Test Légendes Pokémon Arceus : enfin du renouveau, mais c'est pas beau
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Enfin du (re)nouveau pour la licence Pokémon ! Alors que les différentes générations ont parfois du mal à réellement innover et qu'on ne compte plus le nombre de remakes et de spin-offs, Légendes Pokémon Arcéus nous offre une plus grande ouverture, à la service d'un plus grand sentiment d'aventure. La recette Pokémon convient parfaitement à un monde semi-ouvert et il est évident que la série part ici dans la bonne direction. En revanche, quelle déception en ce qui concerne les graphismes ! Si les phases de combat s'en sortent plutôt bien, grâce à des modélisations et des effets visuels corrects, toute l'exploration pâtit de lacunes techniques qui nous renvoient 15 ans en arrière. Et pour une fois ce n'est pas la puissance de la Switch qui est en cause, mais bel et bien une certaine fainéantise de la part des développeurs, qui savent que le jeu se vendra tel quel et que les plus jeunes joueurs se contenteront d'un soleil couchant et de quelques panoramas montagneux pour être émerveillés. On attend vraiment mieux de la part de Game Freak pour la suite.
- Le renouveau de l'époque
- Le monde semi-ouvert se prête bien à la recette Pokémon
- Terminées les rencontres surprises, les créatures sont visibles à l'avance
- Quelques affrontements en temps réel viennent s'ajouter aux traditionnels combats au tour par tour
- Les Pokémon correctement modélisés et certaines attaques ont des effets sympathiques
- La VF plutôt de qualité et adapte bien les jeux de mots
- Pour une fois, il n'y a pas deux versions à acheter
- Des graphismes PS2 en 2022
- Très peu de challenge
- Des mécaniques qui se répètent beaucoup
- Des dialogues qui auraient gagné à être doublés
- Une musique parfois étonnamment absente
- Des menus qui auraient pu être mieux organisés
- Des textures floues, simplistes et/ou répétitives
- Des PNJ immobiles aux visages de Playmobil
- Du clipping, une végétation rudimentaire, des espaces vides…
- Bref, le bilan technique nous ramène 15 ans en arrière
La Switch ne manque pas de jeux Pokémon, qu'il s'agisse d'épisodes majeurs, de remakes ou de spin-offs. Nous testions d'ailleurs il y a deux mois Diamant Étincelant et Perle Scintillante, qui donnaient un bon coup de lifting aux vénérables Diamant et Perle. Mais c'est aujourd'hui au tour de Légendes Pokémon : Arcéus de passer sur le billard. Le jeu a beaucoup fait parler de lui sur le web ces derniers temps, suite à quelques trailers aussi prometteurs sur le fond qu'inquiétants sur la forme. Et le résultat est parfaitement conforme à ce que l'on pouvait tout à la fois espérer et craindre.
Arceus est un Pokémon fabuleux considéré comme le créateur de la région Sinnoh, autrefois connue sous le nom de Hisui. C'est d'ailleurs dans cette version historique du territoire que le dieu qui donne son nom au jeu choisit de transporter un jeune ado, grâce à une faille spatio-temporelle. Ce héros, ou cette héroïne, est bien entendu l'avatar du joueur, qui va donc pouvoir profiter d'un contexte relativement différent de celui des épisodes classiques. L'ère moderne cède ainsi la place à une époque passée, où la métropole Féli-Cité bien connue des fans de la saga n'est encore qu'un village en construction judicieusement nommé Rusti-Cité. En dehors des premiers vêtements du personnage principal et de son smartphone "Smarceus" qui lui sert de guide, aucun élément moderne ne vient donc s'afficher à l'écran. Les habitations sont faites de bois et de pierre, la nature est florissante, et même les Poké Ball sont fabriquées à base de galets et de baies Noigrumes. Intéressante esthétiquement, cette période nous donne aussi l'occasion de rencontrer des habitants qui ne connaissent pas encore vraiment les Pokémon, et qui en ont même souvent peur.
