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En s'offrant les services d'Arc System Works, Atlus savait déjà que Persona 4 Arena serait un bon jeu de baston. Si le gameplay donne l'impression d'avoir été conçu pour les nuls au départ, il se révèle bien plus profond une fois que l'on se met étudier sérieusement les 13 personnages qui composent le casting du jeu, malgré une exigence moins prononcée par rapport aux autres titres du même genre. Pas de quoi crier au scandale toutefois, d'autant que Persona 4 Arena se montre quasiment intraitable dans les autres domaines. La réalisation est splendide, le contenu fait preuve d'une richesse exemplaire et l'univers Persona a été respecté pour le plus grand plaisir des fans de la série. On regrette juste un mode "Story" rébarbatif par moments, l'absence d'une localisation en français ainsi que l'obligation de patienter des plombes avant de trouver un adversaire en ligne.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Persona 4 Arena
- Une 2D sublime
- La richesse du contenu
- Un gameplay à la fois accessible et profond
- Une B.O. qui a du peps
- La griffe Arc System Works
- Fidèle à l’univers Persona
- On aurait aimé un peu plus de persos
- Le mode "Story" rébarbatif
- Pas grand monde en ligne
- Pas de traduction française
Quand on y pense, c'est vrai que Persona 4 Arena est disponible au Japon et aux Etats-Unis depuis l'été 2012, et il aura donc fallu patienter neuf mois avant de voir le jeu débarquer en France. Du coup, on a un peu de mal à comprendre que le titre ne soit pas localisé en français ; et si nous sommes toujours les premiers à pointer du doigt les doublages dans la langue de Molière foireux, il aurait quand même été de bon ton de traduire les sous-titres pour ne pas décourager les anglophobes. Car les dialogues sont nombreux dans Persona 4 Arena, surtout dans le mode "Story" dont les événements se déroulent deux mois après ceux survenus dans Persona 4. Plus concrètement, les différents protagonistes vont se retrouver aspirés dans un monde parallèle où ils devront claquer quelques droites dans un grand show télévisé : le P-1 Grand Prix. Puisque les développeurs d'Arc System Works ont promis de ne pas renier les origines de la série, chaque personnage possède sa propre histoire avec de multiples embranchements, sans oublier les interconnexions qui permettent d'aborder une même scène sous une perspective différente. Bon, c'est vrai que la progression dans le scénario est particulièrement longue pour ne pas dire rébarbative, et devoir attendre parfois jusqu'à 15 minutes avant d'enchaîner sur un autre combat est une véritable torture. Difficile également de ne pas être rebuté par certaines niaiseries que s'échangent les personnages, ce qui n'aide pas à rendre l'histoire plus intéressante. Etait-il nécessaire d'accorder une attention aussi extrême à la narration alors que l'essentiel se trouve ailleurs ? Peut-être pas, même si les fans de la série y trouveront forcément leur compte. Les autres apprécieront davantage la qualité de l'habillage, et ce choix du graphic novel pour mettre en avant des illustrations soignées.
Bon, c'est vrai que la progression dans le scénario est particulièrement longue pour ne pas dire rébarbative, et devoir attendre parfois jusqu'à 15 minutes avant d'enchaîner sur un autre combat est une véritable torture."
Outre le mode "Story", Persona 4 Arena dispose aussi d'un mode "Arcade" nettement plus digeste. Hors de question de se perdre dans des phrases à rallonge ici, et on nous propose à la place une sorte de lecture rapide de l'histoire du jeu qui n'aborde que les moments clés. Ouf. Les puristes iront sans doute jeter un oeil aux modes "Score Attack" et "Challenge" pour mettre à l'épreuve leurs skills, alors que les collectionneurs en herbe préféreront passer du temps à contempler les cut scenes et autres artworks venant garnir progressivement le mode "Galerie". Enfin, on ne saurait trop conseiller aux néophytes d'apprendre les bases de Persona 4 Arena via les modes "Leçon" et "Entraînement", d'autant que ces derniers sont plutôt bien fichus. Ce n'est pas une révolution, mais Arc System Works a en effet intégré plusieurs outils permettant de simuler n'importe quelle situation de combat, histoire de ne pas trembler des fesses pendant les tournois organisés entre potes. En termes de gameplay, ceux qui ont passé des nuits blanches sur Guilty Gear et Blazblue ne seront pas vraiment déboussolés, dans la mesure où Persona 4 Arena repose grosso modo sur les mêmes codes. Il faudrait un dictionnaire pour aborder point par point toutes les subtilités qu'offre le jeu, mais on retient avant tout la présence des Persona aux côtés des 13 personnages que compte le titre. Pour faire plaisir à notre ami Maxime, ils remplissent le même rôle que les fameux strikers de The King of Fighters, en offrant un soutien supplémentaire au moment d'harceler l'adversaire. Sachant qu'il faut contrôler à la fois le personnage (coups rapides) mais aussi son Persona (attaques puissantes), il est impératif de trouver un parfait équilibre entre les attaques de chacun pour réaliser des combos efficaces. C'est d'ailleurs ce qui rend Persona 4 Arena aussi profond, puisque chaque binôme est unique.
