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Propre, jouable et rigolo, Resistance : Fall of Man ne casse pas trois bras à un mutant mais s’impose, sans aucun mérite il est vrai, comme le meilleur FPS disponible à ce jour sur PS3. Bien conçue et carrément enlevée, la féroce uchronie d’Insomniac remplit à merveille son rôle de défouloir… jusqu’à un certain point. Le soufflé retombe un peu passées quelques heures, malgré une infernale succession de séquences nerveusement éprouvantes. Le cruel manque d’originalité du produit, melting-pot réussi mais peu attachant, joue aussi en défaveur d’un titre dont on a tôt fait d’oublier l’aventure solo une fois terminée. Pas de quoi en faire un drame, mais nul doute que s’ils s’en étaient vraiment donnés la peine, les Californiens d’Insomniac auraient pu frapper un grand coup.
- Propre
- Simple et efficace
- Arsenal réussi
- Un paquet de niveaux
- Très classique
- Aucune innovation de gameplay
- Répétitif
- Manque de charisme
- Fréquent sentiment de déjà-vu
Alien, Doom, Unreal, Call of Duty, Prey, Half-Life, et on en passe, chez Insomniac, on ne manque pas de références. Prêts à essuyer les plâtres de la PS3, les Californiens ne sont toutefois pas assez téméraires pour se lancer dans une remise à plat de l’un des genres les plus vendeurs. Dévalisant les caisses de leurs confrères et concurrents, ils tentent avec ce Resistance : Fall of Man de faire l’impossible synthèse de titres aussi mythiques que différents.
Dix ans après avoir ouvert le feu sur PlayStation avec l’honorable Disruptor, Insomniac Games se paie des balles neuves et accompagne la sortie de la PS3 de quelques salves réjouissantes. Les géniteurs de Ratchet & Clank en profitent pour rappeler, si besoin était, qu’ils font partie des gros calibres du jeu d’action, à la troisième comme à la première personne, et démontrent que la nouvelle génération ne leur fait pas peur. Pas de doute, le premier FPS exclusif de la PlayStation 3 est passé entre des mains expertes… à défaut d’être ambitieuses.
La guerre commence au-delà de la mer
La trame de Resistance : Fall of Man change agréablement de la classique invasion de monstres visqueux. Ou plutôt non, car il est justement question d’une invasion de monstres visqueux, mais ceux-là sont en réalité des êtres humains modifiés par un virus et transformés en machines de guerre. Chaque nouvelle victime renforce les rangs de ce péril vivant venu du fin fond de l’URSS. Car si les quelques lignes précédentes vous ont rappelé un jeu texan, à la différence de Quake, l’action se déroule ici dans les années 50, alors que l’Europe s’est effondrée sous les coups de butoir des forces chimériennes. Dernier rempart contre l’adversité, la perfide Albion résiste encore, mais ses jours sont comptés. L’entrée en guerre des Etats-Unis, qui envoient hommes et matériels soutenir l’ultime bastion du continent eurasiatique, semble bien trop tardive pour changer quoi que ce soit au destin de l’humanité. Sauf que dans les cartons de l’US Army, il y a deux choses : une arme secrète officielle cachée dans un mystérieux convoi et capable de faire basculer le cours de la boucherie ; et vous, un bête troufion totalement irresponsable et donc parfaitement capable de réussir là où toutes les troupes régulières ont échoué. Transportant un arsenal à faire pâlir de jalousie tous les héros virtuels, vous allez apprendre les bonnes manières aux hordes sauvages. Et vous aller aimer ça.
Back to basics
Loin de réinventer la poudre, Resistance : Fall of Man semble au contraire prendre un malin plaisir à vous renvoyer à vos bases. FPS garanti 100% sans une once de réalisme, succession effrénée de brutales séquences de dézinguage, ce voyage au bout de l’enfer aère agréablement les neurones. Tout ici n’est que sang et fureur, que détonations et explosions. En extérieur comme en intérieur, l’action ne ralentit quasiment jamais. Et si parfois le calme revient sur la carte, ce n’est que pour mieux préparer la tempête suivante. Construit comme une gradation enragée, le titre d’Insomniac Games réveille le maniaque de la gâchette qui sommeille en chacun de nous. Tant pis si l’intrigue n’a rien de palpitant, ou si le héros-très-mystérieux-qui-se-sort-de-toutes-les-situations n’est pas bien séduisant, une fois le fusil d’assaut en mains, on fonce et on tue.
Les armes se prêtent particulièrement bien à l’exercice, Resistance : Fall of Man offrant aux tarés du gunfight une dizaine de raisons de pulvériser du Chimérien. Les classiques sont tous là : fusils mitrailleurs divers, fusil à pompe, lance-roquettes, tous parfaitement balancés, mais également quelques jouets un poil plus exotiques, qui ajoutent aux joies du meurtre d’hybride. Du gun vous permettant de transformer vos ennemis en champs de mines biologiques à un bel outil dont les projectiles traversent les murs et gagnent en puissance pour chaque obstacle franchi, les outils que vous découvrirez dans l’Angleterre en ruines vous donneront bien du plaisir. La prise en main manque un poil de précision, le stick analogique ayant déjà été mieux utilisé que ça dans des produits consoles, mais il faut vraiment en vouloir pour rester bloquer pendant des heures. Extrêmement linéaires mais bien pensées, les parties se déroulent sans accro. La progression est fluide, et ce sans que le jeu soit spécialement facile. La durée de vie est même plutôt honnête pour un FPS disponible sur une machine Sony : avec ses trente niveaux et une multitude de bidules inutiles à débloquer, la campagne vous occupera une bonne dizaine d’heures et le multi est lui aussi plutôt convaincant. Là aussi, Insomniac Games s'est contenté d'adapter tous les modes existants des canons actuels, du Deatmatch habituel au mode Breach qui consiste à détruire des points précis de la base ennemie, en passant par le Team Deathmatch et autre Capture The Flag. Il y a également un mode coopératif qui permet de se faire la campagne accompagné d'un second troufion, ce qui permet d'offrir une autre vision du jeu.
Très bien, mais pas tout à fait
Mais voilà, Resistance : Fall of Man n’échappe pas au travers de tous les bons gros FPS qui tâchent : la répétitivité. Offrant quelques beaux environnements et une importante – et totalement sous-exploitée – interactivité des décors, le jeu n’apporte finalement aucun sang neuf au genre et ne tire aucun réel profit des caractéristiques de la PS3. Surtout, il tend à s’essouffler. Les moments de bravoure s’enchaînent à un tel rythme que l’on finit par se lasser du vacarme et chercher un peu de sérénité dans un monde uniquement peuplé de brutes épaisses. Pire, un persistant sentiment de déjà-vu, étreint régulièrement le joueur. De A comme Halo (ah non) au U de Unreal, il y a beaucoup de choses ici, mais aucune n’est réellement innovante. Dépourvu du caractère qui lui permettrait de vraiment faire la différence, Resistance : Fall of Man se joue avec beaucoup de plaisir, mais jamais avec une vraie passion. Et une fois la partie terminée, il est plus que tentant de ranger le Blu-Ray sur une étagère et de l’y laisser s’empoussiérer doucement. Ce qui n’est définitivement pas la marque des grands jeux…