Test Need For Speed Heat : la série définitivement en surchauffe ?
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Sans être honteux, Need For Speed Heat empile les maladresses et ne parvient pas à scotcher le fan de vitesse à son écran. Bien que le retour du tuning soit clairement un gros point fort du jeu, surtout pour une frange des joueurs adeptes de la personnalisation, le reste manque de finition pour nous retenir. La conduite est correcte, sans jamais nous en mettre plein les yeux, tandis que les courses-poursuite avec la police ne sont rien de plus qu’un petit interlude dans un océan de grinding. Si l’alternance jour / nuit aurait pu être une bonne idée, dans les faits, la nuit est bien plus palpitante, or on passe le plus clair de notre temps à amasser des thunes de jour. Car oui, le principal problème du jeu est le temps qu’il va falloir y passer, de jour, afin de faire monter son compte en banque, en répétant la poignée d’épreuves qui sont les plus rémunératrices. La ville sans âme n’incite pas à l’exploration (même si des collectibles tentent de nous y pousser), et le jeu en multijoueur n’est pas mis en avant outre mesure. Citons les nombreux bugs qu’on a pu voir (problèmes d’affichage, de collision, clipping des voitures du trafic), et vous comprendrez qu’on se demande si EA à réellement voulu pousser son titre. D’ailleurs, la communication limitée autour de NFS Heat, et son avenir flou (quelques DLC, sans plus de précisions) nous pousse à croire que l’éditeur ne croit pas non plus en son produit.
- Beaucoup de voitures
- Personnalisation poussée
- Pièces de carrosserie sous licence
- L'alternance Jour / Nuit
- Open-World assez vaste...
- ...mais vide
- Le grind de l'argent interminable
- Les sensations de conduite pas au top
- Le multi anecdotique
- Le scénario rincé
- L'IA qui se prend le même mur à chaque tour
- Beaucoup de bugs quand même
Après un Need For Speed intégralement nocturne en 2015 qui n’avait pas passionné les foules, et après le très médiocre épisode Payback sorti en 2017, Ghost Games revient avec Need For Speed Heat cette année, dans le fol espoir de faire remonter la série dans l’estime des joueurs. Malheureusement, dès le début, on a senti qu’Electronic Arts n’y croyait pas vraiment, avec une annonce faite en catimini lors de la Gamescom, et très peu de communication avant sa sortie le 8 novembre dernier. D’ailleurs, la preview tardive qu’on avait pu réaliser il y a quelques semaines ne nous avait pas franchement permis d’afficher une confiance de marbre envers l’avenir de ce titre qui souffrait de lacune difficiles à corriger en quelques semaines à peine. Comme nous allons le voir, le jeu traîne encore pas mal de tares, même si les adorateurs de la franchise devraient toutefois y constater un léger mieux par rapport aux opus précédents. Explications…
Si Payback avait déçu, c’était entre autres pour son scénario bas de gamme, qui occupait pourtant une place centrale dans le jeu, au point que plusieurs séquences entières étaient un mélange de jeu et de cinématiques. Dans Heat, Ghost à complètement laissé tomber cette approche, et se contente désormais d’un scénario prétexte qui ne sera pas vraiment un moteur à la progression. D’ailleurs, NFS Heat est probablement le seul jeu qui propose une cinématique d’intro n’ayant pas grand-chose à voir avec le personnage que l’on va incarner par la suite. On y apprend dans cette vidéo introductive que la ville de Palm Bay (inspirée de Miami) héberge de nombreux pilotes de rue, et que les forces de la police locale ont juré de mettre fin à ces comportements dangereux. Dirigée par le diabolique Franck Mercer, la police du coin use et abuse de méthodes plutôt expéditives pour faire régner la loi. Forcément, on découvre après quelques instants à peine que ce monsieur et la plupart de ses subalternes sont corrompus, et que la communauté des streetracers va donc devoir se serrer les coudes pour faire éclater les méfaits des flics dans la presse. En effet, quand on est un voyou de la route, on peut au moins exiger d’être poursuivi par une police intègre. Concrètement, le joueur incarne un pilote (qu’on choisit parmi une douzaine, et dont on peut changer à volonté) qui débarque à Palm City, et qui rêve de se hisser au sommet de la hiérarchie des pilotes de rue de la ville. Forcément, on commencera l’aventure comme un inconnu dans un tacot poussif, et il faudra passer de nombreuses heures à grinder la réputation pour se faire connaître et inviter dans des épreuves plus prestigieuses, ainsi qu’à farmer les thunes pour changer notre tacot en un missile guidé capable de mettre à l’amande n’importe quel véhicule.
