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Metal Gear Solid : Snake Eater 3D est décevant, en tant que remake. Souffrant de la prise en main de la 3DS, de problèmes techniques et d'une certaine paresse dans l'optimisation des menus notamment, le jeu de Kojima semble avoir du mal à s'adapter à son nouvel écosystème. Mais en tant que maître de la survie, il parvient toujours à s'en sortir, cette fois-ci sans rien faire. Ce sont ses qualités de fond qui permettent à Metal Gear Solid : Snake Eater 3D de se sortir d'un pas mal engagé. Très bien écrit, immersif, malin, renouvelant constamment son rythme, bourré de bonnes idées, de moments cultes et de personnages mémorables, le jeu conserve cette inventivité croissante qui en avait fait il y a 7 ans un titre dont il reste des instants dans l'esprit de nombreux joueurs. Toujours plus que valable pour une première approche, Metal Gear Solid : Snake Eater 3D est en revanche difficile à conseiller face à la compilation HD qui trouve sur "grand" écran une vraie raison d'exister et de se développer au mieux. A voir si la survie 60's sous la couette est l'un de vos rêves secrets.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Metal Gears Solid 3DS
- Scénario béton
- The Boss
- Personnages principaux d'exception
- Des boss d'anthologie
- La bande-son qui va avec
- L'aspect survie
- Des idées partout
- Amélioration visuelle convaincante
- La 3D bien rendue
- Menus moins laborieux...
- ...mais encore un peu "raides"
- Maniabilité pénible sans Circle Pad Pro
- Problèmes de frame-rate
- Contenu rogné
- L'I.A désuette
- Le prix face à la compilation HD
Coup d'éclat dans la série de Konami, Metal Gear Solid 3 : Snake Eater était un jeu complet dans le sens où il poussait les qualités du concept de Kojima dans ses meilleurs retranchements, en faisant la part belle à la survie et à la narration. Gérant le terrain comme une zone entière de gameplay, malléable et utile, la notion de plaisir de jeu même parvenait à survivre dans l'avalanche textuelle propre à Kojima. Un ensevelissement qui laissait de grands espaces de respirations, sursauts de génie dans la conception des personnages et de la trame. Une construction qui semble sur certains points se rapprocher de l'inoxydable, tant 7 années plus tard les cliffhangers happent, les idées étonnent et le rythme s'adapte sans trébuchements à l'envie du joueur. Une interpénétration peut-être un peu approximative des codes du jeu vidéo et du cinéma, mais qui forme encore aujourd'hui un ensemble d'une cohérence étonnante, sorte d'objet étrange et fascinant qui reste ancré par flash dans la mémoire de nombreux joueurs. Des bouts de souvenirs qui ressortent à l'évocation de boss emblématiques, pas tant pour leur dualité caricature/charisme que pour les notions de gameplay qu'ils incarnaient. Mention spéciale à The End aussi inatteignable que disposant de la plus grande gamme de morts et défaites possibles. Comme les resorties en salle des films dont il s'inspire, Metal Gear Solid 3DS se redécouvre, son fond inchangé mais sa forme adaptée aux attentes d'un public différent, devant un écran différent. Là où les choses changent, c'est dans cette notion d'interactivité qui fait ici un peu barrière à une transition d'époque sans problème.
Snake ? Snake ? Snaaaaaake !
