Test POSTAL 4 No Regerts : ce sont les joueurs qui vont avoir des regrets...
9 20
Postal 4 est à l'image du logo de Running with Scissors : un sale gamin courant avec des ciseaux au risque de se blesser. Et le jeu se prend effectivement les pieds dans le tapis, du fait de son humour douteux et d’un bilan technique assez déplorable. Le premier point pourrait encore passer, car il s'agit après tout de la marque de fabrique d'une série qui, rarement pour le meilleur et souvent pour le pire, se vautre allègrement dans le sale, le grivois et le politiquement incorrect. Mais mêmes les indécrottables fans du crasseux Postal Dude risquent de faire grise mine face aux nombreux bugs et aux graphismes extrêmement datés. Le monde ouvert s'avère quant à lui plus désolant que défoulant, surtout que certaines quêtes se montrent étonnamment ennuyeuses. Comme dirait l'autre, nous ne nous attendions à rien et nous sommes quand même déçus.
- Le choix dans les voix, dont celle de Jon St. John
- Un ou deux passages politiquement incorrects
- Une certaine variété dans les situations et actions possibles
- Un humour pipi caca qui peine à convaincre
- Des quêtes souvent ennuyeuses
- Des graphismes et une technique qui nous ramènent dix à vingt ans en arrière
- Des scripts qui ne se déclenchent pas
- Des bugs divers et variés
- Quelques plantages pour couronner le tout
En 1997, Postal nous proposait une vue isométrique. En 2003, Postal 2 adoptait une vue subjective. Et en 2011, Postal III choisissait la voie du TPS. Dans tous les cas, l'humour bas du front répondait à l'appel, et les mauvaises notes des journalistes également. Même le film Postal sorti en 2008 n'a pas réussi à remporter l'adhésion, son score Metacritic plafonnant à 22/100. Etant donné qu'il était réalisé par Uwe Boll, il pouvait difficilement en être autrement. Bref, cette série est une sommité en matière de mauvais goût et d'échec critique(s). Nous allons voir que ce quatrième épisode vidéoludique ne déroge pas à la règle !
Présenté par les développeurs comme la véritable suite de Postal 2, dont il reprend d'ailleurs la vue subjective, Postal 4 s'ouvre sur un écran précisant que le jeu n'est "pas recommandé pour les enfants, les streamers ayant un public familial, les gens pieux, quiconque atteint de psychose et/ou cherchant à faire carrière dans la politique". Le ton est donné, et confirmé par un écran de chargement présentant une poupée gonflable recyclée en mannequin d'entraînement, et une introduction dessinée mettant en scène une paire de testicules armée d'un bazooka, un gros caca qui fait plouf, et un chien qui se lèche les gonades. Voilà, voilà… Vous en voulez encore ? Pas de souci, l'aventure en a gardé sous le coude. L'auberge de la ville s'appelle Anu's Inn, le héros peut regagner de la santé en consommant des pipes à crack, il est possible d'acheter dans les distributeurs des chiens morts et des bouteilles de pisse (sic), une touche permet d'uriner sur tout et n'importe quoi (on peut donc faire pipi sur du caca, faites ce que vous voulez de cette information...), une autre d'enfoncer un chat vivant sur le canon du fusil à pompe pour le rendre silencieux, et les conseils de jeu sont distillés par Krotchy, la mascotte "entrejambesque" de la série. Quant aux quêtes, elles nous demandent entre autres joyeusetés de broyer des chiens et chats errants, de déblayer des monceaux d'excréments à la pelle, d'installer des bidets, ou encore de mettre le bazar dans le parc d'attractions Kunny Island dédié à l'anatomie féminine. Crado, scato, vulgaire, violent, bête et méchant, l'humour de Postal 4 reste fidèle à celui des épisodes précédents. Certains aimeront, d'autres détesteront, et il y a fort à parier que vous ayez déjà choisi votre camp après avoir lu ces quelques lignes.
