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Avec cette version boîte bien garnie et vendue à prix raisonnable, Machinarium est plus que jamais un indispensable pour tous les amateurs de jeux d'aventure, et même pour les autres. Les bonus de qualité (un poster, le CD audio de l'excellente bande-son et la version complète de Samorost 2) ne font que renforcer le plaisir que l'on éprouve à parcourir ce magnifique jeu. Malin et poétique à souhait, magnifique même si réalisé en Flash, le titre d'Amanita Design rejoint World of Goo et Braid au panthéon des meilleurs jeux indépendants de ces dernières années. Et prouve, une fois de plus, que l'âge d'or du jeu d'aventures n'appartient pas forcément au passé.
- Un univers enchanteur
- Des graphismes 2D superbes
- Le double système d'aide
- Une version boîte très honnête
- Pas très long
- Pas de gestion du clic droit
- La fin, pas à la hauteur du reste
Disponible depuis quelques mois sur les plates-formes de téléchargement, Machinarium a enfin droit à une sortie en boîte en ce beau mois de juin. Cette version bénéficie d'une documentation en français et de quelques bonus physiques et numériques bien sympathiques. Mais le principal intérêt d'un tel achat reste tout de même l'aventure à proprement parler, qui ne peut que charmer les joueurs ayant un minimum de sensibilité artistique. Et même ceux qui ne jurent que par le gameplay ne seront pas déçus.
Dès le premier lancement, le joueur averti détectera les signes d'un jeu particulièrement soigné. Ainsi, le logo Machinarium qui nous accueille est interactif. Chacune de ses lettres s'anime et se déforme au passage du curseur de souris. Mieux encore, le menu principal et animé auquel nous avons droit par la suite correspond en fait à la première scène du jeu. Une fois qu'on clique sur "nouvelle partie", la transition avec le gameplay s'effectue alors forcément en douceur. Ces petits détails prouvent non seulement que les développeurs ont l'amour du travail bien fait, mais permettent également de nous faire profiter sans attendre de la patte graphique du jeu, aussi spécifique que séduisante. Les tons pastels de cette 2D "peinte à la main" ne peuvent que charmer les esthètes. De plus, ils s'accordent parfaitement avec l'univers robotique, mélancolique et partiellement désenchanté qui sert de cadre au jeu. On y incarne un robot bon pour la casse, et violemment séparé de sa petite amie. La première énigme consistera d'ailleurs à récupérer et réunir les différentes parties de notre corps afin de pouvoir progresser plus sereinement. A lui seul, ce tableau initial suffit pour prendre conscience des nombreux atouts de Machinarium. On découvre ainsi un gameplay relativement singulier, puisqu'il ne sert à rien de balayer l'écran à la recherche des zones interactives. Pas question non plus de les afficher toutes grâce à une commande dédiée, comme c'est désormais la norme dans les jeux d'aventure. Les développeurs ont choisi une voie totalement opposée, et plutôt réaliste, puisqu'il n'est possible d'interagir qu'avec ce qui se trouve à portée de main du robot. Pour savoir si tel objet est ramassable ou activable, il va falloir s'en approcher ! Ce système aurait pu s'avérer particulièrement laborieux mais, à l'usage, il n'en est rien. Les objets interactifs ne sont pourtant pas particulièrement mis en valeur graphiquement. Ils sont au contraire parfaitement intégrés aux décors. Mais, bizarrement, on n'hésite jamais longtemps sur ce qu'il est possible de faire ou ne l'est pas. Ce tour de force provient certainement de la grande cohérence de l'univers représenté et d'un level design minutieusement réfléchi.
Help ! I need somebody
Il faut dire aussi que le système d'aide à deux niveaux est particulièrement bien fichu. En cas de blocage, on peut dans un premier temps demander un indice visuel. Une bulle de bande dessinée s'affiche alors au dessus du personnage et illustre par un simple dessin ce qu'il attend de nous. Et si cela ne suffit pas, il est alors envisageable de réclamer la solution complète du tableau. Mais tout a été fait pour que ceux qui ne savent pas résister à la tentation ne puisse pas se gâcher l'aventure trop rapidement. Cette solution figure en effet dans un livre tenu fermé par un cadenas très particulier. Pour ouvrir ce dernier, il faut sortir victorieux d'une petite séquence de shoot'em up rustique. En défilement horizontal, on y dirige une clé devant éviter des murs de pierre et tirer sur quelques araignées placides. Au bout du chemin figure une serrure symbolique, qui donne l'accès à une véritable petite bande dessinée expliquant pas à pas la marche à suivre pour résoudre les énigmes du coin. Le principe de l'explication par le dessin est une constante dans le jeu, qui ne s'embarrasse d'aucune description d'objet ni de séquence de dialogues. Lorsque deux personnages se rencontrent, leur communication nous est une nouvelle fois présentée à l'aide de phylactères comprenant des petits dessins, parfois animés. Le langage universel par excellence ! En ce qui concerne les énigmes, on observe un bon dosage entre l'utilisation d'objets de l'inventaire et la résolution de casse-têtes plus formels. Il est à noter que le corps télescopique de notre robot peut être agrandi ou ratatiné, afin d'accéder à des endroits autrement inaccessibles. On touche alors à l'un des rares petits défauts du jeu puisque, une fois agrandi par exemple, le charmant androïde se déplace très lentement. Il faut donc bien prendre garde à lui redonner sa taille initiale avant de lui ordonner un déplacement, sous peine de devoir attendre de longues secondes qu'il ait terminé sa marche, qu'on ne peut pas toujours interrompre. En vérité, on s'y habitue assez rapidement. Plus gênant en revanche : le jeu étant réalisé en Flash, il n'autorise pas l'usage du clic droit. Pour remettre un objet dans l'inventaire, il faut donc le replacer soi-même dans la zone supérieure de l'écran. Rien d'insurmontable, mais des années de pratique de jeux d'aventure ne s'effacent pas en quelques heures. On n'a donc de cesse d'actionner le clic droit par automatisme, ce qui a pour effet d'afficher l'austère menu de Flash et de briser légèrement l'immersion. Enfin, précisons que l'aventure n'est pas forcément très longue, surtout pour ceux qui auraient tendance à un peu trop utiliser le système d'aide. Heureusement, le prix de vente est très raisonnable. La version boîte est en effet vendue moins de trente euros, alors même qu'elle contient un manuel couleurs de seize pages, un poster double face (Machinarium au recto, Les Chroniques de Sadwick au verso), cinquante minutes de bonheur sous la forme d'un CD audio et même la version complète de Samorost2, la précédente production d'Amanita Design. Que demander de plus ?