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Test Nikopol : La Foire aux Immortels

Test Nikopol : La Foire aux Immortels
La Note
note Nikopol : La Foire aux Immortels 10 20

Habitué aux projets d’envergure, Bilal se contente finalement de peu avec cette première expérience ludique. Adapté du premier volet de la trilogie Nikopol, le jeu développé par White Birds Productions est certes fort joli mais, son intérêt reste très limité. Point & click imparfait, avec son mini-curseur et ses énigmes pas franchement excitantes, Nikopol : La foire aux Immortels n’est en fin de compte qu’une adaptation facile d’un univers qui méritait autrement mieux. Plus ambitieux, tant narrativement que graphiquement, les deux autres tomes de la série bénéficieront peut-être d’un traitement ludique plus soigné. C’est tout le mal que l’on souhaite tant à l’auteur qu’au studio…


Les plus
  • La patte Bilal
  • Très joli
  • Bande-son impeccable
Les moins
  • Doubleurs peu convaincus
  • Décors trop petits, aventure trop courte
  • Quelques ralentissements
  • Enigmes très inégales
  • Trame obscure pour qui ne connaît la BD


Le Test

Toujours désireux de tirer son art de prédilection, la bande dessinée, vers de nouveaux horizons, Enki Bilal a pourtant mis un temps certain avant d’investir les mondes interactifs. Réalisateur de trois films, superviseur de la bande originale d’un album (papier !), l’artiste d’origine yougoslave se tourne vers le jeu vidéo à cinquante ans passés, et co-signe la libre adaptation du premier volet de sa trilogie Nikopol avec White Birds Productions. Une association logique, puisque le studio francilien s’est fait une spécialité d’animer les univers statiques de son directeur artistique, un certain Benoît Sokal. Ambitieuse sur le papier, la collaboration de deux des grandes figures de la BD francophone ne porte hélas pas vraiment ses fruits.


Travail soigné, Nikopol : La Foire aux Immortels reprend donc la trame de l’album du même nom paru il y a près de trente ans. Les années ont passé mais l’univers dépeint par Bilal n’a pas pris une ride. Peuplé de mutants, de miséreux et autres élites décadentes, le Paris futuriste et ségrégationniste sur lequel règne le dictateur illuminé Choublanc reste un modèle absolu de mégapole crasseuse et flippante née des amours contrariés de l’esprit cabaret berlinois et de la lourdeur stalinienne.  

 

Gizeh sur Seine

 

Lauréat surprise du prix des meilleurs graphismes lors du dernier Festival du Jeu Vidéo, alors même que le très beau Alone in the Dark n’avait pas été sélectionné, Nikopol mérite bel et bien son trophée. Aux décors statiques ultra-léchés chers aux sbires de Sokal s’ajoute ici la patte très personnelle de Bilal. En résulte un univers unique et parfaitement cohérent, où se mêlent esthétique totalitaire, cyberpunk et, évidemment, quelques petites touches art déco. Alcide Nikopol, fils d’Alcide Nikopol, explore différents lieux de la délirante cité. De son appartement-squat où il peint des toiles de la même main que Bilal, aux ors passés du palais de l’Elysée bunkerisé, Alcide Junior marche sur les pas de son père, revenu sur Terre après des années de captivité spatiale. Traqué pour sa ressemblance frappante avec son fugitif de géniteur, le jeune homme se retrouve bien malgré lui au centre des luttes intestines qui ravagent la Pyramide volante récemment apparue au-dessus de la ville-Etat. Horus, le dieu à tête de faucon, rejette l’autorité de Seth sur la caste des Immortels, et compte profiter de la panne sèche de leur vaisseau-mère pour affirmer son pouvoir. Trop synthétisée, voire franchement sabrée, la trame de l’ouvrage de référence est ici parfois difficile à saisir. Des cinématiques, mise en scène dans un habile style BD, permettent de s’y retrouver, mais la narration manque indéniablement de clarté. Pour ne rien arranger, le héros de cette grande aventure est dépourvu de tout charisme. Oreilles décollées et air passe-partout, l’Alcide Nikopol animé n’a pas le charme de son ancêtre papier, gueule cassée perdue et mélancolique. Heureusement, l’icône de Bilal n’impose pas longtemps son insipide compagnie.

 

La foire bafouille

 

Très concentrée, l’aventure est bouclée en 5 heures. Une durée de vie bien limitée, et pourtant rallongée par la présence de quelques énigmes parfaitement tordues. Dans sa plus pure tradition, White Birds Productions signe ici un pointé-cliqué sans surprise, dans lequel vous vous déplacez en vue subjective et cliquez sur tous les éléments du décor à la recherche du moindre pixel interactif. Farouche défenseur d’un gameplay passéiste, le studio francilien sombre sans complexe dans ses travers habituels. Pointeur riquiqui, objets interactifs qui se détachent fort mal de leur environnement, situations qui n’offrent toujours qu’une et une seule solution, depuis Syberia, rien n’a changé. Les amateurs, et ils sont nombreux, se satisfont pleinement d’une telle situation, mais que ce manque total d’ambition, d’innovation, voire de simple pragmatisme ludique est frustrant ! Seule concession à la modernité, l’intégration de quelques vrais beaux modèles animés en 3D dans les décors pré-calculés est hélas bien mal gérée, et dès qu’une créature à la bonne idée d’apparaître à l’écran, le jeu ralentit. Quelques séquences en temps limité et, plus surprenant, deux phases de tir, tentent bien de dynamiser un peu l’action, mais n’effacent pas pour autant le défaut majeur du titre : on n’y fait pas grand-chose, et ce qu’on y fait n’est pas franchement divertissant. 




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