Test L.A. Noire : L'Edition Intégrale

Pour ceux qui n'auraient pas le courage d'aller lire notre test de L.A. Noire des versions consoles, un petit résumé des spécificités du jeu s'impose. A première vue, nous avons affaire à un jeu Rockstar Games typique, puisqu'on évolue dans un monde ouvert à travers une vue à la troisième personne. Mais si les flingues et la traditionnelle fonction de couverture répondent à l'appel, en vérité le gameplay s'éloigne sensiblement du jeu d'action. L'aventure est certes parsemée de quelques séquences de gunfights, de combats aux poings et de courses-poursuites, mais ces intermèdes restent anecdotiques. Nous avons plutôt affaire à un jeu d'enquêtes, qui représente une parfaite symbiose entre les jeux d'action et les jeux d'aventure. Chaque mission nous place face à une nouvelle affaire, qu'on traitera essentiellement par deux biais :la recherche d'indices et les interrogatoires. Dans le premier cas, on s'évertuera à passer au peigne fin les scènes de crime, afin de récolter un maximum d'informations. Fouiller les poches d'un macchabée, étudier ses blessures, arpenter le terrain environnant à la recherche de l'arme du crime, ou encore passer au peigne fin les habitations des suspects, sont autant de moyens d'enrichir nos connaissances sur les évènements en cours. Les informations recueillies sont automatiquement ajoutées à notre carnet d'enquêteur, que l'on ressort lors des interrogatoires. Et c'est là qu'intervient la grande force du jeu, qui se sert d'une innovation technique pour enrichir le gameplay. En effet, les animations faciales des personnages utilisent un procédé de "MotionScan" pointu, qui permet d'enregistrer les moindres mimiques des acteurs. Dès lors, de véritables émotions passent sur les visages des personnages virtuels, comme jamais auparavant. Loin d'être uniquement cosmétique, cette innovation ne se restreint pas à l'affichage de scènes cinématiques plus convaincantes. Elle sert carrément de base à l'aventure. Lorsque les témoins et suspects nous livrent leurs versions des faits, il faut régulièrement décider s'ils disent la vérité, s'ils cachent quelque chose, ou s'ils mentent effrontément. Dans ce dernier cas, on nous demandera alors de sortir une preuve de notre carnet pour les confondre. Si nos choix sont souvent motivé par les pièces à conviction que l'on détient, il arrive fréquemment que l'on doive se faire un avis uniquement en se basant sur l'attitude de nos interlocuteurs. Un regard fuyant ou un sourire en coin en disent parfois très long.

Meurtres, mensonges et cinéma

Pour nous autres joueurs, toutes ces phases d'interactions sociales sont de véritables moments de grâce car elles soufflent un véritable vent de fraîcheur et nous sortent de sentiers mille fois rebattus. Nos réflexes acquis pendant des milliers d'heures sur les FPS, RPG, jeux d'action et autres jeux d'aventure ne servent ici à rien. Enfin, on peut à nouveau ressentir le plaisir simple de la découverte... D'ailleurs, le jeu s'adresse aussi bien aux joueurs invétérés qu'au grand public. Jamais très punitifs, peut-être même pas assez, les embranchements de dialogues nous laissent commettre de nombreuses erreurs sans pour autant nous imposer un Game Over. Simplement, un joueur pas très habile loupera de nombreuses informations et ne captera pas tous les tenants et les aboutissants de l'histoire. Cette dernière nous est d'ailleurs racontée sur plusieurs plans et bénéficie d'une qualité d'écriture très élevée. La narration, qui utilise aussi bien les événements en cours que des flashbacks, peut semble décousue au premier abord. Mais les différentes pièces du puzzle se mettent en place au fur et à mesure pour former au final un tout parfaitement cohérent. De plus, on se retrouve sous le charme d'une ambiance captivante. L'aventure se déroule dans le Los Angeles des années quarante, en plein âge d'or d'Hollywood. Musiques jazzy, voitures et tenues d'époque, contexte social particulier, grandeur et décadence du milieu cinématographique… On s'y croirait ! Bien loin du politiquement correct qui mine notre époque actuelle, le jeu nous offre des dialogues savoureux et des situations fortes, le tout étant une nouvelle sublimé par l'extrême précision des expressions faciales de l'ensemble des personnages. L.A. Noire fait également preuve d'une certaine maîtrise technique dans la gestion des dialogues intervenant lors des phases de conduite. Si vous rentrez dans un poteau ou dans une voiture, votre passager interrompra sa phrase en cours, lancera une exclamation qui correspond bien à la situation, puis reprendra quelques secondes plus tard la phrase interrompue, à son début. Anecdotique et pas révolutionnaire, certes, mais révélateur d'un certain sens du détail.
 

Bien loin du politiquement correct qui mine notre époque actuelle, le jeu nous offre des dialogues savoureux et des situations fortes, le tout étant une nouvelle sublimé par l'extrême précision des expressions faciales de l'ensemble des personnages."

A contrario, il faut tout de même signaler la présence de quelques maladresses. Coéquipier abandonné sur le trottoir qu'on retrouve magiquement à nos côtés lorsqu'on arrive sur le lieu d'une enquête, voiture qu'on ne retrouve pas toujours là où on l'a laissée, petites erreurs de scripts, tel ce policier qui fait la circulation dans le vide lorsqu'on a le malheur d'arriver à pied alors que le jeu avait manifestement prévu qu'on arrive en voiture... Des broutilles face aux grandes qualités de l'aventure, mais qui feront peut-être tiquer les joueurs les plus pointilleux. On peut également regretter qu'en dehors de la prouesse sur les visages, le moteur graphique ne soit pas des plus évolués. Mafia II, qui se déroule dans un univers comparable, offre un parfait point de comparaison... qui ne tourne pas forcément à l'avantage du titre de la Team Bondi. Même sur PC, on n'atteint pas des sommets, alors même que le jeu se montre assez gourmand. Mais qu'on ne s'y trompe pas : la version PC reste tout de même bien supérieure à ce qu'on obtient sur consoles. Les hautes résolutions sont supportées, les ombres sont plus précises et l'anti-aliasing supprime les effets d'escalier. L.A. Noire s'avère même parfaitement compatible avec la 3D ! Nous l'avons essayé sur un équipement 3D Vision et on y gagne clairement en immersion. Le rythme relativement calme du jeu permet de bien apprécier les effets de relief et de profondeur, notamment lorsqu'on observe de près les pièces à conviction. Et comme souvent avec la 3D, lors des phases à pied et des passages en voitures, les personnages et véhicules donnent l'impression d'être de véritables figurines qui évoluent sous nos yeux. Dernier avantage de cette édition PC, mais non des moindres : elle regroupe l'ensemble des contenus téléchargeables précédemment sortis sur consoles. Ce qui renforce une durée de vie déjà conséquente et garantit de vivre une expérience exhaustive. Dans ces conditions, comment y résister ?