Guilty Blue 4 Arena
Avaler de longues heures d'entraînement est donc la condition sine qua non pour être capable de maîtriser le couple à la perfection, du moins pour ne pas sortir des coups au pif comme un newbie. Car c'est le principal piège avec Persona 4 Arena : prendre des mauvaises habitudes en vendant son âme aux combos automatiques qui, en trois pressions, permettent de claquer un 15 hits sans la moindre exigence de timing. Dingue, surtout qu'il est possible de conclure sur une furie lorsque la jauge SP le permet. En clair, il suffit de connaître par coeur les différentes combinaisons pour bomber le torse, un choix d'Arc System Works afin de séduire les néophytes. Cela dit, marteler les touches sans se servir de sa tête n'est pas synonyme de victoire, car les dégâts infligés en counter font particulièrement mal dans Persona 4 Arena. En fait, bien que tout le côté technique qui permet d'habitude de différencier les sacs des vrais soit passé au second plan, certaines finesses offrent l'occasion à l'élite de se démarquer du peuple. Le Persona Break par exemple, empêche le Persona d'intervenir durant le match pendant un laps de temps après qu'il a encaissé quatre coups. Attention à ne pas utiliser son acolyte n'importe comment, donc. Il y aussi le Réveil du combattant lorsqu'il ne reste plus que 35% de la barre vitale. La défense du personnage est alors renforcée, et les dommages sont beaucoup plus dévastateurs avec un enchaînement taillé comme un diamant qu'en ayant recours à l'auto-combo. Et puis, n'oublions pas tous les autres mouvements que l'on peut exécuter en contrepartie d'un peu de SP : le Skill Boost (l'équivalent des attaques EX de Street Fighter IV), le Guard Cancel (briser l'enchaînement adverse alors que l'on est en garde), l'increvable Burst et ses variantes, ou encore le One More! Cancel (annuler une attaque pendant son exécution pour se remettre en position neutre et partir sur un autre combo) demandent là aussi une certaine aisance technique.
La direction artistique du jeu est tout simplement divine et chaque animation des combattants a été travaillée avec une précision d'orfèvre. Les couleurs pètent l'écran et la taille des sprites reflète cette générosité qui a toujours caractérisé le studio japonais."
Si on ajoute toutes les esquives vicieuses, la gestion des sauts toujours aussi cruciale à haut niveau, les chopes et les déchopes, le jeu au sol pour ne pas relâcher l'étreinte, les agressions aériennes ainsi que les différents empoisonnements façon Persona, Persona 4 Arena offre une bonne marge de progression pour les plus acharnés. Ah oui, on a failli oublier de parler des Instant Kills, ces attaques fatales qui permettent de remporter le round en un seul coup. Pour les connaisseurs, c'est l'équivalent des Fatal K.O. de Hokuto No Ken, avec là aussi des contraintes à respecter : le Persona doit être disponible, il faut que le round soit décisif pour remporter le match et la jauge SP complètement remplie. Après avoir enchaîné les parties pendant que François Hollande défilait sur les Champs Elysées, on s'est rendu compte que certains personnages étaient largement au-dessus du lot, Yu et Chie en tête. Mitsuru est bien crackée elle aussi, alors qu'Elizabeth est à côté de la plaque. Quoi qu'il en soit, même avec des siècles d'expérience derrière soi, c'est tendu pour s'extirper d'un match up négatif dans Persona 4 Arena. Même si on a pu sortir un voire deux miracles de notre chapeau, on s'est méchamment fait punir en ligne, un endroit où il faut prier pour tomber sur un adversaire. Dommage, car le netcode est impeccable malgré quelques ralentissements qui se comptent sur les doigts d'une main. Enfin, comment ne pas baver devant cette 2D sublime servie par Arc System Works ? La direction artistique du jeu est tout simplement divine et chaque animation des combattants a été travaillée avec une précision d'orfèvre. Les couleurs pètent l'écran et la taille des sprites reflète cette générosité qui a toujours caractérisé le studio japonais. Ce spectacle visuel est néanmoins terni par un aliasing un peu trop prononcé à notre goût, et des décors en 3D pas aussi aboutis que le reste du tableau.