Voilà qui est plutôt rafraîchissant, et qui constituerait presque un véritable retour aux sources puisque le but ultime du héros est tout simplement de compléter le tout premier Pokédex de la région. Cependant, les grands principes de la série restent inchangés. L'aventure débute donc par une rencontre avec un professeur (le professeur Lavande en l’occurrence), qui nous propose d'attraper trois Pokémon (Brindibou, Héricendre et Moustillon) puis de choisir l'un d'entre eux comme premier compagnon. Vous vous doutez certainement de la suite : des combats, des captures, des tâches Pokédex à remplir, des missions principales et secondaires à accomplir, de l'argent et des points de recherche à amasser, et des rangs d'expérience à gagner. A noter que le Clan Diamant et le Clan Perle tiennent un rôle particulier dans le scénario, scellant ainsi définitivement le lien entre cet épisode et les opus de la quatrième génération.
L'OUVERTURE , ÇA ASSURE
Là où Arceus se distingue le plus des épisodes classiques, c'est dans le level design qui lorgne du côté de l'open world. Même si nous n'avons pas affaire à un gigantesque terrain fait d'un seul bloc, les promesses d'ouverture restent tenues. Nous avons droit en effet à un monde semi-ouvert, constitué d'une ville principale qui sert de hub et de cinq vastes régions indépendantes, à la manière d'un Monster Hunter. Cet environnement nous permet d'utiliser des montures, offre des points de déplacements rapides et regorge de ressources à récolter, qui elles-mêmes incitent à la fabrication de multiples objets. Les collectionneurs fous pourront passer des heures à rechercher 107 flammes étranges disséminées dans les différentes régions, tandis qu'une mécanique d'objets perdus à ramasser vient apporter une petite composante online. En cas de "mort" du héros, une partie de son inventaire disparaît et se voit transformée en paquet ramassable par les autres joueurs. Renvoyer un paquet à son propriétaire permet alors de gagner des points de bonne action, que l'on peut ensuite échanger contre de nouveaux objets. Des Poké Montures sont également disponibles afin de simplifier l'exploration. Cerbyllin offre des chevauchées rapides, Ursaking peut déterrer des trésors, Paragruel pallie l'impossibilité de nager et permet donc de naviguer sur l'eau, Farufrex rend possible l'escalade des falaises abruptes, et Gueriaigle fait office de monture volante. Tout cela est fort sympathique, et très utile ! Mais l'élément qui profite le plus de l'exploration libre c'est certainement, et tout simplement, la chasse aux Pokémon.
Tout d'abord, nous voila débarrassés des rencontres surprises, dont on regrettait encore la présence il y a deux mois seulement lors de notre test de Diamant Étincelant et Perle Scintillante. Désormais les créatures sont en permanence affichées à l'écran, ce qui permet d'éviter les plus dangereuses, de dédaigner celles dont on n'a pas besoin, de trouver plus facilement nos cibles de prédilection et, surtout, de ne pas subir le déclenchement de combats inattendus et trop répétitifs. La capture s'effectue quant à elle de manière très naturelle, en visant au stick droit et en lançant la Poké Ball avec la gâchette droite (les drôles de joueurs qui le souhaiteraient peuvent également activer la fonction gyroscope dans les options). Les phases de repérage se voient enrichies par la possibilité de se déplacer accroupi et de se cacher dans les hautes herbes. Cela permet de surprendre les Pokémon et donc de prendre l'avantage en cas de capture ou de combat, notamment si on arrive à les toucher dans le dos.
