Test Monster Hunter Freedom Unite

Bénéficiant des ajouts cumulés des deux derniers épisodes portables et de la version PC (inédite de ce côté du monde), Monster Hunter Freedom Unite s'apparente plus à une sorte de Monster Hunter Freedom 2.5 qu'à un véritable nouvel opus. Une impression ressentie dès les premiers pas effectués dans le fameux village de Pokke, qui se transforme en certitude une fois le hall de rassemblement atteint et quelques missions basiques bouclées sans grand risque. Thèmes musicaux similaires, animations identiques, schéma de progression indéfectible, le travail de Capcom semble se limiter dans un premier temps à la confection de nouvelles quêtes et à l'arrivée de quelques personnages sans grand intérêt. Un désappointement qui va de paire avec la recherche désespérée d'un mode multi en ligne qui n'aboutira jamais. Trois épisodes, trois oublis difficilement compréhensibles, tant le titre possède une force d'attraction sociale importante. Vous devrez donc encore une fois partir non seulement à la chasse aux monstres mais également aux amis. Et pas n'importe lesquels, ceux avec une PSP et un exemplaire du jeu. Espèce rare s'il en est.

La liberté a un prix

Dénué de mode online, tout du moins officiellement (certaines méthodes permettant de pallier ce défaut de façon assez complexe), Monster Hunter Freedom Unite pose la question de l'intérêt de ce genre de politique sur le marché européen. S'il est aisé de dénicher deux voire trois traqueurs modernes au Japon, la même activité est bien plus difficile sur notre territoire. Monster Hunter n'a en effet pas l'aura qui le caractérise sur l'Archipel et les réunions de jeu ne sont pas vraiment des plus fréquentes. Si l'absence de la prise en compte du Wi-Fi pouvait passer pour une certaine frilosité (assez compréhensible sur un marché par foncièrement habitué au jeu en ligne il y a trois ans) de Capcom, cette "crainte" était déjà moins justifiable au sein de Monster Hunter Freedom 2. La réitération de ce choix représente désormais un défaut flagrant, opérant comme une réelle frustration pour des joueurs désireux de tenter l'expérience. La construction d'un Monster Hunter se base sur l'accumulation des heures de jeu, sur la persévérance, sur les faits d'arme et sur des sessions importantes, un peu à l'image d'un MMO. Comment proposer une telle aventure avec de telles limitations. Certes, il ne vous sera pas techniquement impossible de trouver des compagnons de chasse, mais un simple choix aurait été bien plus confortable, laissant le joueur libre de parcourir le titre sans se voire imposer ce genre de contrainte. Le seul espoir réside en la démocratisation de la série, Capcom semblant peu désireux de modifier sa recette gagnante. Une recette qui pourtant fonctionne toujours. Privé de mode multi autre que local et basé sur de la redite, le pari n'était pas gagné.

Dénué de mode online, tout du moins officiellement, Monster Hunter Freedom Unite pose la question de l'intérêt de ce genre de politique sur le marché européen."

La grande force de Monster Hunter Freedom Unite est de proposer, à l'image des autres épisodes, une richesse ahurissante dans tout ce qui a trait à la préparation de son personnage en vue des diverses parties de chasse. Il est évidemment possible d'acquérir ses objets, armes et armures par le biais des fonds récoltés en fin de mission. Mais leur coût est totalement fantaisiste d'une part et d'autre part, vous ne pourrez jamais acquérir les meilleurs équipements de cette façon peu téméraire. Soulignant parfaitement le principe de la survie en milieu hostile, Monster Hunter Freedom Unite base l'essentiel de son fonctionnement sur l'utilisation des ressources collectées sur le terrain. Stockés dans un sac personnel peu étendu lors des phases de traque, les objets rassemblés peuvent également être placés dans une malle à la capacité nettement étendue. Ils y seront conservés dans l'attente d'une utilisation chez le forgeron local pour créer de nouvelles pièces d'équipement, ou pour être fusionnés entre eux afin de donner naissance à des items inédits. Action réalisable également en pleine action pour les plus pressés. Permettant un nombre d'associations d'une diversité rare, ce système d'utilisation de l'environnement pousse à s'enfoncer toujours plus profondément dans le monde de Monster Hunter afin de dénicher le dosbiscus bien caché derrière un tronc d'arbre, ou la peau de Giadrome nécessaire à la confection d'une armure. Un système de looting très bien géré, obligeant après quelques heures de s'adjoindre l'aide de coéquipiers, légitimant idéalement l'aspect communautaire du soft

Desserrez les rangs !

