Test Neversong : aussi bon qu'un LIMBO qui aurait été réalisé par Tim Burton ? sur PC
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Avec son univers mi-enfantin mi-morbide, une direction artistique à l'avenant, et une ambiance qui rappelle à la fois les films de Tim Burton, les titres de Playdead, ou encore Little Nightmares, Neversong ne manque pas d'atouts. Surtout que le jeu ne se contente pas de raconter une histoire ! Il nous propose un véritable gameplay "plateformes/action/aventure", et même une structure de mini-metroidvania. Hélas, ces deux points restent imparfaits et auraient mérité un tout petit peu plus de soin. Le scénario aurait également gagné à être un poil plus clair et explicite, notamment lors de la dernière séquence. Au final Neversong se montre donc attachant… mais pas suffisamment abouti pour venir tutoyer ses modèles les plus émérites, notamment les fabuleux Limbo et Inside.
- Très belle direction artistique
- L'ambiance à la Tim Burton
- Des dialogues amusants
- Un défi plus relevé qu'il n'y paraît
- Des allers-retours inutiles
- Gameplay un poil approximatif
- Révélation finale confuse
- C'est un peu court, jeune homme...
A l'origine était Coma, un jeu Flash développé en 2010 par Thomas Brush, alors totalement inconnu. Quelques années plus tard, ce jeune américain se fera un petit nom chez les amateurs de productions indépendantes, grâce à la sortie de Pinstripe. Mais aujourd'hui il revient à ses premières amours avec Neversong, qui fut longtemps appelé Once Upon A Coma sur Kickstarter, et qui constitue une sorte de suite/reboot/hommage au jeu Flash par lequel tout a commencé.
Evidemment, il n'est pas du tout nécessaire d'avoir joué à Coma pour apprécier Neversong, qui se suffit à lui-même. La séquence d'introduction prend la forme d'un livre de contes, et décrit en vers l'histoire du jeune Peet. On notera au passage que si les voix ne sont disponibles qu'en anglais, les sous-titres français ont l'intelligence de conserver les effets de rimes. On apprend donc que ce frêle orphelin s'est lié d'amitié amoureuse avec Wren, la plus jolie fille du coin. Mais alors qu'ils jouent dans un asile abandonné, une créature inquiétante kidnappe sa dulcinée. Incapable de réagir et de jouer les gros bras, Peet tombe aussitôt dans le coma. Le moment est alors venu pour le joueur de prendre les commandes. Notre anti-héros se réveille dans son sympathique village, mais on ne peut pas vraiment parler de retour à la normale pour autant. Les adultes ont disparu, des créatures agressives ont investi les lieux, et certains environnements paraissent désormais bien inquiétants. La direction artistique retranscrit avec brio cette ambiance à la fois charmante et sinistre. Les graphismes 2D évoquent tout aussi bien les livres pour enfants que les films de Tim Burton, et on prend un grand plaisir à découvrir chaque nouveau lieu. Les rencontres avec les quelques enfants du coin ne manquent également pas de piquant. Livrés à eux-mêmes et à moitié dérangés du bulbe, ces gamins aux noms souvent improbables nous offrent à plusieurs reprises des monologues bien barrés et assez amusants. Par ailleurs, la narration sous forme de livre revient régulièrement se rappeler à notre bon souvenir. C'est à chaque fois l'occasion de profiter de quelques rimes supplémentaires, et d'une ou deux illustrations monochromes très réussies. L'habillage général est donc très réussi, mais il ne faut pas trop se fier à l'aspect "conte pour enfants", car Neversong n'est pas un walking simulator ou une simple histoire vaguement interactive. Du véritable gameplay répond à l'appel.
IL ÉTAIT UNE FOIS DANS LE COMA
Le jeu emprunte en effet à la fois aux jeux d'action, d'aventure et de plateformes. On a donc droit à quelques combats, quelques énigmes, et quelques passages demandant un minimum d'adresse. L'ensemble est parfaitement équilibré, aucune composante ne venant exagérément prendre le pas sur les autres. Et alors qu'on s'attendait à une balade de santé, certains moments demandent tout de même un minimum de concentration. Attention, on n'est tout de même pas sur du Dark Souls, du Myst ou du Super Meat Boy, très loin de là. Mais sous ses airs gentillets, Neversong propose quand même un certain challenge. Le jeu a beau être sorti sur l'Apple Arcade il y a quelques temps, il ne s'agit pas pour autant d'un petit jeu mobile insignifiant. D'ailleurs, l'aventure place cinq boss différents sur notre chemin. Chacun d'entre eux permet de débloquer une petite mélodie de cinq notes, à reproduire sur le piano de Wren, ce qui permet généralement de découvrir un nouvel équipement. Peet peut tout d'abord se munir d'une batte de baseball afin de frapper les créatures ennemies. Puis il aura accès à des gants magnétiques, qui lui permettront de s'accrocher à des sortes d’œufs végétaux placés en hauteur dans les décors. Plus tard, il ajoutera des clous à sa batte, afin de pouvoir trancher des lianes et faire tomber les bombes qu'elles supportent. Puis un skateboard lui permettra de glisser sur les surfaces en pente. Enfin, le parapluie lui permettra de s'envoler au dessus de quatre ou cinq colonnes d'air.
Si on ne peut pas vraiment qualifier le terrain de jeu de monde ouvert (car des petits temps de chargement viennent séparer certaines zones), on peut en revanche tout à fait parler de petit metroidvania. En effet, certains lieux inaccessibles au premier abord finissent par pouvoir être visités une fois qu'on possède le bon équipement. Hélas, ce choix ne s'avère pas forcément judicieux pour une aventure aussi courte. Il ne faut que trois à quatre heures pour en voir le bout, et les décors ne sont donc pas très nombreux. Du coup, on se retrouve à devoir faire toujours les mêmes allers-retours à chaque fois que l'on débloque un nouvel outil. Quant au gameplay à proprement parler, il manque légèrement de précision par moments. Il arrive qu'on ait du mal à voir si l'on touche les ennemis ou pas, ou qu'on doive s'y reprendre à plusieurs reprises avant de sauter sur un élément, car ces derniers sont souvent situés un chouia trop en hauteur par rapport à la portée du saut. En revanche, on ne pinaillera pas sur les énigmes, car elles n'apparaissent ni trop simplistes, ni trop difficiles. Mais il reste encore une petite ombre au tableau à signaler. Dès le début de l'aventure, on se doute bien que Peet n'est pas réellement sorti du coma et que ses péripéties ne sont pas forcément réelles (promis, ce n'est pas un spoiler). Hélas, le jeu tente une révélation finale moitié twist, moitié "fin sujette à interprétation", qui sème un peu la confusion alors qu'elle est censée créer l'émotion. Plaisant mais imparfait, Neversong rappelle donc beaucoup Little Nightmares, aussi bien en termes d'ambiance que de réussite. Sur ce dernier point, on aurait préféré qu'il s'approche plutôt de Limbo et Inside, deux autres titres ayant manifestement inspiré Thomas Brush et son équipe.