Test Saints Row The Third Remastered : has-been, oui, mais toujours aussi cool ?
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- Des effets lumineux franchement appréciables
- Une progression bien fichue
- Un humour absurde et borderline mais toujours aussi efficace
- Une expérience plutôt complète dans l'ensemble
- Le mode coop, toujours bienvenu
- Techniquement loin d'être irréprochable pour un remaster
- Dans l'ensemble, même si rehaussé, le rendu visuel est dépassé
- Un gameplay qui vieillit, lui aussi
- Un scénario (oui, il y en a un) en dents de scie, c'est dommage
- Du coup, 40€, c'est encore un peu cher, non ?
Ah, Saints Row. Autant dire qu’en quatre épisodes et un stand-alone encore plus barré, nous avons rapidement compris sur quoi misaient les petits gars de Volition : certainement pas l’esthétique ou la technique, non, mais bel et bien du fun à tire-larigot et de l’humour à outrance. Si le deuxième jeu restait encore terre-à-terre dans son écriture, The Third - “Le Troisième” pour les anglophobes - annonçait déjà largement les futures orientations surnaturelles de la franchise. Pour rappel, après avoir pris les rennes de Stilwater, le gang des Saints (mené par un chef que vous avez créé de toutes pièces grâce à un éditeur poussé) débarque alors dans la nouvelle ville de Steelport. Celle-ci est assiégée par de nombreuses organisations criminelles volontairement stéréotypées et ne demande qu’à être retournée par vos petites mains cruelles : ainsi s’amorcent des dizaines de situations abracadabresques sans aucune logique qui témoignent encore et toujours de la volonté des développeurs à s’éloigner le plus possible des dangereux GTA.
Saints Row The Third reste un défouloir distractif qui se permettra d’aérer vos derniers jours de printemps avec bonne humeur.
Dans Saints Row The Third, on fait des gunfights en chute libre pendant dix minutes, on traverse pieds joints le parebrise d’un avion de ligne, on fait des courses poursuites en charrettes tirées par des hommes en latex, on affronte des catcheurs masqués à la tronçonneuse ou on traverse des simulations informatiques, transformé en toilette (oui) ou en poupée gonflable. Presque dix ans après, et malgré de nombreux objectifs qui ont tendance à se répéter et une écriture inégale, difficile de résister au charme débile de cette odyssée extravagante qui tente, très souvent, de provoquer le rire par tous les moyens. L’impression d’être un gigantesque clip de rap aux accents parodiques est écrasante : on prend alors un certain plaisir à conquérir cette ville et à améliorer son arsenal en laissant de côté tout sens logique (double pistolets explosifs, fusil laser, lance-requins ? Ça y est) déguisé en hot-dog, en samouraï ou tout simplement en tenue d’Adam. Pour autant, certains points noirs évidents qui étaient déjà à déclarer il y a près d’une décennie viennent ici ternir l’expérience, et cela va de pair avec une remasterisation assez décevante.
COMME LES SAINTS DOIGTS DE LA MAIN
Ne nous le cachons pas, cette excentricité était aussi là pour compenser un manque évident de ressources nécessaires à la réalisation d’une technique ou un gameplay solides. Particulièrement arcade, Saints Row The Third mise sur le minimum syndical et c’est toujours le cas pour cette version 2020 opérée par Sperasoft, un studio spécialisé dans le support sur des titres comme Assassin’s Creed Origins/Odyssey, Mortal Kombat 11 ou encore Rainbow Six Siege. Tout d’abord, il est dommage de constater que l’entreprise américaine n’a choisi de n’opter que pour un lifting graphique, laissant totalement de côté la jouabilité ou l’ergonomie qui auraient bien eu besoin de quelques retouches. Déjà pas très modernes à l’époque, les fusillades et sensations qui s’en découlent se sont prises, il est vrai, un certain coup de vieux et rien n’a été fait pour passer la pommade. À la limite, on peut encore s’en passer et se contenter d’un trip nostalgique malgré l’évidente rigidité et l'I.A. à la ramasse : en revanche, et surtout pour une édition “Remastered”, c’est plutôt du côté de l’apparence que le bât blesse.
Alors oui, les développeurs ne se sont pas totalement roulés les pouces : la colorimétrie est plus douce et plus chaude, et ce grâce à des effets de lumière rehaussés permettant des reflets plus prononcés et des ambiances bien mieux maîtrisées. Les textures elles-aussi sont passées sur le billard, notamment avec des éléments du décor moins lisses ou des modèles 3D un peu plus crédibles : on remercie également une résolution évidemment aux standards (4K/30fps ou 1080p bien sûr) mais, malheureusement, l’ensemble a du mal à s’imposer comme convainquant. On ne demandait pas un résultat forcément tape-à-l’œil digne des actuels blockbusters mais force est de constater qu’après une cure de jouvence, Saints Row The Third reste toujours un titre plutôt laid, souffrant en plus de chutes de framerate occasionnelles sévères - pour ne pas dire des mini-freezes - et carrément de quelques fâcheux crashs. Si la distance d’affichage est honnête, on se surprend toujours à constater du clipping qui, même si léger, paraît inconcevable pour un jeu de cette envergure technique et qui plus est... vieux de neuf ans !
On ne demandait pas un résultat forcément tape-à-l’œil digne des actuels blockbusters mais force est de constater qu’après sa cure de jouvence, Saints Row The Third demeure toujours... très en retard.
Autant dire que d’un point de vue purement technique, donc, le rendu n’est pas vraiment à la hauteur même si plus appréciable que ne pouvait l’être l’original. Heureusement, les bases du titre lui-même restent plaisantes grâce à ces vibes délicieusement loufoques, d’ailleurs enrichies puisqu’il s’agit là de l’édition “Le Gros Paquet” comprenant tous les DLC : entre ces quêtes supplémentaires et la campagne principale, les multiples mini-jeux, une évolution du personnage conséquente plutôt bien fichue et même un mode coop qui a le mérite d’être présent, c’est une trentaine d’heures ou plus qui s’offre ici… pour une quarantaine d’euros tout de même. C’est peut-être un peu cher compte tenu de tous les points précédemment cités mais indéniablement, Saints Row The Third reste un défouloir distractif qui se permettra d’aérer vos derniers jours de printemps avec bonne humeur.