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Si vous êtes déjà un fan des enquêtes de Nancy Drew, celle-ci ne vous décevra pas. Elle est de bien meilleure qualité que la précédente et les nombreux défauts qu'on peut relever sont inhérentes à la série. Si vous avez su vous en accommoder jusqu'à maintenant, il n'y a aucune raison que cela change. En revanche, les amateurs de jeux d'aventure en général ou ceux qui voudraient découvrir le genre feront bien de chercher ailleurs. Il existe de nombreux titres meilleurs que celui-là, tant d'un point de vue technique que narratif. Il n'y a plus qu'à espérer que le prochain volet de la saga (The Haunting of Castle Malloy en VO dont la sortie française reste encore indéterminée) relève le niveau et se mette à la page.
- Ambiance vénitienne
- Deux modes de difficulté
- Pas de mini-jeux !
- Énigmes plutôt réussies
- Techniquement daté
- Problèmes de traduction
- Faible durée de vie
- Gestion de l'argent
La détective Nancy Drew a une longue carrière derrière elle, puisque sa première apparition publique date de 1930. A l'époque il s'agissait évidemment d'un livre et pas d'un jeu vidéo. Depuis 1998, on peut dénombrer une vingtaine d'adaptations vidéoludiques sorties sur PC, la plupart n'étant disponible qu'aux Etats-Unis. Depuis 2005, les enquêtes de Nancy Drew sont tout de même systématiquement localisées en France, mais ne provoquent jamais l'enthousiasme des critiques. Le fantôme de Venise n'échappera pas à la règle.
Rassurons d'emblée les habitués de la série : les innombrables et insupportables mini-jeux qui plombaient l'expérience du précédent épisode (Le Loup Blanc d'Icicle Creek) ne sont plus vraiment d'actualité. Il en subsiste certes quelques uns mais leur présence reste anecdotique, et certains d'entre eux sont même agréables, notamment le jeu de cartes italien nommé Scopa. Les Enquêtes de Nancy Drew : Le Fantôme de Venise se recentre sur l'essentiel, à savoir l'enquête policière et les énigmes. Comme le titre du jeu l'indique, l'action se déroule dans la Cité des Doges. Nancy Drew est appelée à la rescousse par les autorités italiennes, qui n'arrivent pas à mettre la main sur "Il Fantasma", un habile voleur masqué ayant déjà dérobé de nombreux objets d'art de valeur. Ce petit détour en Italie constitue l'un des points forts de l'aventure, puisque nous avons droit à tous les délicieux clichés vénitiens : masques de carnaval, gondoliers chantants, somptueux palais, etc., sans oublier les pigeons de la place Saint Marc, qui tiennent même un rôle important dans l'histoire. L'ensemble de ces éléments crée une ambiance plutôt dépaysante et rafraichissante. Le scénario possède quant à lui ses moments d'invraisemblance, sans que cela ne soit jamais réellement gênant. Il sert surtout de prétexte à une succession d'énigmes plus ou moins retorses mais en aucun cas désagréables. Un peu de jugeote et de persévérance suffit généralement pour en venir à bout, notamment dans le mode de difficulté "détective débutant". En mode "détective confirmé", Nancy ne remplit plus sa liste de tâches à accomplir, ce qui complique un peu les choses. Rien d'insurmontable toutefois puisqu'une journée suffit à faire le tour de l'aventure. A une époque où certains jeux d'action se bouclent en six heures, on n'attaquera tout de même pas trop le logiciel sur ce point, d'autant plus qu'il se destine à un public plutôt jeune. Si cette dernière caractéristique incite globalement à l'indulgence, elle ne doit tout de même pas servir de prétexte à tous les abus. Car il ne faut pas se voiler la face, sur de nombreux points ce Nancy Drew ne fait pas mieux que ses prédécesseurs.
Le fantôme du passé
L'aspect technique est sans conteste ce qui choque le plus. Tout d'abord, le jeu ne supporte pas vraiment les écrans larges. Il impose une déformation de l'image ou l'ajout de bandes noires verticales. De plus, les décors semblent extrapolés à partir d'une résolution de base de 800x600 pixels ce qui, en 2009, se situe à la limite de l'inacceptable. Le système de déplacements ne vaut guère mieux puisqu'il se base sur une succession d'écrans fixes (dont quelques-uns, guère utiles, ne semblent être là que pour rallonger artificiellement les chemins). Certains lieux disposent par ailleurs de vues multiples, permettant ainsi de simuler une rotation du personnage sur lui-même. Hélas, on a alors l'impression d'assister à un diaporama saccadé plutôt qu'à un véritable mouvement. Selon sa sensibilité on pourra éventuellement apprécier la présence de dialogues nombreux et tous doublés, mais il est tout de même bien difficile d'accepter l'absence d'une commande pour les interrompre. Le jeu inégal des acteurs et la qualité toute relative des dialogues ne mérite pas forcément qu'on les écoute en intégralité. Pour couronner le tout, la traduction française se permet quelques maladresses. Un "il" dans une phrase qui se transforme en "ils" dans la suivante, un "son bureau" à l'oral sous-titré "mon bureau", ou encore une utilisation erronée du vouvoiement. Sur ce dernier point, le comble est atteint lorsque Nancy adresse un tonitruant "je vous ai eu" à un pigeon qu'elle vient d'attraper. La gestion de l'argent souffre également d'un mauvais équilibre. En début de partie, Nancy dispose d'une somme de 200 euros, qu'elle peut dépenser à loisir dans divers articles. Un sérieux problème intervient lorsqu'on se retrouve à court d'argent et qu'une des énigmes impose de faire une nouvelle dépense. Dans un premier temps, on se rend compte avec joie qu'un magasin achète des fleurs. Le seul hic : pour accéder aux plantes de la villa de résidence de Nancy, il lui faut éloigner des abeilles à l'aide d'un enfumoir... qui coûte 20 euros ! Le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux consiste à cliquer au hasard sur les trottoirs de Venise, cette opération permettant de récolter de temps en temps une ou deux piécettes. C'est non seulement pénible et irréaliste, mais on imagine aisément que de nombreux joueurs n'auront jamais cette idée saugrenue et resteront désespérément bloqués. Moralité : ne dépensez pas inutilement votre argent durant la partie ! Nous aurions pu d'ailleurs émettre le même conseil par rapport à l'achat du jeu mais, heureusement, son prix de vente est plutôt raisonnable.