Test également disponible sur : Xbox One - PS4 - Switch

Test No Straight Roads : quelques petites fausses notes mais un vrai capital sympathie !

Test No Straight Roads : quelques fausses notes mais un capital sympathie
La Note
note No Straight Roads 14 20
S’appuyant sur des bases encore peu solides, No Straight Roads n’en demeure pas moins une aventure à la sympathie indéniable. Même si Metronomik nous a offert une expérience perfectible en termes de gameplay, de level design ou de contenu, elle s’avère néanmoins pétillante et d’une musicalité chaleureuse. Pourtant, on comprend très rapidement la structure linéaire et répétitive de ses niveaux ; ses combats s’appuient sur des mécaniques de combat qui manquent de précisions et, globalement, il y a encore du boulot pour proposer un véritable équilibre dans ses fondements. Alors pourquoi No Straight Roads ne s’en sort-il pas si mal ? La réponse est parfois plus simple qu’on ne le pense : le titre des Malaisiens de Metronomik donne du baume au cœur grâce à sa direction artistique pop-colorée, son OST funky vraiment réussie et sa bonne humeur constante. Ce n’est évidemment pas un AAA digne des gros studios, mais plutôt une expérimentation qui permet de s’aérer l’esprit et d’encourager un pays qui tente de s’affranchir de la sous-traitance pour proposer enfin ses propres productions. Il y a encore du chemin à parcourir, certes, mais c’est sur la bonne voie.

Les plus
  • Une OST funky et aux petits oignons
  • Une direction artistique colorée qui fait mouche
  • Un concept de base intéressant
  • Une ambiance chaleureuse
  • Des doublages réussis, VO comme VF
Les moins
  • Un level design qui manque d'ambition
  • Imprécis parfois dans les combats
  • C'est assez court
  • Une écriture qui manque encore de subtilité (malgré certaines lignes de dialogue sympathiques)


Le Test
Petit à petit, souvent dans l’ombre, la Malaisie se construit un place de choix dans le paysage vidéoludique. On ne le sait que trop rarement mais ce pays asiatique à l’économie bondissante est tout particulièrement prisé des studios occidentaux. Le but ? Y faire de le sous-traitance pour des productions AAA – de la confection d’assets divers et variés, par exemple – et le florilège de développeurs qui s’y trouvent s’avèrent franchement doués. C’est donc avec une pression mais une fierté non dissimulées que Metrononik, jeune firme basée à Kuala Lumpur, passe à l’étape supérieure avec la réalisation d’un jeu à part entière, conçu dans leurs locaux de A à Z : mieux encore, celui-ci entend bien apporter la musique au cœur du game design en lui servant de lettre d’amour dynamique et colorée. Mais au-delà d’une bonne humeur évidente, No Straight Roads a-t-il les épaules pour s’imposer comme un véritable bon jeu vidéo ?

No Straight Roads

No Straight Roads n’est pas un projet signé d’illustres inconnus : bien qu’il s’agisse effectivement du premier titre de Metronomik, il est mené par Wan Hazmer, lead game designer de Final Fantasy XV et Daim Dziauddin, le concept artist de Street Fighter V. Deux meneurs issus de géants de l’industrie et habitués des très gros chantiers, voilà qui doit, ici, bien contraster avec une équipe nouvelle et bien plus modeste, sans parler du budget correspondant. Qu’importe, NSR (c’est l’abréviation officielle du jeu) fait parler de lui depuis quelque temps déjà, notamment grâce à sa musique et sa VF dont nous parlerons plus tard : nous y incarnons Mayday et Zuke, deux rockeurs formant le groupe Bed Bunk Junction qui, après s’être fait recaler dans une émission de télé-crochet, s’en iront démontrer la puissance du rock aux différents membres du jury. C’est d’ailleurs tout le pitch de l’aventure : nos deux héros, guitare électrique et baguettes à l’appui, représenteront le rock face à une ville dominée par l’EDM, l’Electronic Dance Music, un genre en réalité plutôt large puisqu’il regroupe tous les styles de la musique électronique, qu’il s’agisse aussi bien de la techno que de la house, du dubstep, de la drum & bass et l’on en passe. Le cadre prend ainsi place dans Vinyl City, une ville nocturne où la musique électronique est imposée et omniprésente, et dans laquelle chaque quartier est dominé par un boss appartenant à un sous-genre de l’EDM. Il faudra ainsi parcourir six niveaux et quelques extras pour défaire chacun des lieutenants et imposer le rock comme une tendance musicale. 



