14 20 5 5
S'il ne souffre d'aucun défaut majeur, le MEDAL OF HONOR nouveau a tout de même un arrière-goût de déjà-joué. En solo comme en multi, aucune des situations présentées ne se démarque suffisamment de la concurrence pour susciter un véritable enthousiasme. Ceux qui possèdent déjà Call of Duty Modern Warfare 2 ou Battlefield : Bad Company 2 auront bien du mal à trouver une quelconque valeur ajoutée dans les affrontements en ligne, efficaces mais trop classiques. Le fait que la campagne solo soit aussi courte n'aide pas non plus à la clémence, bien qu'elle ne soit pas déplaisante dans l'absolu. Bref, ce MEDAL OF HONOR se situe dans une bonne moyenne sans jamais atteindre des sommets. Espérons que les épisodes à venir sauront faire mieux.
- Plus réaliste que son concurrent direct
- Mode Tier 1 sympathique
- Mode Combat Mission en multi assez excitant
- Le lean n'a pas été oublié
- Grosse impression de déjà-vu
- Campagne solo ultra courte (4 heures)
- Scripts parfois trop grossiers
- Ca manque de moments épiques quand même
Trop longtemps cantonnée à la Seconde Guerre Mondiale, la série Medal of Honor prend exemple sur la saga Call of Duty et décide de troquer à son tour les terres de Normandie et les armes du siècle dernier pour l'Afghanistan et un armement plus moderne. Sur le fond, on ne peut pas vraiment lui en vouloir puisque le premier Call of Duty copiait déjà les recettes des Medal of Honor originaux. Mais en pratique, ce MEDAL OF HONOR de nouvelle génération ne risque-t-il pas de manquer d'originalité ? C'est ce que nous allons voir tout de suite.
Vous l'aurez compris avec cette introduction, MEDAL OF HONOR n'échappera pas à la comparaison avec le maître étalon Call of Duty : Modern Warfare 2. Il faut dire que les deux titres ont beaucoup de choses en commun. Rien que le menu du jeu, fait d'images satellites et de vision infrarouge, rappelle le hit d'Activision. De plus, le nouveau FPS d'Electronic Arts se situe lui aussi en Afghanistan et nous propose également d'incarner différents soldats à tour de rôle. Cependant, les chemins de Rabbit, Deuce et Adams ne sont jamais très éloignés, afin que l'aventure conserve en permanence une certaine unité de lieu et de temps. Cela va de pair avec le réalisme revendiqué par les développeurs. Les événements retracés s'inspirent d'un conflit réel, toujours vivace à l'heure actuelle, et le jeu a été élaboré avec l'aide de conseillers militaires. Même si on n'échappe pas aux explosions hollywoodiennes et au syndrome de l'équipe réduite qui annihile des centaines d'ennemis à elle seule, on y gagne incontestablement en crédibilité et en cohérence. En contrepartie, on ne peut vraiment pas dire qu'on voit du pays. Les décors, essentiellement constitués de déserts et de montagnes, manquent clairement de variété et la campagne solo se doit d'être ramassée afin d'éviter tout effet de lassitude. Il ne faudra d'ailleurs qu'un peu plus de quatre heures à un joueur chevronné pour en faire le tour ! C'est franchement trop court pour un jeu vendu à prix standard. De plus, si ces quelques heures de jeu ne sont jamais désagréables, elles ne sont pour autant ni parfaites ni inoubliables. Malgré la présence de quelques sympathiques séquences de tir à grande distance, d'une balade en quad, de quelques moments d'infiltration,et d'une petite balade en hélico en tant que passager, le jeu manque de moments forts, donc de relief. Et il ne s'affranchit pas des classiques écueils du genre : génération sans cesse renouvelée d'ennemis à certains endroits et scripts parfois trop prévisibles pour réellement provoquer l'émotion , le stress ou la surprise. Un œil neuf n'y verra certainement que du feu, mais les habitués du genre garderont en permanence une certaine distance avec les évènements. Il faut dire que certains d'entre eux sentent vraiment le réchauffé, à l'image de ce cimetière d'avions ou de cette séquence d'égorgement, qu'on jurerait sortis de Call of Duty : Modern Warfare 2. D'ailleurs, lorsqu'un des soldats s'exclame mot pour mot "Oh fais chier, j'ai déjà vu ça !", on ne peut que l'approuver et se demander s'il ne s'agit pas là d'une pointe d'auto-dérision ou d'un aveu de faiblesse de la part des développeurs.
