Test Les Sims 4 : évolution ou régression ?

Il en va de des Sims comme des MMORPG (si, si) : les premiers pas sont souvent consacrés à la création d'un avatar. Et sur ce point précis, les choses commencent plutôt bien pour les Sims 4 puisque l'outil de création a gagné en souplesse et en accessibilité. En effet, on ne modifie plus la taille ou la position des différentes parties du corps grâce à des curseurs, mais tout simplement en cliquant et en déplaçant la souris. Pour agrandir un nez, par exemple, il suffit de l'attraper et de l'allonger. Même principe si l'on souhaite décoller des oreilles, épaissir un cou ou agrandir la profondeur d'un décolleté. A ce système de cliquer/déplacer intuitif viennent s'ajouter des listes de différentes formes de base pour chaque élément. Dès lors, il devient possible de modéliser assez simplement et rapidement un personnage qui ressemble vraiment à ce qu'on a en tête. Cependant, ce premier contact avec le jeu est également l'occasion de constater une première salve de régressions par rapport à l'épisode précédent. Ainsi, il n'est plus possible de choisir précisément la couleur de chaque élément vestimentaire, tandis que certains progrès apportés par les extensions du troisième épisode (la pilosité, par exemple) répondent à nouveau aux abonnés absents. Très bon point en revanche pour la possibilité d'assigner une démarche par défaut à chacun de nos personnages. Il y en a huit en tout (guillerette, prétentieuse, assurée, féminine, virile, déjantée, lente, dynamique) et chacune d'entre elles est à la fois fluide, drôle et reconnaissable. D'une manière plus générale le travail sur les animations est très réussi, et les graphismes dans leur ensemble ont un aspect "cartoon mais pas trop" qui fait plutôt plaisir aux yeux. On ne peut pas parler de révolution graphique par rapport aux Sims 3, mais ce quatrième épisode dégage une certaine élégance et bénéficie d'une bonne cohérence graphique générale.

Pour reconstruire, il faut savoir tout détruire

L'outil de construction de maisons est quant à lui plus intuitif que jamais. On attrape des éléments, on les dépose, et on les redimensionne grâce à des flèches interactives. La fusion de deux éléments est automatique, et tout ceci rend plus simple que jamais la modification d'un bâtiment déjà existant. La recherche textuelle permet par ailleurs de retrouver facilement un objet particulier. Et tout cela tombe bien, car l'outil de partage communautaire (appelé Galerie) donne réellement envie de télécharger les milliers de créations réalisées par les autres joueurs. Et cela concerne également les personnages, surtout lorsqu'un joueur s'est échiné à réaliser le sosie d'une personnalité. Si vous souhaitez par exemple faire cohabiter Barack Obama et Lady Gaga dans un même foyer, il vous suffit de taper leurs noms dans la galerie puis de rapatrier chacun de ces personnages. Evidemment, il est également très simple de mettre à disposition vos propres créations pour les autres joueurs. L'interface du jeu à proprement parler est à l'image de celle des outils de création et de la Galerie : plus simple, plus claire, plus intuitive. Plus important encore, le système d'émotions qui sous-tend le comportement des Sims a été revu et enrichi. Désormais, le joueur est clairement informé sur l'état d'esprit des personnages et sur ses conséquences. Chaque émotion, qu'elle soit négative ou positive, débloque par ailleurs des interactions particulières tout en en interdisant d'autres. Pour le joueur, c'est un petit pan de gameplay supplémentaire et, en cas de problème, il est toujours possible d'effectuer certaines actions pour faire disparaître telle ou telle émotion ou état. De plus, l'intelligence artificielle a été améliorée (sans atteindre la perfection, évidemment) et les Sims sont désormais capables de réaliser plusieurs actions simultanément (par exemple discuter avec un autre Sim tout en regardant la télévision).

Simiesque ?

Les diverses nouveautés et améliorations que nous venons d'évoquer correspondent à peu près à ce qu'on attend du nouvel épisode d'une série majeure. En revanche, on s'attend également à ce que le volet en question reprenne automatiquement l'ensemble des fonctionnalités et améliorations apparues au fil des épisodes précédents. Et là, c'est le drame ! Tout d'abord, le jeu fait passer à la trappe la majorité des nouveautés apportées par les extensions des Sims 3. C'est regrettable mais, à vrai dire, on s'y attendait un peu puisque le même phénomène avait eu lieu lors du passage des Sims 2 aux Sims 3. Cette fois, le nombre de fonctionnalités et objets mis au placard semble encore plus important, mais passons. Car il y a encore bien pire. De manière plus absolue, les Sims 4 régresse en de nombreux points par rapport à la version de base des Sims 3. Sur certains points, il fait même moins bien que les Sims 2, voire que le tout premier épisode. Puisqu'il serait fastidieux de détailler la liste de tout ce qui manque, nous nous contenterons d'évoquer les points les plus gênants. Avant tout, vous pouvez dire adieu à l'open world des Sims 3 et bonjour à de nombreux écrans de chargement. Vous en subirez non seulement pour passer d'un quartier à un autre, mais également à l'intérieur d'un même quartier, dès que votre Sim voudra se rendre à l'intérieur d'un bâtiment ! De ce fait, vos Sims ne se déplacent plus en voiture ou à vélo. Cette régression est particulièrement visible lorsqu'on envoie un Sim à son travail. Non seulement le lieu en question n'existe pas vraiment, mais il n'y a même pas un véhicule qui vient chercher le Sim. Ce dernier se contente de se téléporter… comme c'était le cas dans le tout premier épisode de la série !

De plus, les deux villes (Oasis Springs et Willow Creek) sont petites, proposent peu d'emplacements où construire des maisons, et la taille maximale des terrains est inférieure à celle des Sims 3. Le "terraforming" n'est plus d'actualité puisque le sol reste désespérément plat. Toutes ces régressions peuvent en partie s'expliquer par le choix d'un nouveau moteur de jeu. Mais d'autres suppressions révèlent les véritables intentions d'Electronic Arts : créér le manque pour obliger les fans à se procurer les futures extensions. Ainsi, cela fait des années que les joueurs des Sims les plus sadiques s'amusent à noyer leurs avatars dans des piscines. Eh bien ces dernières ne sont carrément plus disponibles dans ce nouvel épisode ! Et quand bien même elles le seraient, vos Sims n'ont plus du tout la possibilité de nager. Vous pouvez également faire une croix sur les lave-vaiselles, les compacteurs d'ordures, les sous-sols, les portes de garage, les restaurants, les magasins de vêtements, les cimetières, les librairies, et même les tables à langer. Ce qui est finalement assez logique puisque le stade d'évolution "bambin" a lui aussi été supprimé. De même que les huissiers, les fantômes, les baby-sitters, les voleurs ou encore les extra-terrestres. Bref, c'est un énorme retour en arrière que la série impose à ses fans. Pour retrouver toutes ces fonctionnalités, il va donc falloir attendre la sortie de nombreuses extensions et contenus téléchargeables. Munissez-vous d'une bonne dose de patience et d'un portefeuille bien garni !