Test Lightning Returns Final Fantasy 13 sur PS3 et Xbox 360 sur PS3
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Retrouvez plus bas la suite de notre test de Lightning Returns : Final Fantasy XIII
- Le temps qui défile
- Le jonglage incessant entre les quêtes en regardant la montre
- Le système de costumes très stratégique
- La direction artistique qui compense un jeu en galère techniquement
- Des compositions musicales de haut niveau
- Une difficulté qui offre un vrai challenge
- A la ramasse dans beaucoup de domaines techniques et visuels
- L'impossibilité de jauger le niveau des ennemis et de fuir
- Un scénario alambiqué qui pourra en rebuter certains
- Une difficulté exagérée parfois pour favoriser le New Game +
Le monde se meurt. Voilà cinq siècles que le Chaos a été libéré suite à la disparition de la déesse Etro et il grignote doucement mais sûrement les terres de Nova Chrysalia. Le temps n'a plus le pouvoir de faire mourir les Humains mais les monstres s'en chargent assez régulièrement, et dans la mesure où ils ne peuvent plus donner la vie, la population décroît petit à petit... Plutôt que tenter de réparer un monde beaucoup trop endommagé, Bhunivelze, Dieu de la Lumière, a choisi de laisser celui-ci s'éteindre pour en recréer un nouveau, où les âmes des Humains pourront s'épanouir. Cependant, tout le monde n'a pas encore validé son ticket ; et c'est pour cela qu'il a décidé de sortir Lightning de sa stase cristalline. Privée de ses émotions, elle va devenir la Libératrice, son bras armé, son Élue sur Nova Chrysalia, chargée de délivrer les âmes en peine pour leur permettre d'accéder à ce monde tout neuf une fois que l'ancien sera passé à la benne. En échange, Bhunivelze lui a promis de ramener sa sœur, Serah, à la vie (désolé du spoil pour ceux qui n'auraient pas encore terminé Final Fantasy XIII-2). Mais il y a évidemment un hic : Nova Chrysalia est à l'agonie et comme le plus puissant des Dieux semble faire les choses à la dernière minute, il n'a réveillé Lightning que treize jours avant la fin du monde. C'est ça de faire n'importe quoi avec le temps et l'espace aussi, à un moment y a le retour de bâton. On repart ainsi dans un trip WTF cosmico-philosophico-dogmatique, plein de symboles et de mysticisme. Ça risque d’en laisser pas mal sur le bord de la route, d’autant que la narration est loin d’être simple, mais chez JEUXACTU on a accroché. Et puis, on veut tout de même savoir le fin mot de l’histoire.
TIME IS RUNNING OUT
C'est une des caractéristiques essentielles de ce nouvel opus, et en même temps sa principale difficulté (attention, c'est loin d'être la seule), Lightning Returns : Final Fantasy 13 joue sa carte Majora's Mask et vous allez donc devoir courir après le temps, qui défile sur la petite horloge en haut à droite de l'écran (qui ne correspond pas à du temps réel). Les ennuis commencent d'ailleurs assez tôt puisqu'on ne dispose à la base que de six jours. Les quêtes terminées et par conséquent les âmes libérées vous procureront cependant de la Radiance, une Énergie divine dont la puissance peut permettre au monde de résister un peu plus longtemps. Vous n'aurez en revanche pas plus de treize jours pour accomplir votre devoir (oui, le nombre 13 est présent un peu partout dans le jeu). Mais Bhunivelze est quelqu'un de plutôt bonnard tout de même et il vous laisse gérer votre emploi du temps comme bon vous semble. La seule contrainte imposée est un retour quotidien à six heures sur l'Arche, un satellite hors du temps, constitué des restes de l'ancienne Cocoon pour servir de base d'opérations à Lightning. C'est là que se trouve un Hope revenu à son état adolescent et sans souvenir de sa disparition alors qu'il menait l'Humanité dans sa lutte contre le Chaos quelques siècles auparavant. Il a lui aussi été amené par Bhunivelze pour guider la Libératrice à distance. Mais c'est aussi l'emplacement d'Yggdrasil, l'Arbre du Monde, qui vous offrira des jours supplémentaires en échange d'une dose suffisante de Radiance. Ce sera votre havre de paix toutes les 24 heures, et vous pourrez recharger vos réserves d'objets de Soin en échange des Points d'Energie récoltés pendant les combats. Ces derniers alimentent par ailleurs les Pouvoirs de Déesse de Lightning, un ensemble de compétences spéciales qu'elle doit à son statut particulier.
