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Si vous aimez les ambiances post-apocalyptiques, la tactique et les animaux qui parlent, alors la première "vraie" production de The Bearded Ladies est faite pour vous ! Extrêmement sympathique, fort joli et dénué de tout défaut rédhibitoire, Mutant Year Zero : Road to Eden est un petit jeu qui a tout d'un grand. Le mélange entre exploration, infiltration et tactique à la XCOM fonctionne très bien, et se voit épaulé par une direction artistique intéressante, des personnages hors du commun et quelques touches d'humour bienvenues. De quoi séduire les amateurs de tactique, comme ceux qui voudraient découvrir le genre. De notre côté on valide pleinement, et c'est avec impatience qu'on attend une éventuelle suite.
- Le gameplay, très tactique
- Le surcouche d'infiltration
- La direction artistique, très séduisante
- Les petites touches d'humour
- Des personnages attachants
- Voix originales de qualité
- Traduction française à la hauteur
- L'arche manque clairement d'ambition
- L'exploration par petites zones
- Quelques lignes de visée improbables
The Bearded Ladies Consulting est un studio suédois au nom extrêmement improbable et au CV particulièrement léger. En dehors d'un ou deux jeux PS3 sortis il y a bientôt dix ans, c'est même carrément le désert. Pourtant, le studio n'est pas composé de petits jeunes expérimentés puisqu'il a été créé par d'anciens développeurs de Hitman. Là, ça commence à sentir bon. Et, a priori, c'est également ce que s'est dit Funcom, qui a décidé d'éditer Mutant Year Zero : Road to Eden, le premier gros jeu des femmes à barbes.
Si l'univers de Mutant Year Zero est post-apocalyptique, il n'est pas pétri de clichés pour autant. Ainsi, loin d'être constitués de déserts arides ou de bêtes et tristes ruines urbaines, les environnements affichent en réalité beaucoup de verdure. Lorsque vous croiserez la carcasse d'une voiture en pleine forêt, la relique automobile du temps passé sera fort logiquement recouverte de mousse, la nature ayant sacrément repris ses droits. A tel point que certains des personnages que l'on contrôle ont carrément l'allure d'animaux humanoïdes ! C'est notamment le cas de Dux, le canard furtif, et Bormin, le sanglier bourrin, tous deux doués de parole. Signalons au passage que les voix originales sont de très bonne facture, les intonations du doubleur de Bormin rappelant même celles de Norman Reedus. Votre équipe peut regrouper jusqu'à trois personnages simultanément, et vous croiserez donc sur votre chemin quelques compagnons de route supplémentaires. Certains seront humains, d'autres non, mais nous ne vous en dirons pas plus histoire de vous laisser un peu de surprise. On vous conseille toute de même de retenir de préférence les créatures les plus originales, puisque la présence d'animaux "à la Blacksad" constitue naturellement l'un des points forts de cet univers. La direction artistique rend brillamment hommage à cette particularité : les animaux humanoïdes ont une véritable gueule et ils évoluent dans des décors fort plaisants à l’œil. Ils ne manquent pas non plus de personnalité, les dialogues ponctuant les missions étant parfois fort savoureux et non dénués d'humour. Mention spéciale à tout ce qui concerne la découverte d'artefacts appartenant au temps passé, nos héros prenant alors une radio-cassette pour une bombe (puisque "les anciens" l'appelaient boombox), ou encore un baladeur pour un testeur de fruits (puisque le dessin d'une pomme croquée est gravé sur l'appareil). Fait suffisamment rare pour être signalé : la traduction française est de très bonne qualité, alors même que le texte original n'hésite pas à lui tendre des embuscades, à base de "shut the duck up" par exemple.