LA MUSIQUE ! OUI, LA MUSIQUE !

Concrètement, donc, comment s’articule No Straight Roads ? Bien que la musique soit au cœur du jeu, il n’en reste pas moins un titre d’action “normal” : on dispose de deux personnages jouables, interchangeables immédiatement grâce à un bouton, qui évolueront dans des environnements en 3D avec des ennemis à battre au corps-à-corps ou à distance. Comme dans n’importe quel autre soft du genre, on peut alors sauter, esquiver, user de capacités spéciales, régénérer sa santé : en revanche, la musique intervient autrement – en étant omniprésente dans le scénario ainsi que dans l’ambiance visuelle et sonore, déjà – puis dans les combats eux-mêmes. Les ennemis n’attaquent alors pas en fonction de vos actions mais en fonction du rythme - certains de leurs coups puissants pourront même être déviés grâce à une parade, si appliquée au bon moment - incitant le joueur à se mettre en osmose avec l’OST. Parfois, on récupère des notes de musique qui servent d’attaques à distance, dont on ne pourra toutefois user que sur les adversaires volants ; avec une autre touche, il est possible de convertir de façon éphémère des objets du décor, de manière à les transformer en tourelle "rockeuses" qui aideront lors des affrontements. Le gameplay, lui, s’étoffera au fil des niveaux : une fois terminés et selon le score obtenu, on obtiendra des “fans” qui serviront à débloquer de nouvelles capacités, en plus de stickers à coller sur ses instruments qui amélioreront temporairement nos compétences et que l’on devra remplacer une fois leur effet épuisé. 

No Straight Roads


STRAIGHT ROADS

No Straight Roads arbore donc les facettes du jeu d’action avec une touche évidemment très musicale. Toutefois, relativement vite, force est de constater que sa structure s’avère relativement fragile. Au niveau des combats purs et durs, tout d’abord, puisqu’il n’existe déjà qu’un nombre extrêmement faible d’ennemis qui se répéteront tout au long de l’aventure ; leurs mécaniques s’avèrent aussi assez bancales, débouchant sur des combats imprécis, parfois rigides, qui auraient manqué à gagner en réactivité. Cela vaut pour les combos (très minimes), le système de parade ou les esquives, trop lourdes pour être placées dynamiquement dans un enchaînement (il est par impossible d’annuler son attaque, ce qui s’avère vite problématique). Heureusement, on peut densifier le gameplay avec l’achat de nouvelles capacités mais, là aussi, l’équilibrage paraît peu adapté avec un arbre des compétences trop grand pour un jeu particulièrement court, obligeant vite à refaire la petite poignée de niveaux et de boss pour farmer les points d’amélioration. Et quand bien même, ceux-ci ne sont pas vraiment indispensables puisqu’il est possible de terminer l’aventure en cinq ou six heures (voire moins), sans vraiment forcer et dans une linéarité imposante. En termes de level design, No Straight Roads se contente effectivement du strict minimum, à savoir de très petites zones d’exploration dans laquelle il est possible de récupérer des items puis les “niveaux”, tous des couloirs en ligne droite parsemés... des mêmes ennemis, avec un boss en leur fin. Rapidement, on aura vite fait le tour du contenu, chétif dans ses fondamentaux parfois peu maîtrisés, mais qui dispose tout de même de quelques autres spécificités plus intéressantes. 

No Straight Roads


ÇA BOSS DUR

Car si les levels s’appuient d’une architecture plutôt frêle, les boss, eux, représentent bien mieux l’aspect musical de NSR. Plus ou moins loufoques, ils appartiennent tous à un genre différent, allant même piocher parfois dans la musique classique ou la pop maintstream, et demandent tous des techniques bien particulières pour en venir à bout. Pour autant, certaines de ces méthodes ne paraissent pas toujours très sensées ni très claires et, couplées à un gameplay un peu brut, peuvent parfois aboutir sur un résultat en dents de scie. Il n’empêche que certaines idées sont là et s’avères plutôt bonnes, tous disposant de séquences musicales de qualité et tous demandant des techniques vraiment différentes pour être vaincus. On ne peut pas retirer ça à Metronomik : le studio témoigne d’une vraie bonne volonté à proposer une expérience pétillante et d’une indéniable amicalité, en dépit d’établir une finition aux petits oignons. Mention spéciale tout de même au rap battle qui, sous ses airs de jeux de rythme, permet d’aérer le jeu à un moment donné dans une musicalité différente et entraînante. D’ailleurs, inutile d’attendre davantage pour parler du grand point fort du jeu : sa bande-son et son ambiance dansante adorable. 

