Test également disponible sur : PlayStation 2

Test Shin Megami Tensei : Persona 3

La Note
note Shin Megami Tensei : Persona 3 17 20

En menant avec réussite l’improbable – pour nous autre Européens – alliance de la simulation de vie lycéenne et du Dungeon-RPG, Atlus nous livre certainement l'un des plus grands RPG de la génération PlayStation 2. Persona 3 renferme un système de jeu unique, étonnant et intelligent, dont le parfait équilibre parvient à briser la monotonie et la répétitivité propres aux deux styles auxquels il emprunte sa mécanique. Véritablement prenant, le titre se permet en plus d’imposer une durée de vie abyssale, ce qui est un vrai luxe lorsque l’on se réfère aux productions qui animent actuellement le marché.


Les plus
  • Un cachet artistique unique
  • Vraiment prenant
  • Un système de progression intelligent
  • Une durée de vie abyssale
  • De l'originalité dans un RPG !
Les moins
  • En anglais
  • Un peu faible techniquement
  • Des temps de chargement mal optimisés
  • Une ville qui manque de vie


Le Test

La première chose qui frappe l’amateur de Megami Tensei avec ce Persona 3 est la fraîcheur dont déborde le titre. Le sombre et inquiétant character design de Kazuma Kaneko a laissé place à celui un brin plus chaleureux de Shigenori Soejima. Pour une série réputée comme étant froide, peu accessible et un brin hardcore, ce changement artistique sonne comme un appel à l’ouverture, auquel tout amateur de RPG qui se respecte se doit de répondre. Oui, Shin Megami Tensei : Persona 3 est une balle.


La rentrée des classes est toujours un moment particulier dans la vie d’un étudiant. Le point de départ d’un renouveau annuel, sorte de maelström psychologique et émotionnel où se confondent la nostalgie des vacances passées, la joie de retrouvailles de camarades délaissés, l’excitation de nouvelles minettes à conquérir, ou plus simplement l’appréhension un nouvel établissement à découvrir. Ce qui en l’occurrence est notre cas ici. Avril 2009, pour cette nouvelle année scolaire, notre héros débarque au lycée Gekkoukan. Avant que le coup d’envoi de cette nouvelle année scolaire ne soit donné, notre héros a rendez-vous dans une résidence pour étudiant qui lui servira de logement pour les mois à venir. Rien de vraiment particulier pour un jeune exilé, si ce n’est que sur son chemin, lorsque viennent les douze coups de minuit, il se fait témoin d’une succession d’événements surnaturels. Extinction des feux, cercueils ornant les rues, une lune qui se teinte de nuances verdâtres... Autant de manifestations dont une majorité de la population est ignorante. A cet instant, le monde bascule dans le Dark Hour, un laps de temps durant lequel le monde s’endort, pour laisser place à des créatures démoniaques, les Shadows, que seule une poignée d’élus est capable de voir et donc de combattre. Le hasard faisant bien les choses, il se trouve que le dortoir dans lequel notre personnage a élu domicile est le QG du Specialized Extracurricular Execution Squad (ou SEES), une unité spécialisée dans l’extermination des Shadows, et dont la préoccupation principale est de remonter à l’origine de ces troubles paranormaux. Bien vite embrigadé grâce aux aptitudes naturelles qu’il a montrées, notre héros et ses nouveaux compagnons prennent pour objectif le Tartarus, une tour inquiétante apparaissant en lieu et place du lycée durant le Dark Hour, convaincus qu’il renferme les clés du mystère.


