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Test Resident Evil 3 Remake : toujours aussi culte, 21 ans plus tard ?

Test Resident Evil 3 Remake : toujours aussi culte, 21 ans plus tard ?
La Note
note Resident Evil 3 16 20
À n’en pas douter, Resident Evil 3 est un survival-horror diablement bien maîtrisé dont la plastique absolument somptueuse, le rythme pêchu et le gameplay solide offrent une expérience délicieuse. Pour autant, son contenu s’avère particulièrement léger - son prédécesseur sorti l’année dernière le met sévèrement à l’amende - et force est de constater que son multijoueur inédit, malgré sa bonne volonté et une profondeur de jeu intéressante, est trop fragile pour servir de pleine compensation. Mais qu’importe, cette aventure domptée par un Nemesis brutal et réinterprété fait honneur à la version originale de 1999 avec, toutefois, pas mal de parties changeantes pour éviter la redite bête et méchante... au détriment de la fidélité. Et bien que l’on reste un poil sur notre faim après le brillant exploit de Resident Evil 2, cette refonte reste un exemple certain dans bien des domaines.

Les plus
  • Une réalisation graphique et technique de premier ordre
  • Une intensité remarquable
  • Un gameplay toujours aussi solide
  • Un système d'esquive revu
  • Un replay value bien maîtrisé
  • Une direction artistique qui fait toujours mouche
  • Une réinteprétation des niveaux intéressantes
  • Un sound design au poil
  • Un multijoueur qui tente quelque chose
Les moins
  • C'est diablement court et maigre en contenu global (et vendu au prix fort)
  • Un level design moins subtile que Resident Evil 2
  • La quasi-disparition des énigmes
  • Un Nemesis un peu trop scripté
  • Une histoire et une écriture vraiment fragiles
  • Des niveaux du jeu original entièrement supprimés
  • Un multijoueur au plaisir de jeu insuffisant


Le Test
En janvier 2020, Capcom épatait la galerie avec la sublime refonte de Resident Evil 2 et ouvrait la voie aux projets du genre : forcément, ce n’était plus qu’une question de temps avant que le remake de sa suite, sortie originellement en 1999, soit enfin officialisé. Il faut dire que son existence était assez évidente et même franchement désirée par l’immense communauté de fans - de la vieille ou de la nouvelle école - particulièrement séduite à l’idée de retrouver Jill Valentine sous l’hospice de la génération actuelle. Qui pourrait lui en vouloir ? Ici aussi, chez JEUXACTU, le rêve (malsain) de se faire poursuivre à nouveau par le Nemesis commençait sérieusement à motiver nos journées, et tout particulièrement en cette période de confinement qui requiert plus que jamais une solide activité vidéoludique. Nous y voilà donc : une quinzaine de mois seulement après le fabuleux cauchemar de Léon et Claire, la firme d’Osaka nous sert déjà avec confiance ce Resident Evil 3 aux propriétés prétendues traumatisantes. Alors, on prend fébrilement la manette et plonge avec méfiance et curiosité dans les abîmes déjà bien renommées de Raccoon City… une énième fois savoureuse.

Resident Evil 3Développé en seulement un an pour faire rapidement suite à l’énorme succès commercial et critique de Resident Evil 2, Resident Evil 3 fut, lors de sa sortie en 1999, accueilli chaudement. Ne nous mentons pas : le titre est culte pour bien des raisons et, pourtant… il s’agit clairement du dernier opus d’une trilogie horrifique dont l’action plus prononcée, moins tournée vers l’épouvante pure, aura également suscité l’interrogation. La célèbre saga de Capcom, porte-étendard du survival-horror, serait-elle en train de pencher vers le spectaculaire ? C’est un peu la question que l’on posait à l’époque et, effectivement, Resident Evil 4 venait confirmer cette théorie quelques années plus tard, après un Code Veronica encore dans la droite lignée. Autant vous l’avouer de suite : ce remake se veut tout à fait dans la même veine, si ce n’est plus, et tend à quitter la peur viscérale pour un cocktail plus détonnant. 