EMPLOI DU TEMPS DE MINISTRE
Lightning est donc libre de ses mouvements mais doit évidemment rentabiliser chacune de ses journées. Cela requiert une bonne dose de concentration et surtout d'organisation, mais c'est bien entendu ce qui fait le sel du jeu. Quatre régions s'offrent à vous au sein de Nova Chrysalia : les villes de Yusnaan et de Luxerion et les zones naturelles des Dunes de la Mort et des Terres Sauvages. Au cœur de chacune d'entre elles, Lightning doit terminer une quête principale ; il s'agit d’enquêter sur l’origine d’une source de Chaos, souvent liée à un de ses anciens camarades. Mais en parallèle, notre frigide héroïne peut également remplir des quêtes annexes, en tapant la causette avec des PNJ ou en allant directement voir Chocolina, qui centralise les rêves et aspirations des âmes en peine de Nova Chrysalis (on vous avait dit, il ne faut pas trop chercher à être cartésien). Le cœur de Lightning Returns se situe précisément dans ce jonglage obligatoire et incessant entre les différentes quêtes. Car les développeurs les ont intelligemment liées à la notion centrale du jeu : le temps. Ainsi, quelques PNJ ne vous proposeront des missions qu’à une certaine heure, certaines zones ne sont ouvertes ou fermées que de nuit ou de jour, les trains pour voyager entre les quatre régions passent à horaires réguliers, certaines quêtes exigeront également de vous présenter à un endroit et une heure donnés, etc. C'est d'ailleurs assez intéressant de voir que le déroulement des quêtes n'est pas toujours imposé, et que la narration peut parfois être subtilement altérée. Bref, les développeurs ont pris un malin plaisir à augmenter encore la charge de votre emploi du temps et donc la difficulté du jeu. Car, si Bhunivelze estime que vous n'avez pas rempli vos objectifs à la fin de l'ultimatum, vous aurez droit à un beau Game Over, histoire d'enchaîner avec un New Game + ! Les seuls moments où le temps ne file pas sont les combats et les dialogues/cut-scenes. Et le pire, c’est qu’éviter d’empiler les missions pour gagner du temps ne vous mènera nulle part.
Ce n’est donc qu’une demi-liberté que le jeu vous offre, et on peut le déplorer dans un certain sens, mais rentrer dans le rang signifie également profiter pleinement de l’expérience de jeu proposée."
En effet, Lightning Returns dispose d’un système d’évolution particulier. Tout d’abord, Lightning est désormais seule dans l’arène et c’est donc le seul personnage que vous devrez faire progresser. Cette caractéristique est compensée par la foule de costumes qu’elle peut endosser, comme nous le verrons un peu plus loin. Reste que ce troisième opus n’inclut aucun système d’XP, ni aucun arbre de compétences ; pour augmenter les stats de Lightning, il vous faudra terminer des quêtes et glaner des armes, boucliers, accessoires et tenues en combattant ou simplement dans les boutiques du jeu. Ce qui implique également de gagner des gils et donc… de terminer plus de quêtes ! Dans cette logique, les combats ne vous font pas progresser, mais peuvent tout de même offrir des compétences ou des armes en loot. Inutile donc d’essayer d’esquiver des missions annexes contraignantes en termes d’objectifs ou de timing, le système vous rattrapera, et il vous montrera régulièrement que c’est lui qui mène la danse. Si vous n’avez pas rempli assez de quêtes, la Libératrice ne sera pas assez forte pour affronter les combats des quêtes principales et vous risquez de vous manger violemment la marche. Ce n’est donc qu’une demi-liberté que le jeu vous offre, et on peut le déplorer dans un certain sens, mais rentrer dans le rang signifie également profiter pleinement de l’expérience de jeu proposée. C’est une façon pour les développeurs de pousser le joueur à bout de souffle là où le concept du jeu pourrait le rendre un peu décousu. Dommage que l’interface de gestion de quêtes ne soit pas mieux fichue. Sans être complètement daubé, il oblige le joueur à revenir régulièrement dans le menu pour faire le point sur ce qui est en cours. Ceci dit, les modifications régulières du profil de Lightning vous obligent à faire de même.