Afin de coller aux nouvelles possibilités de gameplay offertes par la 3DS, Kojima Productions a décidé de repenser l'un des points problématiques de Metal Gear Solid 3 : Snake Eater, à savoir la navigation assez laborieuse dans les menus pour modifier un camouflage ou chercher sa nourriture. Ces principales fonctions, indispensables pour coller au concept de survie en milieu hostile, sont désormais accessibles directement sur l'écran tactile et matérialisées par des icônes bien identifiables. Un souci d'ergonomie et de rapidité d'exécution appréciable qui n'arrive pourtant pas à convaincre pleinement. Très petites, ces icônes sont également bien trop collées aux bords de l'écran tactile et manquent vraiment d'accessibilité pour les doigts un peu charnus. D'autant que si elles suppriment une étape dans la recherche d'une ration ou d'une tenue, elles ne permettent pas de naviguer rapidement entre les différentes catégories. Par exemple, après avoir discuté cinéma avec Paramédic, il est obligatoire de revenir au menu de base de l'écran tactile pour ensuite se rendre dans les réserves de nourriture ; et si le joueur décide à ce moment de modifier aussi son camouflage, il devra effectuer la même manipulation. Il est tout bonnement impossible de faire défiler ces divers menus. Un choix archaïque qui tranche avec cette volonté de moderniser une prise en main déjà bien entamée par les limitations mêmes de la 3DS. Pas de suspense, jouer sans le Circle Pad Pro est pénible. La majeure partie des mouvements force le joueur à lâcher les commandes et provoque forcément une perte de rythme, de précision et d'immersion. En configuration de base, le stick gauche sert à avancer et les quatre touches de façade à tourner la caméra libre, héritière de la version Subsistence. Grimper, soulever un ennemi, se baisser, se lever, toutes ces actions de base sont affiliées à la croix directionnelle. Autant dire qu'en pleine course-poursuite, ce qui ne manque pas d'arriver lors d'un première partie, il est très facile – même en ayant l'habitude – de tâtonner avant de trouver le moyen d'effectuer le mouvement voulu. L'appendice étrange corrige un grand nombre de ces problèmes et replace sous les doigts une répartition des boutons bien plus pratique. A l'inverse, elle remet en avant le manque d'ampleur des joysticks de la console de Nintendo, même s'il est possible d'augmenter ou de réduire leur sensibilité dans un ensemble d'options extrêmement complet. Un réglage qui s'applique sur chaque type de vue une fois l'arme dégainée, que le joueur choisisse l'approche FPS, celle typée MGS 4 (TPS), caméra sur l'épaule, ou encore l'Automatique qui cible l'ennemi le plus proche. Béquille utile pour certains gunffights sans le Circle Pad Pro, cette dernière reste tout de même assez dispensable dans la majorité des cas, retirant une bonne part de challenge.
Debriefing
Discutable au niveau jouabilité, ce remake l'est aussi techniquement, alternant entre améliorations et mauvaise optimisation. Plus propre que la version PlayStation 2 et sous certains aspects (notamment les visages) que la récente adaptation HD, Metal Gear Solid 3DS montre surtout sa supériorité lors des séquences narratives où les modèles de personnages se montrent très convaincants, bien plus fins. Les environnements disposent également d'une hausse du niveau de détails, nettement visible lors des phases en extérieur. En revanche, tout cela semble avoir un prix, le moteur étant souvent à genoux. Des chutes de frame-rate apparaissent lors de nombreuses cinématiques, et sont quasi systématiques dès que des effets visuels s'additionnent. Lancer une grenade sur plus de 3 ennemis lors d'une phase d'alerte ou faire un carton équipé des jumelles infrarouge provoquent des ralentissements désagréables et surtout inexplicables, devant le temps mis à développer cette version. Spécialité de la 3DS, l'effet de profondeur 3D est bien rendu, surtout lors des passages hors jeu. Ces scènes au cadre très cinématographique se prêtent bien à la gestion de la mise en avant de certains éléments, comme le fameux jet de cigare en ouverture du jeu ou l'apparition des frelons de The Pain, envahissant l'écran. Un effet qui travaille à l'immersion en pleine forêt avec le côté englobant plutôt réussi de cette 3D une fois couché dans les hautes herbes mais qui reste loin de ce qu'avait laissé entendre Kojima dans Metal Gear Solid 3D : Snake Eater – The Naked Sample. D'autant qu'une fois la molette poussée, l'aliasing fait immédiatement surface, rendant parfois difficile le fait de discerner la présence de gardes. Des ennemis qui souffrent d'une I.A qui à l'époque ne choquait pas vraiment, mais qui maintenant plonge dans le désuet, sans pour autant retirer de l'intérêt aux phases d'infiltration. D'où la question de l'intérêt de ce remake qui, malgré une réactualisation bienvenue, se cantonne au minimum en terme de confort de jeu. Rogné au niveau contenu avec la suppression du mode en ligne et des deux premiers Metal Gear MSX qui n'auraient pas pris beaucoup de place, Metal Gear Solid : Snake Eater 3D n'est au final pas beaucoup plus amélioré que son grand frère HD sur consoles de salon, seul et à un prix plus élevé que la compilation. Une déception non pas au niveau du coeur du jeu et de ses qualités d'époque qui sont encore présentes, mais du traitement de fond d'un remake qui laisse quand même de sérieux doutes sur sa légitimité. Un excellent jeu, un peu perdu dans une tenue de camouflage qui en changeant ses contours, lui retire justement de l'éclat.