LES RIVIÈRES POURPRES


Resident Evil 3On se souvient de la refonte de Resident Evil 2 pour son extraordinaire fidélité envers  l’œuvre dont il s’inspirait : bien sûr, des éléments du level design changeaient ci et là pour s’adapter aux codes actuels mais, globalement, l’aventure s’avérait très respectueuse. Pour Resident Evil 3, et Capcom l’avait annoncé, les développeurs se sont permis une bien plus grande liberté de réinterprétation. Pour autant, les bases restent toujours inchangées : on y incarne Jill Valentine, héroïne de l’épisode fondateur et survivante de l’incident du manoir, lâchée dans un Raccoon City dévasté par le douloureux Virus T quelques heures avant les périples de Leon S. Kennedy et Claire Redfield. Pourchassée par le Nemesis, une arme biologique conçue par Umbrella Corporations dont le seul but est d’éradiquer les membres du S.T.A.R.S., notre courageuse policière devra donc à tout prix lui échapper et se barrer de cette cité maudite : un parcours plein d’embûches à travers le centre-ville, les égouts et autres lieux clandestins s’impose alors, dont l’ordre des environnements et leur structure diffèrent parfois beaucoup du titre de 1999. Sans pouvoir trop en parler pour ne gâcher aucunement le plaisir, certaines scènes et versions de personnage sont tout à fait inédites et viennent alors apporter une certaine bouffée d’air frais : la réutilisation du commissariat, elle aussi, a été faite plutôt intelligemment afin de ne pas trop marcher sur les platebandes du jeu précédent. Pour autant, on sent bien que Capcom en a réutilisé beaucoup d’assets - ce qui lui permet de sortir le jeu aussi tôt, à l’instar du titre original - mais on saluera l’effort d’originalité, au détriment d’une fidélité revue légèrement à la baisse.


Resident Evil 3En revanche, cela se traduit aussi par une action plus importante et... davantage de linéarité. Beaucoup moins casse-tête que Resident Evil 2, le level design adopte encore les rudiments classiques de la marque mais ne dispose presque plus d’énigmes, s’appuie sur moins de secrets à dénicher et une architecture plus légère, plus compréhensible. On est encore loin du jeu d’action bourrin en ligne droite mais force est de constater que la peur et le stress sont moins fulgurants, et ce malgré l’ambiance lugubre omniprésente. La survie est toujours de mise et requiert évidemment l’exploration la plus totale, s’épaulant des mêmes bases ultra-efficaces, à savoir un inventaire limité mais pouvant s’agrandir au fil des sacoches dénichées et récupérées ou un crafting de poudres et d’herbes pour se concocter munitions et santé. Globalement, la gestion des ressources est un peu plus permissive, moins stricte que ne pouvait l’être celle de Resident Evil 2 et met ainsi un peu plus le joueur en confiance. Fort heureusement, le titre ne relève surtout pas du jeu d’enfant et demande une véritable concentration lors de son premier run, cette même implication certaine qui caractérise la saga.


Les possibilités de speed run sont effectivement toujours présentes et le replay value est indéniable, aussi faut-il avoir la volonté de relancer le jeu pour se perfectionner encore et toujours.


Resident Evil 3Quant au Nemesis, ce bon vieux gaillard tenace, sa détermination à vous crever les yeux n’a d’égal que celle d’un licker à croquer la jugulaire du premier venu : là ou le terrible Tyran de Resident Evil 2 ne pouvait que faire usage de ses poings, ce “nouvel” antagoniste est encore plus intelligent, capable d’user d’armes à feu et de se mouvoir dans des environnements plus étroits. Globalement, son IA est peu ou prou la même que celui de Mr. X, faisant dans l’agressivité la plus totale en vous traquant à travers bien des niveaux. En revanche, beaucoup de ses passages sont scriptés et, au final, sa chasse après Jill dans les environnements plus ouverts, en temps réel, se font… assez rares ! Son équivalent dans Resident Evil 2 était à notre sens plus subtil et plus oppressant : le Nemesis saura tout de même donner du fil à retordre, notamment au travers de plusieurs phases de boss surprenantes et exclusives. D’ailleurs, le bestiaire de ce Resident Evil 3 est franchement intimidant : des zombies (ainsi que des variantes) essentiellement mais aussi le retour des araignées, des chiens et des Hunter Beta ou Gamma. Toutefois, leur dispersion s’avère assez timide dans les levels mais occasionne des combats toujours aussi efficaces grâce à un gameplay particulièrement bien bâti. 