HISUI, J'Y RESTE
Les combats se déroulent toujours au tour par tour, et de manière assez classique (différentes capacités, affinités selon les différents types, équipe de six Pokémon, multi-exp…). Un petit supplément de liberté nous est tout de même offert, puisqu'il est possible de déplacer notre héros en temps réel durant l'affrontement, afin d'obtenir un meilleur point de vue sur la bataille. Une autre nouveauté concerne la possibilité de changer à la volée le style de certaines capacités, en échange de quelques points de pouvoir supplémentaires. Le style rapide avance la position du lanceur dans l'ordre d'action mais baisse la puissance de la capacité tandis que, à l'inverse, le style puissant augmente la puissance de la capacité et recule la position du lanceur dans l'ordre d'action. On peut s'en sortir sans jamais utiliser ce système, mais ce petit supplément tactique reste le bienvenu. Entre autre lors des rencontres avec les Pokémon Barons, qui sont des créatures difficiles à attraper, bien plus grandes que la normale, aux yeux rouges et aux capacités rares. Le jeu nous place également face à quelques Pokémon Monarques enragés. Ces phases se déroulent essentiellement en temps réel et nous demandent de réduire la jauge de frénésie de la créature grâce à des boules pacifiantes. Une bonne visée et une bonne maîtrise de la commande d'esquive sont donc requises ici. Une dose de tour par tour reste tout de même d'actualité, puisqu'il est possible d'envoyer de temps en temps une Ball de partenaire afin de déclencher un combat classique qui, en cas de victoire, laissera le Monarque sans défense et augmentera l'effet des boules pacifiantes. Notons enfin que le monde semi-ouvert nous donne la possibilité d'explorer de temps à autre des distorsions Spatio-Temporelles, dont les apparitions sont aléatoires et limitées dans le temps. Ces zones dangereuses renferment évidemment des Pokémon et des objets particulièrement rares.
C'EST L'HEURE DU BILAN TECHNIQUE, ET ÇA PIQUE !
Avec Arceus, on pourrait donc penser que la saga Pokémon se bonifie et se modernise. C'est entièrement vrai sur le fond, mais ô combien faux sur la forme. Mais avant d'aborder la question des graphismes (car c'est là que le bât blesse), réglons le cas de l'ambiance sonore. Si certaines musiques restent de qualité, le jeu plombe régulièrement l'ambiance avec des passages quasiment silencieux. Il faut dire que les dialogues ne sont aucunement doublés, pas même par du "yaourt" ou des petits bruitages cache-misère.De manière un peu plus anecdotique, les menus nous ont paru perfectibles. Ils auraient gagné à être agencés avec un peu plus de logique et de praticité. Mais c'est bel et bien l'aspect visuel qui nous a le plus choqués. Clipping, miroirs sans reflets, brins d'herbe d'une laideur rare, intérieurs bien trop vides (coucou les ruines anciennes qui ont l'air de simples hangars...), textures répétitives et/ou en basse résolution répondent ainsi à l'appel.
Tout ce qui concerne les personnages humains ne vaut guère mieux, puisqu'on a droit à des visages de Playmobils dépourvus de véritables animations, le jeu se contentant grosso modo de basculer de manière abrupte entre différentes formes d'yeux et de bouche pour essayer de faire passer des émotions. Quant aux PNJ du village, particulièrement statiques, ils restent bien trop sagement à leur place pour être crédibles. Ce triste constat est d'autant plus étonnant que les Pokémon eux-mêmes s'en sortent plutôt bien. Ils sont modélisés avec suffisamment de détails, et les attaques bénéficient d'animations et d'effets visuels corrects. Mais pour tout ce qui concerne la partie exploration, la déception est au rendez-vous. Quelques effets de lens flare par-ci par-là et la présence de vastes paysages aérés sauvent la mise de temps en temps, mais cette poudre aux yeux ne trompera que les joueurs les plus jeunes ou les plus débutants. Quiconque a déjà posé la main sur un beau jeu récent sentira violemment le retour en arrière. Maintenant, à vous de voir si la question graphique vous semble importante ou non… et si vous souhaitez cautionner ou sanctionner cette philosophie du moindre effort !