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Prolongement du rêve amorcé en 1996 sur Saturn, NiGHTS : Journey of Dreams dispose de ces couleurs empreintes de nostalgie qui sauront séduire comme au premier jour les amateurs du Peter Pan de Sega. Joli petit conte sans prétention – si ce n’est celle de combler les fans –, NiGHTS : Journey of Dreams est le type même de jeu dont il est certainement impossible de tirer la substance sans avoir connu et consommé le produit originel. Logiquement, de ce constat résulte des opinions partagées dont la face pessimiste stigmatisera pour rétorquer un gameplay limité ou une réalisation technique oscillante, ce qui n’est pas faux. Avant de vous lancer dans cette aventure, soyez donc sûrs que votre sensibilité saura vous placer au dessus de ces considérations purement cartésiennes.
- Enivrant comme au premier jour
- Concept simple et intuitif
- Gameplay qui a gagné en diversité
- Du challenge pour les amateurs de high score
- Réservé à une niche d'initiés
- Gestion hasardeuse de la caméra
- Aventure principale un poil trop facile et trop courte
- Inconstant techniquement
- Wiimote peu précise
En prenant son envol après le passage de la météorite Super Mario Galaxy, le virevoltant bouffon violet de Sega propose une sorte de prolongement à ces délires aéro-vidéoludiques. En effet, alors que nos têtes de joueurs quittent tout doucement le flamboyant océan d’étoiles de Nintendo, la firme au hérisson bleu propose aux nostalgiques de ralentir cette inéluctable descente afin de flirter un temps avec la légèreté et de la délicatesse des nuages.
Dans NiGHTS : Journey of Dreams, il existe en chaque humain un univers alternatif ; une sorte de dimension parallèle forgé par notre vécu, nos souvenirs, nos doutes, nos peurs, ou plus simplement par notre subconscient. Ce lieu, reflet de notre cœur, porte un nom : Nightopia. Si une fois plongé dans son sommeil tout un chacun y a accès, peu nombreux sont les esprits suffisamment forts pour pouvoir l’explorer. En effet, la pérennité de ce Monde des Rêves est assurée par l’existence continuelle des Ideyas, ces manifestations lumineuses des valeurs que portent nos cœurs. Evidemment, ces passeports pour le Monde des Rêves sont constamment menacés, et malgré leurs faiblesses, Will et Helen font parti des visiteurs privilégiés. En ayant résisté avec courage aux sordides assauts de Nightmarens - créatures chargées de faire basculer un rêve en cauchemar - nos jeunes héros vont pouvoir s’envoler vers un voyage introspectif qui restaurera leur Nightopia.
Rêve party
Takashi Iizuka et la Sonic Team étant visiblement conscients des grandes attentes portées en cette suite, c’est avec une prise de risque minimale qu’ils mirent en chantier un des titres les plus attendus par la communauté Sega. Il semblait en effet difficile de satisfaire une niche demandeuse avec un concept totalement original, dont la portée de l’intérêt aurait été incertaine auprès des puristes. C’est pourquoi le gameplay que beaucoup attendaient comme révolutionnaire, la Wiimote aidant, n’est en fait qu’un calque du concept de base apparu en 1996. Rappelons pour ceux qui auraient loupé le coche que NiGHTS est une longue balade aérienne, onirique, quoiqu’un peu niaise, au cours de laquelle il faut remplir différents objectifs de missions. A ce propos, les mauvaises langues ont beau taxer Journey of Dreams de Wiimake, ce qui n’est pas tout à fait faux, il n’empêche que la Sonic Team a fait des efforts pour faire gagner en diversité cette demi-suite. Fini la simple course aux Ideyas – qui n’avaient d’ailleurs pas tout à fait le même rôle qu’ici – et place à un brin d’audace supplémentaire. Au cours d’un même rêve traversé, vous ne volerez jamais derrière un même objectif, ce qui constitue une jolie surprise pour les connaisseurs de l’opus originel. Les premières minutes sont faites d’une agréable redécouverte de cet atypique game design, où il nous est désormais demandé de délivrer un NiGHTS pris au piège de Nightmarens, d’enchaîner les links ou de collecter diverses choses notamment ; malheureusement le plaisir de cette variété nouvelle laisse rapidement place à une certaine redondance, puisque chacun des trois rêves de nos héros sont construits à partir d’un même patron, ce qui peut donner une légère impression d’enchaîner à intervalle régulier trois fois la même chose. Heureusement, les envolées sur rails ne sont plus la seule composante des différents rêves, puisque l’on dénote l’apparition de vraies phases de plateforme avec Will ou Helen dans le rôle du personnage principal. Chronométrés et plutôt agréables à parcourir, ces niveaux peuvent malheureusement souffrir d’une gestion hasardeuse de la caméra, ce qui aura pour effet d’agacer quelques un d’entre vous. Par contre inutile de vous parler des séquences à bord du NiGHTS Boat et du NiGHTS Coaster qui de toute évidence ont été simplement ajoutées pour plaire aux plus jeunes.
