Test New Tales from the Borderlands : "Raconte-moi une chouette histoire..."
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New Tales from the Borderlands ne vole pas son titre et constitue une très bonne suite spirituelle au vénérable Tales from the Borderlands. Le genre reste particulier, certes, l'absence totale de challenge ainsi que la trop grande rareté des passages réellement jouables pouvant laisser de marbre certains d'entre nous. Mais si ce gameplay simplifié vous convient, alors il n'y a aucune raison de passer à côté de cette aventure humoristique, plutôt bien écrite, peuplée de personnages délirants, et étonnamment esthétique. La direction artistique typique des jeux Borderlands est ici sublimée grâce aux animations précises des personnages et à leurs expressions faciales détaillées. A vrai dire, nous avons même passé un meilleur moment avec ce New Tales from the Borderlands qu'avec Borderlands 3 ou Tiny Tina's Wonderlands. C’est ce qu'on appelle une bonne petite surprise !
- Des expressions faciales et animations détaillées
- Un doublage français réellement excellent
- Un respect total de l'univers Borderlands
- Des personnages principaux et secondaires hauts en couleurs
- Un humour qui fonctionne bien la plupart du temps
- On regarde bien plus qu'on ne joue
- Absolument aucune difficulté
- Le mini-jeu des ArchiiBôs aurait mérité d'être plus complexe
- Certaines répliques tombent tout de même un peu à plat
Si on ne présente plus la saga Borderlands, certains joueurs ignorent peut-être que les californiens de Telltale Games en ont sorti une déclinaison sous forme d'aventure narrative et épisodique en 2014. Le genre était alors très à la mode, et le résultat avait convaincu pas mal de monde. Cela n'a pas empêché le studio de fermer ses portes quatre ans plus tard, mais c'est une autre histoire. Aujourd'hui, Gearbox Studio Québec se propose de raviver la flamme de Tales from the Borderlands, avec une suite spirituelle judicieusement nommée New Tales from the Borderlands.
Si le scénario du jeu se déroule environ un an après les événements de Borderlands 3 et si l'on retrouve le héros de Tales from the Borderlands Rhys Strongfork (qui était d’ailleurs également présent dans Borderlands 3) comme personnage secondaire, il n'est en réalité pas nécessaire d'avoir parcouru ces deux titres pour apprécier New Tales from the Borderlands. Une simple connaissance générale de la franchise créée en 2009 par Gearbox Software suffit pour retrouver ses marques et apprécier la plupart des références. L'univers est d'ailleurs parfaitement respecté et utilisé par cette nouvelle aventure. L'introduction reprend le principe de l'histoire contée par Marcus et illustrée par de chouettes dessins, chaque personnage important nouvellement croisé nous est présenté à l'aide d'un arrêt sur image sur fond coloré, il y a des petits coffres-forts abritant des liasses de billets dans les décors, et l'histoire n'hésite pas à faire référence à de nombreux personnages cultes (le susmentionné Rhys, la sirène Lilith, le Beau Jack…). Les spécialistes seront ravis, et les nouveaux joueurs ne seront pas perdus pour autant puisque les héros que l'on incarne sont totalement inédits. Il s'agit de Anuradha Dhar, d'Octavio Wallace-Dhar et de Francine Miscowicz. Plus communément appelée Anu, la première est une inventrice qui, contrairement à son employeur Atlas, cherche des solutions pacifistes à tous les problèmes. Ce qui va d'ailleurs l'amener à se faire virer par le fabricant d'armes durant les premières minutes de jeu. Son frère Octavio est un voleur de bas étage, qui souhaite devenir aussi célèbre que les Chasseurs de l'Arche et aussi riche que les patrons des plus grandes sociétés. Pour l'heure il est surtout l'employé de Fran, dont le statut de meilleure vendeuse de glaces au yaourt bat de l'aide en raison de la quasi-destruction de son restaurant suite à l'attaque de Maliwan sur la planète Prométhée. Évidemment, le scénario va très rapidement réunir ces trois "losers", et nous donner alternativement le contrôle de l'un ou de l'autre.
