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Sans être parfaite, cette nouvelle aventure de Sherlock Holmes dégage un certain charme, voire un charme certain. L'esprit du personnage créé par Sir Arthur Conan Doyle est une fois de plus respecté, tandis que le jeu réalise de véritables progrès techniques par rapport aux épisodes précédents. Même si les animations et la mise en scène restent largement perfectibles, certains décors flattent vraiment la rétine. Le choix laissé dans la manière de contrôler les personnages est également un point fort de l'aventure, qui vaut aussi pour ses énigmes bien travaillées. Si vous cherchez un bon jeu d'aventures en ce début de saison automnale, Le Testament de Sherlock Holmes ne devrait pas vous décevoir.
Retrouvez plus bas la suite de notre test Le Testament de Shelock Holmes
- Choix du système de contrôles
- Nouveau moteur graphique
- Enigmes plaisantes
- L'idée de la séquence canine
- Cinématiques bâclées
- Dialogues très limités
- Mise en scène inégale
- La réalisation de la séquence canine
Après avoir diverti les amateurs de romans policiers pendant plus d'un siècle, Sherlock Holmes est devenu depuis quelques années un véritable héros de jeux vidéo. Ainsi, nous en sommes déjà au sixième épisode développé par le studio ukrainien Frogwares. Et même si le titre du jeu fait référence à un funèbre testament, il y a fort à parier que d'autres volets verront encore le jour car la réussite est globalement au rendez-vous.
Une fois n'est pas coutume, nous ne dévoilerons pas trop le scénario du jeu, afin de ne pas vous gâcher la surprise. Disons que l'aventure commence par un simple vol de collier, se poursuit par quelques meurtres sanguinolents et se termine à coup de révélations plus ou moins fracassantes. Evidemment, les célèbres Sherlock Holmes et Docteur Watson tiennent un rôle central dans tout cela, et le joueur est amené à les contrôler à tour de rôles. De fort belle manière d'ailleurs, puisque les développeurs ont apporté un soin tout particulier à l'interface et au système de contrôle des personnages. Le jeu peut ainsi être pris en main de trois manières différentes. A tout moment, on peut basculer entre une vue à la troisième personne, une vue à la première personne et une vue utilisant des caméras fixes. Que l'on soit un amateur de TPS, de FPS ou un indécrottable des écrans fixes des jeux d'aventure classiques, il y a donc de quoi se réjouir. Ajoutez à cela la possibilité de jouer aussi bien avec une manette qu'avec le couple clavier/souris, et vous obtenez au final six manières différentes de contrôler les personnages et leurs interactions avec le décor. Si avec tout cela vous ne trouvez pas votre bonheur, vous êtes priés de changer de loisir immédiatement ! Pour notre part, nous avons un faible pour la vue à la première personne, qui renforce l'immersion et facilite les déplacements. On l'apprécie d'autant plus que la série inaugure avec cet épisode un tout nouveau moteur graphique. Le résultat n'est tout de même pas à la hauteur de ce que les plus beaux jeux d'action savent faire, mais les progrès par rapport aux volets précédents sont sensibles. Si certains décors sont un peu ternes ou génériques (la prison, les entrepôts...), d'autres bénéficient de textures éclatantes et d'effets de lumière franchement séduisants (la fumerie d'opium, la salle de classe...). La mise en scène s'avère encore plus inégale, la faute à des animations pas toujours bien maîtrisées. Dans tous les cas, ne vous fiez surtout pas à la calamiteuse séquence d'introduction pour juger le travail des développeurs. Ses modélisations hideuses, ses voix ridicules et son rythme trop lent ne sont en rien représentatifs de la qualité du jeu. On s'étonne d'autant plus de la médiocrité de cette scène (et des deux ou trois autres du même type qui ponctuent l'aventure) que le générique final est quand à lui un modèle d'élégance et de style.
A game of shadows
Assez parlé de la forme, intéressons-nous maintenant au fond. Comme l'usage le veut, la progression s'effectue essentiellement en ramassant un maximum d'objets et en les combinant avec les zones interactives du décor afin de débloquer des situations diverses et variées. Le tout est naturellement saupoudré de puzzles qui nécessitent de faire travailler nos méninges. Si on n'échappe pas aux sempiternels et nombreux dispositifs à débloquer (le plus souvent des coffres ou des serrures), Le testament de Sherlock Holmes nous offre également des tableaux de déduction logique, des pièces à conviction à analyser et quelques autres mini-jeux pouvant aller du joyeux lancer de dés à l'autopsie macabre. Ces différentes activités sont plutôt plaisantes dans l'ensemble, surtout qu'elles ne sont jamais trop farfelues et bénéficient d'une bonne gestion de la difficulté. Différents systèmes d'aide sont là pour épauler les débutants, notamment une fonction "sixième sens" qui affiche à l'écran les zones intéressantes à regarder, ainsi que la possibilité de demander la résolution automatique de certains puzzles. Il est tout de même conseillé de ne pas en abuser si l'on veut profiter au maximum du jeu et ne pas entamer bêtement sa durée de vie. Cette dernière dépasse la dizaine d'heures, ce qui est plutôt louable de nos jours. Par ailleurs, la version française est fort honorable, même si nous conseillons aux anglophones de passer le jeu en anglais afin de bénéficier de l'accent british de Sherlock Holmes. Soyez prévenus que les doublages s'entendent essentiellement lors des scènes non interactives, les dialogues à choix multiples étant particulièrement rares et sans grande conséquence. Pour leur prochaine aventure, les développeurs seraient bien inspirés de creuser ce point et de s'inspirer des jeux de rôle afin d'améliorer encore leur travail sur Sherlock Holmes. On sait déjà qu'ils n'hésitent pas à faire preuve d'originalité, comme le prouve cette séquence où l'on se retrouve à contrôler Toby, le chien du détective. Cependant, ne vous attendez pas à vivre un moment culte car, aussi bonne soit l'idée, ce passage traîne en longueur et s'avère plutôt mal fichu. Mais une nouvelle fois, il ne faut surtout pas de jeter bébé avec l'eau du bain. Il serait bien dommage de jeter l’opprobre sur l'ensemble du jeu à partir de ses quelques défauts bien réels. Car à l'heure où de nombreux jeux d'aventure choisissent la facilité façon "objets cachés", Le testament de Sherlock Holmes trouve un très bon compromis entre classicisme et modernité.