No Straight Roads


C’EST UN GRAND OUÏE

Il faut bien avouer que de ce côté-là, la société malaisienne s’est montrée attentionnée. Et certains diront que pour un jeu basé sur la musique, il valait mieux ! Bien que Mayday et Zuck représentent le Rock, c’est finalement la musique électronique qui se fait entendre majoritairement puisqu’elle siège partout dans Vinyl City : particulièrement funky, aux échos souvent discos et bien produite, l’OST est une petite réussite évidente (malgré certains tracks peut-être en deçà mais, bon, les goûts et les couleurs, vous savez…). D’ailleurs, nous n’aurions pas craché sur un moyen de l’écouter dans l’un des menus du jeu. Cette musicalité participe directement à l’ambiance cosy de l’aventure : ici, il fait constamment nuit, les néons sont omniprésents, les écrans sont lumineux, les bâtiments sont gigantesques et clinquants. Tout est propre, tout se reflète et, assurément, la direction artistique nous donne l’impression de s’aventurer dans une immense boîte de nuit aux échos cyberpunk, au sein d’un monde futuriste alternatif et irréel qui emprunte, d’ailleurs, beaucoup à certains niveaux de DmC Devil May Cry (d’ailleurs, de façon assez improbable, certains mouvements rappellent diablement ceux du Dante de Ninja Theory, allez savoir). Graphiquement aussi, No Straight Roads est, somme toute, franchement propre : sans jamais briller, avec parfois tout de même quelques textures et modèles douteux, le périple des deux rockeurs reste techniquement honnête… et fait preuve d’un charme évident. On notera quand-même une étrange homogénéité  dans le style graphique, le titre alternant dialogues et scènes en temps réel et en dessin animé. Peut-être pour des raisons de budget ?

No Straight Roads


MIXER SANS “SYNC”

Toujours dans l’optique d’instaurer une atmosphère unique, No Straight Roads s’appuie d’une VF de premier choix : pour ainsi dire, on y retrouve Kelly Marot (Jennifer Lawrence, Sophie Turner, Margaret Qualley) dans le rôle de Mayday, Donald Reignoux (Spider-Man dans le jeu d’Insomniac Games mais aussi Jesse Eisenberg, Jonnah Hill et même Titeuf) dans la peau de Zuke, Céline Monsarrat (Julia Roberts), Anaïs Delva (Elsa dans La Reine des Neiges), Patrick Borg (Son Goku dans Dragon Ball), Eric Legrand (Vegeta dans Dragon Ball) et même quelques autres clins d’œils sympathiques. Et il n’y a pas à dire, leur travail est pour tous de bien bonne facture… mais il y a un hic. Et un grand : la synchronisation labiale est, souvent, totalement dans les choux. On parle ici de personnages qui, pendant parfois cinq ou six secondes (!), auront terminé leur phrase mais qui continueront de bouger les lèvres dans le vide, et ce très régulièrement, jusqu’à briser efficacement l’immersion. De facto, beaucoup de cinématiques écrasent alors tout leur potentiel - déjà amoindri par l’absence totale de musiques pour la mise en scène, un comble - et poussent presque à opter pour la VO, elle correspondant parfaitement aux mouvements des lèvres et proposant un doublage, alors, plus soigné non pas dans la performance mais dans la post-production. C’est tout de même dommage. 

No Straight Roads


Quant à l’histoire du titre, c’est à peu près comme l’on pouvait s’en douter : très sommaire, assez manichéen et même un peu trop axé tout du long sur la diabolisation de l’EDM en la faveur du rock, avant de déboucher sur une morale humanitaire, musicale, bien pensante et surtout prévisible. Malgré tout, il existe aussi des petits retournements de situation, nos deux héros sont vraiment attachants, quelques vannes sont bien sorties et amusantes et, globalement, No Straight Roads est un titre duquel s’émane une chaleureuse envie de danser ainsi qu’une jovialité saillante. À défaut de proposer une rejouabilité intéressante - on débloque des modes de difficulté par la suite mais les bases sont trop fragiles pour qu’il y ait un véritable intérêt - et une durée de vie conséquente, il s’agit d’une expérience extrêmement perfectible mais réellement bienveillante. 


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