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On ne va pas vous le cacher davantage, Otogi 2 : Immortal Warriors nous a littéralement conquis au point que les superlatifs manquent pour dépeindre cette fresque mystico-médiévale, qui nous prouve que From Software sait faire autre chose que des jeux de robots bien lourdauds. Avec une qualité visuelle au-delà de tout soupçon, des effets de lumière splendides (et le mot est faible) voire limite aveuglants et un gameplay accrocheur, Otogi 2 : Immortal Warriors est le digne successeur de son illustre aîné. Ceux qui avaient succombé au charme envoûtant du premier épisode ne peuvent que tomber amoureux une deuxième fois de cette suite. Et même si quelques menus défauts subsistent encore, From Software nous prouve une fois de plus que les Japonais peuvent, eux aussi, développer d’excellents jeux sur la console américaine du marché.
- Poétique
- Beau à en pleurer
- Une musique envoûtante
- Des effets spéciaux chiadés
- Le choix des langues jap/us
- Un challenge de tous les instants
- Des Boss qui forcent le respect
- Le côté RPG
- Excellente durée de vie
- Pas de checkpoint dans les niveaux
- Difficulté parfois trop élevée
En matière d’action/beat’em all où règnent en maître Devil May Cry et Onimusha, Otogi avait réussi à se faire une place au soleil grâce à son esthétique remarquable. Un an et demi après ses premiers pas sur Xbox, il est grand temps pour Raikoh de faire parler à nouveau sa lame.
Rappelez-vous, c’était en septembre 2003. Sorti de nulle part, Otogi : Myth of Demons avait crée la surprise sur Xbox en s’imposant comme l’un des meilleurs jeux de sa catégorie. Longtemps réservé au marché japonais, le titre avait pourtant réussi à traverser vents et marées pour finalement atteindre les côtes françaises, grâce surtout à la participation de Sega qui avait littéralement flashé sur le jeu. Pas étonnant ou presque compte tenu des arguments que possédait le jeu à sa sortie. Et pourtant, rien n’était prédisposé pour qu’Otogi rencontre ce succès critique. From Software, développeur et éditeur japonais, est surtout connu pour ses jeux de mechs tels que la série des Armored Core, Murakumo ou plus récemment Metal Wolf Chaos. Les Japonais sont très friands de ces jeux alors qu’en Europe, les robots à la détente aussi molle que celle de Ludo ont du mal à se faire apprécier. Heureusement, Raikoh est arrivé au bon moment pour faire changer la donne et faire connaître From Software ailleurs qu’au pays où le soleil se lève plus tôt que chez nous.
Six purificateurs d’âmes au service du Bien
Otogi 2 : Immortal Warriors est à l'image de son aîné et de Ninja Gaiden, il ne fait pas partie de ces jeux qu’on peut prétendre finir en une après-midi ou alors vous pouvez aller postuler illico dans le Guinness des Records. Avec l’absence de checkpoint, un temps limité pour purifier tous les niveaux et une difficulté en constante progression, il fallait s’accrocher bec et ongles pour espérer voir la cinématique de fin. D’ailleurs, elle en valait bien la chandelle et le dernier niveau qui se déroulait dans les cieux réservait un combat dantesque contre Michizane. Mais que s’est-il passé après ? Une fois l’affrontement achevé, Raikoh avait tout simplement disparu ? Etait-il mort ? Lui avait-on purifié son âme à son tour ? Il faudra attendre l’arrivée de Otogi 2 : Immortal Warriors pour obtenir une réponse à cette question. Le début du jeu est en effet consacré au réveil de Raikoh, dont la présence sur terre manquait indéniablement. Les hordes de montres sont de retour et seul le retour du guerrier à l’armure céleste peut ramener la paix à nouveau dans ce bas monde. Car cette fois-ci le challenge est encore plus ardu puisque c’est ni plus ni moins le renard à neuf queues que vous allez affronter en tant que Boss final dans cette suite. Issu des vieilles légendes japonaises, ce démon blanc est plutôt d’actualité ces derniers temps. Bien sûr on le retrouve dans le manga Naruto mais également dans Blood Will Tell, toujours chez Sega. L’affrontement étant quelque peu inégal, Raikoh ne sera cette fois-ci pas seul dans ce combat du Bien face au Mal.
Quatre personnages, quatre généraux, tous aussi charismatiques que Raikoh, sont à ses côtés pour l’épauler. On fait donc la connaissance de Tsuna qui sort du lot par sa tête de loup et sa double lance. On n’échappe pas à l’inévitable bourrin de service qui prend l’apparence ici de Kintoki, doté d’une force incomparable mais handicapé par des mouvements ralentis et l’incapacité d’exécuter un double saut. Suetake quant à lui, peut sauter indéfiniment dans les airs pour atteindre des plates-formes jusqu’alors inaccessibles. Et enfin Sadamitsu est le seul personnage féminin du groupe mais elle se démarque par sa vitesse et possède en contre partie une force de frappe moindre. Quant à Seimei, par qui le réveil de Raikoh fut possible, il se distingue des autres par son côté androgyne et utilise des éventails en tant qu’armes. Ce personnage possède également des liens ambigus avec le renard à neuf queues qui va tenter de le poursuivre tout au long de l’histoire. Ce n’est donc plus un seul mais six persos qu’il est désormais possibles de prendre en mains dans Otogi 2 : Immortal Warriors. Et puisque chez From Software, on est du genre généreux, il est même possible de les incarner dès le début du jeu.
Hardcore gaming ?