Les démons de minuit


Vous l’aurez sûrement compris, avec Shin Megami Tensei : Persona 3, préparez-vous à laisser au placard une grande partie des codes du RPG japonais tel que vous l’avez connu jusqu’à présent en Europe. Persona 3 réussit l’étrange conjugaison, l’exotique mariage de deux genres typiquement nippons : la simulation de vie lycéenne et le Dungeon-RPG. Deux phases qui semblent bien distinctes aux premiers abords, mais qui couvent pourtant une interaction essentielle sur laquelle nous reviendrons plus tard. Le titre nous impose donc un déroulement bicéphale pour progresser, bien qu’assez libre dans les faits. La journée, c’est la vie d’étudiant qui prime avec un agenda plutôt garnis qu’il faudra apprendre à gérer. En plus des cours dispensés quotidiennement, le titre nous propose une somme assez conséquente d’activités et de relations à entretenir, le tout dans un univers suffisamment convaincant pour que l’on se pique au jeu. Les amateurs de manga et de japanimation n’évolueront d’ailleurs pas en terres inconnues, le titre s’appliquant à nous délivrer un semblant d’adolescence à la japonaise, ponctué de ses tracas, de ses événements, de ses hobbies, le tout orchestré par une galerie de personnages à peine clichés mais ô combien attachants. Les célèbres clubs présents dans chaque établissement scolaire japonais répondent présent, les amourettes avec les très solennels rendez-vous également, sans compter sur les périodes d’examens auxquels il faut participer. La sortie des cours est logiquement chargée, avec son petit lot d’activité et de dates à effectuer. Cependant, gare à ne pas froisser les égos en acceptant plusieurs rancards au même moment, forcément synonyme de posage de lapin. Le titre tire indéniablement sa force de son univers contemporain, et du rythme imposé par le l’année scolaire japonaise. Les examens et autres voyages par exemple se chargent toujours de casser le côté forcément répétitif du titre. En dehors de ces impératifs liés au calendrier, le jeu octroie une bonne dose de liberté pour conduire cette phase de gameplay, ce qui nous oblige assez vite à nous organiser, sous peine de ne pas progresser efficacement. En effet, faire grimper le Social Link qui nous lie à une personne, ou augmenter ses caractéristiques – que sont l’Academics, le Charm et le Courage – est primordial une fois le Dark Hour arrivé, mais les développer à outrance ne se fera pas sans une contrepartie, logiquement matérialisée par la fatigue ici. Outre l’impossibilité d’étudier correctement, cet affaiblissement physique bridera le héros une fois dans les interminables couloirs du Tartarus, puisque la probabilité d’attaques manquées s’en retrouvera augmentée.


Shadow of the Tartarus


Bien que cette phase essentiellement basée sur un jeu de questions/réponses soit véritablement prenante, voire absorbante, n’oublions pas que le but du jeu n’est pas de se rendre le plus populaire ou le plus intelligent possible, mais bien de faire la lumière sur l’existence des Shadows. L’arrivée du Dark Hour, coïncide donc avec l’arrivée de cette tour, qu’il faudra gravir à son rythme. A l’instar de la vie d’étudiant, il est possible ici aussi de progresser selon son envie, sans nécessairement passer par un engloutissement boulimique des kilomètres de couloirs et d’étages générés aléatoirement. De toute manière, cette approche n’est possible que dans un premier temps, puisque des barrières se poseront parfois devant vous, en attente des fins de chapitre marquées par les soirs de pleine lune, où une quête spécial attendra les membres du SEES. En attendant, il est sera toujours possible de se refaire les étages à l’envie, histoire de dénicher toujours plus d’objet. D’ailleurs, pour rendre la tâche moins lourde, Atlus a eu la bonne idée de donner la possibilité de séparer son groupe afin de gagner du temps en laissant chacun des membres de son équipe farfouiller de son côté. Cela dit, il faudra constamment veiller sur leur barre de vie, sous peine de repartir avec un cadavre sous le bras. Ce système les obligeants à combattre seul dans une sorte de mêlée au style cartoon, même si le héros et d’autres compagnons sont susceptibles de rejoindre la bataille.


