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Microsoft ne nous aura pas raconté du vent cette fois-ci : Ori and The Blind Forest est bel et bien la pépite que la Xbox One attendait depuis sa sortie. Le titre de Moon Studios n’a peut-être pas la carrure du blockbuster hollywoodien capable de faire augmenter soudainement les ventes de la console, mais il reste de loin la plus belle exclu obtenue par le constructeur ces quinze derniers mois. Il faut dire que tout y est, qu’il s’agisse des graphismes en 2D somptueux, de la bande-son qui lui colle merveilleusement à la peau, de son gameplay méticuleux et exigeant, de la maîtrise de son rythme, de son level design intelligent, de la montée en puissance de son aventure, sans oublier toutes les folles émotions qu'il peut procurer (émerveillement, joie, tristesse, frustration, colère, satisfaction) ; bref, Ori and The Blind Forest fait quasiment un sans-faute et les seuls vrais reproches qu’on puisse lui faire, ce sont les chutes de framerate, minimes mais assez fréquentes, et cette notion de die & retry qui peut paraître parfois abusive. Mais le challenge reste sain et jamais punitif, sachez-le. Ah si, il lui manque un dernier truc pour être parfait : une sortie boîte et dans une version collector digne de ce nom. Pour ça, on s'en remet au bon vouloir de Microsoft...
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Ori and The Blind Forest
- Une intro qui donne envie de chialer
- Des graphismes aphrodisiaques
- La richesse et la variété des décors
- Un gameplay exigeant et d’une grande finesse
- Rajeunit le genre Metroidvania
- La justesse de la bande-son
- Du challenge à revendre
- Un level design cohérent et intelligent
- La montée en puissance de l’aventure
- Génère toutes sortes d’émotions
- Du die & retry abusif mais pas punitif
- Des chutes de framerate sur Xbox One
- Une caméra un peu trop éloignée
- Pas de sortie en version boîte
Il est des jeux qui, en un court instant, sont capables de captiver toute notre attention pour ne plus jamais nous faire oublier leur existence. Ce fut le cas de Ori and the Blind Forest, dévoilé subrepticement pendant la conférence Microsoft de l’E3 2014 lors d’un trailer qui réunissait tous les jeux du programme ID@Xbox. Depuis, le titre développé par Moon Studios s’est dévoilé avec parcimonie, comme pour garder intact le mystère qui l’entourait, mais aussi soigner chacune de ces apparitions. Après un report qui aurait pu redorer le blason de la Xbox One à Noël dernier, Ori vient enfin poser ses graines sur la console de Microsoft qui s’est peut-être payée l’une des belles exclusivités de l’année 2015. Et c’est tout sauf du bullshit de journaliste !
Il existe mille et une façons d’attendrir le joueur et Ori and the Blind Forest a choisi de le faire dès son introduction, dans les premières minutes de son aventure. A l’image du film Up! (Là-Haut) des studios Pixar, un drame va venir vous toucher en plein cœur et décupler votre envie de prendre soin d’Ori, cette petite créature à mi-chemin entre un lapin et un singe, ou plus simplement une version revisitée du Stitch de Disney. Son objectif ? Sauver l’Arbre des Esprits qui se meurt après que Kuro, un hibou géant maléfique, se soit emparé de sa lumière, indispensable pour la survie et l’équilibre de la forêt. L’histoire de Ori and the Blind Forest est certes convenue, mais le jeu multiplie tellement les références à des œuvres puissantes qu’on se sent forcément impliqué, surtout si on est sensible aux films du studio Ghibli. Les développeurs de Moon Studios nous l’avaient confié lors de notre rencontre à l’E3 dernier, Mon Voisin Totoro et Princesse Mononoké ont été deux sources d’inspiration majeures dans la création artistique de leur jeu. Il faut dire que les thèmes écolos de Hayao Miyazaki sont omniprésents, afin de nous rappeler l’importance de la nature et que nous avons besoin d’elle pour rester en vie.
BEAUTÉ AVEUGLE
Cet hommage vibrant est rendu possible par la justesse de la mise en scène d’Ori and The Blind Forest, sobre, délicate et pleine d’émotions, mais aussi par ses graphismes, somptueux, fabuleux, majestueux, ajoutez autant de superlatifs que vous voulez car ils ne seront jamais de trop pour décrire la beauté du jeu. Chaque moment passé en compagnie du titre de Moon Studios est un régal pour les yeux, comme si on avait affaire à une succession de tableaux et de peintures réalisées par les plus grands maîtres du genre. En plus de jouer avec les différents effets de plan, Ori and The Blind Forest n’hésite pas à rendre vivant chacun des éléments du décor, qu’il s’agisse des feuilles des arbres qui dansent au gré du vent, l’herbe qui se courbe au passage d’Ori ou tout simplement les pétales qui virevoltent dans les airs. Les décors sont tellement riches et d’une incroyable générosité que la Xbox One a parfois du mal à suivre certaines actions, notamment quand la pyrotechnie s’en mêle, au point même de faire chuter dramatiquement le framerate. Et le jeu ne tourne qu’en 720p, c’est dire...
