Test Might & Magic Heroes VI

La concurrence, ce sont bien entendu les différents épisodes de la série King's Bounty. Même si le fonctionnement des deux jeux diffère en ce qui concerne la carte aventure, ils restent tout de même très comparables puisque les combats au tour par tour reposent sur les mêmes principes dans les deux cas. Et donc, vous l'aurez compris, Might & Magic : Heroes VI n'arrive pas à supplanter son rival dans notre cœur. Cela tient à plusieurs choses, au premier rang desquelles la présence d'un terrain d'affrontements découpé en carrés. Même si on s'était déjà frottés à cette hérésie dans le cinquième épisode, on était en droit d'espérer un retour aux cases hexagonales, à la fois plus seyantes et plus tactiques. Peine perdue, il faut donc faire avec ces tristes damiers. La carte générale dédiée aux déplacements du héros est déjà nettement plus plaisante, même si tout n'est pas parfait (par exemple la rotation de caméra qui ne se fait pas à la souris). On note que les allers et retours sur le terrain sont facilités par l'apparition de pouvoirs de téléportation entre les différentes forteresses que l'on possède. Selon sa sensibilité, on y verra une fonctionnalité bien pratique ou bien un recul de la complexité du gameplay. De ce point de vue, il n'y a tout de même pas de quoi crier à la "casualisation" excessive, car même si certaines mécaniques de jeu ont été revues et corrigées, l'ensemble reste plutôt riche. On doit ainsi maîtriser l'évolution des héros en opérant des choix parmi des dizaines de compétences. Utiliser la magie, la force, les capacités de classe ou de faction. Gérer son inventaire et les différents artefacts amassés sur le terrain. Et parfois même, effectuer des choix moraux qui nous placent soit sur la Voie du Sang, soit sur la Voie des Larmes. Sans oublier la capture de bâtiments générateurs de ressources (moins nombreuses qu'avant, certes) et la gestion des villes. Sur ce point, les critiques fusent depuis la bêta en ce qui concerne leur représentation graphique. Il faut dire que le visuel 2D affiché dans une simple fenêtre manque singulièrement de vie.

We could be heroes...

D'une manière plus générale, les graphismes n'ont d'ailleurs rien d'enthousiasmants. Certes, en plaçant la caméra au plus haut, la carte se montre bien mignonne. Mais dès que l'on zoome, ou lorsque le jeu décide de le faire pour nous lors des combats, on s'aperçoit que les modélisations sont relativement sommaires. Le pire est atteint aux moments où s'affichent les petites scènes cinématiques qui ponctuent la campagne solo. Réalisées en temps réel, avec le moteur du jeu, elles se montrent parfois fort disgracieuses. A vrai dire, toute la partie technique semble quasiment avoir stagné depuis la sortie du cinquième épisode, qui date pourtant d'il y a déjà plus de cinq ans ! Bien sûr, l'intérêt du jeu ne réside pas uniquement dans les graphismes. Mais tant qu'à nous sortir une nouvelle version, autant qu'elle utilise les capacités des machines modernes, surtout lorsqu'il s'agit d'une exclusivité PC. Il n'y a pas non plus de miracle à attendre du côté de l'audio, puisque la version française souffre de voix peu convaincantes, et d'une mauvaise synchronisation du mouvement des lèvres avec les dialogues. Ces derniers soufflent quant à eux le chaud et le froid, puisqu'ils alternent phrases désespérément plates et répliques bien senties, traits d'humour réussis et blagues ratées. Détail plaisant : il est possible de naviguer dans les dialogues des phases de jeu grâce à des flèches avant et arrière. Pratique pour réécouter ou relire un passage précis, ou pour abréger au contraire une logorrhée inutile.

Et même si cet épisode sent un peu trop le travail de commande, et l'application scolaire de recettes bien connues plutôt que le génie créatif, il faut reconnaître que le jeu reste au final une petite drogue comme on les aime."

Jamais parfait, jamais totalement déplaisant, le jeu persiste sur la lancée de la demi-mesure en adoptant le système Uplay d'Ubisoft. Pas de panique, il ne s'agit pas de connexion au réseau permanente et obligatoire puisqu'il reste possible de jouer offline. Mais tout a été fait pour vous inciter à vous connecter. On passera sur la présence incongrue d'un icône Skype (on a évité Facebook, c'est déjà ça) pour évoquer plutôt les points de dynastie qu'on ne peut gagner qu'en étant connecté. Et ce n'est pas anecdotique puisqu'ils servent à acheter des bonus non négligeables ! De même, jouer en ligne permet de profiter des orbes de confluence placées en certains endroits des maps solo. Concrètement, il s'agit de points de passage où l'on peut déposer le message de son choix, qui devient alors visible pour tous les autres joueurs. Du social, quoi... Mais ni ces fioritures, ni même les changements de gameplay (certains positifs, d'autres négatifs) apportés par ce sixième épisode n'entament la grande force du jeu, à savoir son concept de base. Il est tellement fort et prenant qu'on passe forcément de bons moments devant son écran. Et même si cet épisode sent un peu trop le travail de commande, et l'application scolaire de recettes bien connues plutôt que le génie créatif, il faut reconnaître que le jeu reste au final une petite drogue comme on les aime.