S’il est bien au tour par tour, le système de combat recèle néanmoins de quelques subtilités qui pourront convaincre les plus réfractaires de s’y essayer. Pour commencer, Persona 3 ne commet pas l’erreur de cumuler Dungeon-RPG et rencontres aléatoires. Les ennemis sont donc visibles, potentiellement évitables, même si les besoins du level-up nous pousseront plus à les attaquer de dos, histoire de prendre l’initiative. Contrairement à de nombreux RPG, le titre impose une réelle dimension stratégique lors des combats, avec une composante Weak Point/Critical Hit déterminante, puisqu’elle met non seulement l’ennemi à terre, mais permet en plus de bénéficier d’un tour d’attaque gratis. Si porter un coup critique se fait au petit bonheur la chance, attaquer un ennemi en exploitant ses faiblesses se doit d’être fait de plein gré, puisqu’il s’agit du centre névralgique du système. Glaner des tours supplémentaires pour tenter de mettre au sol tout les Shadows, puis lancer un dévastateur All-Out Attack, attaque groupée sur l’ensemble des adversaires, est le nerf de la guerre. Il ne faut pas oublier que Persona 3 est un Megami Tensei, ce qui sous-entend une certaine sévérité qu’il faut apprendre à apprivoiser.


Autofrag by headshot


Evidemment, s’appuyer sur les faiblesses d’un adversaire ne se fait pas avec une arme blanche, mais bien à l’aide des Personas. En s’administrant un headshot d’une balle de leur Evoker, les membres du SEES font appel à ces créatures reflets de l’âme pour lancer une de leurs attaques spéciales. S’entourer de Personas aux spécificités bien distinctes est donc important, d’autant plus que seul le héros peut bénéficier des services de plusieurs d’entre-eux. En effet, il est le seul directement jouable en combat, ce qui nous oblige parfois à nous en remettre au Bon Dieu plutôt qu’à l’I.A. pas toujours efficace des compagnons, et ce, malgré un système d’instructions à donner. De même, les boss prendront parfois un malin plaisir à nous rosser en enchaînant les sorts de groupe, tandis qu’ils se feront plus doux que du coton au second essai. Etrange. MegaTen oblige, Persona 3 nous initie très vite aux fusions de nos animaux de compagnie. Un petit tour par le Velvet Room, et le mystérieux Igor fera apparaître après deux ou trois petits sacrifices un Persona plus puissant. Et c’est précisément en ce point que l’on trouve le fruit du croisement des deux phases de jeu. En gros, chaque Persona et chaque Social Link est affilié à une Arcane du tarot. Comme vous l’aurez sans doute compris, de la force que vous aurez réussi à tirer de vos relations développées durant la journée résulte un bonus de points d’expérience dont les bénéfices seront récoltés durant une fusion, à la seule condition que l’Arcane du Persona obtenu soit identique à celui d’un des Liens Sociaux que vous entretenez. L’interaction en elle-même est simplissime, mais a été implémentée avec pas mal d’intelligence, puisqu’il nous oblige à négliger un minimum de PNJ, et à nous faire participer à un maximum d’activités. De plus, privilégier une seule Arcane est inutile, puisque le jeu ne permet de faire appel à des Personas qu’en fonction de notre propre niveau, ce qui signifie qu’un gonflement de stats trop important pourrait le rendre inutilisable, et pousserait le vieux Igor à le renvoyer dans l’oubli. Malin.


Finalement, il n’y a pas grand-chose à reprocher à Persona 3, si ce n’est que sa réalisation fait parfois peine à voir. En soi, les modélisations sont correctes et bien animées, mais on regrette franchement le manque de détails dont souffre le jeu. Même si les environnements – en dehors de Tartarus, évidemment – font dans la variété, il n’empêche que l’on n’aurait pas craché sur quelque chose légèrement plus chiadé. La ville manque carrément de vie, avec à peine deux ou trois pèlerins par-ci par-là, ce qui est vraiment léger, et bien loin de Shin Megami Tensei : Devil Summoner - Raidou Kuzunoha vs The Soulless Army, pour donner un petit point de comparaison avec un autre épisode de la série. Cette faiblesse technique se retrouve même dans les accès disque, avec une navigation dans les menus polluée par de désagréables petits temps de latence. Toujours au rayon chipotage, mais qui relève surtout de la frustration ici, signalons que le titre demande un énorme investissement en terme de temps, et qu’il faut clairement avoir plusieurs dizaines, voire une petite centaine d’heures à lui consacrer.





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Hung Nguyen

le jeudi 20 mars 2008, 23:49




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