Le déroulement du jeu est segmenté en plusieurs tronçons. Ces zones distinctes sont découpées elles-mêmes en différentes missions (accessibles dans l’ordre qu’on souhaite) qu’il faudra terminer pour accéder à la zone suivante. Avant chaque niveau, vous aurez donc le choix parmi les six personnages mais votre choix se doit d’être stratégique. Car même s’il est possible de purifier chaque niveau avec n’importe quel protagoniste, il faut savoir que certains d’entre eux sont prédisposés à le faire plus efficacement. Et c’est là que le piège se referme puisque après avoir terminé un niveau avec tel ou tel perso, il sera impossible par la suite de le réutiliser pour purifier le reste. Pas si simple lorsqu’on se retrouve au final avec un seul guerrier dont les capacités ne sont guère adaptés aux obstacles et aux monstres qui nous attendent. Ce côté hasardeux permet néanmoins d’installer une certaine méthodologie de nettoyeur d’âmes. Heureusement, le côté RPG du gameplay n’a pas été évincé et à l’instar du premier volet, il est toujours possible de faire évoluer son personnage. Armes, magies, objets, tout s’achète et tout se vend à condition d’avoir assez de sousous dans la popoche. Rappelons une fois encore : ceux qui pensent pouvoir finir Otogi 2 : Immortal Warriors en deux trois coups de cuillère à pot risquent de vite déchanter tant la difficulté du jeu est bien installée. Otogi proposait un total de 29 missions, Otogi 2 : Immortal Warriors propose cette fois-ci 27 niveaux, ce qui reste on ne peut plus convenable. Chaque mission est minutée avec une jauge de temps qui diminue progressivement. Vous pouvez néanmoins gagner un peu de temps à chaque ennemi tué. En sus de proposer une difficulté élevée, le jeu ne laisse aucune chance au joueur de reprendre à un checkpoint. La mort est systématiquement sanctionnée par un « Restart level », parfois des plus frustrants, surtout lorsqu’on était sur le point d’achever un niveau. Bref, on le répète encore, Otogi 2 : Immortal Warriors n’est pas de ces jeux qui se terminent en un claquement de doigts.
D’un point de vue purement esthétique, il est vrai que Otogi 2 : Immortal Warriors fait vaguement resucé, un perso en vue à la troisième personne doté d’une armure aussi stylisée que meurtrie, une chevelure dont la forme épousée par le vent nous fait pensé à l’écharpe d’un certain Shinobi et le tout auréolé d’un gameplay simple mais accrocheur. On pourrait crier au plagiat mais le titre de From Software est à la fois tout ceci et autre chose. Car même si les principaux ingrédients qui ont fait le succès des jeux cités plus haut sont repris, Otogi 2 : Immortal Warriors apporte sa touche personnelle qui en fait un jeu unique et non un énième ersatz. Il se dégage effectivement une aura particulière qui le distingue des autres jeux de sa catégorie par son ambiance à la fois mystique et pleine de grâce. Il suffit de voir Raikoh et ses quatre généraux, ce dark-héro que vous incarnez et qui a pour objectif de purifier tous les démons à l’aide de ses armes blanches et autres magies. Le tout est mis en valeur par des sonorités japonaises à la consonance médiévale et chevaleresque qui n’est pas sans rappeler un certain Vampire Hunter D. Toujours les yeux fermés et les cheveux au vent, Raikoh est resté toujours aussi muet. C’est simple, il ne cause pas, ni même les généraux qui sont sous ses ordres. Mais tout ceci ne fait-il pas partie de cette mystification qui enveloppe le jeu et qui participe au charme qui s’en dégage ?
Otogi, laissez le charme agir
Non content d’offrir l’un des plus beaux jeux de la Xbox avec des graphismes qui claquent les fesses, le titre de From Software offre aussi un gameplay efficace. Un bouton pour donner des coups de slash, un bouton pour sauter, un autre pour la magie, avec aussi la possibilité de se déplacer très vite grâce à un dash bien utile (possible de le faire sur les côtés). Il est aussi possible d’enchaîner plusieurs combos permettant ainsi à votre perso de rester dans les airs pendant un laps de temps. Quant au bouton Y, il vous permet de placer une frappe décisive qui enverra valdinguer n’importe quel ennemi contre un mur ou une paroi avant de voler en éclats. Votre statut de purificateur vous donne ainsi carte blanche pour bousiller du streum sans état d’âme. Et dire que l’action et les effets lumineux sont impressionnants relève clairement de l’euphémisme. Bref, tout y est chiadé jusqu’au menu, présenté comme une toile médiévale peinte avec virtuosité. L’autre clef de voûte de Otogi 2 : Immortal Warriors est sa bande son. A la fois sombre et envoûtante avec ses voix mystérieuses et ses dissonances harmoniques, elle sait aussi se faire plus péchue rythmant ainsi de façon magistrale l’action incessante du jeu. L’un des grands reproches que l’on pouvait faire à Otogi se situait au niveau de la gestion de la caméra. Complètement libre grâce au stick analogique droit, elle avait bien du mal à suivre Raikoh dans ses déplacements speedés. Plus besoin de locker les ennemis pour évincer ce souci, ou de cliquer sur le stick pour recentrer la caméra dans le dos du perso, les angles de vue de Otogi 2 : Immortal Warriors ont été revus par les concepteurs et suivent avec perfection votre guerrier. Reste toujours ces gerbes de lumières incessantes qui recouvrent l’écran, provoquant rapidement un bordel visuel qui pourra en saouler plus d’un. Personnellement, ces effets lumineux font partie tel quel du charme de la série et plus il y en a et plus ça nous plaît.