RÉSIDENTS ET VILLE


Resident Evil 3Il faut dire que les bases de la caméra à l’épaule, établies avec Resident Evil 4 et perfectionnées au fil du temps pour trouver un excellent équilibre dans Resident Evil 2, ont le mérite d’être solides. Ici, les règles ne changent pas vraiment - il n’y en avait pas besoin non plus - si ce n’est que Jill dispose désormais d’un vrai système d’esquive. En appuyant sur la touche dédiée au dernier moment lors d’une attaque, une roulade est alors permise pour échapper aux griffes de son adversaire, pouvant même s’enchaîner avec un très léger bullet time. Un ajout plutôt pertinent qui vient dynamiser l’ensemble : sans ça, il advient toujours de viser (la tête) avec une visée réaliste, le réticule étant instable et s’élargissant à chaque tir. Bien sûr, il est possible d’agrandir son éventail d’attaque avec de nouvelles armes, toutefois assez classiques : fusil à pompe, fusil d’assaut, lance-grenades et quelques types d’armes de poing sont à récupérer dans les niveaux, avec pour certaines quelques upgrades à dénicher pour une meilleure utilisation. Pour plus d’originalité, il faudra accomplir des défis optionnels internes pour gagner des points et les réinvestir dans la boutique. Malgré tout, c’est bien moins complet que ce que pouvait proposer son grand frère l’année dernière avec ses plusieurs personnages et les pétoires qui leur étaient propres : oui, on ne peut s’empêcher de comparer cette mouture 2020 à la 2019… et à juste titre. 


Resident Evil 3En 1999, Resident Evil 3 avait aussi fait parler de lui pour sa durée de vie amoindrie : effectivement, pour ce remake, il n’y a là qu’un seul personnage jouable pour une seule et unique campagne. C’est beaucoup, beaucoup plus light que pour Leon et Claire qui, chacun, possédait deux versions de leur propre histoire, sans parler des contenus supplémentaires avec Tofu et The 4st Survivor. Lors de notre première partie en mode Normal, nous avons ainsi terminé notre péripétie en six heures (7h54 au total, cinématiques, game over et pauses comprises) ! C’est franchement maigrichon - le jeu d’origine l’était aussi - et assez difficile à encaisser si vous ne vous sentez pas l’âme d’un performer. Les possibilités de speed run sont effectivement toujours présentes et le replay value est indéniable, aussi faut-il avoir la volonté de relancer le jeu pour se perfectionner encore et toujours. On notera d’ailleurs une boutique proposant des upgrades équilibrés pour moduler l’expérience ainsi que les difficultés Cauchemar et Enfer, bien épicées : quelques collectibles sont également à récupérer, venant appuyer le contexte apocalyptique de Raccon City sans pour autant approfondir une histoire succincte à l’écriture assez anecdotique. Ceci dit, pas de grosse surprise de ce côté-là, la qualité de Resident Evil 3 résidant inexorablement dans son intensité d’action diablement maîtrisée. 


Le titre ne relève surtout pas du jeu d’enfant et demande une véritable concentration lors de son premier run, cette même implication certaine qui caractérise la saga.


Resident Evil 3Et pour de telles sensations, il faut, oui, un gameplay au poil comme précédemment expliqué mais également une technique de premier ordre. On ne le répétera jamais assez mais le moteur de Capcom, le RE Engine, initié avec Resident Evil 7 et repris notamment pour le somptueux Devil May Cry 5, est une merveille sans nom qui se doit d’être applaudite des deux mains. Les modèles 3D, les textures et les reflets de substances et autres éclaboussures d’hémoglobine s’avèrent remarquables, débouchant sur des jeux de lumières géniaux. L’outil est même suffisamment souple pour afficher, sur PS4 Pro, du “4K” / 60 FPS sans broncher avec de nombreux effets de particules bien tenus (les corps des ennemis se déchiquettent par exemple lorsque l’on tire dessus). Seules ombres au tableau : un ragdoll un peu plus rigide et donc un tantinet moins réaliste ainsi que des frames saccadées sur les morts-vivants lointains, prouvant que la distance d’affichage a tout de même ses limites, du moins sur consoles de salon. Mais ce serait bouder son plaisir que de critiquer la réalisation, d’autant plus que le sound design est toujours aussi précis et clinquant : Resident Evil 3 est un petit bijou dont l’apparence ne peut qu’en renforcer considérablement le plaisir de jeu, aussi court soit-il. 


