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Même s'il se présente officiellement comme un mix entre stratégie temps réel et action à la troisième personne, Men of War : Red Tide tient tout de même plus de la première catégorie et se destine donc exclusivement aux joueurs possédant réellement un esprit tactique. Chacune des vingt-trois missions disponibles propose un défi relevé, qu'on remporte rarement du premier coup. Une exigence qu'on ne peut qu'apprécier mais qui interdit le jeu aux débutants et aux occasionnels. Les durs à cuirs se délecteront en revanche de la multitude d'outils mis à leur disposition pour remporter la victoire. Du contrôle direct des unités en passant par la gestion de l'inventaire de chaque soldat, il y a de quoi faire ! Dommage que la localisation française manque de sérieux et ne donne pas plus de valeur ajoutée à cette version boîte.
- Riche et complet
- Gameplay tactique
- Décors destructibles
- Un challenge élevé
- Certaines cinématiques non sous-titrées
- Pas de manuel
- Bourdes de localisation
- Encore la Seconde Guerre Mondiale...
Comme de plus en plus de jeux, Men of War : Red Tide est initialement sorti sur les plates-formes de téléchargement en version anglaise, et il aura fallu attendre plusieurs mois pour voir débarquer dans notre pays une version boîte localisée. Amis anglophobes et réfractaires au dématérialisé, vous voici donc enfin autorisés à profiter des richesses tactiques de ce jeu de stratégie temps réel. Relativement atypique par certains aspects, il se déroule tout de même une fois de plus durant la seconde guerre mondiale.
S'il constitue de fait une extension de Men of War, dont il reprend les principes de jeu, le moteur graphique et l'interface, Men of War : Red Tide fonctionne tout de même de manière autonome. A ce titre, il peut représenter une porte d'entrée sympathique pour ceux qui désireraient découvrir la série, elle-même dérivée des Faces of War et autres Soldiers : Heroes of World War II, et amenée à se prolonger d'ici la fin de l'année avec Men of War : Assault Squad et Men of War : Vietnam. Cet arbre généalogique touffu prouve à lui seul que le jeu possède de nombreux atouts, susceptibles de séduire les amateurs de jeux de stratégie temps réel. Cependant, nous allons voir que le gameplay assez particulier peut rebuter et, surtout, que cette version française a été réalisée de manière peu soignée. Tout d'abord, comme la majorité des titres édités par Micro Application, le jeu est fourni sans manuel papier. Il faut donc se rabattre sur un fichier PDF, hélas bien famélique et qui fait totalement l'impasse sur les subtilités de l'interface. Tout juste se contente-t-il de nous rappeler qu'il faut "cliquer sur le bouton Solo pour lancer le jeu". On s'en serait d'autant plus douté qu'aucun mode multijoueurs n'est proposé... L'éditeur s'est manifestement contenté du service minimum puisqu'on retrouve ici et là des textes bourrés de fautes d'orthographe, des noms de variables qui apparaissent en clair (par exemple "missions/cur_difficulty/normal" est affiché sous le niveau de difficulté) et même des scènes cinématiques en anglais non sous-titrées. Si celles réalisées avec le moteur du jeu et qui introduisent chaque mission sont bel et bien en VOST, les vidéos qui précèdent chacune des six campagnes disponibles resteront en revanche totalement inintelligibles à ceux qui ne maîtrisent pas la compréhension orale de la langue de Shakespeare. Un oubli difficilement pardonnable ! Heureusement, tous ces problèmes de localisation ne remettent pas en cause les qualités intrinsèques du jeu.
La tactique des gens d'armes
Plus tactique que stratégique, Men of War : Red Tide propose un gameplay centré sur la micro-gestion . Ici, il n'est pas question de submerger l'ennemi avec des vagues d'unités tout juste sorties d'un quelconque bâtiment de production. Au contraire, chaque mission ne nous donne le contrôle que d'un nombre limité de soldats (de un à quelques dizaines, regroupés en une poignée de groupes). Leur vie est d'autant plus précieuse qu'il n'est pas permis d'en produire de nouveaux. Tout juste peut-on espérer parfois l'arrivée de quelques renforts. Pour autant, cette économie de moyens n'est nullement synonyme d'ennui. Le niveau de difficulté est globalement très élevé et il y a milles choses à gérer simultanément. Le jeu permet en effet de gérer l'inventaire de chaque soldat, qui peut se réapprovisionner en équipement dans les caisses qui parsèment le décor et même directement sur le corps des unités tombées au combat. Cette fonction de loot se double même d'une fonctionnalité héritée des hack 'n' Slash à la Diablo : un appui sur la touche Tab met en surbrillance les objets ramassables présents sur le sol. Particulièrement riche et complet, le gameplay se dote également d'un option de contrôle direct, qui permet de diriger chaque unité comme on le ferait dans un jeu d'action. On la déplace alors à l'aide des touches fléchées, et non plus d'un clic de souris, et l'on vise soi-même grâce à un curseur. Ce principe, qui s'applique également aux véhicules et aux pièces d'artillerie, n'est pas forcément indispensable mais permet à l'occasion d'améliorer les performances de tir de l'intelligence artificielle et de s'assurer qu'elle ne fait pas n'importe quoi. Sans cela, il faut bien avouer que nos soldats ont parfois tendance à réagir de manière un peu capricieuse. L'interface est à l'image de la richesse du gameplay, et multiplie donc à loisir les icônes et les onglets. Elle comporte une bonne trentaine de zones interactives (ordres, postures, groupes, soins, modes de visée...) et demande donc un certain temps d'adaptation avant d'être maîtrisée, surtout en l'absence d'un véritable manuel digne de ce nom ou d'un quelconque didacticiel.
"C'est la mer noire !"
On retrouve en revanche facilement ses marques en ce qui concerne l'univers du jeu puisqu'il s'agit une fois de plus de la seconde guerre mondiale. On commence franchement à saturer mais, heureusement, Men of War : Red Tide se concentre sur le front de l'est et plus particulièrement sur les évènements ayant eu lieu autour de la mer Noire. On commence donc l'aventure en septembre 1941 à Grigorievka, un village proche d'Odessa, aux commandes du troisième régiment de marine de la mer Noire. Cette unité d'élite soviétique est spécialisée dans les opérations près des côtes et multiplie donc les scènes de débarquement (plus ou moins réussies, puisque certaines commencent par un crash d'avion ou un naufrage de navire). Le moteur 3D utilisé pour représenter l'action n'est pas extrêmement spectaculaire, mais il reste très honnête et suffisant pour retranscrire de manière convaincante les différents évènements. Il offre surtout une grande destructibilité des décors. Les abris de fortune, fussent-ils constitués de véritables habitations, ne résistent pas longtemps aux tirs de mortier. Il faut donc sans cesse placer au mieux ses unités et réévaluer en permanence les meilleurs positions de tir disponibles. Le jeu nous aide en cela grâce à une prévisualisation "fantomatique" de la position d'arrivée de nos hommes. Plus concrètement : en sélectionnant un groupe puis en approchant le curseur de souris d'une zone de couverture, les silhouettes grisées des soldats apparaissent et représentent de manière détaillée leur posture (à genoux, dos au mur, etc.). Avant de cliquer et de donner l'ordre de déplacement, on peut alors adapter au mieux la formation en testant précisément différentes zones d'arrivée, afin d'éviter par exemple qu'un des hommes se retrouve à découvert ou dos à l'ennemi. Un souci du détail qui résume parfaitement l'état d'esprit général du jeu : complet, complexe, exigeant, mais qui fournit tous les outils pour définir au mieux ses tactiques de combat.