FASHIONISTA
Difficile de passer à côté ces derniers mois tellement Square Enix a insisté sur le sujet : Lightning Returns reprend un système de costumes qui fait inévitablement penser à Final Fantasy X-2. Chacun d’eux est constitué d’une tenue aux attributs particuliers, d’une arme, d’un bouclier, de deux accessoires et de quatre compétences à attribuer à un des boutons de droite. Tous apportent des bonus, malus et capacités spéciales à Lightning, qui change donc de profil en changeant de costume. En effet, vous pouvez en cours de combat switcher entre trois costumes par simple pression des gâchettes gauche et droite. Chacun d’eux dispose de sa propre jauge ATB, colorée pour une meilleure distinction, qui se vide plus ou moins suivant la puissance de l’action utilisée avant de se remplir progressivement. Elles se remplissent d’ailleurs plus rapidement pour les deux tenues qui ne sont pas utilisées. La gestion des barres ATB et des changements de costumes rend donc les affrontements éminemment stratégiques. Dommage qu’on retombe assez rapidement sur des profils presque similaires, à cause du peu de stats prises en compte dans le jeu : un costume d’attaque physique, un costume de défense bien blindé et un costume balèze en magie histoire de pouvoir exploiter les faiblesses élémentaires des monstres.
Si vous n’avez pas rempli assez de quêtes, la Libératrice ne sera pas assez forte pour affronter les combats des quêtes principales et vous risquez de vous manger violemment la marche."
Ces derniers ne sont pas franchement légion, ce qui est dommage, mais quand vous aurez compris que même la moindre créature basique peut vous causer de sérieuses difficultés, vous accepterez la situation sans trop de problèmes. D’autant que pour survivre, il vous faudra apprendre les faiblesses des monstres par cœur et les affronter à plusieurs reprises pour disposer de leur profil complet. Acheter des bouquins pourra déjà vous mettre sur la voie concernant certaines créatures. Et comme tout ce qui vous facilitera la tâche, vous apprécierez... Ici pas de magie de Soin, au mieux certains attributs/compétences vous permettront de recharger votre vie en cours de combat, mais vous devrez surtout compter sur les quelques objets de Soin que vous pourrez trimballer avec vous (cinq au départ de l'aventure...) ou sur les capacités de Déesse de Lightning. Mais vous devrez réfléchir à deux fois avant de cogner sur un monstre et de vous lancer dans un combat. Il est d'abord totalement impossible d'avoir une idée du niveau de votre adversaire avant de commencer, et une fois le combat enclenché, aucune fuite possible. Enfin si, précisément l'un des pouvoirs de Lightning vous permet de revenir au moment précédant le combat... en vous faisant faire une précieuse heure. On se retrouve donc à sauvegarder très régulièrement pour pallier à ce manque de véritable alternative.
MOCHE MAIS BIEN SAPÉE
Si tout cela est globalement assez positif, c’est parce que le principal défaut du jeu n’a pas encore été abordé. Et encore une fois, c’est du côté de la technique et des visuels que le bât blesse. Difficile de croire que Square Enix était à la pointe de ce qui se faisait graphiquement il y a encore une dizaine d’années… Lightning Returns souffre d’un retard conséquent, même (ou plutôt surtout) pour un titre qui sort sur du hardware bien maîtrisé et qui a déjà démontré qu’il pouvait accueillir bien mieux. Le résultat et très inégal mais les textures sont globalement datées, tout est aliasé à mort, la majorité des PNJ ne ressemble à rien, le framerate est à l’agonie même quand il n’y a pas grand-chose à l’écran, les animations des modèles sont ultra-rigides et franchement pas nombreuses (même pour Lightning durant les cut-scenes, toujours réalisées avec le moteur du jeu), la gestion des collisions et du pathfinding est plus qu’approximative, tout comme la synchro labiale. Cela aurait pu rendre le jeu complètement injouable, mais ce n’est étrangement pas le cas. D’abord grâce à la qualité de la direction artistique qui sublime la réalisation. Fin du monde oblige, Luxerion et Yusnaan transpirent la mélancolie, parfois le désespoir, et les thèmes de grande qualité de Masashi Hamauzu, Naoshi Mizuta et Mitsuto Suzuki ne font que renforcer les différentes ambiances du jeu. Les Terres Sauvages et les Dunes de la Mort de leur côté respirent davantage le calme naturel, le carpe diem ou même pour les secondes une oppression mystique. Il faut dire ce qui est, le jeu retranscrit très bien la notion de monde qui se meurt et on est particulièrement pris par la mélancolie générale.