NANI ? KANSEI DORIFTO ?!
NFS Heat va découper notre emploi du temps en 2 parties : le jour, et la nuit. De jour, on participera à des courses dites légales (ce qui veut dire qu’elles ont lieu sur un parcours fermé, sans trafic donc) qui vont nous permettre de gagner de jolis prize money. L’argent est bien sûr le nerf de la guerre car c’est lui qui permet d’acheter des voitures, de les modifier en passant par la case tuning, et surtout de booster leurs performances. Néanmoins, sans réputation, les vendeurs refuseront d’ouvrir leur catalogue de pièces, tandis qu’il sera impossible de profiter des plus belles cylindrées du concessionnaire. Pour se faire un nom, il faut donc sacrifier sa soirée et sortir de nuit, lorsque tous les chats sont gris, et que la police patrouille avec la ferme intention de froisser de la carrosserie de contrevenant. La nuit propose d’ailleurs plusieurs petites particularités par rapport au jour, hormis des courses dites illégales, et comprenant donc du trafic à éviter. En effet, si on peut passer du jour à la nuit d’une simple pression d’un bouton depuis la carte, l’inverse est impossible. Pour repasser en journée, il va falloir se rendre dans l’une des planques disponibles, et ce, sans avoir la maréchaussée qui nous court après. En effet, la réputation, sous forme de points RP, s’obtient en multipliant les courses illégales, et les activités nocturnes, sachant que le total est assujetti à un multiplicateur : l’indice Heat. À chaque course et surtout à chaque poursuite avec la police dont on réchappe lors d’une même nuit, cet indice de recherche va augmenter, et au passage, multiplier nos points de RP lorsqu’on rejoindra une planque. Grâce à ce système on peut grinder très rapidement le RP, puisque deux ou trois bonnes nuits en niveau Heat 5 (le maximum) suffisent pour atteindre le niveau 30 synonyme d’accès au dernières missions scénarisées.
Pire, seules quelques courses proposent de très grosses récompenses, et on finit rapidement à farmer les 3 même épreuves en boucle afin de financer notre progression.
Attention toutefois, plus l’indice est élevé, plus la police va déployer les grands moyens pour nous arrêter, avec voitures bélier, herses, voitures rapides et hélicoptères. En cas d’arrestation, ce qui arrive lorsqu’on se retrouve bloqué où lorsque notre voiture voit sa jauge de dégâts au maximum (on peut réparer 3 fois par nuit dans les stations-service de la ville), tout notre score sera réduit à néant, tandis qu’on verra notre compte en banque amputé de manière significative. En clair, plus on se montre gourmand, plus on pourra soit gagner très gros, soit tout perdre. Mais l’avantage d’un tel système, c’est qu’il permet d’éviter de grinder trop longtemps, puisqu’en échappant à des grosses poursuites il est possible de faire péter les scores. C’est cette mécanique qui manque terriblement en journée, et qui fait qu’on va finalement passer bien plus de temps à piloter de jour que de nuit, afin de remplir notre compte en banque. Pire, seules quelques courses proposent de très grosses récompenses, et on finit rapidement à farmer les 3 même épreuves en boucle afin de financer notre progression. C’est d’autant plus dommage, car la journée, les épreuves ne sont pas très variées, avec exclusivement des courses sur circuit. Les courses sprint sont réservées à la nuit, et notre seule moyen de tromper l’ennui est d’aller faire un tour sur les épreuves de drift et de course offroad. D’ailleurs, ces dernières sont particulièrement insipides, avec une IA qui a souvent du mal à lutter, et des tracés sans aucune inspiration. On aurait pourtant apprécié voir quelques courses de drag dans le lot, mais tant pis. Globalement la répétitivité est un des gros problèmes du jeu, qu’il s’agisse du farming pour progresser, des épreuves aux tracés affreusement similaires, ou de la ville de Palm Bay, complètement dénuée de vie ou d’âme. Qu’il soit minuit ou midi, les rues de cette mégalopole sont quasiment désertes, et même si quelques effets météo sont au menu pour nous flatter la rétine (la pluie n’a aucun impact sur l’adhérence) on ne peut se défaire d’un sentiment croissant de solitude.