La science des rêves
Techniquement, on regrette que la qualité d’un Super Mario Galaxy fasse encore figure d’exception sur Wii. NiGHTS : Journey of Dreams ne fait pas vraiment honneur au travail artistique mené en amont. Même si lancé à pleine vitesse, le jeu nous donne l’impression de nager au milieu d’explosions colorées aux effets pyrotechniques plutôt plaisants, le moindre temps mort ou la première cut-scene venue nous ramènera bien vite sur Terre. En y regardant de plus près, on constate bien vite le manque de soin général apporté aux textures qui pourront franchement apparaître comme grossières à certains moments. De même, les différents modèles 3D n’ont semble-t-il pas été créés pour faire l’unanimité, car ce qui pourra être ravissant en artworks ou en CG est tout simplement raté une fois plongé l’interactivité de Nightopia. Heureusement le Monde des Rêves se laisse encore traverser agréablement, puisque du côté de la prise en main, aucune surprise n’est à signaler. C’est simple et intuitif. NiGHTS : Journey of Dreams utilise en tout et pour tout qu’une seule touche en plus de l’outil de déplacement (pointeur de la Wiimote – Vision Mentale ici – lorsqu’elle est utilisée seule, ou stick analogique pour les autres configurations), ce qui le rend évidemment accessible au plus grand nombre. Les heureux joueurs ayant goûté au premier opus retrouveront sans peine leurs marques et la palette de mouvements si caractéristique du virevoltant bouffon violet. Drill Dash pour foncer vers les Nightmarens, Paraloop pour les envoyer dans le My Dream ou pour s’emparer des Blue Chips environnant. Rien de bien nouveau en somme, si ce n’est l’apparition des Personas, un ajout dont l’intérêt peut sembler quelque peu superflu. Une fois équipé d’un de ses masques, NiGHTS disposera d’aptitudes supplémentaires qui nous ont seulement permis de venir à bout de deux boss, ce qui est bien maigre pour un de seules éléments inédits de ce Journey of Dreams. Car ne nous y trompons pas, cet épisode est avant tout un prolongement de Into Dreams, avec toujours ces mêmes rails liberticides qui peuvent malheureusement paraître désuets à notre époque. De la même manière, la durée de vie en ligne droite est toujours aussi brève, comptez 7 heures de jeu environ, même si les plus fans savent que la replay value passera forcément par la recherche ininterrompue de la note maximale.
En plus de cette course au high score décidément en vogue au sein de la firme au hérisson bleu (cf. The Club), NiGHTS : Journey of Dreams propose de prolonger l’expérience par le biais d’un mode deux joueurs. Si ces simples épreuves de vitesse et ce mode combat basé sur l’affrontement avec Reala peuvent paraître limités, ils ont néanmoins le mérite d’exister, et nul doute que la compatibilité Wi-Fi les aidera à trouver leur public. Quant au système A-Life, nous ne nous épancherons pas sur le sujet. Précisons juste, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, qu’il s’agit d’une énième manifestation du tamagochisme qui habite les Japonais, et qu’il est possible, si tant est que votre console soit reliée au net, de visiter les My Dream (nom donné au jardin qui accueille toutes les bêbêtes) du monde entier. Malheureusement, la version debug fournie par Sega ne nous permettait pas de nous connecter, ce qui nous empêche donc de commenter cette option, tout comme la compatibilité avec la chaîne météo et la stabilité du jeu en multijoueur.