Chaque moment passé en compagnie du titre de Moon Studios est un régal pour les yeux, comme si on avait affaire à une succession de tableaux et de peintures réalisées par les plus grands maîtres du genre.
Exemplaire dans sa réalisation, Ori and the Blind Forest propose également un gameplay tout aussi soigné, pour ne pas dire quasiment irréprochable. Sous ses faux airs de jeu de plates-formes basique se cache en réalité un Metroidvania, où l’exploration, la montée en puissance de notre petite bête et la dextérité du joueur constituent un tout uniforme. Ori commence l’aventure dénué de tout pouvoir mais au fil des rencontres et des arbres sauvés, notre héros va acquérir de nouveaux pouvoirs. Le premier n’est autre que cette flamme étincelante, une source de lumière capable de lui parler mais aussi de le défendre des – nombreux – ennemis qu’il va croiser en route. En tapotant sur le bouton X, cette flamme peut en effet cogner les ennemis sur une certaine distance, avec la possibilité d’agrandir la zone d’action. Une fois le pouvoir de la flamme attisée en sa possession, Ori peut créer une forte explosion capable d’éliminer d’un coup tous les ennemis alentours, mais aussi exploser des murs fissurés et ainsi débloquer de nouveaux passages. Le double-saut intervient au tiers du jeu et offre lui aussi de nouvelles perspectives, nous rappelant qu’il est nécessaire de revenir dans les premiers niveaux pour accéder aux corniches qu’on jugeait un peu hautes au début de l’aventure.
MOURIR POUR MIEUX SURVIVRE
Des pouvoirs assez classiques dans l’ensemble, mais les concepteurs de Moon Studios n’ont pas oublié d’apporter leur touche personnelle, en proposant par exemple le pouvoir de la Frappe, qui permet de se propulser dans les airs à partir de projectiles ennemis, tout en les renvoyant dans le sens opposé. Le genre de nouveautés qui permet aux développeurs de proposer des phases de plates-formes assez épiques, ces fameuses séquences de fuites capables de faire grimper de manière exponentielle vos pulsations cardiaques. Il existe d’autres pouvoirs à débloquer comme la possibilité de s’agripper sur le long des murs ou bien encore planer quelques secondes, mais quoiqu’il en soit, tout le génie d’Ori and The Blind Forest se juge dans son entier, notamment dans la maîtrise de son rythme et de sa progression, mais aussi de sa manière à appréhender les checkpoints. C’est une première dans un jeu vidéo, le joueur est totalement libre de placer ses points de sauvegarde là où il le souhaite, enfin s’il lui reste un point d’énergie en stock. Un système pour le moins ingénieux, mais qu’on a du mal à assimiler au départ, tant il paraît déroutant et peu conventionnel. Donc après une séquence de plateforming un peu délicate, pensez à maintenir la touche B, elle peut vous sauver la vie, ou du moins à vous faire gagner du temps et éviter de vous arracher les derniers cheveux qu’il reste sur votre crâne dégarni. Car de toutes les façons, Ori and The Blind Forest est bâti de telle sorte que vous allez en chier. Du bon die & retry qui va faire bander les Ayatollahs du jeu vidéo et rendre fou les autres, qui baisseront peut-être les bras après plus de 20 morts consécutives. A eux, nous adressons ces mots : rien n’est impossible, il faut un peu de persévérance, parfois du recul, car Ori and The Blind Forest n’affiche pas le même sadisme que la série des Dark Souls où la difficulté est souvent abusive.
Car de toutes les façons, Ori and The Blind Forest est bâti de telle sorte que vous allez en chier. Du bon die & retry qui va faire bander les Ayatollahs du jeu vidéo et rendre fou les autres, qui baisseront peut-être les bras après plus de 20 morts consécutives.
La raison pour laquelle le die & retry n’est jamais punitif, c’est grâce à l’ingéniosité du level design et aux indices laissés ici et là pour permettre au joueur de comprendre ses erreurs et les corriger aussitôt. Il vous faudra peut-être plusieurs dizaines de tentatives pour surmonter un obstacle, mais l’aboutissement n’est jamais très loin. Metroidvania oblige, Ori and The Blind Forest vous demandera d’afficher la map très souvent, histoire de repérer la route principale mais aussi dénicher les passages secrets pour mettre la main sur de précieux bonus. Toute la structure des niveaux – et de ses donjons – semble avoir été pensée avec la même cohérence, ce qui permet au joueur d’établir son propre plan d’attaque. Certes, certains passages demandent qu’on les mette entre parenthèses le temps de récupérer la compétence requise, mais il est toujours possible de retourner sur ses pas, quelque soit notre avancée dans le jeu. En ligne droite, comptez une dizaine d’heures pour voir défiler le générique de fin et rajoutez 3 ou 4 heures de plus si vous vous amusez à débloquer tous les Succès et récupérer tous les bonus planqués dans les niveaux. Malgré une replay value assez faible, Ori and The Blind Forest se rejoue avec plaisir, ne serait-ce que pour diminuer le nombre de morts affichés dans son historique. A ce propos, vous pouvez partager vos exploits online, même si parfois il est préférable de ne rien dire…