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Il est des jeux à ne pas mettre entre toutes les mains et Mystery Case Files : L’Affaire Malgrave est de ceux-là. Il n’est pourtant pas question ici de scènes pornographiques ou de massacres aéroportuaires, et encore moins de langage fleuri ou de crânes fracassés. Alors, pourquoi s’interroger avant de débourser les 30 euros nécessaires à l’acquisition de l’œuvre de Big Fish Games ? Pour une seule et excellente raison : celle-ci ennuiera mortellement une frange non-négligeable de la population. Jeu d’aventures contemplatif conçu comme une succession de traques aux objets cachés dans des écrans fixes, de résolutions d’énigmes simplistes et de vagabondages paisibles dans des environnements mal-finis, le produit américain n’est pas franchement fédérateur. Il offre toutefois une expérience intéressante aux amateurs du genre, qui se laisseront charmer par son ambiance désuète et son cadre intriguant.
Retrouvez plus bas la suite du test de Mystery Case Files : L'affaire Malgrave
- Charme désuet
- Le multi, une bonne idée
- Plein de séquences d’objets cachés
- Aimez-vous chercher des objets cachés ?
- Techniquement raté
- Enigmes parfois simplistes
- Trop d’allers-retours
Vous avez trouvé Charlie, votre feuille d’impôts, vos clés, vos lunettes, le sens de la vie ? Votre existence est si bien rangée qu’elle finit par perdre de son intérêt ? Depuis quelques années, différents développeurs vous proposent de plonger virtuellement dans des amas encombrés de bidules et d’en ressortir quelques bricoles préalablement désignées. Un curieux challenge qui a pourtant su conquérir un vaste public, féru d’analyse pointilleuse de scènes encombrées. Licence-phare du genre sur PC, Mystery Case Files débarque sur Wii, le temps d’une aventure forcément bordélique qui pourrait enthousiasmer les maniaques de la traque à l’objet quotidien.
Loin des yeux et loin des hommes, intrépides et hors-la-loi prisent les archipels isolés, lieux de tous les excès et de tous les possibles. Les savants fous peuvent s’y livrer à des expériences condamnables, les enfants perdus y créer des sociétés sauvages, et les aventuriers y découvrir des reliques oubliées ou des ressources jusqu’ici inconnues. Qu’a donc trouvé Winston Malgrave sur l’île à laquelle il a donné son nom ? Réputé de longue date pour ses eaux aux pouvoirs extraordinaires, le caillou rocheux richement aménagé par cet homme tout-puissant fut un temps le séjour privilégié de la belle société en quête d’un philtre merveilleux capable de guérir tous les maux. Le vent a pourtant tourné. Aujourd’hui à l’écart des liaisons maritimes, le lopin océanique ne reçoit plus de visiteurs et ses belles bâtisses s’effondrent les unes après les autres. La mégalomanie de son propriétaire a-t-elle eu raison de l’équilibre fragile de l’écosystème insulaire ? Convié par Malgrave en ces lieux qu’il semble désormais seul à hanter, vous découvrirez l’origine de la tragédie locale. Avant cela, il vous faudra toutefois vous livrer à l’exercice propre à la série des Mystery Case Files : la traque à l’objet caché.
Où est l’olive ?
Après bien des déclinaisons sur PC, la licence de Big Fish Games s’invite pour la première fois sur Wii. La transition s’opère en douceur et le studio applique à la lettre une formule largement éprouvée, fondée sur une alternance d’énigmes classiques des jeux d’aventures en point & click et de recherche de bidules variés planqués dans des écrans surchargés. Cette Affaire Malgrave manque toutefois d’équilibre, et privilégie ces dernières séquences au détriment des puzzles. Vous vous déplacez dans l’île, en vue subjective, de décors fixes en décors fixes, et il vous est régulièrement possible de zoomer sur une partie du décor pour découvrir une zone dans laquelle s’entasse pêle-mêle un improbable bric-à-brac. Une vingtaine de noms d’objets apparaissent alors en bas de l’écran, et vous devez retrouver toutes ces babioles – crâne, cintre, olive, serpent, etc. – dans ce bordel a priori inextricable. La tâche n’est finalement pas insurmontable, mais les développeurs jouent habilement sur les textures et la profondeur afin que les scènes en question ne livrent pas tous leurs secrets en un instant. Ainsi, si le jeu vous commande de trouver une voiture, il ne s’agira pas forcément d’un bolide de petit garçon, mais parfois d’un pictogramme dans un panneau de signalisation égaré dans un coin. Si vous devez mettre la main sur un cœur, celui-ci pourra être gravé dans le bois d’une table, ou orner une photographie négligemment punaisée sur un meuble à l’arrière-plan. Les éléments sont si nombreux dans ces scènes que les développeurs vous font souvent revenir sur les lieux afin de mettre la main sur d’autres objets. L’approche se justifie, mais ces allers-retours se révèlent tout de même particulièrement pénibles.
Les éléments sont si nombreux dans ces scènes que les développeurs vous font souvent revenir sur les lieux afin de mettre la main sur d’autres objets. L’approche se justifie, mais ces allers-retours se révèlent tout de même particulièrement pénibles."
Pour donner un peu de sens à ce farfouillage virtuel, vous conserverez toujours l’une de vos trouvailles du moment. Le loot est peu glorieux mais chaque présent vous ouvre des portes. Un couteau à mastic vous permettra ainsi de dégager une poignée prise par la glace ; un vieux levier, à ouvrir une trappe. Ainsi armé, vous poursuivrez votre exploration d’une île au charme indéniable. Malgré une réalisation totalement indigne d’une console de salon, fut-elle la Wii, et une sacrée répétitivité, MCF : L’Affaire Malgrave possède en effet ce petit quelque chose propre aux jeux d’aventure à l’ancienne, le souffle curieux de l’exploration statique, l’aura des titres qui font l’apologie d’une solitude contemplative, tels Atlantis ou Syberia. Tout ici est paisible et lent, le calme ambiant n’étant interrompu que par la sonnerie ponctuelle de l’étrange talkie-walkie grâce auquel vous communiquez avec Malgrave. Pour animer un peu la partie, le jeu propose quelques options multijoueurs, en coop ou en versus, sur les scènes d’objets cachés. Une innovation intéressante et bienvenue dans ce titre de facture assez classique, qui occupera les connaisseurs de la série et les aventuriers pointilleux et patients, et barbera copieusement tous les autres possesseurs de Wii.