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D'emblée, Shaun White Skateboarding montre sa différence avec les sagas Skate. et Tony Hawk. En misant tout sur une ambiance qui mêle fantastique et rébellion, le jeu arrive à se construire une identité plutôt originale. Toutefois, le manque de finition dans le gameplay, la réalisation indigeste et un système de jeu pas forcément séduisant pour ceux qui ont soif de simulation, ne jouent pas en faveur du jeu. Le constat s'avère donc mitigé au final, et les efforts manquent pour tenter de casser la planche de la concurrence.
- Un zeste d'originalité
- L'Influence
- Explorer la ville, un régal
- Le mode multijoueur en écran splitté
- Manque d'authenticité
- Prise en main peu cohérente et trop assistée
- Graphismes datés
- Customisation du personnage limitée
Après nous avoir fait sillonner la poudreuse dans Shaun White Snowboarding, Ubisoft Montréal exploite de nouveau l'image de son sportif à la chevelure rousse, mais cette fois-ci dans un titre qui met à l'honneur le skateboard. Shaun White Skateboarding arrive donc face à une concurrence déjà bien établie, avec d'un côté la simulation Skate., et de l'autre, Tony Hawk qui mise tout sur l'arcade. Histoire de sortir du lot, le studio canadien a donc décidé d'explorer une nouvelle voie, celle du fantastique. Vous allez comprendre pourquoi.
En général, les titres qui mettent à l'honneur la planche à roulettes ne se révèlent guère originaux dans leur principe ; on crée un jeune skateur ambitieux qui devient petit à petit une véritable star de la discipline. Alors histoire de sortir de ce carcan, c'est dans la ville fictive de New Harmony que commence l'histoire de Shaun White Skateboarding. Dans ce monde parallèle, tout est gris, triste et formaté par une organisation dictatoriale nommée le Ministère. L’espoir repose sur un petit groupuscule de skateurs, le Rising, qui a pour leader un certain Shaun White ; tiens donc. Malheureusement, ce dernier s'est fait capturer par le Ministère et c'est bien évidemment au joueur qu'incombe la tâche de le sauver, mais aussi de redonner des couleurs et une tonne d’émotions à ce monde en désuétude. Vous l'avez compris, l'histoire n'a rien de réaliste mais a au moins le mérite de sortir des sentiers battus, avec son petit côté rébellion face à une ville aseptisée, un peu à la manière d'un de Blob.
Skateboarding is a crime
Les moyens mis en œuvre pour raviver les lieux s'avèrent multiples. Tout d'abord, il faut savoir que chaque trick réalisé génère de l'Influence. En gros, celle-ci correspond à une onde colorée qui redonne vie aux rues et le sourire aux passants. L'Influence est également utilisée lorsque l’on utilise certain rails et rampes de couleur verte. Et là, les férus de simulation feraient mieux de fermer les yeux et de se boucher les oreilles. Car en glissant sur ces rails, il est possible de s'élever dans les airs, tel le Surfer d'Argent, pour rejoindre de nouvelles zones inaccessibles autrement. Si au début il n’est pas possible de choisir sa destination, le jeu le permet par la suite afin de d’accorder un léger sentiment de créativité au joueur. Les développeurs assument donc complètement leur délire psychédélique qui passe également par une modification de l'environnement en temps réel. Dans la pratique, les diverses figures réussies octroient des points qui remplissent une jauge dite de Flow. En atteignant chacun des trois paliers de la jauge – jaune, bleu et violet – on peut ajouter de nouvelles rampes ou modifier les lieux. Malheureusement, les zones à transformer sont déjà déterminées, et on ne peut pas ajouter le spot de son choix. Ainsi, en se baladant, on apercevra des lignes colorées que l'Influence transformera en bosses, rampes ou passages secrets. Malgré l'absence d'inventivité, ce petit côté Amaterasu des temps modernes offre de l'exploration agréable avec divers éléments à dénicher entre deux missions qui font avancer l'histoire. Parce que oui, on échappe pas aux sempiternels objectifs qui demandent de scorer, de passer tel obstacle ou de détruire telle caméra. Mais la volonté de varier les situations se fait aussi sentir, comme lors de l'échappée d'un bâtiment du Ministère par les toits avec un hélicoptère aux fesses, ou encore dans ce mini-jeu qui demande de guider une boule afin de pirater un système informatique façon Tron. Si au niveau de son fonctionnement et de son originalité assumée, Shaun White s'en sort correctement, on ne peut décidément pas dire que ça roule aussi bien pour le gameplay et la réalisation du soft.
"Si au niveau de son fonctionnement et de son originalité assumée, Shaun White s'en sort correctement, on ne peut décidément pas dire que ça roule aussi bien pour le gameplay et la réalisation du soft."
A la manière de ce qu'a mis en place Electronic Arts, le stick droit est l'élément central de la prise en main. Mais alors que Skate. se veut naturel avec une assignation logique des touches, le jeu d'Ubisoft Montréal se révèle plus complexe à appréhender. Certaines figures demandent en effet d'utiliser deux gâchettes en plus du stick, contre un petit mouvement du pouce dans Skate.. Ça veut tout dire. Du coup, les sensations de jeu se montrent beaucoup moins immersives et plaisantes, et il faut un certain temps d'adaptation pour comprendre la pseudo cohérence des manipulations. Ce qui peut perturber par exemple, c'est qu'en fonction de la position du skateur (à plat ou en l'air), une même manipulation donnera un trick totalement différent. Assez dérangeante pour celui qui veut du réalisme, cette façon de faire ira parfaitement au novice qui se contentera d'appuyer sur n'importe quoi, sans jamais être sanctionné. Et on touche là d'ailleurs à un autre problème du titre qui possède une trop grande tolérance. Soyons clairs, il est pratiquement impossible de rater une figure dans Shaun White Skateboarding. Si on ajoute à cette facilité des grinds presque infinis, on comprend que les challenges se rempliront très rapidement, et ce malgré quelques problème avec le moteur physique du titre. On termine le tour du propriétaire avec l'autre facteur qui fâche, à savoir la réalisation technique. Ne passons pas par quatre skateparks, le jeu est graphiquement obsolète au point qu'on a souvent l'impression de jouer sur PS2. Le côté légèrement cartoon, qui sied bien au propos d'ailleurs, n'est pas remis en question ici. Non, c'est plutôt la modélisation des éléments mais aussi les doublages, contrairement aux musiques, qui sont désolants. Et même si le multijoueur est peu ambitieux, il permet tout de même de jouer sur le même canapé en écran splitté. C'est déjà ça.