"SPECTATEUR DU DÉSESPOIR"
"Contrôle" reste toutefois un bien grand mot puisque les séquences où l'on dirige directement le personnage et la caméra afin de fouiller dans les décors ne sont finalement pas si nombreuses. Elles nous offrent malgré tout l'occasion d'utiliser les gadgets spécifiques à chaque héros. Anu dispose de lunettes hi-tech lui permettant d'analyser plus en détails certains objets, Octavio possède un bracelet-smartphone muni d'applications de piratage, et Fran repose en permanence sur un fauteuil flottant aux capacités offensives. Mais l'essentiel du gameplay réside tout de même dans les nombreux dialogues à choix multiples, les dilemmes plus importants et plus rares, et dans l'exécution d'actions réflexes jamais bien difficiles. Le jeu tente d'ailleurs d'innover sur ce dernier point en introduisant une icône d'avertissement qui apparaît à l'écran juste avant chaque QTE. Mais ce système nous semble plus handicapant qu'autre chose. Il nous est arrivé plusieurs fois de confondre cette icône avec celle d'une commande à effectuer, et donc de rater bêtement le QTE à cause de cela. Heureusement il est possible (et conseillé) de désactiver cette nouveauté dans les options.
Mais l'essentiel du gameplay réside tout de même dans les nombreux dialogues à choix multiples, les dilemmes plus importants et plus rares, et dans l'exécution d'actions réflexes jamais bien difficiles.
Une autre nouveauté, bienvenue cette fois, nous est proposée à travers le mini-jeu des ArchiiBôs. Il s'agit de figurines en plastique à dénicher dans les décors et à utiliser lors d'affrontements hélas un peu trop simplistes. Ces combats de jouets se résolvent en effet en quelques secondes, par de simples QTE. Nous aurions préféré un système de stats et de capacités plus étoffé, éventuellement au tour par tour. Mais il reste plaisant de chercher à collectionner toutes les figurines. Tout comme il est plaisant après chaque épisode de pouvoir comparer nos décisions avec celles prises par la majorité des joueurs, dans la grande tradition du genre. Qu'on ne s'y trompe pas, le jeu est vendu d'un bloc (c'est tant mieux) et ne peut donc pas vraiment être qualifié d'aventure épisodique. Mais il reste découpé en chapitres, pour des questions de rythme et pour permettre justement l'affichage de ces fameux pourcentages.
BON POUR LES YEUX ET POUR LES OREILLES
Si le fait de ne pas avoir à attendre entre chaque épisode fait du bien, l'aventure recèle d'autres qualités bien plus importantes encore. Il en va ainsi de la galerie de personnages, qui sont tous plus barrés les uns que les autres. Non seulement nos trois anti-héros ne manquent vraiment pas de caractère, mais même les interlocuteurs secondaires sont mémorables. Mentions spéciales à L0U13 le robot-assassin aussi drôle que classe, Agrafine la sadique très spéciale, Radon le nain zozoteur, et Brock l'arme qui parle. Nous avons également été très agréablement surpris par les graphismes, qui reprennent le style cel-shading typique de Borderlands, mais arrivent à le sublimer grâce des animations et des expressions faciales très réalistes. Il y a très certainement de la motion capture et de la performance capture là-dessous ! Mais ce mélange de techniques fonctionne bien et aboutit à un effet mi-cartoon mi-réaliste très esthétique et qui ne tombe jamais dans la vallée dérangeante. L'humour et l'écriture sont également plutôt réussis, même si on n'échappe pas à quelques répliques ratées. Et la version française est quant à elle carrément digne des plus grandes louanges. La localisation est maligne (le nom ArchiiBô en référence aux Amiibo de Nintendo, par exemple) et, surtout, le doublage français sonne toujours juste et extrêmement professionnel. Voilà qui aide grandement à apprécier les nombreux moments où l'on est plus spectateur que joueur...