PAPY FAIT DE LA RESISTANCE


Resident Evil : ResistanceEt pour palier le problème de la durée de vie, Capcom a planché pour un multijoueur complètement inédit. Annoncé d’ailleurs avant même Resident Evil 3, Resident Evil Resistance était probablement prévu comme un stand-alone avant que les Japonais ne préfèrent l’inclure dans le jeu final : d’ailleurs, cette théorie se voit largement renforcée par la distinction des deux projets, chacun relevant d’une application bien distincte l’une de l’autre. Ainsi, REsistance s’appuie sur un concept asymétrique où un joueur incarne le Mastermind, une cruelle tête pensante d’Umbrella, pendant que quatre autres se glissent dans la peau de jeunes (parmi les six proposés) en proie à la compagnie pharmaceutique. Lâchés dans une des cinq maps closes, ils devront faire équipe pour en sortir en fouillant l’environnement et résoudre des puzzles ; le Mastermind, lui, depuis ses caméras de sécurité, posera des pièges, placera des ennemis stratégiquement (pouvant même en contrôler certains) et s’acharnera à leur mettre des bâtons dans les roues.


Resident Evil : ResistanceSous des très gros airs de slasher movie, on ne peut pas reprocher à ce REsistance de vouloir un peu bousculer les codes de Resident Evil. D’ailleurs, les développeurs ont élaboré une certaine profondeur de jeu : chaque “survivant” dispose de plusieurs capacités spéciales, elles-mêmes s’appuyant sur des sous-spécialités (qui pourront être débloquées selon les levels d’XP acquis) qui formeront une complémentarité évidente. Ainsi, en faisant une liste non exhaustive, Becca pourra par exemple avoir des munitions infinies pendant un court laps de temps ; Martin flashera ses ennemis pour les aveugler et placera des mines ; Tyrone pourra mettre des bons gros chassés et booster le moral de ses coéquipiers ; Samuel utilisera ses techniques de boxe (spoil : pour boxer) tandis que January pourra perturber les caméras du Mastermind grâce à un IEM et que Valerie repérera les objets de valeur dans les niveaux. De plus, une fois en jeu, il sera possible d’acheter des armes et des items grâce à la monnaie virtuelle récupérée sur place et upgrader son personnage au fil des manches : ces dernières devront être gagnées au nombre de trois pour remporter la partie. 


REsistance permet de souffler et fait apparaître un certain potentiel mais dont le peaufinage est encore nécessaire pour s’exprimer aussi dignement que dans la campagne solo.


Resident Evil : ResistanceDe son côté, le Mastermind pourra également être amélioré : quatre bonhommes sont déjà proposés, chacun disposant de ses propres spécificités et, surtout, de son ennemi “ultime” qu’il pourra déployer sur la carte. Par exemple, Annette Birkin enverra G-Birkin, son mari après mutation qu’il est possible de rencontrer dans Resident Evil 2, Daniel incarnera le redoutable Tyran, Alex Wesker disposera de sa plante carnivore Yateveo et Spencer aura lui aussi sa petite surprise. Bref, ce multijoueur oppose deux forces qu’il est possible de personnaliser en détails et qui témoignent du bon vouloir de Capcom. Ceci dit, une fois manette en mains, l’affaire est toute autre et force est de constater que la formule du TPS fonctionne moins efficacement qu’imaginée. Graphiquement comme artistiquement, la claque est moindre et le level design particulièrement labyrinthique occasionne de nombreux problèmes de caméra ; les animations, elles, sont plutôt rigides et ne permettent pas des sensations très percutantes. De même, certains affrontements relèvent d’une visibilité brouillonne et, assez vite, on aura fait le tour du propriétaire malgré des maps évolutives et plutôt bien pensées. Bref, REsistance occupera ses joueurs quelques heures, permet de souffler et fait apparaître un certain potentiel mais dont le peaufinage est encore nécessaire pour s’exprimer aussi dignement que dans la campagne solo. Et concernant cette dernière, il n’y a pas à dire : Capcom a globalement assuré ses fonctions. 


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