CANARD PC
Le gameplay alterne quant à lui entre phases d'exploration et combats tactiques au tour par tour. Dans le premier cas, on parcoure un terrain découpé en petites zones à la recherche de ferraille, de pièces d'armes, de trousses de soin, de nouvelles armes et d'artefact. Le passage d'une zone à l'autre induit un bref temps de chargement, et on aurait clairement préféré pouvoir évoluer dans un monde ouvert ou semi-ouvert. Rien de bien grave, ceci dit. Les ressources récoltées peuvent ensuite être dépensées à l'Arche, une ville qui abrite un chef, un barman, une vendeuse d'équipement, une bricoleuse et… c'est tout. Ce hub manque clairement d'ambition, à tel point qu'on ne peut même pas s'y balader librement. Une simple et unique vue regroupe l'ensemble des boutiques, et on ne peut que cliquer sur celle à laquelle on désire accéder. On a clairement plus l'impression d'avoir affaire à un menu qu'à une véritable ville. Heureusement, il s'agit là d'un des rares défauts du jeu, qui multiplie les bonnes idées par ailleurs. Ainsi, l'aventure nous incite régulièrement à jouer la carte de l'infiltration. En éteignant leurs torches, nos héros diminuent le rayon de détection centré sur chaque ennemi, marchent à pas feutrés, et peuvent alors tenter d'abattre les ennemis les plus isolés à l'aide de leurs armes les plus silencieuses (l'arbalète de Dux par exemple). A vrai dire, il est plus que conseillé d'opérer ainsi, car le niveau de difficulté est assez corsé. Si vous n’écrémez pas le gros des troupes ennemies avant de passer à l'action, vous allez vite vous retrouverez débordés. Parfois on doit même se contenter de contourner certains adversaires de trop haut-niveau… pour mieux revenir les occire une fois qu'on aura pris du galon.
XCOM L'OISEAU
Très tactiques mais jamais déroutants, les combats au tour par tour empruntent quant à eux à la saga XCOM. Chaque personnage possède deux points d'action qu'il peut dépenser en se déplaçant, en sprintant, en rechargeant, en se soignant, en relevant un allié, en lançant une grenade ou encore en se mettant en position d'overwatch (tir réflexe durant le tour des ennemis si l'un d'entre eux passe à portée). On retrouve le principe des abris de différentes hauteurs, les abris partiels apportant ici un bonus défensif de 25 % et les abris pleins un bonus de 75 %. Les calculs de statistiques prennent également en compte les positions surélevées (+25 % de chances de toucher), la portée de l'arme en main, et les chances de coups critiques. Tout ceci offre un gameplay très intéressant, auquel on ne pourra faire qu'un seul véritable reproche : les calculs manquent parfois de cohérence avec ce qui est affiché à l'écran. On peut ainsi se retrouver face à face avec un ennemi situé à côté d'un arbre et n'avoir pourtant aucune chance de le toucher, l'arbre lui offrant en réalité un abri total. Toutefois, les problèmes de ce genre restent rares, et même le sacro-saint XCOM y est confronté.
A vrai dire, les incohérences dans les lignes de visée sont bien pires dans le titre de 2K (coucou les tirs qui traversent les murs…). Par ailleurs, le système de progression des personnages utilise le contexte post-apocalyptique pour nous proposer des capacités supplémentaires sous forme de mutations. Emission de fumée opaque quand on se fait toucher, possibilité de manger les cadavres pour regagner de la vie, peau de pierre offrant un tour d'invincibilité, ou encore charge pour détruire les abris et assommer les ennemis figurent ainsi au menu de Bormin. Du côté de Dux, on s'enthousiasmera plus particulièrement pour les ailes de papillon, qui lui permettent de prendre de la hauteur, et pour la mutation Caméléon, qui offre une invisibilité totale tant que le combat n'est pas engagé. Terminons par un mot sur la durée de vie de ce jeu purement solo : il faut un peu plus de quinze heures pour en venir à bout, mais la tentation de refaire une seconde partie en changeant la composition de l'équipe est alors très forte. Et ça, c'est un signe de qualité qui ne trompe pas !