UN MONDE OUVERT MOULU
Le scénario prétexte nous place dans la peau du Postal Dude parti à la recherche de sa caravane volée. Le voici donc contraint d'évoluer dans la ville d'Edensin et de répondre aux besoins de ses habitants, la structure du jeu prenant la forme d'un petit monde ouvert. Plus parodique que crédible, la ville possède une zone commerciale, une zone résidentielle, une zone industrielle, une zone restée bloquée à l'époque du Far West, et même un mini Mexique, avec la frontière et le mur de séparation qui vont bien. Quelques challenges et objets à collectionner sont disséminés dans les décors afin de renforcer l'aspect bac à sable, mais qu'on ne s'y trompe pas, cet open world a des années de retard d'un point de vue technique. Un seul type de véhicule est disponible (un scooter de mobilité façon Walmart), les passants errent sans but et sont clonés plus que de raison, certaines pièces sont horriblement vides, les animations sont généralement rigides (voire inexistantes, comme lorsqu'un personnage assis décide de se lever), et des temps de chargements viennent régulièrement interrompre les déplacements. Même pas dissimulés, ces derniers gèlent l'écran quelques secondes et affichent un bête message "loading"… comme le faisait Half-Life 2 il y a près de vingt ans. Et le jeu de Valve, lui, ne faisait pas disparaître la main de son héros tout en laissant l'arme flotter à l'écran comme par magie…
Le ton est donné, et confirmé par un écran de chargement présentant une poupée gonflable recyclée en mannequin d'entraînement, et une introduction dessinée mettant en scène une paire de testicules armée d'un bazooka, un gros caca qui fait plouf, et un chien qui se lèche les gonades. Voilà, voilà… Vous en voulez encore ?
Quant aux graphismes à proprement parler, ils oscillent entre l'acceptable et le franchement daté. L'effet cel-shading sert clairement de cache-misère et absolument rien ne laisse penser nous sommes en 2022. Sur certains points précis, on se croirait plutôt revenus en 2002. Mais au-delà des questions esthétiques, le plus étonnant provient du peu d'intérêt de certaines quêtes. Ces dernières sont d'ailleurs appelées "courses" et n'ont effectivement pas grand-chose de palpitant. Si certaines d'entre elles débouchent sur des fusillades qui ont au moins le mérite d'apporter un peu d'action, d'autres se montrent en revanche désespérément banales. Décrotter des égoûts, changer des ampoules, mettre des amendes à des voitures mal garées ou faire signer une pétition à une dizaine de personnes, on a connu plus palpitant. Ces moments de flottement sont d'autant plus regrettables que, quand il se sort le doigt des fesses, le jeu sait parfois faire mouche et se montrer politiquement incorrect de manière judicieuse. La quête demandant de balancer des immigrés par dessus la frontière à coup de lance-pierre géant, les PNJ qui se masquent suite à une épidémie de pigenoavirus, ou la parodie de Game of Thrones qui privilégie le sens sanitaire du mot trône, tout cela fonctionne plutôt bien. Au chapitre des points positifs, nous pouvons également citer une option rarement vue ailleurs : la possibilité de choisir entre trois voix différentes pour le Postal Dude. Celui-ci peut être incarné par les acteurs Rick Hunter (Postal 1 et 2), Corey Cruise (Postal III) et Jon St. Jon, qui restera à jamais dans nos cœurs comme l’interprète de Duke Nukem.
SANS FINITION
Hélas, ces rares moments d'éclaircie ne suffisent pas à sortir Postal 4 du bourbier dans lequel il se trouve. Il faut ainsi faire avec de très nombreux bugs, qui sont d'autant moins acceptables que le jeu vient tout juste de sortir d'un accès anticipé de deux ans et demi. Pour passer le jeu plein écran, il nous a par exemple fallu batailler pendant près de vingt minutes dans les options, l'image ne cessant de revenir en mode fenêtré ou dans la mauvaise résolution. Du côté de l'activation des sous-titres, nous avons carrément été obligés d'abandonner. Aucun ne s'est jamais affiché, que ce soit dans les cinématiques ou les dialogues en jeu. Pire encore, nous avons fait face à un bug bloquant, que nous avons réussi à contourner grâce à un cheat code (merci les forums Steam). Sans cela, un script de fin de quête refusait obstinément de se déclencher. Héros qui emprunte l'échelle du mauvais côté, PNJ qui passent à travers le sol, écran qui devient subitement noir à l'exception de l'interface et objets qui flottent dans les décors ont également fait partie de notre quotidien durant ce test. Il a aussi fallu faire avec plusieurs crashs, certains aléatoires et d'autres systématiques (par exemple en essayant d'utiliser les attractions du parc Kunny Island). A croire que le côté crado du jeu concerne également le code pissé par les développeurs !