il propose surpasse nettement bien des trames de titres récents et s'inscrit avec intelligence dans la mythologie Silent Hill. Reste à savoir si ce nouvel habitant se laissera lui aussi aspirer dans le brouillard.





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