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Benoît Sokal et son studio, White Birds Productions, laissent leur ambition au placard le temps d'une enquête policière sans folie ni rythme, mais suffisamment bien ficelée pour que les commissaires du dimanche se prennent au jeu. Tant techniquement que ludiquement, ce point & click ne casse pas trois pattes à l'Inspecteur Canardo, mais les histoires de vieux riches excentriques et de querelles d'héritiers ont toujours leurs amateurs, qui trouveront là matière à un jeu de piste pas foncièrement désagréable.
- Enquête plutôt prenante
- Interface PDA amusante bien que lourdingue
- Environnements sophistiqués
- Modélisation des personnages
- C'est mou !
- Héros antipathique
- Chasses au pixel parfois agaçantes
- Scénario trop convenu
Benoît Sokal est persévérant. Loin de l'abattre, le naufrage ludique de son projet multi-médias Paradise a donné des ailes au créateur et aux fidèles dont il a su s'entourer au sein de son studio, White Birds Productions. L'auteur de bandes dessinées à l'origine des aventures de L'Inspecteur Canardo reprend aujourd'hui du service ludique et signe un polar interactif pas dénué d'une certaine efficacité malgré son académisme stupéfiant.
A l'heure où Al Gore et le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat reçoivent le Prix Nobel de la Paix, les Maladiviens continuent de s'interroger : obtiendront-ils prochainement le statut peu enviable de premiers réfugiés climatiques de l'histoire contemporaine ? Alors que les eaux chaudes de l'Océan Indien rongent chaque jour un peu plus ses littoraux paradisiaques, la république aux 1196 îles n'en continue pas moins d'attirer des touristes venus de tous horizons, et quelques vieux excentriques aux poches bien remplies. Walter Jones est de ces grosses fortunes venues accommoder leurs vieux jours à la sauce exotique. Du haut de ses 82 ans, le très pourri patriarche et patron de la toute puissante Jones Company a dépensé une bonne partie de sa fortune à bâtir un délire Art Déco à la surface à peine affleurante d'un petit tas de sable local. Judicieusement baptisée la Jones Tower, cette improbable pépite, qui n'aurait pas dépareillé dans le New York des années 30 ou dans les abysses de BioShock, déploie ses 22 étages de grand luxe face à un océan pas toujours pacifique. A rêve insensé, conclusion dramatique, Walter Jones meurt brutalement par une nuit de tempête, alors que ses trois petits-enfants et leurs compagnes et compagnons se trouvent sur les lieux. Jack Norm, votre héros, est dépêché sur les lieux, et va devoir établir si un crime ne se cache pas sous les apparences d'un bête accident de chaise roulante.
Sa femme disait toujours...
Enquête policière ultra-statique, L'Ile Noyée semble posséder tous ces défauts qui nous font détester chaque jour davantage les point'n'click. Des personnages bavards, dont la modélisation respecte à peine les codes esthétiques en vigueur chez les programmeurs 3D du début des années 90, trainent ainsi leur carcasse rigide dans des décors précalculés qu'il faut fouiller de fond en comble pour mettre la main sur de précieux indices. Un concept vieux comme le genre, mais qui tire ici énormément profit de l'imagination de Benoît Sokal – qui n'a pas son pareil pour créé des décors aussi somptueux que déshumanisés – et bénéficie d'un effort de level design aussi louable qu'inespéré. Bien que super-enquêteur de talent, Jack Norm n'est pas un Sherlock Holmes ni un adepte du Discworld, et l'affaire qu'il compte résoudre en votre compagnie ne fera pas appel aux neurones que vous avez perdus en consacrant de trop longues heures à Doom 3. Ici, la logique est reine et, à quelques petites déductions retorses près, la progression se fait assez facilement... voire même avec un certain plaisir. Dotée d'une interface pas mal faite, qui prend la forme d'une espèce de PDA - le PPA - dans lequel Jack répertorie les documents, témoignages et preuves recueillis au fil de son aventure, L'Ile Noyée n'est assurément pas un grand jeu, mais cette histoire d'héritiers vénaux courant tous après la fortune d'un grand-père complètement indigne ne manque pas de savoureux.
Le Colonel Moutarde avec le chandelier