ZE JACKY TOUCH
Heureusement, le jeu se rattrape du côté bagnoles avec un large choix de véhicules, mais aussi le grand retour de la préparation et du tuning. Alors qu’on ne pouvait presque plus modifier nos voitures dans les précédents opus, Heat reprend le chemin tracé par les volets Underground, Carbon et Most Wanted en nous proposant des possibilités de personnalisation particulièrement étendues. Chaque voiture dispose de sa note de personnalisation, ce qui permet de savoir avant l’achat si ce modèle pourra être rendu méconnaissable à coups de kits larges, ou pas. Le jeu propose une très large sélection de boucliers, bas de caisse et autres appendices de carrosserie tous tirés du catalogue de grands constructeurs comme Pandem, Rocket Bunny, APR Performance ou encore BBS. Le contenu est donc conséquent, et les aficionados de la personnalisation automobile vont pouvoir s’en donner à cœur joie, et créer la voiture de leurs rêves. Néanmoins, ces licences ne s’appliquent qu’au cosmétique, puisque les pièces mécaniques sont pour leur part simplement classées par un indice de qualité, de la moins bonne à la meilleure. Ce sont ces pièces mécaniques qui vont déterminer les performances de notre véhicule, et ainsi faire évoluer sa note. Plus cette dernière est haute, plus on dispose d’un véhicule performant. Ceci permet aussi d’éviter d’avoir une Honda Civic qui laisse sur place une Ferrari de 800cv. Sachez toutefois que lorsqu’un nouvel arbre à cames ne suffit plus, on pourra directement remplacer le moteur de notre voiture par un autre plus puissant, à condition que ce dernier puisse être logé sous le capot. D’autres pièces mécaniques ayant trait au châssis (suspension, différentiel, pneus) ne vont pas améliorer les performances, mais modifier le comportement de votre voiture, afin de l’adapter aux différentes disciplines proposées. 4 axes sont disponibles, avec Road (un comportement routier avec du survirage), Race (plaqué au sol), Drift (savonnette) ou offroad (efficace en hors-piste), ce qui permet de donner plusieurs orientations à un même modèle de véhicule.
lors des contacts avec la police, on regrette les nombreuses options de destruction et d’armes qui existaient dans l’épisode Rivals.
Le comportement de la voiture va donc largement dépendre des choix de pièces qui ont été faits, et des réglages opérés dans les préférences de jeu. Par défaut plusieurs aides sont activées, et on peut bien sûr s’en passer. Sachez que quoi qu’on fasse, il ne sera pas question ici d’avoir un comportement réaliste digne d’une grande simulation (on a l’impression que les voitures pèsent très lourd au passage), la franchise conservant son approche arcade. Ainsi, la plupart des décors sont destructibles afin de pardonner la sortie de route et les trajectoires moisies, tandis que même en poussant les dégâts au maximum, il sera assez compliqué de détruire sa voiture sans l’aide des forces de l’ordre. Sachez également que si la nitro est toujours présente, elle voit cependant son utilisation changer un peu. Désormais, plus question d’injecter le précieux gaz à volonté, à chaque pression du bouton dédié. Le protoxyde d'azote est désormais conditionné en bouteilles (3 au maximum), et à chaque utilisation, toute la bonbonne sera injectée dans le moteur. Il va donc falloir opter pour une utilisation plus tactique, même si le gaz se régénère toujours avec le temps. Il faut aussi parler du drift, puisque Ghost Games a changé son système de fonctionnement. S’il suffisant avant de mettre un coup de frein en courbe pour faire décrocher l’arrière, il suffit désormais de lâcher puis de ré-appuyer à fond sur l’accélérateur pour provoquer la glisse. La manipulation est aisée, mais assez mal reconnue par le jeu lorsqu’on doit par exemple enchainer les drifts à droite et à gauche dans une épreuve sinueuse. On doit rapidement revenir au frein à main (qui fait perdre plus de vitesse), et on finit par regretter l’ancien système, nettement plus agréable à l’usage. De même, lors des contacts avec la police, on regrette les nombreuses options de destruction et d’armes qui existaient dans l’épisode Rivals. Désormais, pour que la police nous lâche la grappe, la seule option viable est de trouver une portion d’autoroute et de passer un long moment à plus de 300Km/h.