En effet, si les missions de rang 1, 2 ou 3 peuvent s'effectuer seul après de longues séances d'énervement et de passages dépressifs à répétition, celles de rang supérieur sont quasiment impossibles sans la présence d'une ou deux personnes supplémentaires. On ne vous parle pas non plus des quêtes de rang G qui ne se débloquent qu'après de nombreuses heures de jeu. Ces dernières conviendront parfaitement aux joueurs ayant déjà parcouru Monster Hunter Freedom 2, offrant un challenge très relevé et des créatures à la stature impressionnante. Ces heureux chanceux sont d'ailleurs avantagés puisque le transfert de sauvegarde est tout à fait possible entre cet épisode et  Monster Hunter Freedom Unite. Vous conservez donc l'ensemble de vos acquis et pouvez aussi rapidement vous essayer aux opposants les plus féroces et à la nouvelle faune présente dans l'aventure. Si vous ne disposez pas de tout ce soutien, Capcom a un peu pensé à vous en incluant la possibilité d'engager des compagnons d'un charisme débridé, à savoir les fameux Felynes. Prenant place dans votre demeure, ces derniers pourront être placé en cuisine afin de vous préparer des petits plats qui auront divers effets sur vous, des meilleurs aux pires, ou encore vous suivre sur le terrain. Dans ce cas précis, seul un Felyne aura la chance de foncer inconsciemment sur des monstres sanguinaires à vos côtés. Pouvant apprendre des capacités plus ou moins utiles avec de l'entraînement et possédant une spécialité (lancer de bombes, combat au corps à corps, etc.), ces créatures félines sont prises en compte par une I.A. qui se montre assez convaincante, malgré des erreurs de précision pouvant aboutir à l'arrivée surprenante d'une charge explosive à vos pieds. L'autre avantage de la présence d'un coéquipier réside dans le fait d'attirer l'attention des maîtres de chaque environnement, afin d'éviter l'acharnement insupportable dont certains font preuve sur le pauvre corps de votre avatar. Un rouage du gameplay démontrant une fois de plus l'importance indubitable de la coopération. D'autant que Monster Hunter Freedom Unite repose sur une approche privilégiant l'observation à l'enchaînement irréfléchi d'attaques, stratégie que les Felynes laissent de côté. Il est largement préférable de prendre son temps avant d'asséner un coup dans l'une des parties sensibles de l'animal que de foncer en misant tout sur la force brute. D'où les animations particulièrement lente des armes et la priorité des créatures dans les collisions, vous renversant très facilement. Un réel plaisir de planification des assauts ressorts de fait des parties multijoueurs, la notion de couverture aboutissant à des moments de bravoure intenses. Mais si la lourdeur des armes est une composante même du gameplay, celle de la prise en main en est une autre.

L'intérêt du troisième bras

Dans son entreprise de conservation des défauts des épisodes précédents, Capcom force une nouvelle fois le joueur à opérer de savants mouvements, afin de simplement comprendre ce qui se passe à l'écran. En effet, la caméra est affreusement mal gérée, obligeant le joueur à la manœuvrer manuellement dès que – paradoxalement – l'action se fait plus intense. Le problème venant du fait que la croix directionnelle est préposée à cette fonction, alors que la direction du personnage se fait avec le stick, associé au bouton R, déclenchant un sprint qui vous sera utile à de très nombreuses reprises. Un manque d'ergonomie très pénible qui empiète littéralement sur l'expérience ludique, aboutissant à des situations problématiques qui n'auraient jamais eu lieu d'être. Forcément, avec de la patience et une certaine habitude, le joueur s'y fait. Néanmoins cela reste un défaut rédhibitoire qui passe pourtant désormais pour une marque de fabrique de la série. Après deux épisodes, il serait sans doute temps de repenser la prise en main d'une série de qualité mais à la finition laissée en friche. Dans le même esprit, l'absence de lock double les problèmes de précision rencontrés et vous ne compterez plus les bombes tranquillisantes lancées à trois mètres de votre cible, cette dernière vous gratifiant d'une charge meurtrière dans la foulée. Certes, Monster Hunter Freedom Unite est un titre basé sur l'expérience. Pas un gain de points à l'image d'un RPG mais plutôt une action effectuée encore et encore jusqu'à une certaine maîtrise. Reste à savoir si vous aurez envie de lutter contre des errances de gameplay afin d'en tirer ce qui aurait pu le rendre agréable. En revanche, dans ce contexte pesant et un peu engoncé, Capcom a tout de même fait naître une idée retirant la principale source de tension des deux épisodes précédents, à savoir les chargements. Pouvant s' installer sur votre memory stick, le titre devient alors d'une fluidité étonnante dans ses transitions, notamment au niveau des zones de chasse, auparavant soumises à une avancée laborieuse à cause d'un aspect haché envahissant. Une nouveauté réjouissante qui amène pourtant à amèrement regretter que Capcom n'ait pas apporté autant de soin sur des lacunes présentes depuis maintenant plusieurs années. Car Monster Hunter Freedom Unite est un bon jeu, généreux en sensations, d'une profondeur fascinante et particulièrement immersif. Ce n'est pas faire honneur à un animal courageux de le laisser s'épuiser.