Quelques bonnes idées dans un monde de brutes
Dans cet univers militaire des plus classiques, l'innovation ne pointe le bout de son nez que par petites touches discrètes. L'interface visuelle a ainsi le bon goût d'être totalement dissimulée par défaut. Si l'on désire connaître le nombre de munitions qu'il nous reste, il faut appuyer sur une commande dédiée afin que les informations de ce type apparaissent quelques instants à l'écran. Personne ne trouvera à se plaindre d'un tel système, qui laisse un maximum de place à l'image et renforce l'immersion. On se réjouit également de la possibilité de se pencher, plus communément appelée "lean", afin de viser au mieux tout en s'abritant derrière un obstacle. Une fonctionnalité essentielle, pourtant de plus en plus souvent absente des FPS multiplateformes,au grand dam des joueurs PC. Face à la concurrence, MEDAL OF HONOR se fend également de deux petites innovations, que l'on appréciera différemment selon sa sensibilité. Tandis que le fameux "grand public" s'enthousiasmera à l'idée qu'une icône apparaisse subitement à l'écran pour signaler chaque headshot réalisé, les joueurs sérieux y verront plutôt un frein à l'immersion et une contradiction avec l'absence d'interface visuelle. De même, le système de munitions a été revu et corrigé pour plus de simplicité. Lorsqu'on se trouve à court de balles, il suffit de s'approcher d'un des soldats qui nous accompagne et de lui en demander pour se retrouver instantanément avec des chargeurs pleins. A ce rythme, le jour n'est plus loin où les développeurs nous proposeront des munitions qui se régénèrent automatiquement avec le temps, à l'image de la santé...
Malgré la présence de quelques sympathiques séquences de tir à grande distance, d'une balade en quad, de quelques moments d'infiltration,et d'une petite balade en hélico en tant que passager, le jeu manque de moments forts, donc de relief."
Plus pertinent est le mode "Tier 1", qui vient compléter la campagne solo. Il faut être connecté pour en profiter puisqu'il fait la part belle au classement en ligne. Ce mode solo d'un genre nouveau reprend en réalité toutes les missions de la campagne, mais impose de les compléter en temps limité. Pour nous aider dans cette tâche, le chronomètre s'arrête quelques secondes à chaque fois que l'on réalise un tir à la tête, une frappe au corps à corps et autres jolis coups. Ce principe n'a rien de révolutionnaire, mais il offre une rejouabilité certaine à un mode solo qui en a bien besoin par ailleurs. L'aspect technique souffle quant à lui le chaud et le froid, à l'image de la version française inégale, qui fait cohabiter des doubleurs professionnels et convaincants avec d'autres nettement moins inspirés. Il en va de même pour l'aspect graphique, qui offre un rendu global satisfaisant et une très grande fluidité sur PC mais se fend par moments de quelques textures vraiment peu détaillées ou d'effets spéciaux guère impressionnants. Cela concerne surtout la campagne car, étonnement, le jeu utilise deux moteurs 3D différents. Sont à l'œuvre l'Unreal Engine 3, qu'on ne présente plus, pour le mode solo, et le Frostbite Engine, déjà utilisé dans les Battlefield : Bad Company, pour le multi. Ce dernier pan de MEDAL OF HONOR n'étonne guère plus que le reste. Comme l'on pouvait s'y attendre, il se situe à mi-chemin entre le mode multi de Call of Duty : Modern Warfare 2 et celui de Battlefield : Bad Company 2. Quelques modes de jeu se distinguent évidemment de la masse, comme le mode "Combat Mission" qui renouvèle constamment les objectifs dans une partie. A ce titre, il est plutôt dynamique, appréciable et ne manque d'aucune fonctionnalité essentielle, mais n'offre pas non plus de sensations inédites. Un bon résumé du jeu dans son ensemble, en fait !